Consultation nationale pour l’amélioration de la loi sur la communication médiatique et l’étude du projet de loi sur le droit d’accès à l’information à Madagascar
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 16 minutes
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La consultation nationale pour l’amélioration du cadre légal régissant la communication médiatique et pour l’étude du projet de loi sur le droit d’accès à l’information (LAICP) vient de franchir une nouvelle étape à Madagascar. Une série de consultations régionales a été lancée, réunissant les acteurs du secteur de la communication et de la culture issus des différentes régions du pays. Cette initiative, supervisée par la ministre de la Communication et de la Culture, Fenosoa GASCAR, marque une volonté de réforme et de modernisation des pratiques démocratiques en matière d’accès à l’information et de liberté de la presse.
L’événement, organisé en visioconférence, a rassemblé les directions régionales du ministère ainsi que de nombreux représentants des associations de journalistes, des organisations de la société civile et des professionnels de la culture et de la communication. Ces échanges constituent une étape essentielle dans l’élaboration d’un cadre législatif rénové et plus inclusif.

Une démarche participative au cœur du processus législatif
La consultation engagée par le ministère de la Communication et de la Culture vise avant tout à donner la parole aux acteurs de terrain. Selon les orientations fixées par la ministre Fenosoa GASCAR, la méthode de travail du ministère a été repensée afin d’instaurer une gouvernance plus participative. Désormais, chaque région de Madagascar est invitée à soumettre ses propositions, issues d’un travail collectif mené localement avant la tenue des réunions nationales.
Les travaux préparatoires, menés dans toutes les régions du pays, ont mobilisé un large éventail d’acteurs : journalistes, représentants d’associations, responsables culturels, mais aussi membres de la société civile. Ces groupes ont débattu des problématiques spécifiques à leurs contextes régionaux, tout en proposant des pistes d’amélioration concrètes pour le futur cadre législatif.
Cette approche décentralisée répond à un double objectif : d’une part, garantir que la réforme de la loi sur la communication reflète les réalités du terrain ; d’autre part, renforcer la transparence et la légitimité du processus décisionnel. En procédant à une large concertation, le ministère cherche à assurer que la future loi soit non seulement techniquement solide, mais également socialement acceptée.
La modernisation de la loi sur la communication médiatique
L’un des principaux volets de cette consultation porte sur la révision de la loi encadrant la communication médiatique à Madagascar. Ce texte, jugé vieillissant par de nombreux professionnels du secteur, nécessite une mise à jour afin de mieux s’adapter aux évolutions rapides des technologies de l’information et des médias numériques.
Les discussions régionales ont permis de soulever plusieurs points cruciaux. D’abord, la nécessité d’une meilleure protection du journalisme d’investigation et de la liberté de la presse. Les participants ont insisté sur le rôle essentiel des médias dans le contrôle démocratique et la diffusion d’une information fiable et indépendante. Ensuite, la question de la responsabilité des médias face aux contenus diffusés, notamment sur les plateformes numériques, a suscité de nombreux débats.
Certains intervenants ont également plaidé pour une clarification des obligations légales des journalistes, afin d’éviter les abus tout en garantissant leur liberté d’expression. D’autres ont insisté sur la création de mécanismes de médiation pour résoudre les litiges entre médias, citoyens et autorités, sans recourir systématiquement à la voie judiciaire.
La réforme envisagée vise ainsi à établir un équilibre entre liberté et responsabilité, dans un contexte où les médias jouent un rôle croissant dans la vie démocratique et sociale du pays.
Le projet de loi sur le droit d’accès à l’information publique
Parallèlement à la modernisation de la législation sur la communication, la consultation nationale s’attache également à étudier un projet de loi sur le droit d’accès à l’information publique, connu sous l’acronyme LAICP. Ce texte est perçu comme une étape décisive dans la promotion de la transparence gouvernementale et de la participation citoyenne à la vie publique.
Le droit d’accès à l’information est un pilier fondamental de la démocratie. Il permet aux citoyens, aux journalistes et aux organisations de la société civile d’obtenir des données et des documents publics, afin de mieux comprendre les décisions des autorités et de participer activement au débat public.
Les échanges régionaux ont mis en évidence la volonté de nombreux acteurs de renforcer ce droit en établissant des procédures claires et accessibles. Il s’agit notamment de définir les délais de réponse des administrations, les catégories d’informations communicables et les exceptions justifiées par la sécurité nationale ou la vie privée.
Les participants ont également souligné la nécessité de former les fonctionnaires et les responsables des institutions publiques à la culture de la transparence. Pour que le droit d’accès à l’information soit effectif, il faut que les agents publics soient capables de répondre de manière efficace et responsable aux demandes des citoyens.
Une coordination nationale en préparation
À l’issue des consultations régionales, une synthèse nationale des propositions est prévue. La ministre de la Communication et de la Culture, Fenosoa GASCAR, a annoncé que cette synthèse servira de base à la consultation nationale qui se tiendra à Antananarivo le vendredi 7 novembre. Cette rencontre réunira les représentants des différentes régions et les principaux acteurs institutionnels du pays.
L’objectif de cette étape nationale est de consolider les recommandations issues des régions et d’élaborer un document final cohérent, à la fois réaliste et représentatif des attentes du secteur. Ce travail collectif permettra ensuite la rédaction définitive du projet de loi, avant sa présentation à l’Assemblée nationale pour examen et adoption.
La tenue de cette consultation nationale témoigne d’une volonté politique forte de construire une législation moderne et adaptée aux défis du XXIe siècle. Elle illustre également l’engagement du gouvernement malgache à promouvoir la démocratie participative et la liberté d’expression.
Une vision renouvelée pour la gouvernance de l’information
Au-delà des aspects techniques de la réforme, cette consultation révèle un changement de philosophie dans la manière de concevoir la gouvernance de l’information à Madagascar. La ministre Fenosoa GASCAR a insisté sur l’importance de valoriser les contributions locales et de reconnaître le rôle de chaque région dans la construction des politiques publiques.
Cette nouvelle approche rompt avec une logique centralisée longtemps dominante, où les décisions étaient principalement prises à Antananarivo. En intégrant les voix régionales dès le début du processus, le ministère encourage une dynamique de co-construction et de responsabilité partagée.
L’ouverture de cette concertation s’inscrit dans un contexte international marqué par la montée en puissance des enjeux liés à l’accès à l’information et à la liberté de la presse. Les organisations internationales, comme l’UNESCO, soulignent régulièrement l’importance de ces droits pour le développement durable, la gouvernance démocratique et la lutte contre la corruption. Madagascar, en s’engageant dans ce processus, réaffirme ainsi son attachement à ces valeurs universelles.
Vers une adoption parlementaire du projet de loi
La dernière étape de ce vaste chantier législatif consistera en la présentation du projet de loi à l’Assemblée nationale. Ce passage devant les députés permettra de débattre des propositions formulées lors des consultations régionales et nationales, et d’apporter les ajustements nécessaires avant l’adoption définitive du texte.
L’attente est grande parmi les professionnels de la communication et les représentants de la société civile, qui espèrent que cette réforme aboutira à une législation équilibrée et protectrice des libertés fondamentales. Le succès de cette démarche dépendra toutefois de la capacité du Parlement à intégrer les recommandations émises lors des consultations et à garantir une mise en œuvre concrète et efficace des nouvelles dispositions.
Si elle est adoptée, la nouvelle loi sur la communication médiatique et celle relative au droit d’accès à l’information constitueront des avancées majeures pour la démocratie malgache. Elles offriront un cadre juridique modernisé, propice à la transparence, à la responsabilité des institutions et au respect de la liberté de la presse.
En définitive, la consultation pour l’amélioration de la loi régissant la communication médiatique et l’étude du projet de loi sur le droit d’accès à l’information marque une étape cruciale dans la construction d’une société plus ouverte et participative à Madagascar. L’engagement des acteurs régionaux, la volonté de dialogue du ministère et la perspective d’une réforme législative ambitieuse témoignent d’un changement profond dans la conception de la communication publique. Le rendez-vous du 7 novembre à Antananarivo s’annonce comme un moment déterminant pour l’avenir de la liberté d’informer et du droit à l’information dans le pays.