JIRAMA : Un employé arrêté après une plainte du Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures
- TAHINISOA Ursulà Marcelle

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L’arrestation récente d’un employé de la JIRAMA, consécutive à une plainte déposée conjointement par le Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures et par la société nationale elle-même, a suscité une vive attention. Les faits remontent au 12 novembre 2025, date à laquelle le Commissariat central de Tsaralalàna a enregistré une plainte visant l’un des salariés de cette entreprise publique essentielle. Accusé de plusieurs infractions graves pouvant relever de l’atteinte à la sûreté de l’État, le mis en cause a été immédiatement placé en garde à vue pour permettre l’ouverture d’une enquête préliminaire. Ce dossier, sensible sur le plan institutionnel, soulève des interrogations autour des obligations de responsabilité des agents publics, des limites de la liberté d’expression et du respect dû aux infrastructures étatiques. Il met aussi en évidence l’importance accordée par les autorités à la préservation de l’ordre public et à la protection des biens appartenant à l’État. Dans le contexte actuel, où les services publics jouent un rôle central dans la vie quotidienne comme dans le maintien des équilibres nationaux, cette affaire illustre la fermeté affichée par les institutions lorsqu’il s’agit de garantir la stabilité, la sécurité et le respect des lois. Retour sur les faits et sur les enjeux liés à cette interpellation.

Une plainte officielle déposée par les autorités compétentes
Le 12 novembre 2025 marque le point de départ officiel de cette affaire. C’est à cette date que le Commissariat central de Tsaralalàna a reçu une plainte formelle, déposée par deux institutions étroitement liées à la gestion de l’énergie à Madagascar : le Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, et la JIRAMA, la société nationale chargée de la distribution d’eau et d’électricité. La démarche conjointe de ces deux organismes publics souligne la gravité des faits reprochés à l’employé concerné. Le dépôt d’une plainte par une institution ministérielle et par une entreprise publique placée sous son autorité est une procédure rare, généralement réservée aux situations considérées comme portant atteinte non seulement à l’image ou au fonctionnement de l’entreprise, mais aussi aux intérêts fondamentaux de l’État. Le contenu de la plainte fait état d’actes jugés incompatibles avec les responsabilités inhérentes à la fonction d’un agent de la JIRAMA. Il ne s’agit pas de simples fautes professionnelles ou de manquements internes, mais d’accusations relevant du domaine pénal. L’objectif de la démarche auprès du commissariat est clair : permettre l’ouverture d’une enquête en bonne et due forme, afin que les faits reprochés puissent être examinés sous l’angle de la loi. À travers cette plainte, les autorités entendent affirmer une position nette : lorsqu’un agent public est soupçonné d’agir d’une manière susceptible de nuire à la sécurité, à la stabilité ou aux infrastructures du pays, il appartient aux institutions compétentes de saisir la justice pour que les faits soient éclaircis, vérifiés et, le cas échéant, sanctionnés. Cette décision marque également une volonté de transparence et de rigueur dans la gestion d’une affaire qui touche une société nationale essentielle au fonctionnement du pays. La JIRAMA, en tant que service public stratégique, se doit de préserver sa crédibilité tout en veillant à la bonne conduite de ses employés. Le dépôt de plainte s’inscrit parfaitement dans ce cadre.
Trois chefs d’accusation considérés comme particulièrement graves
La plainte déposée par la JIRAMA et le Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures retient trois chefs d’accusation majeurs. Chacun d’eux est considéré comme sérieux, tant par leurs implications juridiques que par l’impact potentiel qu’ils peuvent avoir sur la stabilité sociale ou sur les infrastructures de l’État.
Le premier chef d’accusation concerne une atteinte à l’autorité de l’État. Selon la plainte, l’employé aurait entrepris des actions illégales visant à inciter la population à la révolte. Ces actes sont assimilés à une atteinte à la sûreté de l’État, un domaine où la législation est particulièrement stricte. L’incitation à la révolte, lorsqu’elle est imputée à un agent public, est perçue comme un acte profondément contraire aux devoirs d’un employé d’une société nationale. Ce type d’accusation implique que des propos ou des actions auraient visé explicitement à affaiblir l’autorité de l’État ou à provoquer des troubles à l’ordre public.Le deuxième chef d’accusation porte sur l’incitation à la haine. Ce type de comportement, s’il est avéré, est passible de poursuites pénales, car il contrevient aux principes de cohésion sociale et de respect mutuel. L’incitation à la haine constitue une infraction visant à protéger la société contre les discours ou les actes susceptibles d’attiser les tensions ou de mener à des conflits entre groupes ou individus. Là encore, le fait que ces actes soient reprochés à un employé d’une entreprise publique renforce la gravité de la situation, puisqu’un agent de l’État est censé agir dans un sens diamétralement opposé : celui de la préservation de la paix sociale. Le troisième chef d’accusation concerne la destruction de biens publics et de propriétés appartenant à l’État. Les biens publics représentent des ressources appartenant collectivement à la nation. Leur dégradation ou leur destruction est considérée comme une atteinte directe à la collectivité. Dans cette affaire, il est reproché au mis en cause d’avoir participé ou contribué à des actes de destruction de biens relevant du domaine public. Ces accusations portent donc sur des faits matériels lourds, qui, s’ils sont confirmés, pourraient être qualifiés d’infractions pénales graves. Ces trois chefs d’accusation, lorsqu’ils sont réunis dans une même plainte, traduisent une situation particulièrement sensible et l’estimation par les autorités que les actes reprochés dépassent largement le cadre d’une simple faute disciplinaire. Ils relèvent d’un domaine où la justice a la responsabilité d’agir avec rigueur et diligence pour déterminer la réalité des faits.
Une garde à vue immédiate et l’ouverture d’une enquête préliminaire
À la suite de cette plainte, l’employé mis en cause a été immédiatement placé en garde à vue au bureau de la Police nationale. Cette mesure, prévue par la loi, permet aux enquêteurs de réunir les premiers éléments nécessaires pour vérifier les accusations formulées et éclaircir les circonstances dans lesquelles les faits auraient été commis. La garde à vue a été décidée en raison de la nature des accusations, jugées suffisamment graves pour exiger une audition approfondie du suspect. Elle permet également aux autorités policières de procéder à diverses vérifications, de consulter d’éventuels documents ou éléments fournis par la JIRAMA et le ministère, et de recueillir des témoignages si nécessaire. C’est une étape procédurale indispensable dans le cadre d’une enquête préliminaire. L’ouverture de cette enquête préliminaire a pour objectif d’établir si les faits reprochés sont fondés et s’ils justifient une poursuite judiciaire devant les instances compétentes. Une fois les investigations menées par les policiers, le mis en cause a été présenté au parquet, conformément aux procédures légales en vigueur. C’est au parquet qu’il revient de décider de la suite à donner au dossier, sur la base des premiers éléments recueillis. Cette séquence – garde à vue, enquête préliminaire, présentation au parquet – s’inscrit dans un processus judiciaire standard lorsque des accusations d’une telle nature surgissent. Elle ne présume en rien de la culpabilité ou de l’innocence de l’employé, mais vise à garantir que l’affaire soit traitée de manière rigoureuse, impartiale et conforme au droit. Cette étape souligne également la collaboration entre les institutions publiques. La Police nationale, en recevant la plainte et en prenant les mesures nécessaires, joue un rôle essentiel dans l’application de la loi, tandis que le ministère et la JIRAMA, en tant que plaignants, assument leur responsabilité en saisissant les autorités compétentes pour que les faits fassent l’objet d’une enquête approfondie. Le processus suit donc les règles juridiques classiques et témoigne de la volonté des institutions d’agir avec transparence et selon les exigences du cadre légal.
La Police nationale rappelle les limites de la liberté d’expression
Dans sa communication liée à cette affaire, la Police nationale a tenu à rappeler un principe fondamental : le respect de la liberté d’expression. Ce droit, garanti par la loi, constitue l’un des piliers essentiels de toute société démocratique. Il permet à chacun de s’exprimer librement, d’émettre des opinions et de participer à la vie publique sans craindre la censure ou la répression arbitraire. Toutefois, cette liberté n’est pas absolue et s’accompagne de responsabilités. La Police nationale a insisté sur la nécessité pour chaque citoyen d’exercer ce droit dans le strict respect de la loi. Autrement dit, si chacun est libre de s’exprimer, cette liberté ne doit pas servir de prétexte à des actions pouvant menacer la stabilité de l’État, encourager la haine ou conduire à la destruction de biens publics. Cet équilibre entre liberté individuelle et respect de l’ordre public constitue un principe fondamental du droit. La communication de la Police nationale vise à rappeler ce cadre légal, tout en soulignant que l’institution ne cherche pas à restreindre l’expression des citoyens, mais à veiller au bon fonctionnement de la société et à la sécurité de tous. Dans le contexte de l’affaire concernant l’employé de la JIRAMA, ce rappel s’inscrit dans une logique de prévention. En mentionnant explicitement son attachement à la liberté d’expression, la Police nationale souhaite éviter toute interprétation erronée des faits ou de ses actions. Elle affirme ainsi que l’interpellation n’est pas liée à l’expression d’opinions en tant que telles, mais à des actes considérés comme illégaux et portant atteinte à des intérêts fondamentaux de l’État. Ce message, émis à la suite de l’arrestation, vise aussi à apaiser d’éventuelles tensions et à rappeler que la loi reste la référence principale pour juger de la légalité ou de l’illégalité d’une action. Il invite chacun à exercer ses droits en conscience, en prenant en considération les limites imposées par la législation pour garantir la cohésion sociale et la sécurité collective. En rappelant ces principes, la Police nationale réaffirme son rôle de garant du respect des lois et de la protection de la société, tout en soulignant l’importance des libertés fondamentales.
Une affaire qui souligne l’importance du respect des institutions
L’arrestation d’un employé d’une entreprise nationale comme la JIRAMA n’est jamais un événement anodin. Elle attire inévitablement l’attention sur les responsabilités individuelles, mais aussi sur le fonctionnement général des institutions publiques. Cette affaire met en lumière l’importance du respect dû aux institutions et aux biens publics. Les infrastructures, les équipements et les ressources de l’État sont destinés à servir l’ensemble de la population. Leur destruction ou leur détérioration constitue une atteinte directe à l’intérêt collectif. De même, les actions susceptibles de troubler la paix publique ou de fragiliser l’autorité de l’État sont perçues comme des menaces contre l’équilibre social. Elle rappelle également que les agents des sociétés nationales, en raison de leur rôle et de leurs missions, ont une responsabilité particulière vis-à-vis du public et de l’État. Leur comportement se doit d’être conforme aux valeurs de neutralité, de respect des lois et de préservation de l’intérêt général. Enfin, cette affaire illustre la manière dont les institutions réagissent lorsqu’elles estiment que ces principes ont été enfreints. Le dépôt de plainte, l’enquête policière et la présentation au parquet témoignent d’une application rigoureuse des procédures prévues par la loi. Ce dossier, qui suit désormais son cours judiciaire, constitue un rappel des normes légales et des devoirs citoyens. Les autorités, en adoptant une position claire, affirment leur volonté de préserver la stabilité et l’ordre public, tout en garantissant que chaque affaire soit traitée avec sérieux et impartialité.


