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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurVolanirina Razafindrafito

L’INSECURITE ALIMENTAIRE DANS LA REGION ANDROY

Professeur TSIKOMIA Amaîde Arsan Miriarison Université de Toliara, RASOLONDRARIVO Herindrainy Valdano Doctorant Université de Toliara, RAZAFIENDRINTSOA Dieudonné Gabriel Doctorant Université de Toliara, MAHATRADRAZA Merci Doctorant Université de Toliara. RANAIVOANDRY Tsioharana Doctorant Université de Toliara



RESUME

L'insécurité alimentaire dans la région de l'Androy, située au sud de Madagascar, est un problème chronique aggravé par des facteurs climatiques, économiques et sociaux. Cette région subit des sécheresses fréquentes en raison du changement climatique, ce qui affecte gravement la production agricole et l’élevage, principales sources de subsistance des habitants. Les faibles précipitations annuelles, la dégradation des sols et l'absence d'infrastructures adaptées rendent l'agriculture inefficace, plongeant la population dans une situation de vulnérabilité alimentaire.

Le terme local "kéré", désignant la famine, est couramment utilisé pour décrire la période de soudure où les réserves alimentaires sont épuisées avant l'arrivée des nouvelles récoltes. Durant cette période, les familles réduisent la fréquence et la qualité des repas, et sont parfois contraintes à adopter des stratégies de survie telles que la vente de biens essentiels ou de bétail pour acheter de la nourriture.

La pauvreté endémique de la région est un autre facteur majeur d'insécurité alimentaire. Les familles n'ont souvent pas les ressources financières pour acheter de la nourriture sur les marchés locaux lorsque leurs récoltes échouent. La malnutrition, particulièrement chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, est une conséquence directe de cette situation. L'accès limité aux soins de santé, à l'eau potable et à l'éducation aggrave encore la situation.

Plusieurs organisations humanitaires et le gouvernement malgache ont tenté de répondre à cette crise à travers des programmes d'aide alimentaire d'urgence et des initiatives de développement durable. Ces actions visent à renforcer la résilience des communautés face aux chocs climatiques et à améliorer la sécurité alimentaire par des pratiques agricoles adaptées aux conditions locales. Toutefois, ces interventions sont limitées par le manque de ressources, l’isolement géographique et l'insuffisance des infrastructures.

Pour remédier durablement à l'insécurité alimentaire dans l'Androy, il est nécessaire d'adopter une approche intégrée combinant l'amélioration des techniques agricoles, une gestion plus efficace des ressources naturelles, et le renforcement des capacités des communautés locales.

Mots clés : insécurité alimentaire, sécheresse, malnutrition, pauvreté, kéré.

ABSTRACT

Food insecurity in the Androy region, located in southern Madagascar, is a chronic issue exacerbated by climatic, economic, and social factors. This region experiences frequent droughts due to climate change, severely affecting agriculture and livestock, the main sources of livelihood for the inhabitants. Low annual rainfall, soil degradation, and the lack of adequate infrastructure make farming inefficient, leaving the population highly vulnerable to food shortages.

The local term "kéré", meaning famine, is commonly used to describe the lean season when food reserves are depleted before new harvests arrive. During this period, families reduce both the quantity and quality of meals, often resorting to survival strategies such as selling essential goods or livestock to purchase food.

Endemic poverty in the region is another significant driver of food insecurity. Families often lack the financial means to buy food from local markets when their crops fail. Malnutrition, especially among children, pregnant, and breastfeeding women, is a direct consequence of this situation. Limited access to healthcare, clean water, and education further exacerbates the vulnerability of the local population.

 

Several humanitarian organizations and the Malagasy government have attempted to address this crisis through emergency food aid programs and sustainable development initiatives. These efforts aim to strengthen community resilience against climate shocks and improve food security by promoting agricultural practices adapted to local conditions. However, these interventions are constrained by limited resources, geographical isolation, and inadequate infrastructure.

To sustainably tackle food insecurity in Androy, an integrated approach is required. This should combine improving agricultural techniques, more efficient management of natural resources, and enhancing the capacities of local communities to cope with the ongoing challenges.

Keywords: food insecurity, drought, malnutrition, poverty, kéré.


 

        I.            INTRODUCTION

L'insécurité alimentaire est un problème persistant dans de nombreuses régions du monde, et la région Androy, située dans le sud de Madagascar, en est un exemple flagrant. Caractérisée par des conditions climatiques difficiles, telles que la sécheresse fréquente, Androy est une région où l'accès à une alimentation adéquate est problématique. Les populations locales, majoritairement rurales, dépendent de l'agriculture de subsistance et de l'élevage, des activités souvent perturbées par les aléas climatiques. Ensuite, elle se concentre sur les conséquences de cette insécurité alimentaire, en met-tant en évidence la prévalence de la malnutrition, particulièrement chez les enfants et les femmes enceintes. Les carences nutritionnelles sont analysées comme des facteurs qui compromettent le développement physique et cognitif, aggravant ainsi la situation économique des familles qui peinent à sortir du cycle de la pauvreté. Cette étude explore l'ampleur de l'insécurité alimentaire dans la région Androy, les causes sous-jacentes et les mesures prises pour atténuer ce problème.

La pauvreté croissante de Madagascar est étroitement liée à des conditions climatiques défavorables qui aggravent la situation socio-économique du pays. La Déforestation massive a perdu une grande partie de ses forêts épineuses en raison de la coupe de bois, souvent pour l'agriculture sur brûlis (tavy) et pour utiliser comme charbon ou utiliser pour cuire des repas pendant la célébration du rite funérailles qui compte plus de 50 charrettes en une journée. Cela entraîne une dégradation des sols, réduisant la capacité de l'île à retenir l'eau, augmentant ainsi l'érosion et réduisant la fertilité des terres. La déforestation contribue également au changement climatique local, rendant les cycles des pluies imprévisibles. Madagascar est touché par des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les cyclones, la sécheresse et les inondations. Ces catastrophes affectent les infrastructures, l'agriculture et les moyens de subsistance des populations rurales, qui représentent une grande majorité du pays. Par exemple, la région sud de Madagascar, comme l'Androy, est régulièrement touchée par des sécheresses prolongées, entraînant des crises alimentaires.

Madagascar, dit-on, possède divers ressources naturelles alors que la pauvreté sévit et touche la majorité de la population. Des solutions efficaces pour que les Malagasy sortent de la pauvreté peuvent être envisagées. Il se peut que l’attachement méticuleux à la culture et à la tradition puisse remédier aux problèmes socio-économiques. Et puis, nous pouvons insister sur ce que nous entendons par stabilités financières et économiques de la population de la Région Androy. L’implantation d’une organisation et d’une planification existe sur le plan national à Madagascar si on ne cite que le MAP, la DSRP, PDM, etc. En revanche, nous pourrions y apporter une amélioration afin qu'il y ait une phase d’exécution correcte et équitable. Enfin, il faudrait aménager des plans biens déterminés afin que les financements des institutions de santé au sein de ces plans et programmes du gouvernement répondent vraiment aux besoins matériels des gens.

La mobilisation collective détermine une forte amélioration du niveau de vie des individus, des ménages, et de la société. Pour avoir une donnée fiable et équitable, la transformation des donnés en outils scientifiques pour renverser la situation de la pauvreté est des principaux objectifs.

Intervention solitaire et les efforts des individus sont constatés pour faire sortir la famille de la pauvreté, moyennant l’utilisation de leur fonds propre dans la réalisation du projet familial. Ainsi, beaucoup de membres de la population du Sud sont plutôt résignés par rapport à cette situation. Les réponses qu’ils livrent au cours des entretiens sont significatives : celle d’attendre les aides de l’Etat et des ONG humanitaires. Ils réclament de l’argent dans la mesure du possible et dès que l’occasion se présente. 

 

     II.            METHODOLOGIE

II.1  cadre administratif de la zone d’étude

Contexte administratif

Madagascar est constituée du 23 Régions qui constituent des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD)[1]. Toutes les Régions assurent leurs développements et l’aménagement de leur territoire. La Région est dirigée par un Gouverneur, qui représente l’État au niveau de sa circonscription. La Région Androy se localise à l’extrême Sud de Madagascar avec une superficie de 19.538 km2[2]. Cela représente 3, 33%[3] de la superficie totale de Madagascar. La Région compte quatre districts dont Beloha-Androy, Tsihombe, Ambovombe-Androy, et Bekily, et est constituée par 51 Communes et 1429 Fokontany. Les 51 communes de la Région Androy, présente au total 637 EPP, 18 CEG, et les quatre Districts disposent chacun d’un lycée[4].

Tableau 1: Découpage Administratif et territorial de la Région

District

Nombre des communes

Nombre des Fokontany

Ambovombe Androy

19

792

Bekily

19

279

Beloha

6

200

Tsihombe

7

158

Total

51

1429

Source : VPEI/CREAM/Monographie 2009

La plupart des Antandroy immigrent et cherchent des emplois dans les grandes villes pour y travailler, prenons l’exemple des pédaleurs de cyclo-pousse que nous voyons dans la ville de Toliara, Toamasina, Mahajanga ainsi que dans d’autres villes où ils y pratiquent d’innombrables activités surtout dans la brousse de Madagascar.

II.2 Enquête

Pour évaluer l'insécurité alimentaire dans la région Androy, une enquête a été menée auprès des ménages dans plusieurs districts. L'échantillonnage aléatoire a été utilisé pour sélectionner les foyers interrogés, couvrant un total de 260 ménages répartis entre des zones rurales et semi-urbaines. Un questionnaire structuré a permis de recueillir des données sur l'accès à la nourriture, les pratiques agricoles, les sources de revenus, ainsi que sur les stratégies d'adaptation face aux pénuries alimentaires. En outre, des entretiens semi-dirigés ont été réalisés avec des responsables locaux et des acteurs humanitaires. Les données climatiques ont été analysées pour corréler les phénomènes météorologiques avec les épisodes d'insécurité alimentaire.

II.3 Documentation

La collecte des données aide dans l’anticipation des menaces. Nous avons fait aussi des recherches documentaires concernant les situations démographiques, économiques, et sociales, sur le plan mondial ainsi que sur le plan national, la nutrition et l’alimentation, le projet contre la malnutrition, ainsi que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les ouvrages, les documents, les articles ou même les documents sous format vidéo concernant ce thème dans les réseaux sociaux (Facebook, twitter, Instagram, Google…) ont été consultés et pris en compte. Ensuite, une observation directe sur terrain a été entreprise pour connaitre la raison et les différentes origines possibles de la malnutrition. Puis, des comparaisons de revues littéraires par rapport aux données réelles ont été menées, car le suivi de la situation de la malnutrition est très difficile. Le summum est atteint du mois de juillet jusqu’au mois de novembre de chaque année, correspondant à la période de sècheresse dans la Région Androy. Cela peut s’expliquer par le fait que le grenier est vide et la récolte n’est pas encore assez importante pour subvenir aux besoins de la famille durant la campagne culturale.  

Dans cette étude, les ressources des informations sont de deux sortes :

Nous avons accédé aux ressources internes qui sont relatives au sujet et surtout sur les concepts clés ; cette phase étant très importante pour un travail de documentation et de sa mise-à jour comme unité de référence de notre thème.

Pour ce faire, des documentations et des renseignements complémentaires au sein des  entités ont été nécessaires (service administratif, ancienne étude, revue, documentation monographique…).

A part ça, nous avons eu aussi recours aux ressources externes constituées par divers organismes (UNICEF, FAO …), la presse (L’EXPRESS, Midi Madagascar, la Vérité …). Ces derniers nous ont apportés des aides précieuses et ont bien voulu nous prêter des documents essentiels relatifs au sujet.

En outre, les bases de notre recherche sont bien fondées sur une bibliographie qui touche plusieurs disciplines. On peut citer les domaines sociologiques, anthropologiques, psychologiques, géographiques, historiques, économiques et juridiques et selon une exploitation personnelle des ressources.

II.4 Technique de l’enquête

Nous avons ici tenu compte de l’assimilation des méthodes diverses selon le contexte vécu du terrain : l’interview en face à face, l’entretien directif, semi directif et non directif. Lors de notre descente sur terrain aucune occasion ne s’est présentée pour la réalisation du focus groupe puisque chacun se charge de son travail.

L’Interview à propos du thème sera menée de manière à connaitre les actes, les idées, les projets, et les ambitions de chaque cible. D’ailleurs, des entretiens formels, sous forme de conférence, de visite des agents économiques (tels que l’administration, ménage, …), de différentes institutions telles que le CRS, le PNUD, l’ACF, l’ONN, le PAM, le FID, la FAO, l’UNICEF…, ont été entrepris pour compléter les données sur les agissements dans la lutte contre la malnutrition et l’insecurité alimentaire.

En fait, tous les entretiens sont basés sur l’observation directe et participante que nous avons effectuée.

Une observation directe sur terrain sera effectuée par choix raisonné dans le monde là où la sous-alimentation règne. Nous avons descendu sur terrain pour faire une visite dans des hôpitaux et dans des centres de traitements de la malnutrition. Nous avons également effectué l’analyse des résultats au sein des laboratoires d’études et la rédaction afin d’obtenir un bon résultat et une solution.

II.5 Échantillonnage

Notre échantillonnage a été effectué par quota, composé d’une population de 260 individus constituée de 100 femmes et de 100 hommes de plus de quinze ans, 30 Fonctionnaire et 30 Enfant. Parmi ces individus, il y a des femmes célibataires, mariées, veuves.

Chaque membre de la population ne fait partie que de l’un des quatre échantillons et chacune de ces échantillons a une chance égale d’être sélectionné. Sa probabilité d’entrer à la sélection est la même que si nous  choisissons un échantillon aléatoire simple de 100 unités. La principale différence tient au fait que dans le cas d’un échantillonnage aléatoire simple, toute combinaison de100 unités aurait une chance de constituer l’échantillon, tandis que dans celui d’un échantillonnage systématique, il n’y a que quatre échantillons possibles. Cela nous permet aussi de constater à quel point l’échantillonnage systématique est précise comparativement à l’échantillonnage aléatoire simple.

L’ordre de la population incluse dans la base de sondage déterminera les échantillons possibles pour l’échantillonnage systématique qui devrait alors produire des résultats similaires à ceux d’un échantillonnage aléatoire simple.

  III.            RESULTATS ET DISCUSSION

Les résultats de l'enquête montrent que plus de 65 % des ménages interrogés sont confrontés à une insécurité alimentaire chronique, avec des périodes de pénurie sévère durant la saison sèche. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation :

 

III.1            Facteurs climatiques

Les sécheresses récurrentes, accentuées par les changements climatiques, réduisent les rendements agricoles, ce qui prive la population de ses principales sources alimentaires. Le manque de systèmes d'irrigation adaptés aggrave la situation. La région sud de Madagascar, comme l'Androy, est régulièrement touchée par des sécheresses prolongées, entraînant des crises alimentaires.

Photo 1 Foret aride du Sud de Madagascar avec végétation xérophile

Source: les Auteurs 2021

Le climat changeant a des répercussions importantes sur l'agriculture, notamment dans le sud de l'île. Les sécheresses, couplées à une gestion inadéquate des terres, poussent de nombreuses familles dans la pauvreté car elles ne peuvent plus produire suffisamment de nourriture pour subvenir à leurs besoins ou générer des revenus. La pauvreté structurelle de Madagascar rend le pays vulnérable aux chocs climatiques. Le changement climatique est l’une des causes majeures du problème de cette Région, connue le foyer du kere. Par conséquent, il est primordial de donner un coup de main à la population du Sud à faire face à ce fléau. Aujourd’hui, la Commune d’Anjampaly est considérée comme la capitale du Kere. Malgré les aides et dons en millions de dollars chaque année, plus d’un million de personne souffrent toujours de la malnutrition. Face à dégradation de la situation ces dernières années, le Programme des Nations Unies pour le Développement, PNUD, estime que pour mieux résister plus efficacement à la situation dramatique actuellement, avec l’absence de sécurité alimentaire, il est encore nécessaire de trouver quelque 189 millions de dollars sur trois ans, pour aider le Sud à se redresser.

III.2            Pauvreté et manque de ressources

La majorité des habitants d'Androy vivent dans une pauvreté extrême, ce qui limite leur capacité à accéder à des aliments variés et nutritifs. La dépendance envers les cultures vivrières, notamment le maïs et le manioc, rend la population vulnérable aux mauvaises récoltes. Des études telles que celles de Dasgupta (2007) soulignent que les pays en développement, où la pauvreté est répandue, subissent une pression accrue sur les écosystèmes. La dégradation des sols, la perte de biodiversité et la diminution des ressources en eau ne font qu'aggraver la situation économique des communautés vulnérables. En parallèle, les travaux de Montalvo et Ravallion (2010) montrent que l'accès limité aux ressources naturelles s'accompagne souvent de vulnérabilités accrues aux chocs environnementaux, tels que les sécheresses et les inondations, ce qui renforce encore la pauvreté.

Les interactions entre pauvreté et dégradation des ressources sont également mises en avant par des chercheurs comme Sen (1999), qui évoque le manque d'accès aux ressources comme un facteur de marginalisation. Ce cercle vicieux est particulièrement visible dans les régions où les populations dépendent directement des ressources naturelles pour leur subsistance. En somme, l'état de l'art sur ce sujet révèle une dynamique complexe où la pauvreté et la dégradation des ressources naturelles s'entrelacent, rendant nécessaire une compréhension approfondie de ces interactions pour éclairer les politiques de développement et de conservation.

Les pratiques alimentaires traditionnelles influencent également la situation nutritionnelle. Les habitudes alimentaires, souvent ancrées dans des croyances culturelles et des traditions, peuvent limiter la diversité alimentaire et freiner l'adoption de nouvelles pratiques agricoles ou alimentaires qui pourraient améliorer la nutrition. Parallèlement, le manque de ressources et de soutien pose un défi supplémentaire pour les agriculteurs de la région. Beaucoup d'entre eux manquent de formation, de soutien technique et de ressources pour diversifier leurs cultures et améliorer leurs pratiques agricoles, ce qui limite leur capacité à s'adapter aux changements environnementaux et à renforcer leur sécurité alimentaire.

Enfin, la migration et l'exode rural sont des phénomènes qui aggravent la situation. Face à la dégradation des conditions de vie, de nombreuses personnes quittent la région à la recherche de meilleures opportunités, entraînant une perte de main-d'œuvre dans l'agriculture locale et affectant la cohésion sociale. Cette dynamique contribue à un cercle vicieux de déclin économique et social, rendant encore plus difficile l'amélioration des conditions de vie dans la région d'Androy.

III.3            Conflits liés aux ressources

La rareté des ressources, en particulier de l'eau et des pâturages pour le bétail, entraîne des tensions entre les communautés. Ces conflits exacerbent l'insécurité alimentaire en perturbant les systèmes de production alimentaire. L'accès à l'eau dans la région semi-aride de l'Androy fait face à des défis structurels et financiers. Le manque chronique d'eau, accentué par les sécheresses liées au phénomène El Niño, aggrave la situation. Le secteur souffre de maigres investissements nationaux et d'une faible aide extérieure, avec un budget pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH) qui ne s'élève qu'à 1 USD par personne et par an.

La majorité des habitants de l'Androy sont des agriculteurs dépendant des précipitations pour l'agriculture, ce qui les rend extrêmement vulnérables face à la dégradation continue des ressources en eau. Le tarissement des rivières et l'épuisement des aquifères compromettent l'accès à l'eau potable. En 2018, seulement 26 % de la population de l'Androy avait accès à des services de base pour l'eau potable, contre 41 % au niveau national. En ce qui concerne l'assainissement et l'hygiène, les chiffres étaient encore plus faibles : 1 % et 23 % respectivement.

La détérioration des infrastructures d'alimentation en eau complique davantage la situation. Près de trois personnes sur quatre dépendent de sources d'eau non améliorées (eau de surface, fontaines, puits traditionnels), ce qui affecte également les pratiques d'hygiène et d'assainissement, loin d'être une priorité pour la majorité des ménages. L'inaccessibilité à l'eau potable est une situation préoccupante dans la région Androy, où les pénuries d'eau sont courantes en raison de la sécheresse et de la rareté des ressources en eau. La quantité d’eau potable disponible par jour et par personne, en saison sèche particulièrement, est réduite à sa portion congrue et ne permet pas de garantir un niveau satisfaisant d’hygiène. Le « coût humain » de l’accès à l’eau dans l’Androy, lorsqu’on considère le temps et les moyens financiers consacrés par les ménages pour s’approvisionner tant bien que mal en eau potable, est considérable. [5]L'eau est une ressource vitale pour la vie, la santé et le développement, et le manque d'accès à l'eau potable peut avoir des conséquences graves pour les communautés locales, en particulier les plus vulnérables.

III.4            Systèmes de soutien inadaptés

Les aides alimentaires internationales et nationales sont souvent temporaires et insuffisantes pour répondre aux besoins à long terme des populations. Par ailleurs, l'accès aux marchés est difficile en raison de l'isolement géographique et des infrastructures routières dégradées.

Les stratégies d'adaptation adoptées par les ménages incluent la réduction des repas, la vente de biens essentiels, et la migration temporaire vers les zones urbaines en quête d'emploi. Ces mécanismes d’adaptation restent néanmoins insuffisants pour garantir la sécurité alimentaire à long terme. Beaucoup de personnes dans la région d'Androy vivent dans des conditions économiques précaires. Lorsque des consultants ou des enquêteurs arrivent pour collecter des données, certains informateurs peuvent être motivés par la perspective de recevoir une rémunération ou une aide financière. Dans ce contexte, ils peuvent exagérer ou fournir des informations inexactes pour maximiser les bénéfices attendus, sachant que cela peut attirer davantage de soutien ou de ressources.

L'aide alimentaire et le matériel fournis par l'État malgache à la population de la région d'Androy sont des éléments cruciaux pour faire face aux défis liés à l'insécurité alimentaire et à la vulnérabilité économique.

Réponse aux crises alimentaires : L'État malgache, souvent en collaboration avec des organisations non gouvernementales et des partenaires internationaux, met en place des programmes d'aide alimentaire pour répondre aux situations d'urgence, notamment lors de sécheresses ou de mauvaises récoltes. Ces programmes visent à fournir une assistance immédiate aux populations les plus touchées.

Distribution de vivres : L'aide alimentaire peut inclure la distribution de produits de base tels que le riz, les légumineuses, l'huile et d'autres denrées essentielles. Cela permet de soulager temporairement la faim et de soutenir les familles en période de crise.

Matériel agricole : En plus de l'aide alimentaire, l'État peut également fournir du matériel agricole, comme des semences, des outils et des équipements d'irrigation. Cela vise à renforcer la capacité des agriculteurs à produire de manière durable et à améliorer la sécurité alimentaire à long terme.

Programmes de résilience : Des initiatives visant à renforcer la résilience des communautés face aux chocs climatiques et économiques sont également mises en place. Cela peut inclure des formations sur les pratiques agricoles durables, la gestion des ressources en eau et la diversification des cultures.

Collaboration avec les ONG : L'État travaille souvent en partenariat avec des ONG locales et internationales pour maximiser l'impact de l'aide. Ces organisations peuvent apporter une expertise supplémentaire et aider à la mise en œuvre des programmes sur le terrain.

Suivi et évaluation : Il est essentiel de suivre et d'évaluer l'impact de l'aide fournie pour s'assurer qu'elle répond efficacement aux besoins des populations. Cela permet d'ajuster les programmes en fonction des résultats obtenus et des retours des bénéficiaires.

Défis logistiques : La distribution de l'aide dans des régions éloignées comme Androy peut rencontrer des défis logistiques, notamment en raison de l'infrastructure limitée. Il est donc crucial de planifier soigneusement les opérations pour atteindre les populations dans le besoin.

 L’aide alimentaire et le matériel fournis par l'État malgache sont essentiels pour soutenir la population de la région d'Androy face aux défis de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité économique. Une approche intégrée qui combine aide d'urgence et développement durable est nécessaire pour améliorer la situation à long terme.

  IV.            CONCLUSION

L'insécurité alimentaire dans la région Androy est un défi multidimensionnel, aggravé par les conditions climatiques, la pauvreté, et les infrastructures défaillantes. Bien que des efforts aient été faits par le gouvernement malgache et les ONG pour réduire l'impact de ces crises alimentaires, il est nécessaire de renforcer les infrastructures agricoles, de promouvoir des pratiques agricoles résilientes au climat, et d’améliorer l’accès aux marchés pour soutenir durablement la population. Sans une intervention structurée et durable, la région risque de faire face à une dégradation continue de la sécurité alimentaire, mettant en péril la survie de milliers de personnes. Le cercle vicieux de la pauvreté et la dégradation des ressources naturelles est un sujet largement étudié dans le domaine des sciences sociales et environnementales. Ce concept met en lumière comment la pauvreté peut exacerber la dégradation des ressources naturelles, créant ainsi un cycle difficile à briser. Les recherches montrent que les ménages vivant dans la pauvreté, souvent contraints par des besoins immédiats, exploitent les ressources naturelles de manière non durable. Par exemple, la déforestation pour l'agriculture ou le combustible et la surexploitation des ressources maritimes sont des réponses directes à la nécessité de survie, mais elles entraînent des conséquences environnementales graves.


 

    V.            BIBLIOGRAPHIE

Centre De Recherches, D’Etudes Et D’appui A L’Analyse Economique À Ma-dagascar, Monographie de la Région Androy, Version Draft, juillet 2012, 116 p.

DOROSH Paul, HAGGBLADE Steven, RAJEMISON Harivelo, RALANTOA-RILOLONA Bodo, SIMLER Kenneth, Structure et Facteurs Déterminants de la Pau-vreté à Madagascar, Cornell Food and nutrition Policy program (INSTAT). Avril1998

FAO (2019). "Rapport sur la sécurité alimentaire mondiale : situation en Afrique subsaharienne".

FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF, 2018 l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde renforcé la résilience pour favoriser la paix et la sécurité alimentaire, Rome, 2018,

INSTAT Madagascar (2022). "Enquête nationale sur la pauvreté et la sécurité alimentaire dans les régions du Sud".

Mamisoa ANDRIAMIHAJA, Claire KABORE Les Mini-Réseaux : Des Solutions À Explorer Pour Améliorer Durablement L’accès À L’eau Potable Dans L’androy Tsihombe Février 2022

Ministère de l'Agriculture, Madagascar (2021). "Plan d'action pour l'irrigation et la sécurité alimentaire dans le Sud".

            Pr DURAND Claire, Méthode de sondage, claire Durand  2002

UNICEF Madagascar (2020). "Impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire des enfants dans la région Androy".

World Food Programme (2023). "Evaluation de l’insécurité alimentaire dans le Sud de Madagascar".



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