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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Sénégal : l'assaut des sachets d'eau en plastique


Au Sénégal, les plages de Dakar portent les cicatrices d'un dilemme environnemental qui défie les tentatives du gouvernement d'endiguer l'utilisation excessive de plastique. Les sachets d'eau en plastique, omniprésents malgré une loi adoptée en 2020 pour interdire les plastiques à usage unique, s'accumulent sur les côtes, rappelant constamment la complexité de l'enjeu.


Chaque jour, des personnes comme Moussa Ndoye, 28 ans, profitent de l'accessibilité et de la commodité de ces sachets pour étancher leur soif. La plage, autrefois un lieu de détente, est devenue une décharge pour ces emballages. Les sachets, légèrement teintés de l'eau consommée, peuplent chaque coin et recoin de la ville, particulièrement perceptibles lors des mois chauds.


C'est un problème que Pape Diop, un défenseur de l'environnement, connaît bien. Selon lui, même les pêcheurs, qui étaient autrefois connus pour transporter de l'eau dans des bidons lorsqu'ils partaient en mer, ont adopté cette tendance. Le plastique qu'ils jettent est sans cesse rejeté par la mer, défigurant la beauté naturelle de la plage.


Le Sénégal n'est pas le seul pays africain à lutter contre cette invasion plastique. Bien que des pays comme le Kenya et le Rwanda aient interdit ces sachets, le Sénégal, tout comme l'Ouganda, a du mal à faire respecter sa propre interdiction. Le paysage urbain est parsemé de ces sachets, signe de la lenteur du recyclage et de l'absence de mesures adéquates de gestion des déchets.


Adams Tidjanis, un expert en environnement, met en lumière un aspect encore plus alarmant : ces sachets, qui peuvent prendre jusqu'à quatre siècles pour se décomposer, ne font pas que salir le paysage. Ils polluent les eaux, obstruent les canalisations et, lorsqu'ils sont brûlés, libèrent des toxines nocives.


Bien que la loi de 2020 visait à éradiquer l'utilisation des plastiques à usage unique, le contexte socio-économique a conduit à des exceptions, en particulier pour les sachets d'eau. La raison ? Ces sachets soutiennent des milliers d'emplois, de la fabrication à la distribution.

Cependant, la sécurité de l'eau dans ces sachets est une autre préoccupation. Des marques comme celle d'Amadou Diallo, qui affirme filtrer et purifier l'eau avant de la mettre en sachet, coexistent avec d'autres moins scrupuleuses, voire clandestines, mettant en danger la santé publique.


Le Sénégal est donc confronté à un défi double : protéger l'environnement tout en assurant la sécurité et le bien-être économique de sa population. Tant que des solutions efficaces et équilibrées ne seront pas trouvées, les plages de Dakar continueront d'attirer l'attention non pas pour leur beauté naturelle, mais pour les témoignages de plastique qu'elles portent.

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