La modernisation de la Douane malgache entre dans une phase décisive avec la création d’un centre de surveillance à Toamasina. Ce projet ambitieux, financé par la Banque africaine de développement, marque une étape majeure dans la sécurisation des frontières et la lutte contre les trafics illicites. Pensé comme un pôle intégré, ce dispositif vise à renforcer la coordination entre les équipes terrestres, maritimes et aériennes, tout en centralisant les informations de contrôle et de renseignement. Il s’inscrit dans la volonté des autorités de doter Madagascar d’une Douane moderne, réactive et technologiquement avancée, capable de protéger le territoire tout en facilitant les échanges commerciaux.
Un centre stratégique pour la protection du territoire
Le nouveau centre de surveillance de Toamasina symbolise une transformation structurelle et technologique au sein de l’administration douanière. Installé sur l’ancien terrain du ministère de la Défense nationale, sur un site de 1.600 m² en bord de mer, ce complexe comprendra trois bâtiments de 400 m² chacun. Il accueillera notamment la Brigade Mobile de Surveillance (BMS), la brigade cynophile, un laboratoire scientifique et, à terme, l’Académie des Douanes.
Ce centre est destiné à devenir un véritable poste de commandement opérationnel, chargé de coordonner les actions de contrôle sur les principaux points d’entrée du pays. Les ports, aéroports et zones frontalières seront placés sous une surveillance intégrée, permettant de réagir immédiatement face aux tentatives de fraude, de contrebande ou de trafic illicite.
Le Directeur général de la Douane, Ernest Lainkana Zafivanona, a souligné que ce centre incarne la vision d’une administration innovante et redevable, partenaire du développement économique durable. Cette infrastructure traduit concrètement la volonté de faire de la Douane un acteur central de la sécurité nationale et du commerce licite, sûr et compétitif.
La mise en service du centre, prévue pour le deuxième trimestre de 2026, marquera une étape clé vers une meilleure maîtrise des flux commerciaux, une protection accrue du territoire et une plus grande transparence dans les procédures douanières.
Lutte renforcée contre la contrebande et les trafics illicites
Les missions des Brigades Mobiles de Surveillance (BMS) s’inscrivent au cœur du dispositif de lutte contre les trafics et la contrebande. Elles couvrent un large éventail d’activités illégales : importations et exportations frauduleuses, trafic d’espèces protégées, contrebande de produits dangereux tels que drogues, armes ou substances chimiques, ainsi que détournement de marchandises.
Grâce à leur rôle de contrôle et de vérification, les brigades garantissent également la traçabilité et la sécurité des flux commerciaux. Le plombage des conteneurs constitue un élément essentiel de cette mission, permettant d’assurer le suivi précis des cargaisons depuis leur entrée jusqu’à leur sortie du territoire. Ce dispositif renforce la confiance entre les opérateurs économiques et les autorités, tout en réduisant les risques de fraude et de manipulation.
Le centre de Toamasina permettra de coordonner ces interventions à grande échelle. Les informations recueillies sur le terrain seront centralisées et analysées en temps réel, offrant une vision globale des opérations en cours. Cette approche intégrée permettra de détecter plus rapidement les anomalies et de déclencher des opérations ciblées.
Par ailleurs, la Douane malgache prévoit de doter les brigades de moyens de surveillance renforcés : unités canines, bateaux de patrouille, drones et avions spécialisés. Ces outils permettront d’intervenir efficacement sur les points sensibles, qu’ils soient terrestres, maritimes ou aériens.
Ce réseau de surveillance vise à créer une couverture homogène du territoire, particulièrement sur les côtes Est et Ouest, où transitent une grande partie des échanges commerciaux et où se concentrent les activités de contrebande. En associant les capacités humaines et technologiques, la Douane ambitionne de bâtir un rempart solide contre les trafics transfrontaliers et les circuits illicites.
Des moyens technologiques pour une réactivité accrue
Le dispositif mis en place à Toamasina repose sur une interconnexion complète entre les équipes et les équipements. Ce centre sera à terme un véritable hub de communication et de coordination, capable de superviser l’ensemble des opérations douanières en temps réel.
Pour renforcer la surveillance du littoral et des zones sensibles, la Douane prévoit l’acquisition de deux avions de patrouille de type DA62 MPP. Ces appareils seront dotés de radars performants capables de capter des images nettes à haute altitude, jusqu’à 10.000 pieds. Leur mission principale consistera à repérer les embarcations suspectes, surveiller les routes maritimes stratégiques et appuyer les équipes au sol en cas d’interception.
À cela s’ajoute l’achat de deux bateaux de surveillance modernes, Interceptor 1503FRP et Fast Crew Supplier 3307, destinés à opérer sur les côtes Est et Ouest. Ces navires rapides, couplés à l’usage de drones, permettront d’assurer une couverture maritime constante et d’intervenir rapidement en cas d’alerte.
Ce dispositif, fondé sur la complémentarité entre moyens terrestres, maritimes et aériens, illustre la volonté de doter la Douane d’une capacité d’action globale. Il marque également un tournant dans la manière dont sont menées les opérations de contrôle : désormais, les interventions ne seront plus isolées mais coordonnées, interconnectées et soutenues par des technologies de pointe.
En outre, cette modernisation permettra d’améliorer la réactivité dans la détection des trafics transfrontaliers. L’objectif est clair : réduire le temps de réaction entre la détection d’une anomalie et l’intervention sur le terrain, tout en garantissant la fiabilité des informations recueillies.
La brigade cynophile, un atout précieux pour les contrôles
L’une des grandes innovations du centre de Toamasina est la création d’une brigade cynophile, la troisième du pays après celles d’Antananarivo et de Nosy-Be. Ce centre cynotechnique comprend un chenil de 22 cages, une aire d’évolution canine et des locaux dédiés aux soins vétérinaires. Ces infrastructures modernes offriront des conditions optimales pour le dressage, l’entretien et le travail des chiens de la Douane.
Les chiens constituent en effet des alliés indispensables pour les agents dans leur mission de détection. Leurs capacités olfactives exceptionnelles leur permettent de repérer des substances dissimulées que les appareils électroniques les plus sophistiqués ne peuvent détecter. Ces animaux sont formés à identifier divers produits : stupéfiants, devises, explosifs ou encore espèces protégées.
La synergie entre les chiens et leurs maîtres renforce considérablement l’efficacité des opérations de contrôle. Actuellement, la brigade cynophile malgache compte une vingtaine de chiens, chacun entraîné à la détection simultanée de plusieurs types de substances. Leur formation, menée conjointement avec leurs maîtres, permet une coordination parfaite lors des interventions.
L’introduction de cette unité canine à Toamasina représente une avancée significative dans la stratégie de lutte contre la contrebande. Elle permettra d’intensifier les inspections dans les zones à haut risque, notamment dans les ports et aéroports où les flux de marchandises sont importants.
Cette présence canine contribuera également à renforcer la confiance des partenaires commerciaux internationaux en la capacité du pays à sécuriser ses échanges. En combinant l’expertise humaine, la technologie et l’instinct animal, la Douane malgache se dote d’un outil redoutablement efficace pour protéger ses frontières.
Un laboratoire scientifique de pointe au service du contrôle
Au cœur du dispositif se trouve également un laboratoire d’analyse moderne, destiné à renforcer la dimension scientifique du contrôle douanier. Ce laboratoire sera équipé d’outils de dernière génération, tels que des spectromètres, chromatographes et microscopes électroniques. Il disposera aussi de kits d’analyse rapide pour les denrées périssables, permettant de vérifier sur place la conformité des produits importés et exportés.
Cette innovation permettra d’éviter l’envoi d’échantillons vers Antananarivo ou à l’étranger, une pratique coûteuse et chronophage. Désormais, les analyses pourront être réalisées localement, réduisant ainsi les délais de dédouanement et les frais associés. Les résultats seront directement intégrés dans le système douanier automatisé, garantissant la transparence et la traçabilité des procédures.
En cas de non-conformité des marchandises, les agents pourront immédiatement prendre les mesures appropriées, avec des preuves scientifiques à l’appui. Ce processus renforcera la crédibilité de la Douane auprès des opérateurs économiques et contribuera à instaurer un climat de confiance durable.
Le laboratoire ne servira pas uniquement à la Douane. Il mettra également ses compétences à disposition d’autres institutions telles que les ministères du Commerce, des Mines et de l’Environnement. Il permettra notamment de vérifier la qualité des produits importés, de contrôler la pureté des minerais exportés et d’identifier les substances dangereuses susceptibles de menacer la santé publique ou l’environnement.
En ce sens, ce centre scientifique représente un véritable rempart contre la fraude et les trafics illicites. Il illustre la volonté de Madagascar de se doter d’une Douane moderne, efficace et responsable, ancrée dans une approche alliant rapidité, sécurité et durabilité.
L’Académie des Douanes : former pour mieux servir
En parallèle du centre de surveillance, le projet prévoit la création d’une Académie des Douanes sur le même site. Cette institution de formation aura pour mission de professionnaliser les agents et de renforcer les compétences des acteurs de la chaîne logistique internationale.
Dotée d’infrastructures modernes et conformes aux normes internationales, l’académie pourra accueillir une centaine d’apprentis. Elle proposera des formations adaptées aux réalités du terrain, couvrant les aspects techniques, juridiques et opérationnels du métier douanier. Les programmes incluront également des modules consacrés à l’éthique, à la transparence et à l’utilisation des nouvelles technologies.
Cette structure sera ouverte non seulement aux nouveaux recrus, mais aussi aux partenaires de la Douane, tels que les transitaires, opérateurs économiques et étudiants. Elle constituera ainsi un lieu d’échange et de transfert de savoirs, favorisant la coopération entre les différents acteurs du commerce extérieur.
L’Académie des Douanes représente un investissement dans le capital humain, indispensable pour accompagner la transformation en cours. La modernisation des équipements doit en effet s’accompagner d’une montée en compétences des personnels afin de garantir une utilisation optimale des nouvelles technologies et un respect strict des standards internationaux.
Vers une Douane moderne, transparente et efficace
L’ensemble de ces initiatives converge vers un même objectif : faire de la Douane malgache une institution moderne, performante et au service du développement national. En centralisant les informations, en intégrant les technologies de pointe et en formant des agents qualifiés, Madagascar se dote d’un instrument stratégique de gouvernance économique et sécuritaire.
La création du centre de surveillance de Toamasina illustre cette volonté d’innovation et de rigueur. Elle témoigne également d’une prise de conscience des enjeux liés à la mondialisation des échanges et à la nécessité de protéger le pays contre les réseaux criminels transnationaux.
En garantissant la sécurité des frontières et la fluidité du commerce légal, la Douane joue un rôle double : celui de gardienne du territoire et celui de facilitatrice du développement. Cette modernisation s’inscrit donc dans une logique d’équilibre entre contrôle et ouverture, entre souveraineté et intégration économique.
Grâce à ce dispositif interconnecté et réactif, la Douane malgache s’affirme comme un acteur clé de la sécurité nationale et de la compétitivité économique du pays. À travers la mise en œuvre de ce projet structurant, elle prouve qu’elle est prête à relever les défis de son temps, en conjuguant innovation, efficacité et engagement au service du bien commun.



