Qui est Abdelhak Saïhin, l’homme politique ?

Le nom d’Abdelhak Saïhi s’est imposé dans l’actualité politique algérienne au gré des remaniements et des dossiers sociaux les plus sensibles. Son parcours, tel qu’il est documenté par les sources publiques, renvoie d’abord à un profil de gestionnaire de l’État, habitué aux rouages administratifs, avant de se retrouver propulsé au premier plan sous les projecteurs du gouvernement.

Longtemps, sa trajectoire a été associée à des fonctions de direction et de coordination, notamment dans l’administration sanitaire et dans la formation des cadres de la haute fonction publique. Puis, à partir de septembre 2022, il devient l’un des visages d’un secteur scruté au quotidien par la population : la santé. Il hérite alors d’un portefeuille marqué par l’héritage de la pandémie de Covid-19, par des attentes fortes sur l’hôpital public, et par la question, politiquement explosive, de l’accès aux soins.

Depuis 2025, un nouveau tournant vient confirmer la place qu’il a prise dans l’appareil exécutif : Abdelhak Saïhi a été appelé à occuper le poste de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, à la faveur d’une nouvelle recomposition gouvernementale.

Au-delà des annonces et des discours, comprendre qui est Abdelhak Saïhi implique de revenir sur la continuité de son parcours, sur les fonctions qu’il a occupées, sur les priorités qu’il a défendues publiquement, ainsi que sur la manière dont il s’insère dans la stratégie institutionnelle de l’Algérie, entre politique sociale intérieure et représentation à l’international.

Un parcours d’administrateur au cœur de l’État

Les éléments biographiques disponibles décrivent Abdelhak Saïhi comme un responsable ayant occupé plusieurs postes de direction dans l’administration algérienne avant son entrée au gouvernement. Parmi les fonctions régulièrement citées figurent son passage comme secrétaire général du ministère de la Santé, son rôle de directeur de l’École nationale d’administration (ENA) et sa présidence de l’Observatoire national du service public (ONSP).

Concernant l’ENA, des dépêches reprises par plusieurs médias font état de son installation, en janvier 2016, au poste de directeur général de l’École nationale d’administration, lors d’une cérémonie supervisée par le ministre de l’Intérieur de l’époque. Cette étape est notable, car l’ENA occupe une place stratégique dans la production des cadres supérieurs appelés à occuper des postes dans l’administration centrale et territoriale.

Son nom apparaît également dans des contenus institutionnels liés à l’ONSP. En 2017, des communications publiques le mentionnent comme président de cet observatoire, défendant notamment l’idée d’un portail électronique officiel unifié rassemblant des services publics afin de faciliter l’accès du citoyen à l’information et aux démarches. Cet épisode, antérieur à sa carrière ministérielle, éclaire un axe qui reviendra ensuite dans ses prises de parole : la modernisation administrative et la numérisation du service public.

Enfin, son passage au ministère de la Santé, avant 2022, est documenté par des articles le décrivant comme secrétaire général du ministère. Cette fonction, généralement charnière, consiste à coordonner l’administration centrale, à suivre des dossiers transversaux et à assurer l’articulation entre décisions politiques et exécution bureaucratique.

Ce socle de responsabilités, davantage technico-administratives que partisanes dans les sources consultées, dessine le portrait d’un homme rodé à la gestion publique, appelé à intervenir sur des secteurs où l’État est jugé sur des résultats concrets et rapidement perceptibles.

Septembre 2022 : la Santé comme entrée en politique gouvernementale

La bascule intervient au début du mois de septembre 2022. À l’occasion d’un remaniement ministériel annoncé par la présidence, Abdelhak Saïhi est nommé ministre de la Santé et succède à Abderrahmane Benbouzid. La presse publique et plusieurs titres reprennent alors la prise de fonctions, avec une cérémonie de passation où le nouveau ministre affirme sa détermination à poursuivre l’action sur les axes engagés.

La séquence est politiquement significative. D’une part, la Santé est un portefeuille exposé : il touche directement le quotidien des ménages, l’organisation de l’hôpital public, la disponibilité des médicaments et les tensions sociales liées aux statuts des personnels. D’autre part, son arrivée intervient après une période où le ministère a été au centre d’une gestion de crise sanitaire mondiale, ce qui place le secteur sous une exigence accrue de réorganisation et de consolidation.

Lors de cette prise de fonctions, les comptes rendus de presse évoquent des éléments de continuité : Abdelhak Saïhi remercie son prédécesseur, souligne les efforts accomplis notamment sur des dossiers urgents, et se dit prêt à poursuivre le travail « sur la même voie ». Sur le plan institutionnel, il s’inscrit alors dans le gouvernement dirigé par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune.

Les sources biographiques de synthèse rappellent que son mandat à la Santé commence officiellement le 8 septembre 2022 et s’étend jusqu’à la mi-septembre 2025, date à laquelle il change de portefeuille.

Au fil de cette période, le ministre de la Santé multiplie les déplacements, les réunions de coordination et les interventions publiques, souvent rapportés par la presse nationale, autour de la réforme des urgences, de la gouvernance hospitalière, de la prévention, et de la modernisation des circuits administratifs du secteur.

Les dossiers mis en avant : urgences, prévention, numérisation, sécurité sanitaire

Dans l’espace public, Abdelhak Saïhi a été associé à plusieurs chantiers présentés comme structurants pour le système de santé. L’un des thèmes récurrents est celui des urgences hospitalières, régulièrement pointées comme un nœud de dysfonctionnements et de tensions. Des articles rapportent qu’il a évoqué une réforme en profondeur des urgences, en insistant sur l’ampleur du défi organisationnel et humain que représente ce chantier.

La question des ressources humaines et des statuts apparaît également comme un axe récurrent. Des titres de presse algériens évoquent ses échanges avec des responsables et sa volonté d’accélérer la révision de statuts particuliers et de régimes indemnitaires, sujet central dans un secteur où les rapports avec les syndicats peuvent influer sur la stabilité du service public.

Au-delà des urgences, la prévention et la santé publique sont souvent mises en avant dans les comptes rendus d’événements et de conférences. Abdelhak Saïhi a, par exemple, présenté des éléments sur un plan national multisectoriel de prévention et de lutte contre les maladies non transmissibles couvrant la période 2022-2030, avec des objectifs, des programmes et des actions orientées vers les populations vulnérables, y compris via des interventions dans les écoles, les entreprises et les structures de santé.

L’angle de la sécurité sanitaire et de la chaîne d’approvisionnement en produits de santé figure aussi dans les déclarations rapportées. Lors d’une visite liée à la Pharmacie centrale des hôpitaux, il est notamment question d’un appel à adopter une vision proactive en matière de sécurité sanitaire, dans un contexte où la disponibilité des médicaments et la robustesse logistique sont des enjeux sensibles pour la crédibilité de l’action publique.

Autre axe largement relayé : la numérisation. Elle apparaît à la fois dans son parcours antérieur, lorsqu’il évoquait un portail unifié des services publics à l’ONSP, et dans les discours rapportés sur la modernisation du système de santé. Plusieurs comptes rendus de conférences et d’interventions publiques le citent mettant en avant la digitalisation comme levier de gouvernance, de suivi, et d’amélioration des services.

Enfin, ses interventions s’inscrivent parfois dans des journées mondiales et des agendas internationaux de santé, où les autorités algériennes mettent en avant des progrès ou des engagements. Des articles mentionnent, par exemple, des propos attribués au ministre sur l’engagement à poursuivre des objectifs liés à la santé maternelle et néonatale et à l’accès à des services de prévention et de soins.

Pris ensemble, ces éléments n’offrent pas un programme détaillé au sens partisan du terme, mais dessinent une ligne de communication gouvernementale centrée sur l’amélioration de la prise en charge, la modernisation administrative, la prévention, et la gestion des tensions structurelles de l’hôpital public.

Diplomatie sanitaire : conférences internationales et missions d’émissaire

Le rôle d’Abdelhak Saïhi ne s’est pas limité à la gestion intérieure du ministère. Durant son passage à la Santé, il est aussi présent dans des séquences de représentation internationale, souvent rapportées via des communiqués et des reprises médiatiques.

Des articles indiquent qu’il a pris part à Genève à des travaux liés à l’Assemblée mondiale de la santé, événement annuel majeur du système onusien de santé. Ces présences servent généralement à présenter la stratégie nationale, à défendre des positions dans les résolutions, et à nouer des coopérations techniques.

Dans la même logique, des médias rapportent des rencontres et échanges avec des responsables d’organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé, sur des enjeux communs et les défis des systèmes de santé.

À partir de 2024-2025, son nom apparaît également dans des missions politiques plus larges, où il intervient comme envoyé spécial du président algérien. Des articles indiquent, par exemple, qu’il a été reçu à Antananarivo par le président malgache Andry Rajoelina, dans le cadre de discussions sur le renforcement de la coopération bilatérale.

D’autres comptes rendus font état de rencontres de même nature sur le continent africain, et d’une tournée diplomatique présentée comme s’inscrivant dans une dynamique de renforcement des relations Sud-Sud.

Ces missions, qu’elles soient strictement sanitaires ou plus politiques, contribuent à façonner son image publique : celle d’un ministre mobilisé sur des dossiers internes, mais aussi impliqué dans la projection diplomatique de l’État algérien, notamment en Afrique.

Septembre 2025 : passage au Travail, à l’Emploi et à la Sécurité sociale

Le 15 septembre 2025, Abdelhak Saïhi change de portefeuille et prend ses fonctions comme ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. L’information est relayée à la fois par des canaux institutionnels et par la presse : il succède à Fayçal Bentaleb, dans le cadre de la nomination d’un nouveau gouvernement.

Ce transfert est révélateur de la confiance placée en lui pour des secteurs au cœur de la stabilité sociale : l’emploi, les allocations, les retraites, la sécurité sociale, et plus largement la protection des catégories vulnérables. Dans ses premières déclarations rapportées, il est question de continuité, de renforcement du service public et de volonté d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre gouvernemental.

Sans surprise au regard de son parcours, la modernisation et la transformation numérique réapparaissent comme thèmes de communication. Des articles rapportent qu’il plaide pour accélérer la transformation numérique et simplifier les procédures administratives afin d’améliorer les services rendus aux citoyens, ce qui fait écho à ses positions antérieures sur la modernisation des services publics.

Sur le volet emploi, il est aussi mentionné dans l’ouverture d’une conférence nationale consacrée à l’évaluation de la gestion des allocations chômage et à la mise en place de mécanismes favorisant l’accès aux opportunités professionnelles. Là encore, la séquence indique un déplacement du centre de gravité : du soin et de l’hôpital vers l’emploi et la protection sociale, sans quitter le registre des politiques publiques au plus près des préoccupations quotidiennes.

À ce stade, les informations disponibles dans les sources publiques décrivent donc moins un « homme politique » au sens classique d’un leader partisan, qu’un responsable gouvernemental dont la trajectoire est solidement ancrée dans la haute administration et la conduite de secteurs sociaux stratégiques. Son parcours, marqué par la Santé puis par le Travail et la Sécurité sociale, le place durablement dans la catégorie des ministres exposés : ceux dont l’action est jugée sur la capacité à produire des améliorations concrètes, dans des domaines où les attentes populaires sont immédiates et élevées.

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