Le colonel Michaël Randrianirina prend officiellement les rênes de la Refondation de la République de Madagascar

Le 17 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire politique de Madagascar comme le jour où le colonel Michaël Randrianirina a prêté serment à la tête de la Refondation de la République. L’audience solennelle, organisée par la Haute Cour Constitutionnelle à Ambohidahy Antananarivo, marque l’ouverture d’une nouvelle ère pour le pays, à la fois pleine d’espérance et chargée d’attentes. Dans un discours ferme et empreint de gravité, le colonel a exposé sa vision d’une refonte profonde de l’État malgache, plaçant la gouvernance, la justice et la transparence au cœur de son mandat.

Une cérémonie d’investiture placée sous le signe du renouveau institutionnel

L’audience solennelle s’est déroulée dans le grand amphithéâtre de la Haute Cour Constitutionnelle, en présence des plus hautes autorités militaires, administratives et religieuses du pays. Les représentants du corps diplomatique, ainsi que plusieurs anciens responsables politiques, ont également répondu présents à l’invitation. L’ambiance, à la fois solennelle et empreinte de retenue, traduisait la gravité du moment : Madagascar s’engage sur la voie d’une refondation institutionnelle annoncée comme totale.

Le colonel Michaël Randrianirina, vêtu de son uniforme d’apparat, a levé la main droite devant la Constitution pour prêter serment « de servir la nation avec loyauté et intégrité, dans le respect des aspirations du peuple malgache ». Cette scène, d’une symbolique forte, a marqué l’ouverture officielle de son mandat à la tête de la Refondation de la République.

Dans son allocution, le nouveau président a insisté sur la dimension historique de la tâche qui l’attend : reconstruire l’État sur des bases saines, refonder la gouvernance et redonner confiance à un peuple souvent éprouvé par les crises politiques successives. Il a déclaré que « la reconstruction complète du système de gouvernance et du système administratif, en accord avec les revendications du peuple, sera menée avec le plus grand soin, comme la prunelle des yeux ». Ces mots ont résonné dans la salle comme une promesse d’engagement et de rigueur.

Les priorités immédiates : énergie, santé, éducation et cohésion nationale

Dans son discours d’investiture, le colonel Randrianirina a tenu à rassurer la population sur les premières mesures de son gouvernement. À court terme, il entend concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes les plus urgents qui affectent la vie quotidienne des Malgaches. L’énergie, la santé, l’éducation, mais aussi la sécurité alimentaire et les infrastructures de base figurent parmi les priorités immédiates.

Le pays fait face depuis plusieurs années à une crise énergétique profonde. Les délestages fréquents, la vétusté des équipements et la dépendance excessive aux énergies fossiles freinent le développement industriel et compromettent la vie économique. Le président de la Refondation a annoncé la mise en place d’un plan national de réhabilitation du réseau électrique, combinant investissements publics et partenariats avec le secteur privé. L’objectif affiché est d’assurer une couverture énergétique durable et équitable d’ici trois ans.

Le secteur de la santé, quant à lui, reste marqué par des inégalités criantes entre zones urbaines et rurales. Le colonel a promis un programme d’urgence visant à réhabiliter les hôpitaux régionaux, à renforcer la formation du personnel médical et à améliorer l’approvisionnement en médicaments essentiels. L’ambition est claire : faire de l’accès aux soins un droit concret pour tous les citoyens.

L’éducation figure également au cœur de ses priorités. Le président a dénoncé les lacunes structurelles d’un système éducatif fragilisé par des décennies de sous-investissement. Il a promis la revalorisation du métier d’enseignant, la rénovation des infrastructures scolaires et la modernisation des programmes afin de mieux préparer les jeunes générations aux défis du monde contemporain.

Enfin, le chef de l’État a souligné la nécessité de restaurer la cohésion nationale après les tensions sociales et politiques récentes. La réconciliation, selon lui, doit passer par la justice et la reconnaissance des souffrances vécues. À ce titre, il a annoncé des mesures de réparation pour les victimes des manifestations populaires, affirmant que « chaque vie perdue, chaque blessure, doit trouver réparation et reconnaissance ».

Vers une nouvelle Constitution et un cadre électoral rénové

Le colonel Michaël Randrianirina a exposé, dans la seconde partie de son discours, la feuille de route institutionnelle de son mandat. À moyen terme, le gouvernement de la Refondation de la République organisera une série d’ateliers inclusifs destinés à élaborer une nouvelle Constitution et une nouvelle loi électorale.

Ces ateliers, ouverts à toutes les forces vives du pays — représentants des partis politiques, organisations de la société civile, syndicats, universitaires et communautés religieuses — auront pour but de redéfinir les fondements de la vie politique malgache. L’objectif affiché est de bâtir un cadre institutionnel stable, transparent et adapté aux réalités du pays.

Le président a insisté sur la dimension participative de ce processus : « Il n’y aura pas de refondation sans la voix du peuple. Chacun doit pouvoir contribuer à la construction de notre avenir commun. » Cette approche vise à restaurer la confiance entre les citoyens et l’État, souvent mise à mal par des décennies de méfiance et de désillusion.

La refonte du cadre électoral figure également parmi les chantiers majeurs. Les crises postélectorales ayant régulièrement plongé le pays dans la tourmente, la mise en place d’une loi électorale consensuelle apparaît comme une condition essentielle à la stabilité future. Le colonel a réaffirmé sa volonté de garantir des élections libres, transparentes et inclusives, sous la supervision d’organismes indépendants.

Cette démarche de refondation constitutionnelle et électorale ambitionne de tourner la page des blocages politiques et d’ouvrir une nouvelle ère démocratique fondée sur la responsabilité, la transparence et la participation citoyenne.

Transparence et austérité : les piliers d’une gouvernance nouvelle

L’un des points centraux du discours présidentiel a concerné la transparence et la rigueur dans la gestion des finances publiques. Le colonel Randrianirina a annoncé une politique d’austérité visant à encadrer les dépenses publiques jugées « excessives et inappropriées ». Cette mesure, selon lui, n’a pas pour but de freiner le développement, mais de recentrer les ressources sur les véritables priorités nationales.

Dans un contexte marqué par des soupçons récurrents de mauvaise gestion et de corruption, le président a promis une refonte totale du système de contrôle budgétaire et la mise en place d’un mécanisme de suivi citoyen. Les rapports financiers de l’État devront désormais être rendus publics à intervalles réguliers, afin de renforcer la confiance du peuple envers ses institutions.

Il a également promis une lutte sans compromis contre les auteurs du pillage des richesses nationales. Les enquêtes en cours concernant certaines sociétés d’exploitation minière et forestière devraient, selon ses propos, déboucher sur des sanctions exemplaires. Cette fermeté vise à envoyer un signal fort : l’ère de l’impunité est révolue.

Par ailleurs, le colonel a souligné l’importance d’une gestion éthique de la fonction publique. La refonte administrative qu’il appelle de ses vœux passera par la modernisation des structures étatiques, la digitalisation des services publics et une meilleure formation des fonctionnaires. La méritocratie devra primer sur les relations clientélistes ou politiques, a-t-il affirmé.

La réforme de la gouvernance économique s’accompagnera d’une rationalisation des dépenses de l’État. Le président souhaite ainsi réduire les coûts liés au train de vie des institutions, tout en orientant les fonds économisés vers les programmes sociaux et le développement local. Une politique d’austérité certes rigoureuse, mais présentée comme nécessaire pour rétablir la confiance et la stabilité macroéconomique.

Le respect des droits fondamentaux comme boussole de l’action présidentielle

Dans un contexte où la population aspire à plus de justice et de liberté, le colonel Randrianirina a tenu à affirmer son attachement aux droits fondamentaux. Il s’est engagé à garantir la liberté d’expression, la liberté de la presse, ainsi que la protection des droits civiques et politiques de chaque citoyen.

« Nous ferons respecter les droits fondamentaux de chaque individu, en particulier le droit à la liberté d’expression », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’un dialogue constant entre le pouvoir et la société civile. Cette déclaration vise à rassurer les observateurs internationaux et les défenseurs des droits humains, souvent inquiets face aux dérives autoritaires observées par le passé.

Le nouveau président a également évoqué la situation des victimes des récentes manifestations populaires. Il a promis qu’une commission indépendante sera chargée d’évaluer les préjudices subis et de proposer des mesures de réparation équitables. Ce geste, symbolique et politique, s’inscrit dans une volonté de réconciliation nationale.

Par ailleurs, le chef de l’État a souligné la place essentielle de la jeunesse et des femmes dans la refondation nationale. Il a annoncé la création de programmes destinés à encourager leur participation active à la vie publique, politique et économique. Pour lui, aucune refondation ne peut réussir sans une société inclusive et solidaire.

Enfin, le colonel a appelé à un sursaut collectif fondé sur la discipline, la solidarité et le patriotisme. Dans ses mots, « la reconstruction d’un pays ne peut être l’œuvre d’un seul homme, mais celle d’un peuple uni par une même volonté de progrès ».

Une transition politique sous haute surveillance

Si la cérémonie d’investiture marque une nouvelle étape institutionnelle, elle ouvre aussi une période d’observation intense de la part de la communauté internationale. Les partenaires de Madagascar, notamment l’Union africaine, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et les Nations unies, ont salué la promesse de stabilité et de transparence. Toutefois, ils ont rappelé la nécessité de respecter les engagements pris en matière de démocratie et de droits humains.

Sur le plan intérieur, les réactions sont partagées. Les partisans du colonel Randrianirina voient en lui un homme de rigueur, capable de restaurer l’ordre et la confiance dans les institutions. D’autres, plus sceptiques, s’interrogent sur la capacité réelle du nouveau pouvoir à rompre avec les pratiques du passé.

Les défis qui attendent la nouvelle équipe gouvernementale sont nombreux. Outre la gestion des urgences sociales et économiques, la mise en œuvre des réformes institutionnelles nécessitera un large consensus. Le risque de tensions politiques, notamment autour de la révision constitutionnelle, demeure réel.

Néanmoins, la nomination du colonel Randrianirina à la tête de la Refondation de la République semble incarner une volonté de rupture avec les logiques de pouvoir traditionnelles. Le ton de son discours, à la fois ferme et apaisant, témoigne d’une ambition : replacer l’État au service du peuple et non l’inverse.

Conclusion : un tournant décisif pour Madagascar

L’investiture du colonel Michaël Randrianirina marque le début d’une ère que beaucoup espèrent transformative. Le projet de refondation annoncé, s’il se concrétise, pourrait redéfinir en profondeur le visage politique, économique et social du pays.

Madagascar, souvent cité comme un géant aux pieds d’argile, a devant lui une occasion rare de réinventer son modèle de gouvernance. La route sera longue et semée d’obstacles, mais la promesse d’un État plus juste, plus transparent et plus proche de ses citoyens rallume l’espoir dans les cœurs.

Le serment du colonel Randrianirina à Ambohidahy n’était pas seulement un acte protocolaire : il portait en lui l’écho d’un engagement solennel envers une nation tout entière. À travers ses mots, c’est un nouveau contrat moral qui semble se dessiner entre l’État et le peuple. Reste désormais à transformer ces promesses en actes concrets, à faire de la refondation une réalité vivante, au service de la République et de ses citoyens.

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