La démission récente d'Andry Rajoelina, président de Madagascar, et la renonciation du président du Sénat à ses fonctions par intérim ont suscité une cascade d'événements politiques inattendus dans le pays. Dans ce contexte tumultueux, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a décidé que les fonctions de chef d'État seraient exercées par un gouvernement collégial, dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay. Ce revirement soudain ouvre un débat politique important sur la gouvernance et la stabilité institutionnelle à Madagascar.
Un gouvernement collégial : une expérience inédite
La déclaration de la HCC indique que les décisions du gouvernement collégial seront prises à la majorité de ses membres, avec Christian Ntsay agissant en tant que nouvel homme fort. Cela soulève immédiatement plusieurs questions. Est-ce que ce format collégial est réellement viable dans un contexte politique déjà fragmenté? En l'absence d'une figure présidentielle, la cohésion du gouvernement peut-elle être maintenue, surtout lorsque des décisions cruciales doivent être prises ?
Démission et constitution : les limites du cadre juridique
Le président du Sénat, qui aurait normalement assumé les fonctions présidentielles par intérim, a également démissionné pour des "raisons personnelles", créant ainsi un vide constitutionnel. Cela met en lumière les lacunes du cadre constitutionnel malgache, qui ne semble pas préparé pour gérer des situations de vide de pouvoir aussi complexes. Le fait que le Premier ministre et son gouvernement collégial aient été propulsés dans ce rôle par défaut soulève des questions sur l'adéquation du cadre juridique actuel.
La comparaison avec des précédents historiques
Il est également intéressant de noter les parallèles entre la démission de Rajoelina et celle de son prédécesseur, Hery Rajaonarimampianina, en 2018. Cependant, les similitudes s'arrêtent là, car dans le cas présent, le gouvernement collégial prend le relais, une démarche inédite dans l'histoire politique du pays. Cela pourrait ouvrir la porte à des comparaisons avec d'autres pays ayant expérimenté des formes de gouvernance collégiale, pour le meilleur ou pour le pire.
Vers une nouvelle étape pour Madagascar?
Alors que Madagascar navigue dans ces eaux incertaines, la question se pose de savoir si ce gouvernement collégial pourrait servir de modèle pour une nouvelle forme de gouvernance, plus inclusive et moins centralisée. Ou, au contraire, s'agit-il d'une recette pour l'instabilité et la paralysie politique, en l'absence d'un leader clairement identifié?
En somme, la démission de Rajoelina et la succession d'événements qui ont suivi ouvrent une nouvelle page incertaine dans l'histoire politique de Madagascar. Il reste à voir si ce gouvernement collégial sera la solution aux défis politiques complexes du pays ou s'il ajoutera simplement une autre couche d'incertitude à une situation déjà volatile.