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L'ACTUALITÉ DEPUIS 1929

Argentine : La "narcoculture" accusée de favoriser la violence du trafic de drogue

La présence de la "narcoculture", une représentation du monde de la drogue, est fortement ancrée au Mexique et en Colombie, mais elle fait également des ravages en Argentine, en particulier à Rosario, la troisième ville du pays.


La ville de Rosario en Argentine est souvent considérée comme la capitale du crime organisé avec un taux d'homicide quatre fois supérieur à la moyenne nationale, avec plus de 60 assassinats signalés rien que depuis le début de l'année. Les trafiquants de drogue ont une emprise importante sur les quartiers défavorisés, comme celui de La Tablada, où la présence policière est faible et où les activités socio-éducatives sont insuffisantes pour favoriser l'inclusion. Les jeunes sont alors facilement embrigadés par les narcotrafiquants, passant de guetteur à revendeur et finalement, se voyant confier une arme et engagés pour tuer, même à l'âge de 16 ans.


Selon Sebastian Luna, inspecteur de police à Rosario, les adolescents qui sont attirés par la vie de rue sont influencés par la "narcoculture" telle qu'elle est présentée dans les films et séries télévisées. Des récits d'ascension fulgurante qui s'accompagnent souvent d'une banalisation de la criminalité et de la violence, et que les jeunes veulent reproduire. Des totems tels que l'argent, les voitures et les armes à feu sont également des symboles de cette culture. Cette banalisation de la violence est un problème majeur pour la police, car les jeunes arrêtés pour des crimes violents ne perçoivent pas la gravité de leurs actions.


Le livre "Penser le phénomène Narco" d'un groupe de chercheurs de l'université argentine de la Matanza examine l'influence de la fiction sur la réalité du narcotrafic, en particulier les séries comme "Pablo Escobar le patron du mal", "Narcos" ou "Le Marginal" qui fonctionnent comme des tutoriels pour ceux qui veulent entrer dans ce monde. Cela peut générer une rétro-alimentation qui se transforme parfois en surenchère dans l'ostentation et dans la violence, bien que les séries ne cherchent pas à glorifier le trafic de drogue.


Le professeur de philosophie Esteban Mizrahi analyse l'influence des séries sur le trafic de drogue, soulignant que les personnages fictifs sont souvent dépourvus de défauts, les déshumanisant et rendant l'identification difficile. Cependant, les personnages complexes tels que Pablo Escobar sont humanisés malgré leurs crimes, contribuant à dédiaboliser le trafic de drogue et à le banaliser comme une voie d'ascension sociale pour certains publics défavorisés.

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