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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Transport de bois et produits forestiers : rappel strict de la loi et contrôles routiers renforcés sur la RN7

La matinée du 3 décembre 2025, à Ambatofotsy, a eu un parfum de contrôle renforcé. À l’approche des fêtes, période où les routes nationales se remplissent de camions et de fourgons chargés de marchandises, les Officiers de Police Judiciaire des Eaux et Forêts ont multiplié les patrouilles et les vérifications. Objectif affiché par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable : prévenir toute exploitation et tout transport illégaux de produits forestiers. Sur la Route Nationale n°7, axe vital et très fréquenté, les agents de la Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable Analamanga ont installé un dispositif visible, méthodique et, surtout, dissuasif. Entre contrôles de documents, inspection des cargaisons et échanges directs avec les transporteurs, la journée a illustré une volonté claire : rappeler que la forêt n’est pas une réserve ouverte à tous, et que la circulation de ses produits obéit à des règles strictes.


 Les Officiers de Police Judiciaire des Eaux et Forêts
 Les Officiers de Police Judiciaire des Eaux et Forêts

Une opération ciblée sur un axe stratégique


Ambatofotsy n’a pas été choisie au hasard. Située sur la RN7, la localité se trouve sur un couloir routier majeur où transite une part importante du transport national. La route relie des zones de production, des marchés, des centres urbains et, en cette saison, des flux commerciaux amplifiés. “Nous avons identifié cette période comme sensible, parce que le volume de transport augmente fortement avant les fêtes. Plus de marchandises circulent, donc plus de risques que des produits forestiers soient dissimulés dans le flux”, résume un responsable de la DREDDA Analamanga, présent sur le site.


Le dispositif mis en place mercredi a combiné patrouilles mobiles et barrages fixes. D’un côté, des équipes circulant le long de la route, repérant les véhicules suspects, surveillant les habitudes de chargement et observant les manœuvres. De l’autre, un point de contrôle installé à un endroit permettant de ralentir le trafic sans le bloquer complètement. La scène a été familière pour les usagers : rubans de signalisation, agents en uniforme, arrêt temporaire des camions, vérification de papiers, puis inspection du contenu transporté.


Pour les OPJ des Eaux et Forêts, cette méthode répond à une logique simple : le contrôle doit être visible pour dissuader, mais aussi assez fin pour détecter les tentatives de contournement. Les agents demandent une autorisation spécifique pour tout produit forestier transporté. Sans ce document, la cargaison est considérée comme suspecte. “On ne peut pas laisser passer sous prétexte que la route est chargée. Au contraire, c’est précisément dans ces moments-là que certains essaient de profiter de la confusion”, glisse un agent, tout en feuilletant un dossier de transport terne et déjà froissé par les trajets.


Au fil de la matinée, les contrôles ont concerné des véhicules de tailles et de provenances variées : camions de transport longue distance, pick-up transportant des charges plus modestes, fourgons appartenant à des commerçants, voire véhicules mixtes utilisés pour l’approvisionnement des marchés. Les agents n’ont pas ciblé un type particulier de transporteur : le principe était de rappeler à tous que la réglementation vaut pour chaque cargaison, quelle que soit sa taille.


Sur le terrain, l’opération a exigé coordination et calme. Les contrôles de produits forestiers peuvent être sensibles : ils touchent à l’économie locale, à la survie de certains foyers, et à des pratiques parfois anciennes. Les équipes de la DREDDA Analamanga ont donc insisté sur la nécessité d’agir sans provocation mais avec fermeté. “Notre rôle est d’appliquer la loi. Mais la loi a aussi un but : protéger les ressources naturelles. Si nous ne contrôlons pas, la forêt se vide, et tout le monde y perd”, explique un OPJ, en rappelant le mandat qui lui est donné par le ministère.


Une réglementation claire, mais souvent ignorée


Au cœur de cette campagne de contrôle se trouve un rappel : l’exploitation et le transport des produits forestiers nécessitent une autorisation spécifique délivrée par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. Ce principe est simple, mais ses conséquences sont concrètes. Sans autorisation, pas de coupe légale, pas de circulation autorisée, et donc pas de vente conforme.


Mercredi, les agents ont constaté que de nombreux transporteurs connaissaient la règle mais n’en maîtrisaient pas toujours la portée. Certains présentaient des documents incomplets, d’autres des autorisations périmées, ou des papiers ne correspondant pas à la nature exacte de la cargaison. À chaque fois, la même démarche : vérification, explication, et, selon les cas, mesures administratives.


“On ne veut pas piéger les gens. On veut qu’ils comprennent ce qu’ils transportent et sous quelles conditions”, insiste un cadre régional. Cette position n’empêche pas la fermeté. Les OPJ disposent d’un pouvoir judiciaire leur permettant d’agir lorsqu’une infraction est constatée. Les contrôles de la RN7 s’inscrivent dans cette ligne : prévenir d’abord, sanctionner quand c’est nécessaire.


Pour les autorités, la difficulté réside dans l’ampleur du territoire et la diversité des acteurs. La chaîne du transport forestier peut aller du simple petit exploitant à des réseaux plus organisés. La loi, dans ce contexte, sert de barrière commune : elle distingue ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas, indépendamment du volume ou de l’influence de celui qui transporte. “La forêt est un patrimoine collectif. La moindre charge non autorisée est une atteinte à ce patrimoine”, martèle un agent.


La période actuelle justifie un renforcement particulier. Avant les fêtes, la demande en marchandises explose. La pression est forte sur les circuits d’approvisionnement. Dans ce foisonnement, les produits forestiers entrent parfois dans des cargaisons mixtes, mélangés à des denrées ou à des matériaux variés. C’est l’une des raisons pour lesquelles les contrôles sont effectués au niveau des routes nationales : c’est là que se voit la réalité du transit.


La sensibilisation s’appuie sur des explications pratiques. Les agents rappellent comment se procurer l’autorisation, pourquoi elle est indispensable, et ce qu’elle implique en termes de traçabilité. Les transporteurs sont invités à respecter non seulement la loi, mais aussi les procédures. Pour les autorités, la procédure n’est pas une simple formalité : elle est le moyen de suivre le produit depuis son origine jusqu’à son passage sur la route.


“Un papier, ça peut paraître administratif, mais c’est ce qui assure que la ressource a été exploitée légalement, et que son transport ne participe pas à la destruction illégale de la forêt”, explique un OPJ, tout en montrant l’emplacement exact où l’autorisation doit être conservée pendant le trajet.


Sur le bord de la route, des transporteurs entre prudence et inquiétude


Le contrôle renforcé a modifié, le temps d’une journée, le rythme habituel de la RN7. Les conducteurs se sont arrêtés les uns après les autres, parfois avec un soupir d’agacement, parfois avec la sérénité de ceux qui ont leurs papiers en règle.


Un transporteur, interrogé après la vérification de son chargement, résume un sentiment partagé : “Ce n’est pas agréable de perdre du temps, mais si c’est la règle, on la respecte. Le problème, c’est qu’on ne sait pas toujours si le document qu’on a est le bon, ou si on doit en demander un autre.” Sur le terrain, les agents répondent à ce type de questions. L’objectif affiché est d’éviter que l’ignorance devienne un alibi pour l’illégalité.


Chez d’autres conducteurs, l’inquiétude est plus palpable. Certains craignent d’être assimilés à des trafiquants alors qu’ils se perçoivent comme de simples prestataires. “Moi je transporte ce qu’on me donne. Si on me remet une cargaison, je demande les papiers, mais je ne peux pas vérifier tout. Aujourd’hui, on a bien compris qu’il fallait être plus vigilant”, admet un chauffeur de camion.


Ces échanges ont nourri la partie “sensibilisation” de l’opération. La DREDDA Analamanga a insisté sur le rôle du transporteur comme maillon de responsabilité. Transporter sans autorisation, même sans être à l’origine de l’exploitation, expose à des poursuites. L’idée est d’inciter les conducteurs à refuser toute marchandise sans documents conformes.


Le renforcement du contrôle a aussi un effet symbolique sur la route : il rappelle que l’État surveille et que la période des fêtes ne signifie pas relâchement. À plusieurs reprises, les agents ont vu des véhicules ralentir avant le barrage, puis rebrousser chemin ou s’engager sur des voies secondaires. Une réaction qui confirme, pour eux, la pertinence du dispositif. “Quand on voit un véhicule faire demi-tour, c’est qu’il avait quelque chose à cacher. La simple présence du contrôle empêche déjà une partie du trafic”, estime un responsable opérationnel.


La journée a également permis de mettre en avant la différence entre transport légal et transport dissimulé. Les agents ont expliqué que le respect des règles protège aussi les transporteurs eux-mêmes : en cas de contrôle, celui qui est en règle évite des retards, des immobilisations et des complications administratives. “Ceux qui viennent avec des autorisations claires passent vite. On ne veut pas bloquer l’économie, on veut bloquer l’illégal”, insiste un OPJ.


Au bord de la RN7, l’opération a ainsi mêlé tension et pédagogie. La tension, parce que la présence de policiers judiciaires rappelle la possible sanction. La pédagogie, parce que la majorité des conducteurs ne souhaitent pas forcément enfreindre la loi mais cherchent à faire leur travail dans une période déjà chargée. L’équilibre est fragile, et les autorités en sont conscientes.


Une action qui vise autant la prévention que la dissuasion


Si le contrôle s’est déroulé dans l’urgence apparente d’une journée de route, il s’inscrit dans une stratégie plus large. La prévention de l’exploitation et du transport illégaux de produits forestiers est un enjeu de long terme. Renforcer les patrouilles avant les fêtes répond à un calendrier : quand la demande augmente, l’illégalité tente de s’infiltrer.


“Il faut empêcher que la fête se fasse aux dépens de la forêt”, tranche un responsable régional, en résumant la logique de l’opération. Ce type de formule, très reprise sur le terrain, témoigne de l’objectif de dissuasion. L’État ne veut pas seulement attraper des infractions ; il veut empêcher qu’elles aient lieu. D’où la visibilité des barrages, les patrouilles fréquentes et le rappel permanent de l’autorisation obligatoire.


La dissuasion repose aussi sur la présence d’OPJ spécialisés. Contrairement à un contrôle routier classique, celui-ci mobilise des agents formés aux questions forestières, capables d’identifier les produits transportés, d’en estimer la cohérence avec les documents présentés, et de constater immédiatement une infraction. Cette spécialisation renforce la crédibilité du contrôle.


La DREDDA Analamanga a aussi fait de la sensibilisation un volet central. À plusieurs reprises, des agents ont pris quelques minutes supplémentaires pour expliquer aux conducteurs les textes applicables et les démarches à suivre. L’objectif est que le contrôle ne soit pas un simple moment de contrainte, mais une manière d’installer une norme durable. Les autorités insistent sur le fait que la réglementation n’est pas là pour punir un secteur économique, mais pour organiser un usage responsable des ressources naturelles.


Dans le discours public de la journée, un mot revient souvent : procédure. Les agents rappellent que la procédure est le chemin légal qui protège tout le monde. Pour les autorités, une procédure respectée signifie que l’exploitation a été autorisée, que le transport est traçable et que la ressource n’a pas été prélevée de façon clandestine. Pour les transporteurs, la procédure est un bouclier : elle leur permet de prouver qu’ils travaillent dans la légalité.


La prévention s’appuie enfin sur la coopération. Les agents ont encouragé les transporteurs à être des relais de vigilance : refuser les cargaisons douteuses, signaler les propositions suspectes, et se renseigner auprès des services compétents. Cette coopération est cruciale dans un contexte où les routes nationales sont longues et difficiles à surveiller en continu.


Le numéro vert 955, un appel à la vigilance citoyenne


La journée d’Ambatofotsy a aussi servi de tribune à un rappel aux usagers et aux citoyens : en cas de constatation d’un acte d’exploitation illégale des ressources naturelles, il est recommandé d’appeler le numéro vert 955 (Yas). Ce message, diffusé lors des échanges avec les transporteurs, vise à élargir la lutte au-delà des seuls contrôles routiers.


Le ministère et ses services régionaux comptent sur une vigilance partagée. Les agents présents sur place l’ont répété : la forêt est vaste, et le contrôle permanent est impossible sans relais. Un numéro vert sert à raccourcir la distance entre le constat d’une infraction et l’intervention des autorités.


Sur le terrain, l’appel à signaler ne vise pas à créer un climat de suspicion généralisée, mais à responsabiliser chacun. Les produits forestiers illégaux ne circulent pas seuls : ils passent par des routes, des entrepôts, des marchés et des réseaux de distribution. Chaque témoignage, chaque appel, peut contribuer à interrompre cette chaîne.


“Nous avons besoin de tout le monde. Quand quelqu’un voit une exploitation suspecte, ou un transport étrange, il ne doit pas se taire. Il doit nous prévenir. Le numéro 955 est fait pour ça”, explique un agent de la DREDDA Analamanga.


Ce volet citoyen complète le volet routier. Là où le barrage intercepte, le signalement permet d’anticiper. Les autorités rapprochent les deux approches : contrôler sur les axes principaux tout en mettant à disposition un canal simple pour alerter en amont.


L’annonce du numéro vert, en fin d’opération, a aussi résonné comme une manière de rappeler que la protection de l’environnement n’est pas une affaire exclusive d’administration. Elle concerne les riverains, les transporteurs, les commerçants et les consommateurs. Les autorités insistent sur la responsabilité collective : le respect des règles et la surveillance de l’illégal sont une condition de préservation des ressources naturelles.


À Ambatofotsy, le message a été clair. Les contrôles sur la RN7 ne sont pas un épisode isolé, mais la manifestation d’une politique de vigilance renforcée. À l’approche des fêtes, le ministère entend éviter que l’intensification du commerce serve de couverture au trafic de produits forestiers. La route, ce 3 décembre 2025, est devenue un lieu de rappel à l’ordre autant qu’un espace de sensibilisation. Et derrière chaque camion stoppé, il y avait la même idée : une marchandise n’est acceptable que si elle respecte les lois, les règles et les procédures en vigueur. La forêt, elle, n’a pas de voix ; sur la RN7, l’État a choisi de parler pour elle.

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