Le projet PAPRIZ3 clôturé : un modèle national pour la riziculture malgache
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 3 heures
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Lancé dans l’objectif de transformer durablement la filière rizicole à Madagascar, le projet PAPRIZ3, fruit d’une coopération étroite entre le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage et l’agence japonaise JICA, vient officiellement d’être clôturé. Présenté à Antananarivo le 19 novembre 2025, le rapport final atteste que les objectifs ont été atteints et que les résultats enregistrés dépassent, à bien des égards, les attentes initiales. À travers l’adoption massive de techniques améliorées, l’implication des acteurs locaux et la modernisation des infrastructures, PAPRIZ3 s’inscrit désormais comme une référence nationale. Avec des rendements atteignant 5 tonnes par hectare pour les producteurs ayant appliqué le Paquet Technique PAPRIZ, le projet marque un tournant dans la quête d’autosuffisance alimentaire du pays. Son impact se mesure aussi bien dans la production que dans la structuration de la chaîne de valeur et la professionnalisation des acteurs. Le gouvernement malgache annonce déjà vouloir prolonger la dynamique enclenchée et préparer les prochaines étapes de diffusion à grande échelle.

Une mise en œuvre étendue sur le territoire
L’un des éléments les plus significatifs du projet PAPRIZ3 réside dans son déploiement territorial. Au total, vingt-trois régions ont été concernées, dont douze intégrées pour la première fois dans cette phase. Une telle extension territoriale témoigne d’une volonté forte de faire bénéficier l’ensemble du pays de technologies et de pratiques rizicoles modernisées. Cette implantation large a permis de combiner diversité agroécologique et harmonisation technique.
Le dispositif de formation mis en place illustre l’ampleur de la démarche. Quatre cents formateurs issus des directions régionales de l’agriculture et de l’élevage ont été mobilisés. À leurs côtés, quatre mille formateurs paysans ont constitué le relais essentiel entre les recommandations techniques et les réalités du terrain. Ces formateurs, au cœur des communautés rurales, ont joué un rôle décisif dans la diffusion des bonnes pratiques, assurant une appropriation rapide et efficace du Paquet Technique PAPRIZ.
Le projet a couvert un vaste ensemble de plaines irriguées, au nombre de deux mille quatre cents, représentant une superficie totale de plus de deux cent mille hectares. Parmi celles-ci, quatre-vingt-quatre mille hectares ont appliqué de manière effective les méthodes PAPRIZ3. Cette adoption à grande échelle traduit l’intérêt des producteurs pour les techniques proposées et leur confiance dans les résultats obtenus. Les rendements observés, atteignant cinq tonnes à l’hectare pour les exploitants engagés, constituent une avancée notable dans un pays où la productivité rizicole reste souvent contrainte par des pratiques traditionnelles et des conditions hydriques variables.
Une professionnalisation renforcée grâce à l’appui technique
Au-delà du déploiement territorial, PAPRIZ3 a consacré une part importante de ses actions à la professionnalisation des acteurs, par le biais d’un vaste programme d’appui technique et de formation. Soixante étudiants inscrits en Master II ont bénéficié d’un encadrement spécifique, leur permettant d’acquérir des compétences avancées dans le domaine rizicole. Cette démarche vise à renforcer durablement l’expertise nationale et à préparer une nouvelle génération de spécialistes capables d’accompagner les futures stratégies agricoles.
Le projet a également soutenu l’amélioration de la production de semences de base, un volet confié au FOFIFA, institution de recherche agronomique. Cette amélioration est indispensable pour garantir la qualité génétique du riz produit dans le pays. En parallèle, l’accès aux semences certifiées a été facilité en collaboration avec la SOC. Cette amélioration de l’offre semencière, combinée à une meilleure organisation de la distribution, permet aux producteurs de disposer de variétés fiables et adaptées aux conditions locales.
L’accompagnement technique a eu pour objectif de rendre les producteurs plus autonomes, mieux formés et mieux équipés pour mener des pratiques agricoles performantes. Le projet s’est attaché à renforcer les connaissances agronomiques tout en améliorant l’accès aux intrants essentiels. Ces efforts conjoints ont contribué à la modernisation des modes de production, condition indispensable pour accroître la compétitivité de la filière rizicole.
Une chaîne de valeur réorganisée et dynamisée
L’un des piliers structurants de PAPRIZ3 réside dans le renforcement de la chaîne de valeur rizicole. Conscients que la productivité seule ne peut assurer la transformation de la filière, les partenaires du projet ont travaillé à réorganiser les structures internes, à moderniser les modes de gestion et à consolider les partenariats. L’actualisation des Dina, des statuts et des règlements internes a permis de clarifier les responsabilités des acteurs et d’assurer une meilleure gouvernance au sein des organisations locales.
De nouveaux partenariats ont été établis avec six fédérations agricoles, quatre-vingts associations des usagers de l’eau et dix-sept coopératives. Ces collaborations ont renforcé la capacité collective à gérer les infrastructures, à mutualiser les ressources et à faire face aux défis de la filière. Elles ont également permis de structurer un réseau solide de coordination entre producteurs, gestionnaires et institutions.
Le projet a accompagné les organisations dans l’amélioration de leur gestion financière, un élément crucial pour assurer la viabilité économique des initiatives locales. La préparation de plans d’affaires, la maîtrise des budgets et la planification stratégique ont été au cœur de cet appui. Les infrastructures hydrauliques, essentielles à la riziculture irriguée, ont également bénéficié d’un meilleur entretien grâce à la formation des acteurs concernés.
Un volet important a été consacré au renforcement de l’approvisionnement en semences, engrais, équipements et services mécaniques. La disponibilité de ces ressources constitue un facteur déterminant de réussite. Le projet a ainsi œuvré pour une chaîne d’approvisionnement plus fluide et plus fiable, permettant aux producteurs d’accéder aux intrants nécessaires au bon moment et dans de bonnes conditions.
Une modernisation décisive de l’après-récolte
Les enjeux liés à l’après-récolte ont été traités avec une grande attention par PAPRIZ3, car ils constituent un maillon critique de la filière rizicole. L’introduction de batteuses motorisées a marqué un progrès technologique considérable dans les pratiques rurales. Ces machines permettent de réduire considérablement les pertes post-récolte, d’améliorer la rapidité de traitement du riz et d’assurer une meilleure qualité du produit fini. Elles contribuent aussi à alléger le travail des producteurs, souvent confrontés à des tâches longues et pénibles en période de récolte.
La modernisation des systèmes de stockage et de collecte a été un autre axe fort du projet. Des infrastructures adaptées permettent de mieux conserver le riz, de réduire les risques de détérioration et de réguler l’offre sur les marchés. Cette modernisation contribue également à une meilleure sécurité alimentaire dans les zones rurales, où les capacités de stockage sont souvent insuffisantes.
Le projet a introduit la démarche 5S/Kaizen dans les rizeries, un outil de gestion inspiré des méthodes japonaises d’amélioration continue. Ces techniques visent à optimiser l’organisation du travail, améliorer la propreté et la sécurité des lieux de production, et réduire les pertes. Des exemples concrets, comme celui de la rizerie de Mahitsy, montrent que l’application de ces méthodes peut transformer rapidement les performances des unités de transformation. Cette approche permet d’assurer une meilleure qualité du riz mis sur le marché et d’améliorer la compétitivité des rizeries locales.
Une vision nationale tournée vers l’avenir
Le rapport de clôture souligne clairement que le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage considère désormais PAPRIZ3 comme un modèle national pour la promotion de la riziculture. Cette reconnaissance institutionnelle marque une étape décisive dans la consolidation des acquis du projet. Elle ouvre la voie à une intégration plus large des techniques PAPRIZ dans les politiques agricoles nationales.
La diffusion et l’application des techniques issues du projet se poursuivront dans tout Madagascar. Les autorités ont déjà annoncé que les prochaines étapes sont en préparation, avec pour ambition d’élargir encore l’impact du projet. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer l’autonomie alimentaire du pays. L’objectif est clair : atteindre l’autosuffisance en riz grâce aux efforts conjoints des producteurs, des institutions et des partenaires techniques.
Le slogan qui accompagne la vision du projet, « Des producteurs prospères pour une nation bien nourrie », résume l’ambition portée par PAPRIZ3. Il reflète une volonté de construire une filière durable, compétitive et capable de répondre aux besoins alimentaires de la population. Cette vision repose sur l’amélioration continue des techniques, la modernisation des infrastructures et le renforcement des capacités des acteurs locaux.
À l’heure où Madagascar cherche à réduire sa dépendance aux importations de riz, les résultats de PAPRIZ3 offrent une perspective optimiste. Le pays dispose désormais d’un modèle éprouvé, capable d’être déployé à grande échelle et d’inspirer les futures initiatives agricoles. Cette dynamique constitue une base solide pour renforcer la sécurité alimentaire et soutenir le développement économique des zones rurales.