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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Scandale de non-restitution : les élites face à l'intégrité publique


Le paysage politique et administratif malgache est en émoi suite à la récente mise en lumière d'un scandale impliquant d'anciens membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). L'affaire est loin d'être banale : non-restitution de véhicules tout-terrain et motos officiels après l'expiration de leurs mandats. Un symptôme révélateur d'une problématique plus profonde de l'intégrité et de la responsabilité dans le service public.


Le Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO) a été alerté par une plainte en mars 2023. Malgré plusieurs tentatives pour réclamer les véhicules, y compris par l'intervention d'un huissier, les membres mis en cause ont fait preuve d'une désinvolture alarmante en ne restituant pas les véhicules. Cette attitude a conduit à des mesures plus drastiques, dont la saisie des véhicules par le BIANCO.


Ce dossier, qui relève désormais du Pôle Anti-Corruption (PAC) d'Antananarivo, expose au grand jour un manquement à la déontologie administrative et éthique. D'ailleurs, la Chambre de Saisie et de Confiscation des Avoirs a agi en faveur de la récupération de ces biens, transférés à l’Agence de Recouvrement des Avoirs Illicites (ARAI).


Mais l’incident n'est malheureusement pas isolé. Depuis des années, le pays est confronté à une culture de non-restitution des biens publics. En janvier, le conseil des ministres soulignait que de nombreux véhicules administratifs étaient éparpillés, voire entre les mains de particuliers. En 2016, un ancien premier ministre a même gardé une voiture officielle six ans après son mandat.


Alors que l'affaire des anciens membres de la CENI attise la colère et l'indignation, elle met en lumière une question cruciale : comment restaurer l'intégrité, la responsabilité et la confiance dans le service public ? Si les actions du BIANCO et du PAC sont louables, elles ne doivent pas rester des mesures ponctuelles. La restitution des biens publics devrait être un automatisme, une question d'honneur et de respect envers les citoyens.


Il est essentiel de repenser l'éthique administrative, de renforcer les mécanismes de contrôle et de responsabiliser davantage les fonctionnaires et les élus. Ce scandale offre une opportunité de changer une pratique endémique et de rétablir la confiance dans les institutions publiques. Il est temps d'instaurer une culture de transparence, d'intégrité et de respect des biens publics pour bâtir une nation forte et juste.

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