Toamasina II : l’usine EMEXAL ravagée par un incendie suspect au premier jour de la saison du litchi
- TAHINISOA Ursulà Marcelle

- il y a 4 heures
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L’usine EMEXAL, acteur majeur de l’exportation de litchis à Madagascar, a été ravagée par un incendie survenu dans la nuit du 20 novembre 2025, aux alentours de 3 heures du matin, dans la commune d’Antetezambaro, district de Toamasina II. Les premiers éléments recueillis sur place laissent fortement penser à un acte criminel. L’entreprise, située dans le fokontany d’Analamalotra, a vu ses installations ainsi que l’ensemble de ses marchandises destinées au traitement de la saison 2025 réduites en cendres. Les dégâts sont estimés à environ 1 milliard d’ariary. Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie de la brigade régionale de Toamasina. Une délégation du Ministère de l’Industrie et du Commerce, accompagnée du député Roland Ratsiraka, s’est rendue sur les lieux pour constater les dégâts et échanger avec les responsables locaux et régionaux.

Un incendie survenu au cœur de la nuit
L’incendie s’est déclenché aux premières heures du jour, vers 3 heures du matin, alors que la zone industrielle d’Analamalotra était plongée dans le calme nocturne. L’usine EMEXAL, spécialisée dans l’exportation de litchis, a rapidement été envahie par les flammes. Selon les témoignages recueillis sur place, il ne s’agit pas d’un accident mais bien d’un incendie volontaire. Aucun élément concret n’a pour l’instant été rendu public concernant les circonstances précises de l’allumage, mais les sources locales évoquent un acte criminel clairement identifié par les premiers constats.
L’entreprise, qui joue un rôle important dans l’économie régionale du littoral est de Madagascar, notamment durant la haute saison du litchi, n’a rien pu faire pour sauver ses installations. Au moment des faits, les travailleurs n’étaient pas présents, ce qui a laissé le feu se propager rapidement avant l’arrivée des secours. Les flammes ont entièrement ravagé les locaux ainsi qu’une partie des équipements destinés à la préparation des produits d’exportation pour la campagne 2025.
Les premières images de l’incendie et les descriptions rapportées par les témoins montrent un brasier d’une intensité telle qu’il n’a laissé aucune chance aux structures de l’usine ni aux marchandises stockées sur place. Le feu s’est propagé dans l’ensemble du bâtiment, détruisant aussi bien les installations que les fournitures qui devaient être utilisées dans les jours à venir.
Dégâts matériels considérables et pertes économiques massives
Selon les informations communiquées sur place, l’incendie aurait détruit la totalité des marchandises destinées au traitement des litchis pour la campagne actuelle. Cela inclut non seulement les fruits en attente de traitement, mais également les équipements et matériels nécessaires à leur préparation pour l’exportation. Le préjudice économique est évalué à environ 1 milliard d’ariary.
Cette estimation, déjà considérable, pourrait encore être révisée à la hausse une fois les évaluations finales réalisées. L’ampleur de la perte est d’autant plus importante que la saison de récolte venait tout juste de commencer. L’incendie survient en effet le jour même du lancement officiel de la campagne du litchi 2025, une période cruciale pour les acteurs de la filière.
L’entreprise EMEXAL joue un rôle essentiel dans la chaîne de valeur du litchi, notamment dans la région de Toamasina II. Elle assure la réception, le tri, le traitement et l’emballage des fruits avant leur exportation vers les marchés internationaux. La destruction de ses installations risque de provoquer un ralentissement notable dans la filière, voire des perturbations sur les exportations prévues cette année.
Les pertes matérielles touchent également des équipements techniques indispensables au respect des normes d’exportation. Ces installations ne peuvent pas être remplacées du jour au lendemain et leur absence pourrait fortement impacter la qualité et la quantité de la production destinée au marché international. Les conséquences financières pour l’entreprise, mais aussi pour les producteurs locaux qui dépendent de ses opérations, s’annoncent donc lourdes.
Une enquête ouverte pour déterminer les responsabilités
Face à la gravité des faits et aux soupçons de criminalité qui pèsent sur l’incendie, la gendarmerie nationale, par l’intermédiaire de la brigade régionale de Toamasina, a immédiatement ouvert une enquête. Les forces de l’ordre ont rapidement sécurisé la zone afin de préserver les traces pouvant permettre d’identifier les auteurs de l’incendie.
Les premières constatations sur le terrain ont orienté les investigations vers la thèse d’un acte volontaire. Aucune autre cause accidentelle ne semble pour l’instant être envisagée. La nature du feu, sa rapidité de propagation et certains éléments observés par les enquêteurs renforcent l’hypothèse d’un incendie criminel. Toutefois, l’enquête est encore en cours et les autorités n’ont pas encore communiqué de détails précis sur les pistes suivies.
La gendarmerie examine plusieurs angles : les motivations possibles derrière un acte volontaire, les personnes présentes ou ayant eu accès aux lieux avant le drame, ainsi que les éventuels litiges économiques ou sociaux qui pourraient être liés à l’entreprise. Les investigations devront aussi déterminer si l’incendie a été préparé de manière méthodique ou s’il s’agit d’un acte impulsif exécuté par une ou plusieurs personnes encore non identifiées.
L’enjeu de l’enquête est majeur, non seulement pour faire la lumière sur les responsabilités mais également pour éviter que des actes similaires ne viennent perturber d’autres installations industrielles de la région. La sécurité des sites industriels, particulièrement en période de forte activité comme la saison du litchi, apparaît désormais comme une priorité réaffirmée par les autorités locales et nationales.
Visite officielle et mobilisation des autorités
Dès les premières heures suivant la catastrophe, une délégation du Ministère de l’Industrie et du Commerce s’est rendue sur les lieux afin de constater les dégâts et d’échanger avec les responsables de l’entreprise et les représentants locaux. Le député Roland Ratsiraka était également présent lors de cette visite officielle.
Cette mobilisation symbolise l’importance accordée par l’État à la filière litchi, considérée comme stratégique pour l’économie malgache. Les autorités se sont dites préoccupées par les conséquences économiques de l’incendie et ont souligné la nécessité d’accompagner l’entreprise dans les démarches liées à la reprise de ses activités.
Au-delà des pertes matérielles, c’est aussi l’organisation de l’ensemble de la campagne 2025 qui pourrait être affectée. L’usine EMEXAL devait jouer un rôle déterminant dans le traitement des fruits destinés à l’exportation. Une partie significative des 16 000 tonnes de litchis prévues pour l’Europe et Dubaï dépendait du bon fonctionnement de cette structure.
Les autorités ont affirmé leur volonté de suivre de près l’évolution de la situation, tant sur le plan sécuritaire que sur celui du soutien aux entreprises de la filière. La délégation a également insisté sur l’urgence de restaurer la continuité de la chaîne de valeur pour limiter les répercussions sur les producteurs, les employés et les exportateurs.
Un impact potentiellement lourd sur la saison du litchi 2025
L’incendie survient à un moment critique : le lancement de la saison de récolte des litchis 2025. L’objectif fixé cette année est l’exportation de 16 000 tonnes de fruits vers les marchés européens et vers Dubaï. Cette filière constitue une source majeure de devises et emploie des milliers de personnes dans tout le pays.
La destruction de l’usine EMEXAL pourrait avoir des conséquences importantes sur la logistique et la capacité de traitement nécessaire pour atteindre les objectifs fixés. Les installations détruites étaient destinées à assurer le traitement et la préparation des fruits, étapes essentielles pour répondre aux exigences internationales en matière de qualité sanitaire et de conditionnement.
Les producteurs locaux pourraient se retrouver sans débouchés suffisants, faute de structure capable d’absorber les volumes prévus. De plus, la perte de matériel spécialisé risque d’entraîner des délais supplémentaires dans le processus de traitement, ce qui pourrait affecter la fraîcheur des fruits et leur qualité lors de l’expédition.
La filière du litchi repose sur une coordination précise entre les différentes étapes de la récolte, du tri, du traitement et de l’exportation. La destruction d’un maillon aussi important que l’usine EMEXAL constitue donc un choc significatif pour l’ensemble du secteur. Si des solutions alternatives doivent être mises en place, elles nécessiteront du temps, des investissements et une réorganisation qui ne pourront probablement pas être réalisés instantanément.
À cela s’ajoute la pression du calendrier. Les marchés internationaux attendent les livraisons de litchis malgaches selon un rythme précis, en particulier l’Europe où la consommation est forte en fin d’année. Tout retard ou baisse de volume pourrait donc fragiliser la position de Madagascar sur ces marchés très compétitifs.


