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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurVolanirina Razafindrafito

Sacrifices de zébus : entre tradition et préoccupations économiques

Les sacrifices de zébus, profondément ancrés dans la culture malgache, suscitent des débats intenses. Alors que certains intellectuels estiment que ces pratiques contribuent à l’appauvrissement du pays, les gardiens de la tradition défendent fermement leur importance. Pour ces derniers, les sacrifices sont des cérémonies sacrées rendant hommage aux ancêtres, essentiels pour purifier le corps, l’âme et la demeure.



Un rituel coûteux

Depuis janvier, en plus des intempéries qui ont affecté les cheptels dans plusieurs régions de Madagascar, une centaine de milliers de zébus ont été sacrifiés dans des rituels traditionnels. Cette situation inquiète également les consommateurs. « La viande coûte presque 20 000 Ar le kilo. Et là j’apprends que des personnes abattent plus de 500 bœufs en l’espace de trois jours. C’est un peu choquant. Pourquoi ne pas en donner aux paysans par exemple ? » se désole une mère de famille. Cette remarque souligne le coût élevé de ces pratiques, à la fois en termes économiques et alimentaires.


Les raisons spirituelles

La tradition malgache exige que le sang des zébus coule sur la terre sacrée pour maintenir l’équilibre cosmique et honorer les razana (ancêtres). Plus l’offrande est importante, plus les ancêtres sont censés exaucer les vœux. Ces rites, bien que coûteux, sont perçus comme nécessaires pour la spiritualité et la culture malgache.


Implication politique

Les politiciens ne sont pas en reste. Avant les campagnes électorales législatives, certains candidats consultent les traditionalistes et organisent des sacrifices de zébus pour obtenir leur soutien. Ce phénomène soulève des questions sur l’utilisation des rites traditionnels à des fins politiques. Les politiciens disent non aux phénomènes tels que le Dahalo (banditisme), mais exploitent les traditions pour asseoir leur pouvoir.


Perspectives des intellectuels

Les progressistes et certains intellectuels expriment leurs préoccupations. Ils incitent les paysans à moderniser leurs méthodes pastorales. « Nous avons besoin de la chair et du sang des zébus pour honorer les ancêtres, donc, nous devrions améliorer certaines choses. J’ai l’impression que notre ère s’est arrêtée au temps d’Andriandahifotsy », explique Sarobidy Seheno, spécialiste en sociologie et ruralité à Madagascar. Pour ces intellectuels, certains aspects de la tradition ne sont plus adaptés à la réalité contemporaine. Ils plaident pour un élevage plus efficace et une gestion plus rationnelle des ressources.


Défis et opportunités

Moderniser les pratiques pastorales tout en respectant les traditions est un défi majeur. Les intellectuels suggèrent de substituer l’élevage contemplatif par un système plus productif, capable de répondre aux besoins économiques du pays sans renoncer aux valeurs culturelles. Cela nécessite des investissements dans les infrastructures, l’éducation des éleveurs et la promotion de techniques modernes d’élevage.


Un équilibre nécessaire

Le débat sur les sacrifices de zébus reflète une tension entre tradition et modernité. Les pratiques ancestrales, bien que spirituellement significatives, posent des défis économiques et alimentaires dans le contexte actuel de Madagascar. Trouver un équilibre entre respect des traditions et adaptation aux réalités contemporaines est crucial. Les sacrifices de zébus, s'ils sont modernisés, pourraient continuer à jouer un rôle dans la culture malgache tout en contribuant de manière plus durable à l'économie et à la société. Les solutions passent par l'éducation, l'innovation et un dialogue continu entre les gardiens de la tradition et les progressistes.

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