La STAR tire la sonnette d’alarme face à la flambée des taxes sur la bière à Madagascar

La société STAR, acteur historique de l’industrie malgache, alerte sur les conséquences économiques et sociales de la hausse vertigineuse des droits d’accises appliqués à ses boissons. En cinq ans, ces taxes ont été multipliées par trois, mettant en péril des dizaines de milliers d’emplois et menaçant la pérennité d’un secteur clé du tissu industriel national. Dans un communiqué publié le 30 octobre 2025 de ce jour, l’entreprise appelle les autorités à réviser de toute urgence cette politique fiscale jugée insoutenable pour les acteurs locaux.

Une fiscalité en forte hausse : un poids insupportable pour l’industrie

Entre 2020 et 2025, les droits d’accises appliqués sur la bière ont connu une progression spectaculaire de 293 %. Concrètement, la taxe est passée de 290 Ariary à 850 Ariary par litre, soit près du triple en seulement cinq ans. Cette augmentation a entraîné une hausse automatique du prix de vente des produits, aujourd’hui largement au-dessus du pouvoir d’achat moyen des consommateurs malgaches.

Pour une entreprise comme la STAR, qui s’efforce de maintenir une production locale et de garantir la qualité de ses boissons, la marge de manœuvre reste limitée. Réduire les coûts reviendrait à rogner sur la qualité ou à fragiliser encore davantage ses partenaires économiques. Dans ce contexte, le groupe se retrouve face à un dilemme : absorber les hausses fiscales au risque d’asphyxier sa rentabilité, ou répercuter les augmentations sur le consommateur, ce qui entraîne une chute des ventes.

Cette situation illustre la difficulté pour les entreprises locales d’évoluer dans un cadre fiscal jugé excessif et peu favorable au développement industriel. L’augmentation continue des taxes, bien qu’elle vise à renforcer les recettes publiques, finit par décourager la production locale et affaiblir les acteurs qui ont historiquement contribué à la vitalité économique du pays.

Des conséquences dramatiques pour des milliers de familles malgaches

Derrière les chiffres, ce sont avant tout des visages et des familles qui subissent les répercussions directes de cette politique. Selon la STAR, plus de 50 000 foyers dépendent de la filière brassicole nationale. Le groupe emploie directement 3 700 salariés, mais son impact économique s’étend bien au-delà : 20 000 agriculteurs, 350 distributeurs, 25 000 points de vente et 1 100 partenaires locaux — principalement des petites et moyennes entreprises — collaborent avec la société.

La hausse des taxes a provoqué une contraction brutale du marché. Les volumes de vente diminuent, les marges s’effondrent, et toute la chaîne de valeur se retrouve fragilisée. Les agriculteurs, fournisseurs de matières premières, voient leurs débouchés se réduire. Les distributeurs et commerçants constatent une baisse de la demande. Les petites entreprises partenaires, quant à elles, peinent à maintenir leur activité dans un environnement devenu incertain.

La STAR insiste sur le fait que, malgré cette conjoncture difficile, elle continue à garantir la qualité de ses produits. L’entreprise refuse de compromettre ses standards, préférant alerter publiquement sur les dangers économiques et sociaux d’une fiscalité devenue trop lourde pour un marché domestique déjà restreint. La situation, selon elle, ne menace pas seulement ses activités, mais bien l’ensemble du tissu économique local lié à la production et à la distribution de boissons.

Un appel au dialogue et à la révision de la politique fiscale

Consciente de la nécessité pour l’État de percevoir des recettes fiscales pour assurer le fonctionnement des services publics, la STAR ne remet pas en cause le principe même des droits d’accises. En revanche, elle dénonce leur ampleur actuelle et plaide pour un ajustement raisonnable permettant de concilier les impératifs budgétaires de l’État avec la survie de l’industrie nationale.

Dans son communiqué, l’entreprise appelle le gouvernement à rouvrir un dialogue constructif autour de la fiscalité appliquée aux boissons alcoolisées. Selon elle, une réduction ciblée des taxes sur la bière permettrait non seulement de soutenir la consommation intérieure, mais aussi de préserver les emplois et d’encourager les investissements. Une telle mesure favoriserait le maintien des revenus pour les agriculteurs, les transporteurs et les distributeurs, tout en garantissant la continuité des recettes fiscales sur le long terme grâce à un marché plus dynamique.

La société insiste sur l’importance d’une politique économique équilibrée, capable de stimuler la production locale au lieu de la pénaliser. En soutenant les entreprises nationales, l’État encouragerait la création d’emplois, la montée en compétence de la main-d’œuvre et la valorisation des ressources agricoles locales. Un environnement fiscal stable et prévisible constituerait par ailleurs un signal fort pour les investisseurs, souvent dissuadés par la volatilité des charges imposées aux entreprises malgaches.

Préserver l’industrie nationale : un enjeu de souveraineté économique

La STAR rappelle qu’elle n’a jamais bénéficié d’aucun avantage particulier ni traitement de faveur. Elle se revendique comme une entreprise citoyenne, profondément ancrée dans l’économie malgache depuis plus de soixante-dix ans. Fondée en 1953, elle a traversé les époques en participant activement au développement industriel du pays. Ses produits, fabriqués localement, sont devenus au fil du temps un symbole de fierté nationale et un pilier de l’identité économique malgache.

Aujourd’hui, l’entreprise met en garde contre les risques d’un désengagement de l’État envers ses industries locales. Une fiscalité trop lourde fragilise les entreprises existantes, décourage les initiatives privées et ouvre la voie à une dépendance accrue vis-à-vis des importations. Si la production nationale s’affaiblit, c’est tout un pan de la souveraineté économique du pays qui s’érode.

La disparition ou la marginalisation d’acteurs majeurs tels que la STAR aurait des conséquences durables : pertes d’emplois, déstabilisation du secteur agricole, diminution des revenus pour les distributeurs, et affaiblissement du tissu entrepreneurial local. Dans un pays où l’emploi formel demeure rare, chaque poste perdu représente un drame social. La société appelle donc à un sursaut collectif pour protéger le travail, les savoir-faire et les investissements réalisés depuis des décennies.

Un appel au patriotisme économique et à un développement durable

Au-delà des chiffres et des revendications fiscales, le message de la STAR se veut aussi un appel à la responsabilité collective. L’entreprise invite les décideurs à privilégier une vision de long terme fondée sur un développement économique durable. Cela passe, selon elle, par une meilleure articulation entre politique fiscale et stratégie industrielle nationale.

Loin de réclamer des privilèges, la société plaide pour une équité de traitement et une reconnaissance du rôle des entreprises locales dans la prospérité nationale. En encourageant la production et la transformation sur place, Madagascar pourrait renforcer son autonomie économique tout en créant davantage d’emplois durables. Cette approche s’inscrit dans une logique de patriotisme économique, où la protection des acteurs nationaux n’est pas synonyme de fermeture, mais de valorisation des atouts locaux.

La STAR souligne que le choix appartient désormais aux autorités : maintenir une fiscalité dissuasive qui affaiblit les piliers de l’économie, ou adapter le cadre fiscal pour favoriser une croissance inclusive et pérenne. L’entreprise en appelle à la raison et à la concertation, rappelant que la prospérité d’un pays repose d’abord sur la vitalité de ses industries et sur la préservation de ses emplois.

En conclusion, le communiqué se termine sur un message fort : ne pas sacrifier l’emploi ni l’industrie malgache sur l’autel d’une fiscalité trop lourde. Il est temps, selon la STAR, de privilégier un modèle de développement équilibré, respectueux de la réalité économique du pays et porteur d’avenir pour les générations futures. Depuis 1953, la société demeure une fierté nationale. Aujourd’hui, elle espère que cet appel à la raison sera entendu, au nom de la stabilité, de la croissance et du bien-être de tous les Malgaches.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *