Madagascar et Banque mondiale : Revue du portefeuille 2025 pour accélérer les projets prioritaires
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 3 heures
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Antananarivo a été, ce jeudi 27 novembre 2025, le théâtre d’un rendez-vous important entre Madagascar et son principal partenaire financier multilatéral. La Banque mondiale et le gouvernement malgache ont tenu une Revue du Portefeuille des projets financés par l’institution dans le pays. L’image renvoyée par cette rencontre est celle d’un État soucieux de donner un nouvel élan à des programmes déjà engagés, et d’un bailleur déterminé à inscrire son action au plus près des priorités nationales. À Anosy, où se sont déroulés les échanges, la séance de travail a été co-présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, Dr Herinjatovo Ramiarisôn, gouverneur de la Banque mondiale pour Madagascar, et par le représentant résident de l’institution à Madagascar, M. Atout Seck. Plusieurs membres du gouvernement impliqués dans des projets soutenus par la Banque mondiale ont pris part aux discussions.
Au cœur de cette revue, un message répété et clairement énoncé : les priorités nationales sont établies et doivent guider l’ensemble des financements. L’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’électricité, le renforcement du système de santé, la rehausse de la qualité de l’éducation et l’amélioration de la sécurité figurent au sommet de la feuille de route politique. L’objectif annoncé de la rencontre est d’accélérer la mise en œuvre des projets et d’obtenir des résultats concrets, visibles et perceptibles pour la population. Le ministre de l’Économie et des Finances a également appelé à une mobilisation collective du gouvernement et de la Banque mondiale afin d’optimiser l’utilisation des ressources, en insistant sur la nécessité d’un alignement strict des financements sur les choix politiques et stratégiques fixés par l’exécutif. Cette revue vient en outre conclure deux jours de séances de travail préalables entre la partie malgache et la Banque mondiale, également tenues à Anosy, signe d’une volonté partagée de pousser plus loin l’examen des dossiers.

Une revue du portefeuille sous double présidence
La journée du 27 novembre 2025 s’inscrit dans la continuité du partenariat entre Madagascar et la Banque mondiale, mais elle marque une étape de méthode et de rythme. À Antananarivo, la revue du portefeuille n’a pas été une simple formalité administrative. Elle a pris la forme d’une séance de travail présidée au plus haut niveau par le ministre de l’Économie et des Finances, en sa qualité de gouverneur de la Banque mondiale pour Madagascar, aux côtés du représentant résident de l’institution. Ce format, qui réunit le pilotage politique national et la représentation locale du bailleur, vise à renforcer la coordination et la responsabilité partagée autour des projets en cours.
La présence annoncée de plusieurs ministres sectoriels et membres du gouvernement concernés par les programmes financés montre que la revue dépasse le seul champ financier. Elle implique les portefeuilles directement responsables des actions sur le terrain : infrastructures, secteurs sociaux, services essentiels, sécurité. Dans ce type de rencontre, l’enjeu est d’établir un point d’étape sur la mise en œuvre, d’identifier les accélérateurs et les freins, et de s’assurer que les objectifs initiaux restent en phase avec l’évolution des besoins du pays. Le fait que le ministre co-préside la séance souligne l’importance que le gouvernement accorde à la bonne conduite des projets et à la capacité de l’administration à transformer les financements en réalisations concrètes.
La revue du portefeuille permet également de réaffirmer le rôle du ministère de l’Économie et des Finances comme chef d’orchestre des engagements internationaux. Dans le contexte malgache, ce ministère est non seulement l’interface avec la Banque mondiale, mais aussi le garant de la cohérence d’ensemble de l’appui financier extérieur. Le message porté par le Dr Herinjatovo Ramiarisôn est celui d’un alignement revendiqué : la Banque mondiale est un partenaire, mais ses interventions doivent s’inscrire dans le cadre fixé par l’État malgache. Cette posture ne signifie pas rupture ou distance ; elle vise plutôt à renforcer une logique de partenariat fondé sur les priorités nationales.
De son côté, la Banque mondiale, par la voix de son représentant résident, s’inscrit dans un travail de proximité avec les autorités, en ancrant sa revue au niveau local et en associant directement les ministères d’exécution. La co-présidence apparaît ainsi comme un outil de dialogue équilibré : le gouvernement exprime ses attentes et ses orientations, tandis que la Banque mondiale suit l’avancement des projets et veille à la qualité et à la rapidité de leur mise en œuvre. La réunion d’Anosy devient alors un point de convergence entre l’impératif de développement porté par un bailleur et la souveraineté stratégique portée par un État.
Des priorités nationales affichées sans ambiguïté
La revue a été structurée autour d’un rappel net des priorités nationales. Quatre axes ont été explicitement mentionnés : améliorer l’accès à l’eau potable et à l’électricité ; renforcer la santé ; rehausser la qualité de l’éducation ; améliorer la sécurité. Cette liste, répétée dans les communications autour de la rencontre, a une double valeur. Elle sert d’abord de cadre à la discussion sur les projets financés par la Banque mondiale. Elle sert ensuite de signal politique adressé au pays et aux partenaires : la trajectoire de l’action publique se concentre sur les services essentiels et la restauration de la dignité de la population.
L’accès à l’eau potable et à l’électricité est présenté comme une priorité de base. En le plaçant en tête, le gouvernement souligne l’importance des infrastructures de première nécessité. Derrière cette priorité se lit une attente de la population : celle de disposer d’un cadre de vie sécurisé, d’un approvisionnement de qualité et d’une énergie accessible. La revue du portefeuille est donc appelée à examiner, au regard de ces objectifs, la pertinence et la rapidité des projets d’infrastructures appuyés par la Banque mondiale.
Le renforcement du système de santé, quant à lui, renvoie à une exigence sociale et humaine, explicitement liée à la dignité des citoyens. Sans détailler de programmes spécifiques au cours de la communication, la réunion s’inscrit dans un contexte où la santé apparaît comme un pilier de stabilité et de progrès. La mention du renforcement du système évoque une ambition de consolidation, d’amélioration des services, et de capacité de réponse aux besoins des populations locales. Pour le gouvernement, comme pour la Banque mondiale, il s’agit d’un champ où les résultats doivent être tangibles.
La qualité de l’éducation figure au même niveau de priorité. Le gouvernement ne parle pas seulement d’accès à l’école, mais de rehaussement de la qualité, ce qui indique un objectif de transformation durable. L’éducation est un champ à effets de long terme, mais la revue du portefeuille insiste sur la nécessité d’enclencher des progrès perceptibles. Dans cette logique, la Banque mondiale est attendue sur sa capacité à soutenir l’État dans l’amélioration du secteur, toujours selon les orientations politiques nationales.
Enfin, l’amélioration de la sécurité complète cet ensemble de priorités. La présence de la sécurité dans la liste traduite une volonté de renforcer le cadre de vie et la confiance de la population. La sécurité, en tant qu’objectif public, conditionne l’accès aux autres services. En l’intégrant explicitement à la revue du portefeuille, le gouvernement affirme qu’il s’agit d’un domaine où l’appui des partenaires doit se coordonner avec la stratégie nationale.
L’ensemble de ces priorités est présenté comme clair, partagé et non négociable. Le gouvernement insiste sur le fait que les financements doivent être pleinement alignés sur ces axes. En d’autres termes, la revue n’a pas seulement pour fonction d’évaluer des projets : elle sert à vérifier que le portefeuille d’interventions de la Banque mondiale correspond bien à la direction donnée par l’État malgache. Cette exigence d’alignement constitue l’une des idées centrales du rendez-vous d’Antananarivo.
Accélérer la mise en œuvre et viser des résultats visibles
Si les priorités nationales fixent le cap, l’objectif opérationnel mis en avant au cours de la revue est l’accélération de la mise en œuvre des projets financés par la Banque mondiale. Cette notion d’accélération, réitérée dans les messages officiels, répond à une attente forte : celle de résultats concrets sur le terrain. Il ne s’agit pas d’annoncer de nouveaux programmes, mais de donner un rythme plus soutenu à ceux déjà financés, afin que leurs effets soient rapidement perceptibles par la population.
Dans le langage de l’action publique, accélérer la mise en œuvre signifie s’assurer que chaque étape d’un projet se déroule dans les délais prévus, que les contraintes administratives sont levées, que les responsabilités sont clairement réparties, et que les ressources sont utilisées de manière optimale. Sans citer d’obstacles précis, la communication autour de la revue traduit une conscience partagée qu’un projet n’atteint sa finalité que lorsqu’il se traduit en améliorations visibles pour les bénéficiaires.
Le ministre de l’Économie et des Finances a appelé à une mobilisation collective. Cette expression donne une clé de lecture de l’exercice. La mobilisation collective concerne d’abord l’État, à travers les ministères sectoriels et l’administration chargée de piloter les projets. Elle concerne aussi la Banque mondiale, invitée à contribuer à cette dynamique par son accompagnement technique et financier. L’idée est de fonctionner en partenaires alignés sur un même objectif de performance et d’impact.
La notion d’impact est d’ailleurs liée à la restauration de la dignité de la population, telle qu’elle est formulée parmi les préoccupations prioritaires. Cette formulation donne à la revue une dimension humaine et politique. Les projets soutenus par la Banque mondiale ne sont pas seulement évalués selon des critères d’efficacité technique ou de décaissement financier ; ils le sont aussi en fonction de leur capacité à changer la vie des citoyens et à répondre à des besoins essentiels. Le discours insiste sur des résultats concrets, ce qui sous-entend des réalisations observables et directement ressenties.
Dans cette logique, la revue du portefeuille apparaît comme une étape de gouvernance. Elle sert à mettre les projets sous un regard commun, à synchroniser les attentes, et à acter la recherche d’une meilleure efficacité. L’alignement demandé n’est pas uniquement stratégique, il est aussi opérationnel : les actions financées doivent être compatibles avec les priorités d’aujourd’hui et être en mesure de produire des effets à court et moyen terme.
La Banque mondiale, forte de son expérience d’appui aux politiques publiques, est ainsi appelée à poursuivre son soutien tout en l’inscrivant dans un cadre de résultats. Le gouvernement, de son côté, affirme qu’il veut éviter une accumulation de projets sans impacts visibles. L’accélération souhaitée peut être comprise comme un vecteur de crédibilité politique : répondre plus vite et mieux aux attentes citoyennes, par la réussite des projets déjà engagés.
L’alignement des financements sur la stratégie gouvernementale
L’un des messages les plus structurants de la réunion d’Anosy réside dans l’insistance du ministre sur l’alignement des financements de la Banque mondiale aux priorités politiques et stratégiques du gouvernement. Cette exigence a été formulée comme une priorité. Elle constitue même un axe de la mobilisation collective demandée. Ce point mérite d’être souligné, car il ancre la revue dans une perspective de souveraineté stratégique.
L’alignement évoqué ne se limite pas à une compatibilité générale. Le ministre indique que tous les financements doivent être pleinement alignés sur les priorités fixées par le gouvernement. Cet adverbe, pleinement, marque l’intention d’éviter des décalages, même marginaux, entre les interventions financées et les orientations nationales. Cette posture est cohérente avec la liste des priorités rappelées lors de la rencontre. Elle donne également un sens politique à la revue du portefeuille : s’assurer que la coopération sert directement ce que le gouvernement considère comme essentiel pour le pays.
Dans les relations entre un État et une institution multilatérale, cette question de l’alignement est centrale. Elle implique une concertation permanente, mais aussi une capacité de l’État à faire valoir ses choix. En tant que gouverneur de la Banque mondiale pour Madagascar, le ministre se trouve dans une position institutionnelle spécifique : il est le représentant du pays auprès du bailleur, et il porte la voix du gouvernement dans les échanges stratégiques. La co-présidence de la séance avec le représentant résident de la Banque mondiale renforce justement l’idée d’un dialogue de niveau élevé sur les priorités et les moyens.
L’alignement demandé peut également être lu comme une volonté de cohérence budgétaire et d’efficacité. Optimiser l’utilisation des ressources suppose de les orienter là où l’État estime que l’impact sera le plus fort. Cela suppose aussi d’éviter la dispersion des financements et de concentrer l’action sur des domaines identifiés comme essentiels par le gouvernement. Sans détailler la nature des projets examinés, la revue du portefeuille se présente donc comme un mécanisme de recentrage et de mise en cohérence.
Cette orientation a aussi une dimension de transparence et de redevabilité. Si les financements sont alignés sur les priorités politiques, alors les résultats attendus peuvent être évalués au regard de ces priorités. Le gouvernement peut également mieux rendre compte de l’usage des ressources et des bénéfices pour la population. L’alignement devient, dans cette perspective, une condition de légitimité des projets.
Enfin, ce point renforce la logique de partenariat. Plutôt que de laisser la coopération se définir uniquement par des cadres externes, le gouvernement affirme un leadership stratégique. La Banque mondiale, en acceptant de structurer sa revue autour de ces priorités, montre sa volonté d’accompagner le pays dans la voie qu’il a choisie. L’alignement devient alors une condition de succès des projets et un levier pour accélérer leur mise en œuvre.
Deux jours de travail préparatoire pour une revue approfondie
La séance de travail entre la partie malgache et la Banque mondiale a été faite pendant deux jours à Anosy. Cela donne un éclairage sur la méthode employée. Avant la rencontre officielle du 27 novembre, les équipes ont donc pris le temps d’examiner les dossiers, d’entrer dans le détail des projets, et de préparer une revue plus structurée et plus productive.
Deux jours de séances de travail suggèrent une préparation en profondeur. Dans ce type de contexte, ces échanges préalables permettent généralement aux responsables techniques et sectoriels d’établir un état des lieux, de rassembler les informations nécessaires, et de confronter les analyses. Le but est de faire en sorte que la revue du portefeuille ne soit pas une simple séance de synthèse, mais le point culminant d’un processus d’évaluation et de dialogue.
La tenue de ces séances au même lieu, Anosy, renforce l’idée d’un travail concerté et continu. C’est le signe que les deux partenaires ont souhaité s’entourer des mêmes cadres et experts pour construire un diagnostic commun. La revue officielle intervient alors comme une validation politique et stratégique des discussions techniques tenues en amont.
Cette préparation illustre le sérieux accordé à l’exercice. Elle témoigne aussi d’une volonté de pragmatisme. L’accélération des projets ne peut se décréter sans compréhension fine de leur état d’avancement. Les sessions préparatoires servent à identifier ce qui doit être amélioré, les ajustements possibles, et les solutions à mettre en place pour transformer les financements en résultats perceptibles.
La réunion du 27 novembre, en ce sens, est une sorte de point de bascule. Elle intervient au terme d’un travail de deux jours, mais ouvre aussi une séquence d’action. Les décisions ou les orientations issues de la revue sont attendues pour se traduire en changements de rythme et en progrès visibles. Le fait de mentionner ces séances préalables dans la communication publique vise aussi à montrer que le gouvernement et la Banque mondiale ne se contentent pas d’affichages : ils ont engagé un dialogue approfondi pour soutenir l’efficacité des projets.
Cette revue du portefeuille 2025 apparaît donc comme un moment structurant de la coopération. Elle rappelle la nécessité des priorités nationales, insiste sur l’alignement des financements, et place l’accélération et les résultats concrets au centre de l’action. À Antananarivo, le gouvernement et la Banque mondiale entendent avancer ensemble, en mobilisant leurs ressources et leurs responsabilités, pour répondre efficacement aux attentes des citoyens malgaches.