Tolérance zéro face au harcèlement sexuel : l’Université de Toliara réaffirme son engagement ferme
- TAHINISOA Ursulà Marcelle

- il y a 1 jour
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L’Université de Toliara, institution d’enseignement supérieur emblématique du sud-ouest de Madagascar, vient de publier un communiqué marquant une nouvelle étape dans sa politique de lutte contre le harcèlement sexuel. En réaffirmant son principe de tolérance zéro, l’établissement souhaite instaurer un environnement d’étude et de travail fondé sur le respect, la sécurité et la dignité de toutes et tous. Ce positionnement clair, exprimé dans une déclaration officielle datée du 9 novembre 2025, témoigne d’une volonté institutionnelle de mettre fin à toute forme d’abus ou de violence sexiste au sein de la communauté universitaire.
Au-delà des mots, cette initiative s’inscrit dans une démarche d’écoute, d’accompagnement et de prévention. Elle vise à renforcer la confiance entre les étudiants, le personnel enseignant et l’administration, tout en offrant des dispositifs concrets pour signaler les comportements inappropriés. À travers cette prise de position forte, l’Université de Toliara cherche à redéfinir ses valeurs fondamentales autour du respect d’autrui et de la justice.

Une politique de tolérance zéro clairement affirmée
Le communiqué de l’Université de Toliara est sans ambiguïté : aucune atteinte à la dignité, au respect ou à l’intégrité des personnes ne sera tolérée. En adoptant une politique de tolérance zéro, l’établissement entend prévenir toute forme de harcèlement sexuel, qu’il s’agisse de gestes, de paroles, d’attitudes ou de comportements portant atteinte à la personne. Ce principe s’applique à l’ensemble de la communauté universitaire, sans distinction de statut, de fonction ou de hiérarchie.
Cette position s’inscrit dans la continuité des valeurs portées par l’Université depuis sa création, notamment le respect mutuel, l’équité et la responsabilité sociale. Elle marque également une réponse institutionnelle à un phénomène qui, trop souvent, reste tabou dans les milieux académiques. Par cette déclaration, la présidence de l’Université veut rompre le silence et encourager la libération de la parole. Elle adresse un message clair : le harcèlement sexuel n’a pas sa place à Toliara.
La politique annoncée repose sur deux piliers essentiels : la prévention et la répression. Prévention, par la sensibilisation et la formation, afin de faire connaître à chacun les comportements à proscrire. Répression, par la mise en place de sanctions adaptées contre les auteurs d’actes avérés, dans le respect du droit et de la dignité des victimes. Ce double engagement confère à la politique universitaire une dimension à la fois éducative et protectrice.
Le rôle central de la Cellule Anti-corruption dans la lutte contre le harcèlement
Un aspect notable du communiqué réside dans l’implication directe de la Cellule Anti-corruption de l’Université de Toliara. En élargissant ses missions au traitement des cas de harcèlement sexuel, cette cellule devient un acteur clé de la lutte contre les dérives comportementales au sein du campus. Elle se positionne comme un espace d’écoute, d’accompagnement et de médiation, garantissant la confidentialité absolue des témoignages recueillis.
La Cellule Anti-corruption, déjà expérimentée dans la gestion de signalements sensibles, offre ainsi un cadre institutionnel structuré où les victimes et témoins peuvent s’exprimer en toute sécurité. Ce choix témoigne d’une volonté de centraliser les dispositifs d’intégrité et d’éthique sous une même entité, capable de traiter les cas avec impartialité et discrétion. Son rôle n’est pas seulement répressif : elle contribue aussi à sensibiliser la communauté universitaire aux comportements respectueux et à promouvoir une culture de transparence.
Le communiqué invite clairement les victimes et les témoins à « oser dénoncer ». Cette injonction, simple mais puissante, souligne l’importance de la participation collective dans la lutte contre le harcèlement. L’Université reconnaît que le silence favorise l’impunité et que seule une parole libérée peut rompre la chaîne de la peur. En mettant à disposition une structure d’écoute sécurisée, elle donne aux personnes concernées les moyens d’agir.
L’efficacité d’une telle cellule dépendra de sa proximité avec les étudiants et le personnel. Pour cela, des permanences régulières, une communication claire et une disponibilité constante seront essentielles. L’Université de Toliara semble avoir pris la mesure de cette responsabilité, en plaçant la dignité humaine au cœur de son dispositif de gouvernance.
Une parole présidentielle porteuse de valeurs et d’émotion
Dans son communiqué, le président de l’Université de Toliara, Veriza Francis, s’adresse directement à la communauté universitaire avec des mots forts et empreints d’émotion. En déclarant : « Chères étudiantes, chères collègues, vous êtes nos filles, nos sœurs, nos mères... nos tany niboaha. On vous protégera », il exprime à la fois un engagement moral et une proximité culturelle. Cette formule, qui mêle respect et affection, illustre la dimension humaine de la politique adoptée.
Cette déclaration dépasse le cadre administratif. Elle résonne comme un appel à la responsabilité collective et au devoir de protection. Le président ne s’adresse pas seulement en tant que représentant institutionnel, mais comme un membre d’une communauté soudée par des liens de solidarité. En évoquant les étudiantes et les collègues comme des figures familiales, il rappelle la valeur de chaque personne au sein de l’université.
Le recours à l’expression « nos tany niboaha », ancrée dans la culture locale, renforce ce sentiment d’appartenance et d’unité. En employant des mots de la langue malgache, le président Veriza Francis donne à son discours une portée symbolique et identitaire. Il affirme ainsi que la lutte contre le harcèlement sexuel n’est pas seulement une question de réglementation, mais aussi une question de valeurs humaines et culturelles.
Son message vise à restaurer la confiance entre les dirigeant(e)s et les membres de l’Université. Il traduit une volonté de protéger et d’accompagner les victimes, tout en éduquant la communauté sur l’importance du respect mutuel. Par ce discours, l’Université de Toliara place la dignité humaine au cœur de sa mission éducative et citoyenne.
Un engagement collectif pour un cadre sûr et équitable
Le communiqué conclut par une promesse institutionnelle : celle d’un cadre d’étude et de travail sûr, respectueux et équitable. Cette promesse n’est pas symbolique ; elle repose sur des actions concrètes que l’Université s’engage à entreprendre. Garantir la sécurité des étudiants et du personnel implique d’agir sur plusieurs plans : l’écoute, la formation, la prévention, la sanction et la sensibilisation.
La sécurité passe d’abord par la confiance. Les victimes doivent savoir qu’elles seront entendues et soutenues. Les témoins doivent pouvoir signaler sans crainte de représailles. Pour cela, l’Université doit veiller à créer un environnement où la transparence prévaut sur la peur et où la justice institutionnelle remplace les jugements informels. La confidentialité promise par la Cellule Anti-corruption est une étape essentielle dans cette direction.
Ensuite, l’équité suppose que chacun soit traité de manière juste, indépendamment de son statut ou de son genre. Dans un contexte universitaire où les rapports hiérarchiques sont fréquents, cette exigence d’impartialité revêt une importance particulière. L’Université de Toliara s’engage ainsi à garantir que toute plainte fera l’objet d’un traitement équitable, sans favoritisme ni préjugé.
Enfin, le respect doit être enseigné et valorisé. Cela passe par des campagnes de sensibilisation, des formations à destination du personnel et des étudiants, et une communication continue sur les droits et devoirs de chacun. En agissant sur ces leviers, l’Université contribue à transformer les mentalités et à prévenir durablement le harcèlement sous toutes ses formes.
Une démarche exemplaire pour l’enseignement supérieur à Madagascar
La position de l’Université de Toliara pourrait servir de modèle à d’autres institutions d’enseignement supérieur du pays. En affichant publiquement une politique de tolérance zéro, elle ouvre la voie à une approche plus proactive de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Dans un contexte où ces questions sont souvent passées sous silence, cette initiative revêt une dimension exemplaire.
La lutte contre le harcèlement sexuel dans les universités ne se limite pas à sanctionner les comportements inappropriés. Elle implique de repenser les rapports humains, de renforcer la formation éthique et de promouvoir la responsabilité collective. L’Université de Toliara, par son communiqué, montre qu’elle a conscience de ce rôle éducatif et social. En intégrant la question du harcèlement dans sa politique globale d’intégrité, elle fait un pas décisif vers un campus plus sûr et plus inclusif.
Le message porté par la présidence ne se contente pas de dénoncer : il propose une vision d’avenir où le respect et la dignité deviennent les fondements d’une communauté universitaire unie. Cette démarche appelle également la société civile, les autorités publiques et les organisations partenaires à s’impliquer davantage dans la prévention des violences sexistes et sexuelles en milieu académique.
En agissant avec fermeté, l’Université de Toliara réaffirme que le savoir et la dignité sont indissociables. Son engagement témoigne d’une volonté de construire un environnement où l’apprentissage s’accompagne d’un profond respect des valeurs humaines. Ce communiqué, bien plus qu’une simple déclaration administrative, marque un tournant dans la culture institutionnelle de l’université malgache.


