Le débat sur les libertés sexuelles gagne du terrain au Maroc, porté par des voix académiques telles que celle d'Abdessamad Dialmy. Sociologue émérite et auteur prolifique, Dialmy est un fervent défenseur de la reconnaissance des libertés sexuelles dans le royaume chérifien.
Sa carrière universitaire a été dédiée à la lutte contre les tabous sexuels qui entravent la jeunesse marocaine. Dialmy dénonce les contraintes légales qui imposent le mariage comme unique cadre légitime pour l'expression de la sexualité, mettant en lumière les articles répressifs du code pénal marocain.
Son engagement trouve ses racines dans les années 1970, suite à la lecture de "La Révolution sexuelle" de Wilhelm Reich, qui a marqué un tournant décisif dans sa vie personnelle et professionnelle. Son retour au Maroc après un séjour à Nanterre a été le point de départ d'une thèse révolutionnaire sur la sexualité des jeunes Marocains, confrontés à un double interdit religieux et juridique.
Dialmy observe que, malgré le recul de l'âge moyen au premier mariage, les jeunes trouvent des moyens pour exprimer leur sexualité en contournant le tabou de la défloration. Il a théorisé le "bricolage spatio-sexuel" pour décrire ces pratiques sexuelles incomplètes adoptées dans des lieux inappropriés, reflétant une sexualité entravée par les normes sociales et juridiques.
Il souligne également que les jeunes des classes aisées ont dépassé ces limites, brisant le tabou de la virginité et inventant de nouvelles formes de relations, y compris des mariages homosexuels informels.
Pour Dialmy, le Maroc est en pleine "explosion sexuelle", avec une augmentation des pratiques préconjugales, de la prostitution et de l'homosexualité plus ouverte. Cette libération des moeurs entraîne des risques de violences sexuelles, d'infections transmissibles, et d'autres conséquences négatives.
Malgré ces défis, Dialmy reste optimiste, envisageant une transition vers des normes sexuelles libres et sécularisées. Il se base sur la référence aux droits humains inscrite dans les constitutions marocaines pour appuyer sa cause.
Ses prises de position lui ont valu des menaces de mort, mais cela ne l'a pas dissuadé. Il continue de plaider pour une réforme juridique qui inclurait la reconnaissance des libertés sexuelles et le droit à l'avortement, ainsi que pour des réformes éducatives et culturelles pour promouvoir une masculinité non violente.
Le combat pour ces libertés reste politiquement sensible, avec peu de soutien pour remettre en question le code pénal. Cependant, les mouvements sociaux et les évolutions culturelles semblent indiquer un changement progressif des mentalités au Maroc en matière de sexualité.