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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Un accord historique entre le ministère de l’Éducation nationale et les syndicats d’enseignants

L’après-midi du jeudi 6 novembre 2025 a marqué un tournant décisif pour le système éducatif malgache. Après plusieurs semaines de tensions et de négociations intenses, un protocole d’accord a été signé entre la ministre de l’Éducation nationale, Dr Hanitriniaiana Elis Karena, et les représentants des syndicats d’enseignants. Ce document, fruit d’un long dialogue, vise à répondre aux revendications des personnels de l’enseignement tout en garantissant la reprise normale des cours dans les établissements scolaires dès le lundi suivant. Cet accord apparaît comme une étape majeure vers la reconnaissance du rôle essentiel des enseignants et la stabilisation durable du secteur éducatif.

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Un contexte social tendu avant la signature

Depuis plusieurs semaines, le monde éducatif malgache vivait au rythme des revendications syndicales. Les enseignants, toutes catégories confondues — qu’ils soient fonctionnaires, contractuels ou membres des structures FRAM — exprimaient un profond malaise face à la précarité persistante de leurs conditions de travail. Les établissements scolaires étaient paralysés, et les élèves, privés de cours, voyaient leur année scolaire compromise. Les mouvements de grève et les sit-in organisés dans plusieurs régions du pays traduisaient l’exaspération d’un corps enseignant réclamant justice et reconnaissance.

La principale revendication portait sur l’intégration des enseignants non encore titularisés dans la fonction publique. À cela s’ajoutaient des demandes concernant la revalorisation des indemnités de craie et de logement, ainsi que la reconnaissance de l’ancienneté pour les agents ayant accompli plusieurs années de service. Ces sujets, au cœur du désaccord entre les syndicats et le ministère, ont fait l’objet de longues discussions avant d’aboutir à une solution consensuelle.

Les acteurs clés du protocole d’accord

La signature du protocole d’accord du 6 novembre 2025 a réuni autour de la table plusieurs entités représentatives du monde éducatif. Outre la ministre de l’Éducation nationale, Dr Hanitriniaiana Elis Karena, plusieurs organisations syndicales majeures ont participé activement au processus. Parmi elles figuraient le Vondron’ny Mpanabe Mijoro (VMM), les Mpanabe Manova Ifotony (MMI), les représentants de l’École Normale Supérieure (ENS), ainsi que les représentants des enseignants FRAM. Cette diversité d’acteurs témoigne de la volonté d’inclure toutes les voix du secteur dans la recherche d’une solution globale.

Chacune de ces structures défendait des intérêts spécifiques mais convergents. Le VMM insistait sur la nécessité d’une reconnaissance institutionnelle pour tous les enseignants en activité. Les MMI plaidaient pour une réforme en profondeur du système de recrutement et de titularisation. L’ENS, pour sa part, demandait la prise en compte automatique des diplômés dans les effectifs de la fonction publique. Quant aux enseignants FRAM, souvent en situation de grande précarité, ils réclamaient une intégration équitable et une stabilité professionnelle. Le ministère a donc dû concilier ces différentes attentes pour parvenir à un accord équilibré.

Les principales mesures du protocole signé

Le texte signé le 6 novembre contient plusieurs dispositions majeures qui répondent directement aux préoccupations exprimées par les enseignants. La plus emblématique concerne l’intégration dans la fonction publique des diplômés de l’École Normale Supérieure (ENS), des enseignants formés au Centre de Formation Pédagogique et de Recherche pour les Professeurs (CFPRP), ainsi que des enseignants issus du réseau FRAM. Cette mesure marque une avancée significative dans la régularisation du statut des enseignants et contribue à réduire la précarité au sein du corps éducatif.

Le protocole prévoit également l’intégration systématique des agents ayant accompli six années de service. Cette décision met fin à une longue période d’incertitude pour de nombreux enseignants qui exerçaient depuis des années sans bénéficier de la sécurité de l’emploi public. Par ailleurs, deux autres points ont suscité une grande satisfaction : l’augmentation de l’indemnité de craie et celle de l’indemnité de logement. Ces revalorisations traduisent la reconnaissance par les autorités du rôle et de l’investissement des enseignants dans la société.

Derrière ces mesures concrètes, l’accord traduit aussi une volonté politique forte de rétablir la confiance entre l’État et les acteurs du secteur éducatif. En répondant favorablement à des revendications de longue date, le gouvernement cherche à apaiser le climat social tout en réaffirmant sa priorité donnée à l’éducation.

Une reprise progressive des cours et un retour au dialogue

L’un des effets immédiats du protocole d’accord est la reprise des cours prévue pour le lundi suivant la signature, soit le 10 novembre 2025. Après plusieurs jours d’interruption, élèves, parents et enseignants peuvent entrevoir un retour à la normale. Le ministère a insisté sur la nécessité d’un rattrapage organisé et d’un calendrier scolaire réaménagé afin de compenser le retard accumulé. Les syndicats, de leur côté, ont appelé leurs membres à reprendre le travail dans un esprit de responsabilité, tout en maintenant un suivi attentif de l’application effective des engagements pris.

Cette reprise ne marque pas seulement la fin d’une crise ; elle symbolise aussi la réouverture d’un dialogue durable entre les autorités et les enseignants. Les discussions, auparavant tendues, laissent place à un cadre de concertation continue. Le ministère de l’Éducation nationale a d’ailleurs annoncé la mise en place d’un comité de suivi chargé de veiller à la mise en œuvre progressive du protocole et à la résolution des éventuels différends. Cette démarche témoigne d’un engagement à instaurer un climat de confiance mutuelle et une gouvernance participative du système éducatif.

Un pas vers la valorisation durable du métier d’enseignant

Au-delà des mesures immédiates, cet accord constitue une avancée symbolique et structurelle pour la valorisation du métier d’enseignant à Madagascar. La reconnaissance du statut, l’amélioration des conditions de travail et la régularisation administrative sont autant d’éléments qui peuvent renforcer l’attractivité du métier. En assurant une stabilité professionnelle, l’État reconnaît que la qualité de l’éducation repose avant tout sur la motivation et la dignité des enseignants.

L’intégration des diplômés de l’ENS et du CFPRP garantit une meilleure cohérence entre formation et emploi, en réduisant les frustrations liées au chômage ou à la précarité post-diplôme. De même, la reconnaissance des enseignants FRAM dans la fonction publique constitue une mesure d’équité et d’inclusion qui met fin à des années d’injustice perçue. L’augmentation des indemnités de craie et de logement, bien que symbolique, représente aussi une amélioration concrète du pouvoir d’achat des enseignants, souvent confrontés à des difficultés économiques.

Cet accord peut aussi être interprété comme un message adressé à la jeunesse malgache : celui d’un État qui réaffirme la centralité de l’éducation dans son projet de développement. En stabilisant le corps enseignant, les autorités posent les bases d’un enseignement plus constant, plus équitable et plus performant.

Une perspective de réforme et de modernisation du système éducatif

Si la signature du protocole marque un apaisement immédiat, elle ouvre également la voie à une réflexion plus large sur la réforme du système éducatif. La crise ayant conduit à cet accord a mis en lumière les failles structurelles d’un système confronté à des difficultés de financement, à un manque de formation continue et à des inégalités territoriales persistantes. Le ministère semble conscient de ces défis et a exprimé son intention d’engager un travail de modernisation de la gouvernance éducative.

La reconnaissance et la titularisation des enseignants ne sont qu’une première étape. Il s’agit désormais d’assurer un suivi administratif rigoureux, de renforcer les capacités pédagogiques et de garantir une meilleure répartition des enseignants sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, la valorisation des métiers de l’enseignement devra s’accompagner d’un effort accru en matière d’infrastructures scolaires, de ressources pédagogiques et de conditions matérielles d’apprentissage.

Le protocole d’accord du 6 novembre 2025 pourrait ainsi devenir un socle pour une réforme plus globale, plaçant les enseignants au cœur du renouveau éducatif. En rétablissant la confiance, il crée les conditions d’un partenariat durable entre l’État et les acteurs de terrain, condition essentielle pour améliorer durablement la qualité de l’éducation.

En somme, l’accord signé entre la ministre de l’Éducation nationale, Dr Hanitriniaiana Elis Karena, et les représentants syndicaux du secteur de l’enseignement marque un moment charnière pour l’école malgache. Par cet acte, le gouvernement reconnaît l’importance du travail enseignant et répond à des revendications anciennes, tout en ouvrant la voie à un dialogue constructif. Si sa mise en œuvre effective reste à suivre avec vigilance, il incarne d’ores et déjà un signe fort d’apaisement et d’espoir pour toute la communauté éducative.

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