Les mannequins les plus célèbres du monde : un top 10 qui a façonné la mode

Au-delà des podiums, des flashs et des campagnes publicitaires, certains mannequins sont devenus de véritables figures de la culture populaire. Ils ne se contentent plus de porter les vêtements imaginés par les grandes maisons : ils incarnent une époque, imposent des tendances, influencent les réseaux sociaux, s’engagent pour des causes et bâtissent de véritables empires personnels. Le mot supermodel, né dans les années 1980, ne désigne plus seulement une carrière, mais un statut presque mythologique.

Établir un classement des mannequins les plus célèbres revient presque à raconter une histoire parallèle du monde contemporain : celle des corps, des images, du luxe, mais aussi des luttes pour la diversité et la représentation. Car ces figures sont à la fois des produits d’une industrie et des personnalités à part entière, souvent admirées, parfois critiquées, toujours scrutées.

Le top 10 qui suit n’a pas la prétention d’être définitif. Il se fonde sur plusieurs critères : renommée internationale, longévité de la carrière, impact culturel, influence médiatique et capacité à dépasser le cadre strict de la mode pour toucher le grand public. On y retrouve des icônes des années 1990, des figures de la génération Victoria’s Secret, mais aussi des stars issues de l’ère Instagram.

Dans cet article, il ne s’agit pas seulement d’aligner des noms connus, mais de comprendre comment et pourquoi ces mannequins ont marqué leur temps. Qui sont-ils ? Comment ont-ils accédé à ce statut singulier ? Et que nous disent-ils de notre société, de nos goûts et de nos contradictions ?

Quand les mannequins deviennent des stars mondiales

Pendant longtemps, le mannequin était un visage interchangeable, un support anonyme au service des couturiers. Le nom de la maison comptait davantage que celui de la personne qui défilait. À partir des années 1980, cette logique se renverse progressivement. Les magazines, la télévision puis les chaînes d’information et les talk-shows vont propulser certains visages sur le devant de la scène. Les mannequins cessent d’être invisibles pour devenir des célébrités, parfois aussi connues que les acteurs ou les chanteurs.

La formule des supermodels des années 1990 – ces femmes dont on disait qu’elles ne sortaient pas du lit pour moins de 10 000 dollars – marque une rupture profonde. Naomi Campbell, Cindy Crawford, Claudia Schiffer ou encore Linda Evangelista ne se contentent plus de défiler. Elles sont invitées sur les plateaux, interviewées sur leur vie privée, sollicitées pour des contrats publicitaires qui dépassent largement la mode. Elles deviennent des marques à part entière, leurs noms se transforment en labels de glamour et de succès.

Avec l’arrivée des années 2000, une nouvelle mutation se produit. Les anges de Victoria’s Secret, puis les collaborations avec les chaînes de prêt-à-porter, transforment le mannequinat en spectacle global. Les défilés deviennent des shows télévisés, largement diffusés et commentés. Le public s’attache autant aux personnalités qu’aux pièces de lingerie exposées sur scène. Gisele Bündchen, Adriana Lima ou Heidi Klum s’imposent comme des visages familiers, même pour ceux qui ne suivent pas la haute couture.

Enfin, dans la dernière décennie, les réseaux sociaux ont rebattu les cartes. Les agences ne sont plus les seules portes d’entrée : une présence massive sur Instagram ou TikTok peut accélérer une carrière. Des mannequins comme Gigi et Bella Hadid construisent leur image autant sur les podiums que dans leur feed. Les campagnes de mode, les contenus sponsorisés et les prises de parole engagées circulent simultanément, créant un mélange inédit de marketing, de storytelling et d’intimité affichée.

Ce contexte explique pourquoi certains mannequins ont acquis une notoriété qui dépasse largement le cercle des passionnés de mode. Ils sont devenus des silhouettes familières, des noms que tout le monde ou presque connaît, même sans pouvoir citer une seule collection à laquelle ils ont participé. C’est cette hyper-visibilité que reflète notre top 10.

Le top 10 des mannequins les plus célèbres au monde

Il est difficile de condenser plusieurs décennies d’histoire de la mode en dix noms seulement. Mais ces dix mannequins ont en commun d’avoir franchi un seuil de notoriété rarement atteint dans leur profession, et d’avoir marqué durablement l’imaginaire collectif.

1. Naomi Campbell, l’icône indétrônable

Naomi Campbell incarne à elle seule l’idée de supermodel. Repérée à la fin des années 1980, elle s’impose très vite comme l’une des figures dominantes des podiums internationaux. Elle devient l’une des rares mannequins dont le simple prénom suffit à être reconnue. Les journalistes la décrivent régulièrement comme l’une des supermodels les plus influentes de l’histoire, notamment pour son rôle dans la mode des années 1980 et 1990.

Au-delà de sa démarche autoritaire et de sa présence magnétique, Naomi Campbell occupe aussi une place particulière dans l’histoire de la représentation. Elle est la première femme noire à faire la une de certains grands magazines de mode et de titres prestigieux, brisant des barrières dans un milieu longtemps dominé par des canons de beauté très homogènes.

Son parcours ne se limite pas au mannequinat. Naomi Campbell apparaît au cinéma, dans des clips musicaux, à la télévision, et devient une personnalité incontournable des tapis rouges. Son tempérament, parfois controversé, contribue paradoxalement à sa légende. Aujourd’hui encore, elle est invitée en tant que mentor et figure tutélaire dans des émissions dédiées à la mode et au stylisme, preuve que son aura dépasse largement sa génération.

2. Kate Moss, l’anti-supermodel devenue icône

À l’opposé de l’image glamazon de certaines de ses contemporaines, Kate Moss s’impose au début des années 1990 avec une silhouette frêle et une attitude désinvolte. Découverte à l’adolescence, elle explose grâce à des campagnes très commentées, notamment pour Calvin Klein, qui font d’elle le visage de la tendance dite heroin chic.

Cette esthétique, jugée dérangeante par certains, propulse pourtant Kate Moss au rang d’icône. Elle incarne une forme de beauté imparfaite, grunge, plus proche de la rue que des défilés ultra sophistiqués. Son style personnel, mélange de pièces de créateurs et de vêtements vintage, inspire durablement la mode des années 1990 et 2000. De nombreuses analyses de son parcours soulignent sa capacité à transformer les controverses en capital symbolique, renforçant son aura de figure rebelle et insaisissable.

Au fil du temps, Kate Moss ne se contente plus de poser : elle lance sa propre ligne de vêtements, collabore avec de grandes marques, devient directrice artistique et muse pour des créateurs. Sa carrière, loin de s’essouffler, s’étend sur plus de trois décennies, un exploit rare dans un milieu réputé impitoyable avec l’âge. Son influence continue se mesure aux innombrables éditoriaux qui la citent comme référence de style.

3. Cindy Crawford, le visage de l’Amérique des années 1990

Le grain de beauté au-dessus de la lèvre est devenu sa signature. Cindy Crawford incarne pour beaucoup l’idéal du supermodel américain des années 1990 : sportive, solaire, à la fois accessible et glamour. Présente sur une multitude de couvertures de magazines, de publicités télévisées et de vidéos de fitness, elle dépasse très vite le cercle de la haute couture pour toucher le grand public.

Cindy Crawford est aussi l’un des premiers mannequins à capitaliser largement sur son image. Elle multiplie les contrats avec des marques grand public, de la boisson gazeuse aux lignes de cosmétiques, et devient une figure familière pour des millions de téléspectateurs dans le monde. Les clips vidéo, les campagnes télévisées diffusées lors d’événements sportifs ou les affiches publicitaires contribuent à construire un personnage reconnaissable immédiatement.

Son parcours annonce déjà une tendance qui se généralisera plus tard : le mannequin comme entrepreneuse. Cindy Crawford se lance dans des programmes de remise en forme, puis dans des gammes de produits de beauté et des projets immobiliers. Elle prépare aussi sa succession symbolique, avec une fille elle-même devenue mannequin. Ainsi, sa notoriété se transmet presque comme un héritage dans l’univers de la mode.

4. Claudia Schiffer, la Barbie allemande devenue légende

Claudia Schiffer, souvent décrite à ses débuts comme une poupée vivante, incarne l’idéal glamour de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Sa chevelure blonde, ses yeux clairs et sa silhouette longiligne en font un visage privilégié des grandes maisons européennes, du prêt-à-porter au luxe le plus exclusif.

Très vite, elle devient l’un des visages les plus demandés pour les campagnes internationales. Elle prête son image à des marques de haute couture, mais aussi à des produits plus grand public, ce qui amplifie sa visibilité. Comme ses consœurs, elle multiplie les couvertures de magazines et apparaît dans des publicités télévisées qui marquent une génération.

Claudia Schiffer incarne également la dimension transnationale du mannequinat moderne. Allemande, elle s’impose à Paris, à Milan, à New York, en Asie, montrant que l’industrie de la mode est déjà un marché globalisé. Son image est associée à l’idée d’un glamour européen classique, élégant et sophistiqué, qui continue d’inspirer les créateurs. Même après avoir progressivement réduit ses apparitions sur les podiums, elle reste une invitée de choix lors des grands événements de la mode.

5. Gisele Bündchen, la supermodel de l’ère globale

Au tournant des années 2000, Gisele Bündchen arrive comme un vent nouveau. Brésilienne, athlétique, souriante, elle rompt avec l’esthétique plus sombre des années précédentes. Très vite, elle s’impose comme l’un des mannequins les mieux payés du monde et l’un des visages les plus reconnaissables de l’industrie.

Son rôle de figure emblématique d’une célèbre marque de lingerie en fait une star planétaire. Elle est régulièrement citée comme l’un des plus grands mannequins de tous les temps et contribue à mettre fin à la tendance heroin chic, en remettant à la mode une image plus saine et sportive.

Gisele Bündchen dépasse aussi largement le cadre du mannequinat. Elle s’engage pour l’environnement, soutient des projets liés à la protection des forêts et de l’eau, produit des documentaires sur l’écologie et utilise sa notoriété pour sensibiliser à des enjeux climatiques globaux. Son parcours illustre l’évolution du rôle des mannequins : désormais, il ne s’agit plus seulement de représenter une marque, mais aussi de porter des messages et de défendre des causes.

6. Tyra Banks, du podium au plateau de télévision

Tyra Banks connaît une trajectoire singulière : celle d’un mannequin qui devient, à part entière, une personnalité du petit écran. Elle se fait d’abord remarquer en tant que mannequin de défilé et de lingerie, notamment pour des marques de prêt-à-porter et de lingerie qui misent sur son énergie et son sourire. Rapidement, elle multiplie les couvertures de magazines, en particulier aux États-Unis, et s’impose comme l’un des visages incontournables de la mode des années 1990 et 2000.

Mais c’est surtout sa reconversion qui la distingue : Tyra Banks crée, produit et anime une émission de télé-réalité consacrée à la recherche de nouveaux talents dans le mannequinat. Ce programme, décliné dans de nombreux pays, contribue à démocratiser les coulisses du monde de la mode, tout en la propulsant au rang de star télévisuelle. Elle y aborde aussi les questions de confiance en soi, de diversité et d’acceptation des corps.

Parallèlement, elle se lance dans des activités de production, d’écriture et d’enseignement, donnant des cours sur le personal branding. Tyra Banks incarne ainsi la figure de la mannequin entrepreneuse à l’ère des médias de masse, capable de transformer son expérience de podium en empire médiatique durable.

7. Adriana Lima, l’ange intemporel

Adriana Lima est indissociable, pour beaucoup, du défilé annuel d’une célèbre marque de lingerie. Pendant près de deux décennies, elle en est l’un des visages les plus emblématiques, à tel point que sa présence devient un événement en soi. Ses apparitions spectaculaires, ses tenues ornées d’ailes et de bijoux, ses interviews en coulisses font d’elle une star reconnue bien au-delà du public intéressé par la haute couture.

Sa longévité est l’un des traits les plus remarquables de sa carrière. Dans un milieu où la rotation des visages est considérable, Adriana Lima parvient à rester, année après année, au premier plan. Sa popularité est renforcée par sa forte présence dans les campagnes publicitaires, les parfums, les lignes de maquillage et les réseaux sociaux, où elle partage adoptant une image de sportive, de mère et de femme d’affaires.

Elle représente aussi la puissance de l’école brésilienne du mannequinat, qui fournit à l’industrie internationale de nombreux visages depuis les années 1990. Comme Gisele Bündchen, Adriana Lima contribue à installer l’idée d’un glamour énergique, chaleureux, moins distant que celui des supermodels de la décennie précédente.

8. Heidi Klum, l’ambassadrice médiatique

Heidi Klum est un autre exemple de mannequin passé maître dans l’art de la reconversion médiatique. Originaire d’Allemagne, elle construit d’abord sa carrière sur les podiums et les éditoriaux, avant de se faire connaître d’un très large public grâce à la lingerie et aux calendriers. Sa notoriété se consolide en Europe comme aux États-Unis, où elle multiplie les contrats publicitaires.

Mais c’est son rôle d’animatrice et de productrice qui va faire d’elle un nom véritablement incontournable. À la tête d’émissions de télé-réalité consacrées à la mode et au stylisme, elle accompagne de jeunes créateurs, commente leurs créations, discute des tendances avec des jurés et des stylistes. Ce statut de présentatrice exige une personnalité forte, un sens de la formule, une capacité à s’adresser directement au téléspectateur.

Heidi Klum illustre ainsi une évolution importante : le mannequin ne se contente plus d’être photographié, il parle, juge, forme, conseille. Il devient un personnage récurrent de la télévision, parfois plus connu pour ses émissions que pour ses campagnes de mode. Cette hybridation des rôles reflète la convergence entre l’industrie de la mode, le divertissement et la téléréalité.

9. Gigi Hadid, la star de l’ère Instagram

Gigi Hadid appartient à une génération de mannequins pour qui les réseaux sociaux sont indissociables de la carrière. Fille d’ancienne mannequin et de personnalité télévisuelle, elle grandit sous le regard des caméras avant même de monter sur les podiums. Très vite, ses défilés pour les grandes maisons et ses couvertures de magazines sont largement relayés sur Instagram, où elle rassemble des dizaines de millions d’abonnés.

Ce double statut – mannequin et influenceuse – redéfinit les rapports de force dans l’industrie. Gigi Hadid ne dépend pas seulement des campagnes officielles pour exister médiatiquement ; elle contrôle elle-même une partie de son image via ses comptes personnels. Elle y partage des moments de défilés, des coulisses de séances photo, mais aussi des scènes de vie quotidienne, qui nourrissent un sentiment de proximité avec ses admirateurs.

Son style, mêlant streetwear, luxe et touches sportives, influence une génération de jeunes consommateurs. Les collaborations qu’elle signe avec de grandes marques de prêt-à-porter ou de sport se vendent souvent très rapidement, preuve que son nom est devenu un argument commercial en soi. Dans ce contexte, le mannequinat se confond avec un ensemble plus vaste d’activités de communication et de co-création.

10. Bella Hadid, l’égérie engagée et récompensée

Sœur cadette de Gigi, Bella Hadid aurait pu rester dans l’ombre. Elle s’en détache pourtant par un univers visuel plus sombre, plus sophistiqué, et par une carrière qui s’affirme rapidement dans le luxe. Les maisons de haute couture et de prêt-à-porter haut de gamme la choisissent pour leurs défilés et campagnes, séduites par sa silhouette anguleuse et son regard intense.

Sa consécration professionnelle se traduit notamment par des récompenses. Elle est notamment nommée mannequin de l’année lors d’une grande cérémonie organisée à Londres en 2022, une distinction qui souligne le regard positif porté par l’industrie sur son travail.

Bella Hadid se distingue aussi par ses prises de position sur les réseaux sociaux. Elle y parle de santé, de questions politiques et de sujets de société, assumant un ton parfois engagé. Son influence dépasse donc la simple promotion de produits de luxe ; elle participe à la conversation publique, dans un contexte où les frontières entre vie privée, activisme et marketing sont de plus en plus floues.

En l’espace de quelques années, Bella Hadid est devenue l’un des visages les plus commentés de la mode contemporaine, au point d’être perçue comme l’héritière, dans une version numérique, des supermodels historiques : omniprésente, immédiatement reconnaissable, mais aussi plus accessible et plus vulnérable, puisque constamment exposée aux réactions du public en ligne.

L’impact culturel et économique des supermodels

Ces dix mannequins ne se contentent pas de prêter leurs visages et leurs corps à des vêtements. Ils participent à un écosystème économique colossal. Un visage bien choisi peut faire exploser les ventes d’un parfum, d’un sac, d’une paire de chaussures. L’association entre une marque et une icône de la mode n’est pas un simple détail esthétique : c’est une stratégie commerciale structurante.

À partir des années 1990, des magazines économiques commencent à publier des classements des mannequins les mieux payés, révélant des chiffres qui rivalisent parfois avec ceux des acteurs ou des sportifs. Gisele Bündchen, par exemple, est régulièrement citée comme l’un des mannequins les plus riches et les plus influents du monde, grâce à des contrats très lucratifs et à des investissements diversifiés.

Cette dimension financière nourrit à la fois fascination et critiques. Fascination, parce que l’idée qu’un visage et une démarche puissent générer de tels revenus paraît, de l’extérieur, presque irréelle. Critiques, parce que ces sommes et ce luxe ostentatoire semblent parfois déconnectés des réalités sociales. Les supermodels deviennent ainsi, malgré eux, un symbole des inégalités et des excès d’un système où l’apparence est largement monétisée.

Mais l’impact de ces mannequins n’est pas seulement économique. Ils participent aussi à la construction de normes esthétiques. Pendant longtemps, ces normes étaient extrêmement restrictives : minceur extrême, taille précise, absence presque totale de diversité ethnique ou corporelle. Les supermodels historiques ont contribué à figer ces standards, même si certaines, comme Naomi Campbell, ont aussi permis de les élargir en termes de couleur de peau.

Depuis une dizaine d’années, l’industrie est poussée à évoluer. Les critiques sur la promotion de modèles corporels irréalistes, les témoignages sur les troubles alimentaires, les campagnes menées par des associations et des personnalités ont obligé les marques à s’interroger. De plus en plus, des mannequins aux morphologies variées, issus de cultures différentes, sont mis en avant. Cette diversité reste encore loin d’être parfaite, mais elle progresse.

Dans cette transformation, les mannequins jouent un rôle complexe. Certains s’engagent ouvertement pour plus d’inclusivité et utilisent leur notoriété pour soutenir des campagnes ou des organisations. D’autres incarnent encore, par leur silhouette et leur carrière, la persistance de critères très sélectifs. Le top 10 présenté ici reflète cette tension : il mêle des icônes d’un âge d’or de la mode à des figures plus récentes, confrontées à des attentes nouvelles.

Mannequins et réseaux sociaux : une nouvelle ère de visibilité

Si Naomi Campbell, Cindy Crawford ou Claudia Schiffer ont bâti leur aura via les magazines, les défilés télévisés et les spots publicitaires, la génération Hadid évolue dans un environnement totalement différent. Les réseaux sociaux ont bouleversé le rapport entre les mannequins, les marques et le public. Aujourd’hui, une photographie postée sur Instagram par une star de la mode peut toucher, en quelques minutes, des millions de personnes.

Cette nouvelle donne offre aux mannequins un pouvoir inédit sur leur image. Là où les générations précédentes dépendaient presque entièrement des choix éditoriaux des magazines et des agences, les mannequins contemporains peuvent raconter eux-mêmes leur histoire. Ils peuvent publier leurs coulisses, leurs moments de doute, leurs engagements personnels, mais aussi négocier directement des contrats de placement de produits ou de co-création de collections.

En même temps, cette hyper-visibilité a un coût. Les mannequins sont exposés en permanence aux commentaires, aux critiques, aux comparaisons. Leur apparence, leurs prises de position, leurs relations personnelles deviennent des sujets de débat public. La frontière entre vie professionnelle et vie privée, déjà fragile à l’époque des tabloïds, semble désormais presque inexistante. La notoriété se vit presque en direct, dans un flux continu d’images et de réactions.

Pour les marques, les mannequins les plus célèbres deviennent des partenaires stratégiques à long terme. Gigi et Bella Hadid, par exemple, ne sont pas seulement des visages de campagnes : elles co-signent des collections, participent à des lancements, multiplient les apparitions en événements, tout en relayant ces opérations sur leurs comptes personnels. La valeur ajoutée d’un mannequin ne se mesure plus seulement en termes de démarche ou de photogénie, mais aussi en nombre d’abonnés, en taux d’engagement et en capacité à susciter des tendances.

Ce contexte modifie aussi les critères de sélection. L’industrie continue à rechercher des silhouettes spécifiques pour les podiums, mais elle est également attentive à la personnalité numérique des modèles : ce qu’ils représentent, ce qu’ils racontent, la manière dont ils s’expriment. Le mannequin est désormais, pour partie, un storyteller, un micro-média à lui tout seul.

Un miroir des évolutions de société

En regardant ce top 10, on lit aussi en filigrane l’histoire de notre rapport au corps, à la célébrité et à l’image. Les supermodels des années 1990, souvent perçues comme inaccessibles, presque divines, incarnent une époque où la star était mise à distance, contemplée de loin. Les mannequins de l’ère numérique, eux, jouent davantage sur la proximité, la confession, l’illusion d’une relation directe avec le public.

Le parcours de Naomi Campbell révèle à quel point la question de la représentation raciale a été, et reste, un enjeu majeur dans la mode. Celui de Kate Moss montre comment un physique considéré comme atypique peut, avec le soutien de certains créateurs, redéfinir ce qui est jugé désirable. Celui de Gisele Bündchen illustre la montée en puissance des mannequins comme porte-voix de causes environnementales et humanitaires. Bella Hadid, enfin, symbolise l’époque où la santé mentale, la maladie et les engagements politiques s’expriment ouvertement sur les réseaux sociaux.

Ces trajectoires, aussi différentes soient-elles, ont en commun d’être intimement liées aux transformations médiatiques de leur époque. À chaque génération, les mannequins les plus célèbres ont dû apprivoiser de nouveaux outils, de nouveaux formats, de nouvelles contraintes. Elles et ils ont appris à jouer avec les caméras, les objectifs, puis les smartphones, les stories, les lives.

Cependant, ce miroir n’est pas neutre. La valorisation extrême de certains corps et la mise à l’écart d’autres silhouettes ont contribué à des normes parfois oppressantes, notamment pour les jeunes. Les campagnes qui, aujourd’hui, tentent de promouvoir la diversité et l’acceptation de soi doivent composer avec ce lourd héritage. Les supermodels, même lorsqu’elles s’engagent pour plus d’inclusivité, sont souvent perçues comme les emblèmes d’un système qui a longtemps exclu.

L’avenir du mannequinat se jouera peut-être dans cette tension : continuer à faire rêver, à inspirer, à incarner la créativité des marques, tout en intégrant réellement la diversité des corps, des origines et des parcours. Des mannequins plus âgés, plus size, non binaires, issus de régions moins représentées, commencent déjà à émerger dans les castings des grandes maisons. Reste à savoir si, demain, certains d’entre eux accéderont à ce statut d’icône mondiale que détiennent aujourd’hui les membres de notre top 10.

En fin de compte, dresser la liste des mannequins les plus célèbres, c’est moins établir un classement figé que raconter une histoire en mouvement. De Naomi Campbell à Bella Hadid, de la couverture glacée d’un magazine aux stories diffusées en temps réel, ces vies de podiums condensent les espoirs, les contradictions et les obsessions de plusieurs générations. Qu’on les admire, qu’on les critique ou qu’on les questionne, ces figures ont façonné la manière dont notre monde regarde le corps, le style et la célébrité – et elles continueront, sans doute, à le faire encore longtemps.

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