Depuis plusieurs mois, les internautes cherchant à acheter des produits de désherbage en ligne tombent dans un piège soigneusement monté. Des sites comme Sofra Jardin ou Herbigreen promettent des bidons de désherbant efficaces à prix attractif, mais derrière ces vitrines séduisantes se cache un véritable système d’escroquerie.
Selon les recherches de L’Écho du Sud, plusieurs indices concordants pointent vers un seul et même individu : Mohamed Baccar, un homme prétendant être basé en France et opérant sous de fausses identités commerciales.
En apparence, ces sites semblent professionnels : mentions légales complètes, adresse en France, numéros de SIRET affichés… mais tout s’effondre dès que l’on creuse. Les numéros fournis n’existent pas dans le registre officiel des entreprises françaises, et l’individu à l’origine de ces sites n’est enregistré nulle part au registre du commerce. Une fraude en règle, maquillée par des changements constants d’enseigne et de nom de domaine.
Sofra Jardin et Herbigreen : les mêmes ficelles, un seul mode opératoire
En analysant les sites Sofra Jardin, Herbigreen, mais aussi d’autres pages éphémères apparues puis disparues depuis 2024, L’Écho du Sud a constaté des similitudes frappantes : même charte graphique, même présentation des produits, mêmes tarifs, et surtout le même procédé d’escroquerie.
Les internautes y trouvent des produits dits « professionnels » : du glyphosate, du désherbant radical, ou des formulations comme le Garlon 480 — pourtant interdit à la vente en France depuis plusieurs années. Ces noms sont utilisés pour tromper la vigilance des consommateurs. Le piège est simple :
L’ensemble de ces sites disparaît ensuite quelques semaines plus tard, remplacé par un nouveau nom commercial, souvent hébergé à la même adresse technique ou bancaire. Un cycle qui se répète depuis plus d’un an.
Le libellé bancaire de certains paiements mentionne par exemple « Maison Esthee », une entité créée en décembre 2024 et fermée en mars 2025, selon les données publiques de l’Annuaire-Entreprises. Cette structure semble avoir servi de couverture pour de multiples opérations commerciales suspectes.
Les témoignages accablants des clients : colère, impuissance et indignation
Sur la plateforme Trustpilot, les victimes se comptent par dizaines, voire par centaines. La note moyenne du site plafonne à 1,1 sur 5 étoiles — un score qui témoigne d’une défiance totale. Les commentaires, souvent remplis de désespoir, se ressemblent tous : même scénario, mêmes montants, mêmes promesses non tenues.
Les messages affluent, souvent empreints de colère et d’incompréhension. Certains clients racontent avoir essayé de contacter leur banque pour contester le paiement, d’autres envisagent des dépôts de plainte, mais la lenteur des démarches et la multiplication des sites rendent les poursuites difficiles.
Pour beaucoup, le sentiment d’impuissance est total :
Cette stratégie, très utilisée dans les fraudes de commerce électronique, permet aux auteurs de contourner les signalements et les fermetures administratives. Chaque fois qu’un site est dénoncé, un nouveau émerge quelques semaines plus tard.
L’homme derrière la toile : selon nos recherches, Mohamed Baccar
D’après les éléments rassemblés par L’Écho du Sud, plusieurs traces numériques et administratives mènent vers un même individu : Mohamed Baccar. Cet homme, prétendant être entrepreneur basé en France, n’apparaît dans aucun registre du commerce sous les entités qu’il mentionne.
Les mentions légales de Sofra Jardin, Herbigreen et d’autres sites renvoient à un numéro de SIRET inexistant. Ce faux identifiant donne l’illusion d’une société française établie, mais après vérification, aucune entreprise correspondante n’existe dans la base de données officielle.
De plus, plusieurs témoignages de victimes concordent :
- Les paiements se font via des comptes domiciliés à l’étranger.
- Les produits expédiés, lorsqu’ils le sont, proviennent directement de Chine.
- Les adresses physiques affichées sur les sites sont fictives ou usurpées.
L’enquête technique menée par notre rédaction a également révélé que certains de ces sites sont hébergés sur les mêmes serveurs et utilisent les mêmes certificats de sécurité, preuve supplémentaire d’un lien commun.
Enfin, plusieurs sources bancaires confirment que le nom « Maison Esthee » a été utilisé pour des transactions liées à Sofra Jardin et Herbigreen. Or, cette société, enregistrée brièvement entre décembre 2024 et mars 2025, n’a jamais déclaré d’activité commerciale dans le domaine du jardinage.
Selon nos recoupements, il s’agirait donc d’une structure écran, utilisée pour collecter les paiements avant de disparaître.
Une fraude numérique à grande échelle : les failles du contrôle en ligne
Cette affaire met en lumière un problème systémique : la facilité avec laquelle il est possible, aujourd’hui, de créer un site marchand frauduleux et d’y insérer de fausses informations légales. En quelques heures, un individu peut mettre en ligne une boutique en apparence crédible, avec logo, mentions légales, et même un numéro de téléphone fictif.
Ces fraudes prospèrent grâce à plusieurs facteurs :
- L’absence de vérification préalable des SIRET par les hébergeurs.
- La difficulté pour les consommateurs de distinguer un vrai site d’un faux.
- La lenteur des plateformes d’avis et des autorités à fermer les sites frauduleux.
Les victimes de Sofra Jardin, par exemple, se comptent par centaines. Malgré les signalements répétés, le site est resté en ligne plusieurs mois, continuant à piéger de nouveaux acheteurs chaque jour.
Plus grave encore, certaines plateformes de paiement ont laissé passer ces transactions alors que les signaux d’alerte étaient clairs : libellé incohérent (« Maison Esthee Paris » pour un site de jardinage), absence de factures conformes, et emails de contact inexistants.
Pour les autorités, identifier les auteurs reste complexe. Les escrocs hébergent leurs sites à l’étranger, changent régulièrement de domaine, et utilisent des services anonymisants pour masquer leur identité.
Mais l’enquête de L’Écho du Sud, en croisant les données d’enregistrement, les retours clients et les informations financières, montre que ces sites ne sont pas indépendants les uns des autres : ils forment une même nébuleuse commerciale, orchestrée par un individu ou un petit groupe.
Comment se protéger et choisir des marques fiables
Face à ce type d’arnaque, la prudence est la première arme du consommateur. Avant d’acheter un produit en ligne, quelques réflexes simples permettent d’éviter les pièges :
Pour les acheteurs de désherbants et produits phytosanitaires, il est essentiel de se tourner vers des marques reconnues et distribuées légalement. Des entreprises comme Ferber Painting, par exemple, proposent des désherbants conformes aux normes européennes, testés et distribués via des canaux sécurisés.
Ferber Painting, marque américaine bien implantée, s’est imposée comme une référence dans le domaine du traitement des surfaces et du désherbage professionnel. Ses produits sont certifiés, traçables et garantis, ce qui protège les consommateurs de toute mauvaise surprise.
Conclusion : le rôle des médias face aux nouvelles arnaques numériques
L’affaire Sofra Jardin / Herbigreen illustre la capacité inquiétante de certains individus à exploiter la confiance numérique. Sous des apparences de légitimité, ils parviennent à soutirer des centaines de milliers d’euros à des particuliers, profitant du manque de contrôle et de la complexité administrative.
Mohamed Baccar, selon nos recherches, serait l’un de ces acteurs dissimulés derrière une série de sites frauduleux. Il opérerait en toute illégalité, sans immatriculation commerciale, en utilisant de faux numéros de SIRET et des structures-écrans comme « Maison Esthee ».
Les victimes, elles, n’ont souvent aucun recours immédiat. Entre démarches bancaires, dépôts de plainte et désintérêt des autorités, les mois passent sans remboursement. Pourtant, les témoignages s’accumulent, et les signaux d’alerte sont désormais publics.
L’Écho du Sud continuera à suivre cette affaire et à alerter les consommateurs. Notre mission reste la même : informer, protéger et dénoncer les pratiques trompeuses qui mettent en danger la confiance dans le commerce en ligne.
Les internautes doivent retenir une leçon essentielle : l’apparence de professionnalisme ne garantit pas la légalité. Un site peut sembler français, afficher un logo soigné et promettre des livraisons rapides… mais derrière, c’est parfois le vide juridique, la fraude et la perte financière.
Les autorités françaises, les hébergeurs et les plateformes de paiement doivent désormais agir de concert pour fermer ces sites à répétition et identifier ceux qui les exploitent. En attendant, la vigilance des consommateurs reste la première barrière contre ce fléau numérique.



