Une évolution vers une présence des troupes françaises plus modulable et légère en Afrique de l'Ouest-Sahel est en cours.
Dans une interview exclusive accordée à RFI et à l'AFP depuis Ndjamena, le général de division Bruno Baratz, commandant des forces françaises au Sahel, a dévoilé l'évolution du dispositif militaire français en Afrique. Après une décennie d'opération Barkhane, la présence française se veut désormais légère et modulable. La philosophie sous-jacente repose sur un partenariat de combat rénové avec les pays africains, où la priorité est donnée aux besoins et aux opérations de ces derniers. Le général Baratz souligne que la France n'a plus d'opération propre, mais apporte un soutien temporaire en termes de capacités aux armées africaines pour réaliser leurs propres opérations.
Un exemple concret de cette nouvelle approche se trouve au Niger, où les Forces armées nigériennes (FAN) connaissent une montée en puissance significative. Avec l'objectif d'atteindre 50 000 soldats d'ici deux ans et 100 000 d'ici 2030, le Niger s'efforce de garantir sa sécurité et sa stabilité de manière autonome. Les armées françaises fournissent des capacités spécifiques aux FAN pour faire face aux menaces terroristes, compte tenu des multiples fronts le long des frontières maliennes, burkinabè, libyennes et de la région du lac Tchad. Cependant, la France n'est pas seule dans cet effort, car d'autres partenaires occidentaux sont également aux côtés des forces nigériennes. Grâce à une stratégie de contre-insurrection efficace et axée sur la sécurité des populations, le Niger vise à rétablir la présence de l'État dans les zones contestées par les groupes armés terroristes, favorisant ainsi le dialogue entre les communautés et la consolidation de la paix.
La réussite de cette approche se reflète dans les objectifs atteints, tels que la réactivation de l'agriculture dans la région du Liptako nigérien, permettant ainsi le retour des populations locales. Les Nigériens ont démontré une résilience remarquable malgré les défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés de toutes parts. En demandant le soutien de la France et d'autres partenaires occidentaux tels que l'Italie et les États-Unis, le Niger a su clairement définir les attentes spécifiques de chaque partenaire, créant une complémentarité précieuse. Cette approche axée sur le contrôle de l'espace et la stabilisation des communautés contribue à faciliter l'appui apporté par les forces françaises, tout en permettant aux Nigériens de reprendre une vie normale et de rétablir les services de l'État.