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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurRavoavahy Raharimalala

Togo : Faure Gnassingbé, l'autocrate « soft »


Faure Gnassingbé, président du Togo depuis 19 ans, a su se tailler une image d'autocrate « soft » en dépit d'un long règne autoritaire. Ayant récemment promulgué une nouvelle Constitution qui pourrait lui permettre de rester indéfiniment au pouvoir, il continue de consolider son emprise sur le pays, tout en préservant une apparence de respectabilité aux yeux de la communauté internationale.



Contexte de la prise de pouvoir

Après avoir succédé à son père en 2005 grâce à une manipulation constitutionnelle et un massacre de centaines de ses compatriotes, Faure Gnassingbé a discrètement consolidé son contrôle sur le Togo. Le 6 mai, il a promulgué une loi révisant la Constitution pour faire entrer le pays dans la Ve République. Cette nouvelle structure politique instaure un régime parlementaire, offrant l'illusion d'une rupture avec l'autoritarisme présidentiel, alors que le pays demeure sous la domination de la famille Gnassingbé depuis 1967.


Un « Coup d'État Constitutionnel »

Cette réforme a été dénoncée par l'opposition togolaise comme un « coup d'État constitutionnel » visant à prolonger le règne de Gnassingbé. Le texte de la Constitution modifiée, adopté en deuxième lecture le 19 avril, n'a pas encore été rendu public. Pourtant, les récentes élections législatives du 29 avril, où le parti présidentiel Union pour la République (UNIR) a remporté 108 sièges sur 113, ont été perçues comme un référendum plébiscitaire en faveur du président. Les résultats, annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), témoignent d'un contrôle absolu de Faure Gnassingbé sur le système politique togolais.


La stratégie de l'autocrate « Soft »

Faure Gnassingbé a habilement cultivé l'image d'un autocrate « soft », manœuvrant habilement entre les réformes symboliques et le maintien d'un régime autoritaire. Son discours est émaillé de mots comme démocratie et développement, tandis que sa gouvernance maintient fermement les opposants en marge du système politique. Sa capacité à neutraliser la contestation tout en s'attirant les bonnes grâces de certains partenaires internationaux lui a permis d'éviter les critiques ouvertes des chancelleries étrangères, qui n'ont pas réagi à cette révision constitutionnelle.


Implications politiques et sociales

Le règne prolongé de Faure Gnassingbé n'est pas sans conséquences. Le Togo demeure confronté à des défis majeurs, notamment la pauvreté, le chômage des jeunes, et une économie fragile. L'absence d'alternance politique et la répression des voix dissidentes renforcent les inquiétudes concernant la viabilité démocratique du pays. Les élections et référendums orchestrés offrent peu de place à l'expression libre des citoyens, favorisant un climat de peur et de méfiance.


Alors que Faure Gnassingbé se prépare à rester indéfiniment au pouvoir grâce à sa nouvelle Constitution, le Togo s'enfonce dans une autocratie déguisée en démocratie. L'opposition reste silencieuse, les chancelleries se taisent, et la famille Gnassingbé consolide encore son emprise sur le pays.

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