Madagascar–Chine : une visite diplomatique qui remet le secteur minier au centre de la coopération
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- 19h
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Ce mercredi 26 novembre 2025, le bureau du Ministre des Ressources Minières, situé à Ampandrianomby, a accueilli une visite de courtoisie à forte portée politique. L’Ambassadeur de la République Populaire de Chine à Madagascar, Monsieur Ji Ping, en poste et résident dans le pays, s’est entretenu avec le Ministre des Ressources Minières, Monsieur ANDRIAMPARANY Carl. Derrière le protocole et les formules diplomatiques, cette rencontre s’inscrit dans un calendrier de coopération déjà nourri entre les deux États, et intervient au moment où Madagascar met en avant une réforme ambitieuse de son secteur minier. Les échanges ont porté à la fois sur l’état des collaborations existantes, la volonté de les renforcer, et les conditions de développement futur du secteur dans le respect des règles en vigueur.
Dans un contexte où les ressources minières sont souvent perçues comme un levier stratégique, la démarche des deux parties apparaît comme un signal. D’un côté, la Chine manifeste son intérêt à soutenir une dynamique de coopération et à encourager une présence accrue de ses investisseurs. De l’autre, Madagascar souligne l’importance de la modernisation de son cadre public et légal, avec un objectif de confiance, de retombées économiques plus fortes et de bénéfices sociaux mieux partagés. Cette visite, qualifiée de courtoisie, révèle ainsi une convergence d’intentions et une volonté de clarifier les conditions de partenariat.

Une rencontre officielle dans un climat de rapprochement bilatéral
La visite de l’Ambassadeur Ji Ping s’est déroulée dans un cadre officiel, au siège du Ministère des Ressources Minières. La date du 26 novembre 2025 n’est pas anodine dans la mesure où elle intervient au moment où Madagascar affiche une orientation de réforme et de reconstruction de son secteur minier. En diplomatie, le choix d’un échange direct avec un ministre en charge d’un secteur stratégique constitue un marqueur d’attention particulière et de reconnaissance institutionnelle.
Cette audience a été explicitement présentée comme une visite de courtoisie. Dans le langage diplomatique, ce type d’entretien permet d’entretenir ou de consolider une relation interétatique déjà active. Il ne s’agit pas, dans la forme, d’une négociation technique ou d’une signature d’accord, mais plutôt d’un moment d’alignement politique, de rappel des coopérations existantes et de projection vers de nouvelles perspectives communes.
Le cadre de la rencontre souligne le poids que les deux pays accordent au secteur minier. Le fait que l’Ambassadeur, représentant officiel de la République Populaire de Chine, ait choisi le Ministère des Ressources Minières comme interlocuteur direct témoigne, au moins sur le plan institutionnel, de la place que ce domaine occupe dans la relation bilatérale. Madagascar, pour sa part, a saisi l’occasion pour exposer ses orientations publiques et rappeler les principes qui encadrent désormais la coopération et l’investissement.
Au-delà de l’échange protocolaire, la visite prend aussi un sens de continuité. Elle s’inscrit dans une série de coopérations précédemment établies, ce qui montre que les relations entre Antananarivo et Pékin ne se limitent pas à des déclarations d’intention mais reposent déjà sur des actions identifiées.
Des coopérations déjà établies, en particulier sur la géologie et la formation
Lors de cette rencontre, un rappel a été fait sur plusieurs coopérations déjà mises en place entre Madagascar et la Chine. Parmi elles figure la signature d’un Mémorandum d’Entente portant sur l’étude géologique et la cartographie minière au sein de l’Université d’Antananarivo. Cette référence indique un partenariat qui touche à la connaissance scientifique du sous-sol et à la structuration de données essentielles à l’activité minière.
La cartographie et l’étude géologique sont, par nature, des outils fondamentaux pour comprendre un territoire et orienter les décisions publiques ou privées. Le fait que ce Mémorandum soit cité parmi les coopérations antérieures suggère que la dimension technique et universitaire joue un rôle central dans les échanges bilatéraux. L’Université d’Antananarivo apparaît ici comme un point d’ancrage institutionnel pour ce travail d’étude et de cartographie.
Une autre coopération mentionnée concerne la formation de techniciens du Ministère des Ressources Minières en Chine. Cette action relève du renforcement de capacités humaines. Elle illustre l’idée que la coopération ne se limite pas à des projets matériels ou à des investissements, mais inclut aussi le transfert de compétences et l’appui à la professionnalisation des équipes nationales.
En rappelant ces éléments, les deux parties s’appuient sur un socle de réalisations déjà engagées. Cette base sert de point de départ à une discussion plus large sur le renforcement de la coopération. Elle acte le fait que les relations sino-malgaches dans le domaine minier sont inscrites dans la durée et qu’elles reposent sur des mécanismes concrets, à la fois techniques et institutionnels.
Cette continuité est importante dans le discours public, car elle ancre la visite dans une logique d’approfondissement plutôt que de rupture. L’entretien du 26 novembre apparaît comme une étape supplémentaire d’un processus déjà commencé.
La volonté chinoise de renforcer les liens et de stimuler l’investissement
Dans les échanges, l’Ambassadeur Ji Ping a exprimé une volonté claire de consolider la coopération bilatérale. Cette coopération concerne non seulement les ressources minières, mais aussi de nombreux autres secteurs. L’ambassadeur place donc l’entretien dans un cadre général de partenariat entre les deux États. La référence à d’autres domaines souligne l’ampleur du lien diplomatique et le souhaite de l’étendre ou de l’approfondir.
Le représentant chinois a également fait part de son intention d’encourager les investisseurs chinois à venir investir à Madagascar, dans le strict respect des lois en vigueur. Cette formulation a un double sens. Elle marque d’abord une ambition économique, à savoir développer la présence d’investissements chinois dans le pays. Elle insiste ensuite sur un principe de conformité au droit local, ce qui signale une reconnaissance des règles malgaches et une nécessité de les respecter.
L’ambassadeur a, en parallèle, sollicité une coopération en matière de cartographie géologique afin de faciliter l’attraction d’investisseurs. Cette demande s’inscrit dans la continuité directe du Mémorandum déjà signé. Elle souligne l’importance de disposer de données géologiques structurées et accessibles pour rendre le secteur plus attractif et mieux préparé à accueillir des projets.
Le lien entre cartographie et investissement est présenté comme un outil d’appui. La cartographie géologique est vue comme une condition facilitatrice pour attirer des opérateurs, quelle que soit leur origine. La Chine, à travers son ambassadeur, signale donc qu’elle pourrait appuyer ou prolonger ce travail, tout en nourrissant une perspective de contribution au développement du secteur.
Ces déclarations chinoises, telles qu’elles sont rapportées, se situent à la fois sur le plan économique et diplomatique. Elles traduisent un intérêt pour les ressources minières de Madagascar et une volonté d’agir dans un cadre institutionnel défini. La visite de courtoisie devient ainsi un monde d’expression d’intentions et de réaffirmation de principes.
Les grandes orientations du ministère : réforme, modernisation et confiance
Le Ministre ANDRIAMPARANY Carl a remercié l’Ambassadeur pour sa visite, et a profité de l’entretien pour exposer les grandes orientations de la politique publique en matière de réforme et de modernisation du secteur minier. Les mots employés sont significatifs : réforme et modernisation renvoient à une transformation en profondeur du fonctionnement du secteur, de ses règles et de ses pratiques.
L’objectif fondamental, poursuivi par la Présidence de la République de Madagascar dans le cadre de la Réforme et Reconstruction, est de rétablir la confiance entre l’État, les opérateurs et la population. Ce triptyque est central. Il indique que la réforme vise une relation plus équilibrée et plus crédible entre l’autorité publique, les acteurs économiques et les citoyens. Le choix du terme « rétablir » suggère qu’une confiance est jugée nécessairement à renforcer ou à restaurer.
Le ministre a souligné que l’un des défis majeurs pour son département est de redynamiser ce secteur stratégique afin qu’il contribue davantage au développement économique et renforce les retombées sociales au profit des populations. Ici, le secteur minier est explicitement qualifié de stratégique, et la redynamisation apparaît comme une priorité. Le discours relie directement l’activité minière à un double impact attendu : économique d’une part, social d’autre part.
En filigrane, la réforme annoncée vise à ce que les bénéfices du secteur soient plus visibles et plus utiles pour le pays, notamment pour les populations. Cela met en avant une finalité claire : un secteur minier plus actif et plus bénéfique à Madagascar.
Pour atteindre ces objectifs, les responsables sont déjà engagés dans l’élaboration d’un nouveau cadre légal harmonisé avec la législation minière et la Politique Nationale. Cette phrase indique un travail normatif en cours. Elle suggère une volonté de cohérence entre les textes juridiques existants, la politique nationale et la nouvelle architecture envisagée. Le nouveau cadre légal apparaît comme l’outil central de la modernisation et du renforcement de la confiance.
Enfin, sur le principe de coopération, le ministre a affirmé que son département est ouvert à tous les investisseurs, sans distinction, dans la perspective de promouvoir le développement du secteur, mais toujours dans le strict respect de la loi. Cette position met l’accent sur deux principes : l’ouverture et l’égalité de traitement, assorties d’une condition non négociable, celle du respect du cadre légal. Madagascar se présente ainsi comme disponible au partenariat, mais dans un environnement réglementé.
Transparence administrative et rappel ferme de la gratuité des démarches
La rencontre a également permis au ministre de rappeler un point de gouvernance essentiel : toute démarche auprès du Ministère des Ressources Minières est gratuite, et il a mis en garde contre toute tentative de monnayage de services. Cet avertissement clôt symboliquement l’entretien sur une exigence de transparence administrative.
Cette précision se situe pleinement dans l’esprit de la réforme évoquée plus tôt. La gratuité des démarches est présentée comme une règle claire, et la mise en garde vise à prévenir les pratiques de corruption ou de détournement. Même si le texte ne détaille pas les situations concernées, l’affirmation est sans ambiguïté : les services ministériels ne doivent pas faire l’objet d’une transaction financière informelle.
En choisissant de mentionner ce point lors d’une audience diplomatique, le ministère inscrit la question de l’intégrité administrative dans le cadre même de la coopération internationale. Il s’agit de rappeler aux partenaires et investisseurs potentiels les conditions de relation avec l’institution. La règle s’adresse autant aux opérateurs qu’aux intermédiaires, et elle protège l’image du secteur dans une période où Madagascar souhaite justement renforcer la confiance.
Ce rappel est cohérent avec la volonté de modernisation. La transparence n’est pas un élément séparé du développement économique : elle est l’un de ses socles. En martelant la gratuité des démarches et en avertissant contre leur monnayage, le ministère signale une ligne rouge et affirme sa détermination à encadrer le secteur de manière plus claire.
Au total, la visite de courtoisie du 26 novembre 2025 s’impose comme un moment de convergence entre des intérêts complémentaires et des exigences affirmées. La Chine réitère son souhait de soutenir et de renforcer la coopération, en particulier sur la cartographie géologique, tout en encourageant ses investisseurs à venir à Madagascar dans le respect des règles. Madagascar, de son côté, présente une politique de réforme structurée autour de la modernisation, du renforcement de la confiance et d’une meilleure contribution du secteur au développement économique et social. La rencontre rappelle enfin les principes de transparence administrative qui doivent encadrer toute démarche. Sans annoncer de nouvel accord formel à ce stade, cet échange diplomatique conforte l’idée d’une relation bilatérale appelée à se densifier autour d’un secteur considéré comme stratégique, et d’un cadre légal en pleine refonte.