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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Réforme de la République : le Chef de l’État à l’écoute des priorités de Toliara

Ce vendredi 28 novembre 2025 , à Toliara, la scène politique et sociale malgache s’est rassemblée autour d’un rendez-vous à forte charge symbolique. Le Président de la Réforme de la République de Madagascar a rencontré, au Camp Général Raveloson Mahasampo, Bataillon d’Infanterie de Toliara, une pluralité d’acteurs venus porter leur voix. Partis politiques, associations, membres de la société civile, autorités traditionnelles Hazomanga, notables, responsables civils et militaires : tous étaient présents pour un exercice de dialogue qui visait autant à écouter qu’à cadrer l’horizon d’une réforme annoncée comme essentielle.


Dans un pays où les attentes s’expriment souvent avec urgence, l’initiative a pris la forme d’une consultation directe, sur le terrain, et non d’un échange protocolaire cantonné aux capitales administratives. La rencontre a mis en lumière une réalité multiforme : d’un côté, une région de Toliara traversée par des difficultés spécifiques et des revendications marquées ; de l’autre, un pouvoir exécutif qui fait de la réforme politique et de la collaboration avec le peuple malgache l’axe central de son discours. À travers les prises de parole, les demandes d’autonomie, les inquiétudes sur l’emploi des jeunes, les revendications des enseignants et les problèmes liés au sel iodé, une même question a affleuré : comment transformer les promesses de réforme en changements tangibles pour les citoyens ?


L’événement de Toliara n’a pas seulement donné lieu à une liste de doléances. Il a constitué un moment de confrontation de visions, de priorités et de sensibilités. Dans le cadre d’un dialogue national, ce type de rencontre met en jeu la capacité de l’État à reconnaître les fractures, à interpréter les attentes locales et à intégrer ces dernières dans un projet plus large de refondation. Les échanges de vendredi dessinent ainsi les contours d’une réforme qui ne pourra s’installer durablement sans répondre aux enjeux concrets du quotidien.


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Une rencontre à haute portée politique dans un cadre militaire


Le choix du lieu a, de prime abord, impressionné. Le Camp Général Raveloson Mahasampo, siège du Bataillon d’Infanterie de Toliara, est un espace habituellement associé à la discipline et à la sécurité. En y tenant une réunion avec des acteurs civils et politiques, le Chef de l’État a inscrit la démarche dans un double registre. D’abord celui de l’autorité républicaine, rappelant que la réforme ne peut se concevoir sans un État fort, garant de l’ordre public et de l’unité nationale. Ensuite celui de la proximité, la présence militaire servant ici de cadre logistique à un exercice de parole et d’écoute.


Les hauts responsables civils et militaires réunis dans une même enceinte ont contribué à créer une atmosphère de solennité. Mais cette solennité n’a pas été figée : elle a permis à des voix diverses de s’exprimer. Notables, Hazomanga et représentants d’associations ont trouvé place aux côtés des partis. Cette coexistence a illustré la complexité de la représentation sociale dans la région : la légitimité électorale, la légitimité coutumière et la légitimité associative se sont croisées, sans s’annuler.


Dialogue entre le Chef d'Etat et les divers acteurs
Dialogue entre le Chef d'Etat et les divers acteurs

Dans ce genre de rencontre, la forme compte autant que le fond. Le fait que le Chef de l’État se déplace et ouvre un espace d’échange direct est un signal politique. Il signifie que la réforme annoncée ne doit pas être perçue comme une initiative descendante, dictée par le sommet, mais comme une démarche susceptible d’intégrer les demandes de la base. Le dialogue n’est pas seulement un outil de communication. Il est un test de gouvernance : l’État accepte de s’exposer, de recevoir des critiques, et donc de partager une partie de la construction politique avec ceux qui, d’ordinaire, subissent les décisions.


Le cadre militaire, lui, peut être lu comme un rappel implicite que la réforme doit éviter les dérives et préserver la cohésion. Dans un contexte où la situation nationale actuelle est évoquée comme un sujet central, cet équilibre entre ouverture et stabilité s’impose comme une ligne directrice. L’image est forte : l’État écoute, mais l’État tient. Le dialogue se déroule sous protection, comme pour dire que la parole citoyenne doit s’organiser sans basculer dans la confrontation.


La demande d’autonomie des neuf districts : une revendication majeure


La question qui a dominé les échanges est celle de l’autonomie demandée pour les neuf districts de la province de Toliara. Elle a été présentée comme une revendication structurante, liée aux réalités locales et à la diversité ethnique de la zone. Derrière le mot autonomie, plusieurs enjeux se superposent : une aspiration à une gouvernance plus proche des citoyens, la volonté de mieux répondre aux spécificités d’un territoire, et l’expression d’un désir de reconnaissance pour une région qui, dans la perception de ses acteurs, estime devoir disposer de marges de manœuvre décisionnelles accrues.


La diversité ethnique mentionnée dans les échanges est un élément clé. Elle rappelle que la province de Toliara ne peut être saisie comme un bloc homogène. Les districts portent des identités et des équilibres propres. Le sentiment que les décisions centrales ne reflètent pas toujours ces singularités nourrit la revendication d’autonomie. Celle-ci est formulée comme une réponse à un problème de représentation : comment garantir que chaque composante sociale et culturelle du territoire ait la capacité d’influencer les politiques qui affectent sa vie quotidienne ?


Pour les acteurs présents, l’autonomie est aussi un moyen de traiter les problèmes rencontrés dans la région. Si ces problèmes ont été évoqués sans détail public dans la rencontre, leur existence même suggère un écart entre les besoins locaux et les réponses institutionnelles. L’autonomie apparaît alors comme une promesse de solutions plus adaptées. Elle traduit l’idée que la région pourrait mieux gérer ses ressources, ses priorités, ses urgences, si la chaîne décisionnelle et budgétaire était raccourcie.


Cependant, une demande d’autonomie n’est jamais neutre politiquement. Elle interroge la manière dont la République conçoit son unité. Les débats autour de cette revendication doivent donc concilier deux impératifs : préserver la cohésion nationale, et reconnaître la légitimité des aspirations locales. Le Chef de l’État, en répondant à l’ensemble des préoccupations, est attendu sur sa capacité à articuler ce dialogue sans brutalité ni esquive. La réforme républicaine qu’il incarne devra préciser le cadre possible d’une telle autonomie : s’agit-il d’une autonomie administrative, financière, politique, ou d’une combinaison de ces dimensions ? La question est restée au cœur des échanges, signe qu’elle engage la vision future de l’organisation territoriale.


Au-delà de la province de Toliara, cette revendication fonctionne comme un miroir pour l’État. Elle souligne la nécessité de penser une réforme qui ne soit pas seulement institutionnelle au sommet, mais aussi territoriale. Si l’objectif affiché est d’avancer vers une véritable réforme avec le peuple malgache, alors la manière de répondre à cette demande d’autonomie sera un indicateur majeur de cohérence entre discours et action.


Chômage des jeunes : une inquiétude sociale qui pèse sur l’avenir


L’autre sujet central évoqué durant la rencontre concerne les difficultés des jeunes face au chômage. Cette formulation, simple et directe, renvoie à une réalité sociale difficile : la jeunesse de la région, et sans doute au-delà, exprime une inquiétude profonde sur son avenir. Le chômage des jeunes n’est pas seulement un problème économique. C’est un enjeu politique et social, car il affecte la dignité individuelle, la stabilité des familles, et la confiance collective dans le projet national.


Lorsqu’une jeunesse se heurte à l’absence de perspectives, plusieurs risques émergent : le découragement, l’exil intérieur ou extérieur, le repli social, la perte de confiance dans les institutions. Si les participants ont estimé nécessaire de mettre ce sujet en avant, c’est qu’il est vécu comme une urgence. La demande implicite est celle d’une politique publique capable de transformer l’énergie de la jeunesse en force productive et citoyenne.


La présence du Chef de l’État face à cette inquiétude donne à la question un poids particulier. Il ne s’agit pas de promettre une solution immédiate, mais d’installer un cadre dans lequel les politiques à venir prendront la jeunesse pour priorité. Dans un contexte de réforme annoncée, l’emploi des jeunes devient un test de crédibilité. Une réforme qui laisserait la jeunesse au bord du chemin serait une réforme incomplète.


Le chômage des jeunes dans la région doit aussi être replacé dans le récit de Toliara. Une province qui demande davantage d’autonomie et qui souffre de problèmes spécifiques signifie que la question de l’emploi ne peut être détachée du développement local. Les jeunes ne cherchent pas seulement un travail ; ils cherchent un avenir dans leur région. L’autonomie, si elle se concrétise, pourrait être vue comme une voie pour créer des réponses adaptées aux réalités du terrain. Mais même sans autonomie immédiate, les politiques nationales doivent intégrer ce besoin de solutions localisées.


Les échanges de Toliara, en donnant la parole aux acteurs de terrain, ont révélé que la réforme institutionnelle et la réforme sociale sont indissociables. Le chômage des jeunes est une fracture visible, un point où la République est jugée sur son efficacité. En l’écoutant, le Chef de l’État reconnaît que la réforme est d’abord une question de vie quotidienne, pas seulement de structures abstraites.


Les enseignants en première ligne : revendications salariales et dignité professionnelle

Parmi les préoccupations exposées, les revendications des enseignants ont occupé une place significative. Ils ont mis sur la table des questions d’indemnités de logement et de grilles salariales. Ces revendications ne sont pas simplement corporatistes. Elles renvoient à un enjeu plus vaste de reconnaissance professionnelle et de dignité sociale.


L’enseignant est souvent perçu comme un pilier du développement humain, un relais de la République vers les générations futures. Lorsqu’il réclame une amélioration de ses conditions de vie, cela touche au cœur du projet national. Les indemnités de logement indiquent une difficulté concrète : se loger dignement dans l’exercice de sa fonction. Les grilles salariales, elles, évoquent l’idée de justice et d’équité. Le fait que ces sujets aient été évoqués à Toliara montre qu’ils sont vécus comme structurants pour l’avenir de l’éducation et, par conséquent, pour l’avenir du pays.


Au sein d’une rencontre dédiée à la réforme, la parole des enseignants prend une dimension particulière. Elle rappelle que la réforme n’a de sens que si elle touche les secteurs qui forment le socle de la société. Réformer la République, ce n’est pas seulement réorganiser l’État. C’est aussi garantir à ceux qui assurent des missions vitales des conditions de travail qui ne les fragilisent pas.


Le Chef de l’État, en répondant aux préoccupations, se trouve confronté à un double défi. D’une part, il doit reconnaître le caractère légitime de ces revendications. D’autre part, il doit inscrire sa réponse dans une vision globale, où les améliorations ne se font pas au coup par coup, mais selon une trajectoire cohérente. La question salariale est toujours une question de ressources et de priorités. La question du logement l’est également, car elle renvoie à des politiques publiques de soutien et d’aménagement.


En outre, la revendication enseignante s’articule avec les autres sujets abordés. Une jeunesse confrontée au chômage a besoin d’une éducation solide et valorisée pour construire des compétences et des perspectives. Si les enseignants se sentent délaissés, la chaîne de l’avenir se fragilise. Ainsi, l’intervention du secteur éducatif à Toliara montre que les problèmes nationaux sont interconnectés : l’emploi, l’éducation, l’organisation territoriale et l’unité nationale se répondent.


Le sel iodé, un problème local au révélateur national


Un dernier sujet, plus spécifique en apparence, a été abordé : les problèmes liés à la production de sel iodé. Sa présence dans les discussions indique qu’il ne s’agit pas d’un détail marginal, mais d’une difficulté tangible pour la région. Le sel iodé, produit de consommation et de production, touche à la fois à l’économie locale, à l’organisation des filières et à la vie courante.


Le fait que des acteurs aient choisi de porter cette question devant le Chef de l’État montre qu’elle dépasse le simple cadre technique. Elle pointe une tension entre production, régulation et besoins des populations. Sans entrer dans des éléments extérieurs à la rencontre, on peut comprendre que le sel iodé est un enjeu où se croisent travail, ressources et santé publique perçue par les communautés. Lorsque la production rencontre des problèmes, ce sont des producteurs, des travailleurs et des consommateurs qui sont concernés.


Dans le contexte de Toliara, cette question a une résonance particulière. Une province qui demande l’autonomie et qui expose des difficultés sociales ne le fait pas dans l’abstrait. Elle le fait à partir de cas concrets. Le sel iodé devient alors un révélateur : derrière lui se cachent des interrogations sur la capacité de la région à valoriser ses ressources, à structurer ses filières, et à bénéficier de politiques publiques adaptées.


La réponse du Chef de l’État sur ce sujet, même si elle n’a pas été détaillée publiquement, s’inscrit dans la logique globale de la réforme. La réforme doit permettre à l’État de mieux accompagner les réalités locales. Or, accompagner une filière comme celle du sel iodé exige de comprendre les obstacles spécifiques et de proposer des solutions pragmatiques. Cela peut passer par une meilleure coordination entre autorités, producteurs et consommateurs, par un ajustement des règles ou par un soutien ciblé. L’essentiel, pour les acteurs, est de sentir que leurs problèmes concrets ne sont pas noyés sous des principes généraux.


En somme, le sel iodé symbolise une idée : la réforme se mesure à sa capacité d’améliorer le quotidien. Une politique qui reconnaît le terrain dans sa diversité est une politique qui gagne en légitimité. À Toliara, cette reconnaissance a pris corps dans l’évocation d’un produit, et donc d’une réalité vécue.


Une promesse de collaboration renouvelée, mais attendue au tournant


Au terme de la rencontre, le Chef de l’État a répondu à l’ensemble des préoccupations et a réaffirmé sa volonté constante de collaborer avec le peuple malgache pour avancer vers une véritable réforme. Cette conclusion, à la fois politique et symbolique, place la rencontre de Toliara dans un calendrier plus large. Elle ne doit pas être vue comme un événement isolé, mais comme une étape dans une trajectoire de réforme.


La promesse de collaboration est un engagement fort, mais elle est aussi une exigence. Collaborer avec le peuple signifie accepter la pluralité des voix, y compris celles qui demandent une autonomie accrue, celles qui expriment une inquiétude sociale, celles qui réclament une justice professionnelle et celles qui dénoncent des problèmes très concrets. À Toliara, ces voix ont été entendues ensemble. Le défi sera de les traduire ensemble.

L’État se trouve ainsi à un moment de responsabilité. Les acteurs de la province de Toliara, en se déplaçant, en exposant leurs préoccupations, ont mis leur confiance dans la possibilité du dialogue. S’ils ne voient pas d’évolution, la confiance s’érode. Si, au contraire, la réforme se nourrit de ces échanges, alors Toliara deviendra un exemple de rapprochement entre pouvoir central et territoires.


Le Chef de l’État, par sa présence et ses réponses, a voulu montrer qu’il ne se contente pas d’observer. Il veut agir. Mais l’action, dans un cadre républicain, nécessite du temps, des arbitrages et une vision. Les demandes formulées vendredi ne se résoudront pas toutes immédiatement. Ce n’est d’ailleurs pas ce que les acteurs attendent uniquement. Ils attendent une direction claire, une méthode, et des signes tangibles de prise en compte.

Ce qui ressort de Toliara, c’est une photographie de la République en mouvement. Une République où les districts réclament plus de place, où la jeunesse réclame du futur, où les enseignants réclament justice et dignité, où l’économie locale réclame des solutions concrètes. Une République que le Chef de l’État invite à se réformer avec lui.


En définitive, la rencontre du 28 novembre 2025 marque un moment d’écoute et de vérité. Elle ouvre le chantier d’une réforme qui ne pourra être que participative si elle veut réussir. Les paroles ont été dites. Les attentes ont été formulées. Reste désormais la phase la plus délicate : transformer ces attentes en actes, et faire en sorte que, de Toliara à l’ensemble du pays, la réforme républicaine devienne une réalité vécue, et non seulement annoncée.

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