L’Université d’Antananarivo vient de franchir une étape décisive dans sa politique d’ouverture internationale. En signant, le 20 octobre dernier, une convention-cadre de coopération avec la Wenzhou University of Technology, l’institution malgache affirme son ambition de devenir un pôle régional d’excellence scientifique et technologique. Cette alliance, portée par la volonté commune d’accélérer l’innovation et la formation dans des secteurs clés, s’inscrit dans un contexte mondial où la connaissance, l’ingénierie et la recherche appliquée constituent des leviers essentiels de développement durable.
La cérémonie, organisée dans la salle des Présidents à Ambohitsaina, a réuni les autorités universitaires des deux établissements et symbolisé la naissance d’un partenariat porteur de promesses concrètes. Au-delà du protocole, cette collaboration sino-malgache entend s’incarner dans des projets réels, des échanges académiques et des solutions scientifiques à fort impact. Dans un pays où les besoins en modernisation technologique et en valorisation des ressources locales sont considérables, l’accord ouvre des perspectives inédites.
Un partenariat fondé sur la complémentarité et la vision partagée
Le rapprochement entre l’Université d’Antananarivo et la Wenzhou University of Technology repose sur une logique claire : unir des forces complémentaires pour répondre aux défis du XXIe siècle. L’établissement chinois, reconnu pour son expertise en ingénierie, en innovation industrielle et en technologies émergentes, apporte un savoir-faire technique et une culture de recherche appliquée. L’université malgache, de son côté, offre un ancrage territorial fort, une connaissance fine des réalités africaines et un vivier de talents désireux d’expérimenter, d’entreprendre et d’innover.
L’accord signé prévoit dès cette année la mise en place de programmes de mobilité académique destinés aux étudiants et aux enseignants-chercheurs. Ces échanges permettront non seulement d’enrichir les parcours de formation, mais aussi de favoriser la co-construction de compétences adaptées aux besoins des deux pays. Le principe est simple : croiser les regards, mutualiser les savoirs et encourager la recherche collaborative dans des domaines prioritaires tels que le génie électrique, la transition énergétique, l’intelligence artificielle ou encore l’architecture durable.
Ce modèle de coopération illustre une tendance mondiale : les universités ne se contentent plus d’enseigner, elles deviennent des acteurs de la transformation économique et sociale. À travers cette alliance, Madagascar s’ouvre à un réseau de savoirs internationaux, tandis que la Chine consolide sa présence académique et scientifique en Afrique, dans un esprit d’échange et de partenariat gagnant-gagnant.
Les axes prioritaires : science, technologie et durabilité
Au cœur de cette convention, plusieurs axes stratégiques ont été définis pour structurer la coopération. Le premier concerne la recherche appliquée en génie électrique et en transition énergétique, deux secteurs vitaux pour un pays où l’accès à l’électricité reste un défi majeur. Les laboratoires des deux universités travailleront conjointement à développer des solutions adaptées au contexte insulaire de Madagascar : micro-réseaux, optimisation des énergies renouvelables, ou encore stockage énergétique à faible coût.
Un second champ d’action portera sur l’architecture durable et la valorisation des ressources locales. L’objectif est d’intégrer les matériaux, les savoir-faire traditionnels et les innovations contemporaines dans une approche écologique et économique du bâtiment. Les étudiants en architecture, en ingénierie civile et en design urbain bénéficieront ainsi d’un cadre de formation ancré dans les réalités climatiques et sociales du territoire malgache.
Enfin, l’intelligence artificielle et la numérisation de la recherche constituent un pilier transversal du partenariat. La Wenzhou University of Technology, disposant de centres de recherche avancés dans ce domaine, accompagnera l’Université d’Antananarivo dans la formation d’une nouvelle génération de chercheurs capables de manier les outils de l’IA au service de la santé, de l’agriculture, de la logistique ou encore de la gouvernance publique. Cette orientation vers le numérique s’inscrit dans une stratégie plus large d’intégration de Madagascar dans l’économie du savoir.
La création d’une « Académie de la Route de la Soie »
L’un des projets phares annoncés lors de la signature de la convention est la mise en place d’une « Académie de la Route de la Soie ». Cette structure aura pour mission de favoriser les échanges entre universités partenaires de la ceinture économique chinoise, tout en offrant un cadre académique dédié à la formation et à la recherche sur les grands enjeux du développement durable et de la coopération Sud-Sud.
L’Académie jouera un rôle de catalyseur dans la structuration des programmes conjoints : doubles diplômes, séminaires internationaux, écoles d’été, laboratoires mixtes, et publications scientifiques communes. Elle servira également de plateforme d’échanges culturels, permettant à des étudiants malgaches d’effectuer des séjours d’étude en Chine, et à des étudiants chinois de découvrir la richesse culturelle, linguistique et écologique de Madagascar.
Ce projet s’inscrit dans une dynamique géopolitique plus large. À travers la « Belt and Road Initiative », la Chine cherche à renforcer ses liens économiques, scientifiques et culturels avec les pays partenaires. Pour Madagascar, cette intégration représente une opportunité de visibilité et d’attractivité académique. L’Université d’Antananarivo se positionne ainsi comme un acteur clé de cette coopération régionale, capable de conjuguer ouverture internationale et développement local.
Un levier de développement pour l’enseignement supérieur malgache
Au-delà de l’image institutionnelle, cet accord revêt une importance stratégique pour tout le système universitaire malgache. Depuis plusieurs années, les établissements d’enseignement supérieur du pays font face à des défis majeurs : sous-financement de la recherche, manque d’infrastructures modernes, difficulté d’accès aux ressources scientifiques, et inadéquation entre les formations et le marché du travail. En s’associant à une université technologique de premier plan, l’Université d’Antananarivo espère combler une partie de ces écarts.
La coopération sino-malgache permettra de renforcer les capacités institutionnelles : formation des enseignants, création de laboratoires partagés, équipement en matériel scientifique, et amélioration des curricula. Des projets conjoints de recherche appliquée devraient également favoriser la création de startups universitaires et l’émergence d’un écosystème d’innovation autour du campus d’Ambohitsaina.
L’impact attendu dépasse les murs de l’université. En stimulant la recherche appliquée et la formation technique, ce partenariat peut contribuer à dynamiser l’économie locale. Les entreprises malgaches, notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture ou de la construction, pourraient bénéficier directement des résultats issus des projets conjoints. L’objectif est clair : faire de la connaissance un moteur de développement, dans une approche inclusive et durable.
Une coopération tournée vers l’avenir
L’accord entre l’Université d’Antananarivo et la Wenzhou University of Technology marque le début d’un long processus de collaboration scientifique, culturelle et humaine. Il ne s’agit pas seulement d’un échange académique, mais d’un engagement réciproque à construire des ponts durables entre l’Afrique et l’Asie, entre tradition et modernité, entre recherche et société.
Dans un contexte mondial marqué par des bouleversements technologiques rapides, les universités ont un rôle central à jouer. Elles ne sont plus des sanctuaires de savoir isolés, mais des acteurs engagés dans la résolution des problèmes globaux. Le partenariat signé le 20 octobre en est une illustration éclatante : il traduit la volonté d’agir, d’innover et de partager les fruits de la science pour répondre aux défis communs de notre temps.
L’Université d’Antananarivo, fidèle à sa mission de service public, confirme ainsi sa place au cœur des transformations régionales. En associant l’expertise technologique chinoise à la créativité et au potentiel humain malgache, elle ambitionne de faire émerger une nouvelle génération de chercheurs et d’ingénieurs capables d’inventer l’avenir. Plus qu’un simple accord administratif, cette coopération incarne une vision : celle d’une université ouverte sur le monde, ancrée dans son territoire, et résolument tournée vers l’avenir.



