Le 2 février 2025, la présidence algérienne annonce un changement à la tête du ministère des Finances : Abdelkrim Bouzred succède à Laaziz Faïd, dont il est mis fin aux fonctions. Le lendemain, 3 février, il prend officiellement ses fonctions lors d’une cérémonie de passation au siège du ministère, à Alger.
Cette nomination intervient dans une période où les enjeux financiers occupent une place centrale dans l’agenda public : préparation et discussion de la loi de finances, maintien du « caractère social de l’État » régulièrement évoqué par les autorités, nécessité d’encadrer l’investissement public, et recherche d’une croissance plus robuste hors hydrocarbures, alors que les équilibres budgétaires restent sensibles à la conjoncture pétrolière. Au fil de l’année 2025, Abdelkrim Bouzred est notamment associé aux travaux autour du projet de loi de finances 2026, présenté devant les commissions parlementaires, ainsi qu’à des séquences de coopération avec des institutions financières multilatérales et régionales.
Une nomination actée au sommet de l’État et une passation dès le 3 février 2025
Le communiqué officiel annonçant la fin de mission de Laaziz Faïd et la nomination d’Abdelkrim Bouzred situe clairement la décision au niveau de la présidence de la République. Le texte précise que le président Abdelmadjid Tebboune met fin aux fonctions du ministre des Finances et nomme Abdelkrim Bouzred pour lui succéder.
Dès le 3 février 2025, le nouveau ministre « prend ses fonctions » à l’issue d’une cérémonie de passation de pouvoirs tenue au siège du ministère, en présence de directeurs généraux et de cadres. Le ministère des Finances indique qu’à cette occasion, Abdelkrim Bouzred exprime sa gratitude au président de la République pour la confiance accordée en le nommant à la tête de ce secteur.
Ces éléments, factuels et datés, fixent un point de départ net : la transition n’est pas progressive, elle est immédiate. Dans un ministère où l’exécution budgétaire, la gestion du Trésor et la conduite des politiques fiscales exigent une continuité administrative forte, la rapidité de la passation est un marqueur : l’appareil financier doit continuer à fonctionner sans rupture, alors même que l’année 2025 est déjà engagée et que les travaux préparatoires du budget suivant sont, en général, proches de s’ouvrir.
Un profil issu de l’appareil financier de l’État : secrétaire général puis responsabilités liées au Trésor
Avant sa nomination comme ministre, Abdelkrim Bouzred occupe le poste de secrétaire général du ministère des Finances à partir d’octobre 2022, jusqu’à février 2025. Cette information est reprise par plusieurs sources institutionnelles et médiatiques algériennes, qui la présentent comme l’étape immédiatement précédente à son accession au portefeuille ministériel.
Les mêmes sources indiquent également qu’il a exercé des fonctions de direction au sein du ministère, notamment comme directeur général du Trésor et de la Comptabilité (ou de la gestion comptable des opérations financières de l’État, selon les formulations). Ces postes, généralement, placent leur titulaire au cœur du pilotage des flux financiers publics, de la tenue des comptes de l’État et des mécanismes de financement et de règlement.
Au-delà des intitulés, un élément ressort : Abdelkrim Bouzred arrive au ministère en tant que ministre après avoir déjà été installé dans des responsabilités de coordination interne (secrétariat général) et de pilotage de la mécanique du Trésor. Pour la lecture journalistique, cela dessine un profil davantage administratif et technico-financier que politique au sens partisan, même si la fonction ministérielle, en Algérie comme ailleurs, relève d’un arbitrage éminemment politique.
Il faut aussi noter que le ministère des Finances, dans ses communications, situe le rôle du ministre dans un cadre réglementaire plus large : proposer les éléments de la politique financière nationale et veiller à sa mise en œuvre conformément aux lois et règlements. Ce rappel de mission, publié sur le site ministériel (version anglaise), sert de toile de fond à l’action attribuée au titulaire du poste.
Le budget au centre de l’année 2025 : le projet de loi de finances 2026 comme séquence structurante
À l’automne 2025, Abdelkrim Bouzred est en première ligne lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2026. Le 14 octobre 2025, l’Algérie Presse Service (APS) rapporte qu’il présente le PLF 2026 devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN). L’agence indique que le projet « consacre la poursuite du processus de développement » et vise la satisfaction des besoins du citoyen et de l’économie nationale.
Dans la même période, d’autres comptes rendus relaient les objectifs affichés : soutenir le pouvoir d’achat, améliorer le cadre de vie, contribuer au renforcement de l’économie nationale, et assurer l’approvisionnement du marché en produits de base. Ces éléments, présentés comme des axes du PLF 2026 lors de l’examen parlementaire, reviennent dans les reprises de dépêches et les revues de presse institutionnelles.
La discussion se prolonge ensuite au Conseil de la nation (chambre haute). Fin novembre 2025, l’APS indique qu’Abdelkrim Bouzred présente le texte de loi de finances 2026 devant la Commission des affaires économiques et financières du Conseil de la nation, en soulignant des mesures visant à promouvoir l’investissement, soutenir l’économie et renforcer le pouvoir d’achat.
Début décembre, plusieurs médias rapportent une présentation en séance plénière au Conseil de la nation, présidée par Azzouz Nasri, en présence de membres du gouvernement. Cette étape correspond au calendrier habituel d’examen des textes financiers, où la communication gouvernementale insiste sur la cohérence d’ensemble du projet et sur ses paramètres macroéconomiques.
Sur ces paramètres, des articles citent un prix de référence fiscal du baril de pétrole fixé à 60 dollars dans l’élaboration du PLF 2026. Cette donnée revient dans plusieurs reprises médiatiques et constitue un repère important, puisque l’architecture budgétaire algérienne demeure structurellement liée aux recettes d’hydrocarbures.
Côté projections, des comptes rendus de séance attribuent au ministre une anticipation de croissance, notamment un taux de 4,5 % pour 2025, évoqué lors de la présentation du PLF 2026 au Conseil de la nation, avec une comparaison à 2024 dans certaines reprises. Cette projection est rapportée par des médias algériens et s’inscrit dans une narration officielle mettant en avant une dynamique positive portée, selon ces mêmes textes, par l’activité hors hydrocarbures.
Dans l’hémicycle et les commissions, un sujet revient de façon attendue : celui du déficit budgétaire et de sa maîtrise. Un média économique algérien rapporte que le ministre répond aux préoccupations des députés au sujet de l’augmentation du déficit, en soutenant l’idée d’un déficit « maîtrisé » dans le cadre du PLF 2026.
Pour l’observateur, cette séquence budgétaire donne un cadre concret à l’action du ministre : la loi de finances n’est pas seulement un texte comptable, c’est un instrument politique, social et économique. Elle sert à arbitrer entre investissement public, soutien du pouvoir d’achat, priorités sectorielles et contraintes de financement, tout en tenant compte de l’environnement international (croissance mondiale, cours du pétrole), mentionné dans certains comptes rendus.
Diplomatie financière et coopération : banques multilatérales et institutions régionales
Au printemps 2025, Abdelkrim Bouzred apparaît dans plusieurs séquences de coopération avec des institutions financières internationales et régionales. Le ministère des Finances indique par exemple qu’il reçoit, le 6 avril 2025, Muhammed Sulaimane El-Jasser, président du Groupe de la Banque islamique de développement (BID), à l’occasion d’une visite officielle en Algérie. La mention de cette audience figure dans une communication ministérielle qui situe la rencontre dans le cadre des relations avec le groupe de la BID.
Dans un autre registre, un article d’El Moudjahid rapporte une prise de parole du ministre dans le contexte d’événements liés à la BID, où il est question d’engagement et de coopération. Sans entrer dans une multiplication de citations, ce type de séquence illustre la dimension extérieure du ministère des Finances : attirer des financements, structurer des partenariats, et positionner le pays dans les forums où se discutent l’investissement et le développement.
Par ailleurs, des revues de presse du ministère des Finances évoquent un déplacement du ministre au Koweït, en avril 2025, pour participer aux réunions annuelles communes des institutions financières arabes, avec une délégation incluant des représentants de la Banque d’Algérie. L’information, présentée comme un agenda officiel, souligne la coordination entre autorités budgétaires et autorités monétaires sur les dossiers extérieurs.
Ces rendez-vous, souvent techniques, jouent un rôle politique implicite : dans un contexte où les pays cherchent à diversifier leurs sources de financement et à sécuriser des partenariats, la présence du ministre des Finances dans ce type de réunions signale une volonté d’inscription dans des réseaux financiers régionaux et multilatéraux. Elle sert aussi, dans la communication publique, à montrer que la trajectoire budgétaire nationale s’articule à des échanges et à des standards qui dépassent le cadre strictement interne.
Conformité financière et lutte contre les risques : le dossier blanchiment et financement du terrorisme
Un autre volet de l’activité ministérielle, moins visible dans le débat quotidien mais central pour les relations financières internationales, concerne la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et, plus largement, la conformité aux normes internationales.
Début mars 2025, des sources relayées dans des revues de presse institutionnelles indiquent qu’Abdelkrim Bouzred préside une session extraordinaire du Comité national d’évaluation des risques liés au blanchiment d’argent, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes de destruction massive. La réunion est présentée comme se tenant au siège du ministère des Finances, avec la participation de responsables et membres concernés.
Ce type de réunion s’inscrit dans un cadre plus large, celui des dispositifs nationaux d’évaluation des risques et des stratégies de prévention. Des publications officielles liées aux organes compétents mentionnent des documents de stratégie et des synthèses d’évaluation nationale des risques sur la période récente (2024-2026), indiquant que le sujet est structuré par une planification et des rapports.
Pourquoi ce dossier compte-t-il autant, au-delà de la dimension sécuritaire ? Parce qu’il conditionne l’image du système financier, les relations bancaires internationales et, dans certains cas, la fluidité des échanges. Dans le discours public, l’accent mis sur « l’accélération » des réformes et la conformité aux standards est souvent lu comme un signal envoyé aux partenaires et aux institutions qui évaluent la robustesse des dispositifs nationaux.
Dans cette perspective, l’implication du ministre des Finances, à travers la présidence de réunions de haut niveau, donne un caractère politique à un chantier souvent perçu comme technocratique. Elle indique que le sujet n’est pas laissé aux seules administrations spécialisées : il devient un enjeu de pilotage ministériel, avec un impact potentiel sur l’attractivité financière et la crédibilité du cadre réglementaire.
Entre impératifs sociaux, investissement public et contraintes de financement : les équilibres à tenir
Au fil des séquences rapportées en 2025, deux lignes de force se dégagent dans la manière dont est présenté le rôle d’Abdelkrim Bouzred : préserver une orientation sociale tout en soutenant l’investissement et la croissance, et cadrer ces objectifs dans un environnement contraint par les équilibres budgétaires et la dépendance aux hydrocarbures.
D’une part, la présentation du PLF 2026 est explicitement associée, dans plusieurs comptes rendus, au soutien du pouvoir d’achat et à l’amélioration du cadre de vie. Cette insistance rejoint un leitmotiv politique visible dans les débats publics : la volonté de maintenir la dimension sociale des politiques publiques.
D’autre part, l’investissement public est présenté dans certains articles comme une priorité budgétaire, avec des enveloppes et des axes sectoriels évoqués (infrastructures, hydraulique, agriculture, logement, emploi productif). Ces éléments apparaissent dans des reprises de déclarations attribuées au ministre lors de discussions budgétaires, montrant comment l’investissement est mis en scène comme moteur de développement et de relance.
Mais ces priorités se heurtent à une question structurante : comment financer, sans dégrader excessivement les équilibres ? C’est là qu’intervient le débat sur le déficit budgétaire, que le ministre est amené à commenter face aux parlementaires, selon un média spécialisé. Le terme de « déficit maîtrisé » rapporté dans ce contexte n’est pas neutre : il vise à répondre à une inquiétude récurrente dès qu’un budget augmente les dépenses ou maintient des mécanismes de soutien.
L’autre contrainte, plus macroéconomique, réside dans les hypothèses pétrolières. Le fait que le PLF 2026 soit élaboré sur la base d’un prix de référence fiscal de 60 dollars le baril, rapporté par plusieurs sources, rappelle que l’architecture budgétaire se protège souvent par des hypothèses prudentes, distinctes des prix de marché. C’est un mécanisme fréquent dans les pays producteurs : fixer une hypothèse de prudence pour limiter l’effet des variations et cadrer les recettes attendues. Sur ce point précis, ce qui est rapporté est l’existence de l’hypothèse et son niveau, pas la totalité des arbitrages internes qui l’accompagnent.
Enfin, la narration autour de la croissance « hors hydrocarbures » occupe une place importante dans les discours rapportés. Des articles attribuent au ministre des projections pluriannuelles et l’idée d’une dynamique alimentée par plusieurs secteurs (industrie, agriculture, construction, services). Il s’agit là de projections présentées lors de débats parlementaires, donc de données à lire comme des objectifs et des anticipations officielles, plutôt que comme des résultats déjà acquis.
Au total, l’année 2025 place Abdelkrim Bouzred au carrefour de plusieurs attentes : rassurer sur la conduite du budget, afficher des priorités d’investissement, défendre un cap social, et renforcer la conformité financière du pays, tout en menant la diplomatie économique nécessaire aux partenariats de développement. Ce faisceau d’enjeux est classique pour un ministre des Finances, mais il prend un relief particulier dans un pays où la question des ressources, de l’investissement public et de la stabilité des équilibres est au cœur du débat économique.



