Dans le Gabon des années 2020, marqué par des recompositions institutionnelles, des alternances de formats gouvernementaux et une forte attente de normalisation administrative, certains profils ont émergé par leur capacité à naviguer entre la diplomatie et les rouages intérieurs de l’État. Hermann Immongault appartient à cette catégorie. Diplomate de carrière passé par des postes sensibles à l’étranger, technicien des relations internationales, puis membre des derniers gouvernements d’Ali Bongo Ondimba avant d’être maintenu dans l’appareil de transition après le 30 août 2023, il incarne un cheminement singulier, fait de continuités administratives et de changements politiques. À la tête du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et, depuis 2025, de la Décentralisation, il occupe aujourd’hui l’un des portefeuilles les plus exposés : celui qui organise la vie électorale, garantit l’ordre public et pilote une part essentielle du lien entre l’administration centrale et le terrain.
Mais la trajectoire d’Hermann Immongault ne se résume pas à une succession de nominations. Elle raconte, en filigrane, une manière de faire carrière dans l’État gabonais : s’ancrer dans une formation solide, progresser dans la diplomatie, accumuler des expériences de représentation et de négociation, puis assumer des fonctions politiques au moment où le pays entre dans une zone de turbulences. De Lastoursville à Libreville, d’Ankara à Addis-Abeba, des couloirs d’ambassades aux réunions interministérielles, son parcours éclaire une période où la frontière entre continuité administrative et reconfiguration politique est devenue plus visible que jamais.
Une naissance à Lastoursville et un ancrage gabonais avant l’international
Hermann Immongault naît le 30 mai 1972 à Lastoursville, dans la province de l’Ogooué-Lolo, à l’est du pays. Cet ancrage provincial compte dans l’histoire politique gabonaise, longtemps structurée par des équilibres territoriaux et des réseaux administratifs reliant la capitale aux provinces. Son itinéraire scolaire se déroule d’abord au Gabon : il fréquente notamment le Lycée National Léon Mba à Libreville, où il obtient le baccalauréat du second degré au début des années 1990, après le brevet d’études du premier cycle à la fin des années 1980. Ces jalons renvoient à une trajectoire classique d’élève destiné à l’enseignement supérieur, dans un contexte où la formation est déjà un marqueur de sélection pour l’accès aux carrières publiques.
Avant d’embrasser la science politique et les relations internationales, Hermann Immongault suit une formation universitaire en lettres. Il obtient une licence en lettres modernes à l’Université Omar Bongo, entre 1992 et 1996. Ce détour par les humanités n’est pas anodin : il lui donne une base de lecture, d’analyse et d’écriture qui s’avère utile dans les métiers de la diplomatie, où la formulation et la précision des textes, communiqués et notes de position jouent un rôle central. À cette époque, les profils diplomatiques en Afrique francophone combinent souvent un socle littéraire ou juridique avec une spécialisation ultérieure en relations internationales. Immongault s’inscrit dans cette logique : après une première étape gabonaise, il choisit la mobilité académique.
Cette montée en compétence, il la réalise loin du pays. Le Canada devient la scène principale de sa formation en sciences politiques : il suit à l’Université Laval un cursus qui l’amène à obtenir un bachelor en science politique (1996-1999), puis un master en relations internationales (1999-2001). À ce stade, il s’inscrit dans une génération de cadres gabonais formés à l’étranger, capables de manier les références académiques occidentales tout en restant rattachés aux administrations nationales. Ses travaux universitaires, tels qu’ils apparaissent dans son parcours officiel, témoignent d’une attention aux enjeux stratégiques et aux comportements d’État : son mémoire de master porte sur la Turquie dans les crises chypriotes de 1964 à 1974, sujet qui annonce déjà une curiosité pour la géopolitique, les rapports de force régionaux et les logiques de puissance.
Après l’Amérique du Nord, il revient vers la France pour poursuivre la spécialisation. Il obtient un DEA en relations internationales à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), en 2001-2002, avec un mémoire consacré au rôle d’acteurs transnationaux dans l’érosion de la souveraineté des États faibles, à partir d’un cas lié au Gabon et à la compagnie Elf. Le thème, sensible, s’inscrit dans une littérature critique sur les relations entre multinationales, États et ressources. Il témoigne aussi d’une volonté de traiter, dans un cadre académique, des sujets qui touchent à la souveraineté et aux rapports asymétriques. Dans le même temps, son parcours mentionne une première année de thèse (Ph.D.) en science politique à l’Université Laval, sur la période 2001-2002, signe d’une orientation initiale vers la recherche avant un choix plus net pour l’administration.
Dès le début des années 2000, Hermann Immongault suit également des séminaires internationaux : à New York, sur les opérations de maintien de la paix, dans un contexte marqué par les débats sur les interventions et les mandats onusiens ; à Canterbury, sur des thématiques de sécurité liées au terrorisme ; à Tokyo, sur la gestion des ressources humaines gouvernementales dans un cadre de coopération internationale. Ces expériences, souvent mentionnées dans les curricula des hauts fonctionnaires, traduisent une familiarité précoce avec les réseaux de formation internationaux qui structurent les carrières diplomatiques.
Une entrée dans la fonction publique : le ministère des Affaires étrangères comme école de l’État
Le retour au Gabon s’effectue au début des années 2000. En novembre 2003, Hermann Immongault est recruté à la fonction publique pour le compte du ministère des Affaires étrangères. C’est le point de départ d’une carrière qui se construit dans l’appareil administratif, avant la visibilité politique. Il commence à la Direction centrale du personnel, où il exerce entre 2003 et 2005. Cette phase, souvent discrète, est pourtant structurante : elle place un jeune cadre au cœur de la gestion des ressources humaines, des affectations, de l’organisation interne, des règles de carrière. Dans un ministère, comprendre les circuits de décision et les équilibres internes est parfois aussi décisif que maîtriser les dossiers internationaux.
Entre juillet 2005 et 2006, il devient chargé d’études du directeur central du personnel, puis, de 2006 à 2008, chargé d’études du secrétaire général du ministère. La progression est nette : du service à l’assistance directe, puis à la proximité du secrétaire général, pivot administratif d’un ministère. En 2008-2009, il est chargé d’études du directeur général des Affaires étrangères. Cette succession de postes indique une reconnaissance interne, et, surtout, une capacité à travailler sur des dossiers transversaux. Dans les administrations, ces fonctions de chargé d’études et de conseil constituent un sas : elles exposent aux arbitrages, aux urgences, aux relations entre directions, et apprennent à produire des notes rapidement et avec précision.
Parallèlement à ces responsabilités, Hermann Immongault développe une dimension pédagogique. Il est mentionné comme enseignant à l’École nationale d’administration (ENA) et à l’École de préparation aux carrières administratives (EPCA) de Libreville, en 2007-2008, où il dispense un enseignement de méthodologie de la conception pour la section diplomatie. Dans un pays où l’administration est un terrain de socialisation politique, enseigner à des futurs diplomates et cadres publics constitue une forme d’influence : cela signifie être reconnu comme détenteur de méthodes et de compétences valorisées.
Il participe également à des dispositifs de formation interne au ministère des Affaires étrangères, ce qui suggère qu’il n’est pas seulement un exécutant, mais aussi un acteur de diffusion de pratiques. À l’étranger, il prend des responsabilités dans des commissions électorales consulaires : il est rapporteur en Tunisie en 2005, puis rapporteur en France en 2009, dans le cadre des élections présidentielles gabonaises. Ces missions, qui peuvent paraître techniques, touchent à un sujet délicat : l’organisation du vote à l’étranger, la crédibilité des listes, la chaîne de remontée des résultats. Elles préfigurent, à leur manière, le portefeuille de l’Intérieur qu’il exercera plus tard, même si, à cette époque, il opère encore dans le champ diplomatique.
En février 2009, il est nommé premier conseiller à l’ambassade du Gabon en France, au sein de la haute représentation, poste qu’il occupe jusqu’en juillet 2014. La France demeure un partenaire majeur du Gabon, et l’ambassade de Paris est un lieu où se croisent relations politiques, économiques, consulaires et culturelles. Être premier conseiller signifie piloter des dossiers stratégiques, préparer des visites, coordonner des échanges, et représenter l’ambassadeur dans certaines réunions. Cette longue période à Paris renforce sa connaissance des réseaux diplomatiques et de la gestion quotidienne des relations bilatérales.
En 2015, un cap est franchi : Hermann Immongault devient ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Gabon en Turquie, fonction exercée de février 2015 à juin 2017. Ce poste est notable, car Ankara s’affirme alors comme un acteur de plus en plus visible en Afrique, multipliant les ouvertures diplomatiques, les coopérations économiques et les initiatives de présence. Pour le Gabon, comme pour de nombreux États africains, la Turquie représente une diversification des partenariats, au-delà des relations historiques avec l’Europe. En ambassade, l’enjeu est d’identifier des opportunités, de défendre les intérêts nationaux et de construire des canaux de coopération.
En avril 2018, il est nommé ambassadeur en Éthiopie et représentant permanent à l’Union africaine, avec une juridiction mentionnée sur plusieurs organisations et territoires, et il occupe ce poste jusqu’en septembre 2022. Addis-Abeba est un carrefour : siège de l’Union africaine, des institutions régionales, et de multiples rencontres multilatérales. Pour un diplomate, c’est un poste d’influence, où se discutent les positions continentales, les crises, les médiations, et les stratégies communes. Cette période donne à Immongault une expérience multilatérale approfondie, en plus de son profil bilatéral déjà acquis.
Addis-Abeba, l’Union africaine et le multilatéralisme : l’apprentissage du rapport de force
À la mission permanente auprès de l’Union africaine, la diplomatie n’est pas seulement protocolaire : elle est un exercice de coalition, de négociation, de rédaction de textes, de recherche de compromis entre États aux intérêts divergents. Le parcours officiel d’Hermann Immongault mentionne son implication dans le COREP, le Comité des représentants permanents, à travers des sous-comités liés à la coopération multilatérale, aux questions environnementales et au NEPAD. Il en devient rapporteur, vice-président, puis président sur différentes périodes entre 2018 et 2022. Ces responsabilités illustrent une intégration active dans les mécanismes internes de l’organisation continentale.
En février 2019, il est aussi indiqué comme président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au niveau des ambassadeurs. Cette mention est importante, car le Conseil de paix et de sécurité est l’un des organes les plus sensibles de l’Union, chargé des questions de conflits, de médiations et de maintien de la paix. Présider ce conseil, même pour une période conforme aux règles de rotation, implique de diriger des sessions, d’organiser des débats, de gérer des dossiers potentiellement explosifs et d’assurer la formalisation des décisions.
Cette expérience multilatérale intervient dans un moment où l’Afrique fait face à des crises sécuritaires et politiques diverses, et où les organisations régionales cherchent à affirmer leur capacité de réponse. Elle confère à Immongault une connaissance des procédures, des compromis, et des marges de manœuvre réelles de la diplomatie africaine. C’est aussi, en pratique, une formation accélérée à la gestion de l’image publique : chaque déclaration, chaque position, chaque vote peut être interprété comme un alignement ou une rupture, et un représentant permanent doit composer avec ces lectures.
Dans le même temps, cette période le place à la jonction entre international et national. Les représentants permanents sont souvent sollicités pour préparer des sommets, articuler les positions de la présidence nationale, et coordonner avec les administrations centrales. Cela exige un sens aigu de la chaîne hiérarchique, mais aussi une capacité à anticiper les conséquences internes d’une position prise sur la scène multilatérale. Au fil de ces années, Hermann Immongault accumule une expertise à haute densité, qui le rend apte à occuper un poste ministériel lié aux relations extérieures.
En septembre 2022, il quitte Addis-Abeba pour entrer au gouvernement gabonais. La transition est forte : passer d’un rôle de diplomate à celui de membre de l’exécutif, dans un pays où la politique est structurée par des équilibres internes, suppose un changement de posture. Le diplomate peut se retrancher derrière le langage institutionnel ; le ministre, lui, porte directement les choix du gouvernement, et en assume la responsabilité devant l’opinion publique.
Du ministère des Affaires étrangères aux secousses de 2023 : une nomination, puis un tournant
Le 8 septembre 2022, Hermann Immongault est nommé ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères. Le poste de ministre délégué, dans les configurations gouvernementales gabonaises, est souvent un rôle d’appui et de gestion de dossiers spécifiques. Il s’agit d’une entrée politique progressive, qui capitalise sur sa carrière diplomatique et sur sa connaissance des arènes internationales. Cette nomination intervient dans une période où la diplomatie gabonaise doit maintenir des équilibres : relations traditionnelles, diversifications de partenariats, enjeux climatiques et forestiers, place du Gabon dans les organisations régionales.
Le 28 avril 2023, il devient ministre des Affaires étrangères. Cette accession intervient après le décès de Michael Moussa Adamo, précédent titulaire du portefeuille, et après une période d’intérim. À ce moment, Immongault apparaît comme un choix de continuité : un professionnel du secteur, déjà dans l’appareil, pouvant assurer la stabilité d’un ministère dont les missions sont directement liées à l’image internationale du pays. La diplomatie gabonaise, en effet, est aussi un instrument de souveraineté économique, notamment dans les dossiers liés à l’énergie, aux investissements et à la coopération.
Mais le 30 août 2023, le paysage politique gabonais bascule avec le renversement d’Ali Bongo Ondimba par un coup d’État militaire, au lendemain de l’élection présidentielle contestée de cette année-là. Dans cette séquence, les gouvernements, les portefeuilles et les figures de l’exécutif sont repositionnés. Beaucoup de membres du dernier gouvernement d’Ali Bongo quittent la scène officielle ; certains sont écartés, d’autres conservés dans le cadre de la transition.
Hermann Immongault fait partie des rares responsables maintenus dans une configuration postérieure au coup d’État. Le 8 septembre 2023, il est nommé ministre délégué auprès du président de la Transition, chargé de l’Intérieur et de la Sécurité. La nomination est notable : elle signifie un transfert du champ diplomatique vers le cœur de l’appareil de contrôle administratif et sécuritaire. L’Intérieur est un ministère régalien : il supervise la police, l’organisation administrative territoriale, les processus électoraux, la réglementation de certains secteurs, et plus largement l’ordre public. Dans un contexte de transition, ce ministère devient l’un des centres névralgiques du pouvoir.
Le 17 janvier 2024, il est nommé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Cette promotion, de ministre délégué à ministre plein, s’inscrit dans un remaniement et dans une redistribution des responsabilités au sein de l’exécutif de transition. Dans la communication institutionnelle, l’objectif affiché est souvent la continuité des services publics et la stabilisation administrative. Dans la réalité, le portefeuille place Immongault au contact de sujets sensibles : sécurité quotidienne, gestion des tensions politiques, organisation des consultations, encadrement de la vie associative et partisane, et dialogue avec les collectivités.
Sa période aux Affaires étrangères, quant à elle, se clôture en septembre 2023, et une passation de charges est organisée avec son successeur, Régis Onanga Ndiaye, dans le cadre de la nouvelle architecture gouvernementale. Cette passation marque symboliquement la fin de son rôle dans la diplomatie gouvernementale directe, même si ses compétences internationales restent pertinentes pour un ministre de l’Intérieur, notamment lorsqu’il s’agit de coopérations sécuritaires, de relations transfrontalières ou de gestion de la diaspora sur certains aspects administratifs.
Place au ministère de l’Intérieur : sécurité, élections, décentralisation et continuité de l’État
À partir de janvier 2024, Hermann Immongault dirige donc le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. En 2025, son portefeuille est élargi à la Décentralisation. Dans la pratique, cela signifie que son ministère se situe à l’intersection de trois champs : la sécurité intérieure, l’organisation administrative du territoire, et la gouvernance locale. Dans de nombreux États, ce triptyque est un point de friction permanent : l’État central cherche à préserver l’unité, tandis que les collectivités revendiquent des moyens, des compétences, et une autonomie d’action.
L’élargissement à la décentralisation peut être lu comme un signal : faire de l’Intérieur non seulement un ministère de contrôle, mais aussi un ministère de structuration de la gouvernance territoriale. La décentralisation, au Gabon, est un sujet récurrent, lié à l’équilibre entre Libreville et les provinces, au financement des collectivités, à la capacité des communes et départements à porter des politiques publiques. En intégrant ce portefeuille au ministère de l’Intérieur, l’exécutif place la réforme territoriale sous l’autorité d’un acteur déjà central dans la machine administrative.
Dans un contexte de transition puis de recomposition institutionnelle, l’un des grands tests d’un ministre de l’Intérieur est l’organisation de consultations électorales. Le ministère est généralement en première ligne pour les opérations administratives : listes électorales, logistique des bureaux, sécurisation des opérations, compilation des résultats provisoires, et communication officielle avant validation par les juridictions compétentes. Plusieurs médias gabonais soulignent son rôle dans l’organisation de scrutins et de séquences électorales au cours de l’année 2025, notamment les élections législatives et locales de septembre 2025, ainsi que d’autres consultations mentionnées dans l’actualité institutionnelle. Dans ce cadre, Immongault est exposé à une double exigence : garantir l’ordre et répondre à l’attente de transparence.
Le ministère de l’Intérieur, sur son site officiel, publie des résultats provisoires de scrutins et des informations relatives aux processus électoraux, illustrant le rôle central de ce département dans la communication institutionnelle autour des élections. Ce rôle, toutefois, n’est jamais neutre : dans de nombreux pays, la crédibilité d’un scrutin se joue aussi dans la perception de l’impartialité de l’Intérieur. Chaque difficulté logistique, chaque contestation, chaque accusation de dysfonctionnement se répercute sur le titulaire du portefeuille, qu’il soit ou non directement responsable des causes. L’exercice impose une méthode, une discipline de communication, et une capacité à travailler avec des institutions de contrôle, notamment la Cour constitutionnelle, traditionnellement chargée de valider des résultats définitifs.
La dimension sécuritaire est l’autre versant du ministère. La sécurité intérieure, au-delà de la police, concerne la gestion des rassemblements, la prévention des violences, la coordination avec d’autres forces, et parfois l’équilibre délicat entre maintien de l’ordre et respect des libertés publiques. Dans un contexte de transition, où l’expression politique peut être plus intense, le ministère de l’Intérieur est à la fois garant de la stabilité et objet de critiques potentielles. La position exige donc un calibrage constant : éviter l’escalade, tout en assurant le fonctionnement normal des institutions.
La continuité de l’État est également un impératif pratique. Fin 2025, des annonces institutionnelles indiquent qu’Hermann Immongault assure l’intérim du ministre de la Défense à certaines dates, ce qui suggère que, au-delà de son portefeuille principal, il est sollicité pour garantir la continuité de la décision gouvernementale. Cette charge par intérim souligne la polyvalence attendue des ministres régaliens dans les périodes où l’exécutif doit éviter toute vacance de responsabilités, notamment lorsqu’une partie des responsables est appelée à d’autres fonctions ou en cas de réaménagement.
Reste une dimension plus silencieuse, mais essentielle : la gestion administrative. Le ministère de l’Intérieur supervise des procédures qui touchent directement les citoyens, comme certains documents d’identité, des autorisations administratives, et diverses réglementations. Même lorsque les débats politiques se concentrent sur les élections, la réalité quotidienne du ministère est celle d’un service public massif, confronté à des contraintes de moyens, à des attentes de modernisation, et à une exigence d’efficacité. Dans ce cadre, le parcours d’Immongault, marqué par des postes de gestion interne au ministère des Affaires étrangères, peut être un atout : il connaît les systèmes administratifs, les chaînes de décision, et le poids des procédures.
Enfin, sur le plan politique, Hermann Immongault est généralement associé au Parti démocratique gabonais (PDG) dans les notices biographiques. Cette appartenance, historiquement liée au parti qui a dominé la vie politique gabonaise pendant des décennies, prend une signification particulière après 2023 : dans une période de transition, être issu de l’ancien parti au pouvoir tout en étant maintenu dans l’exécutif peut être interprété de plusieurs manières, selon les sensibilités. Pour certains, cela illustre une continuité d’État et le recours à des profils expérimentés ; pour d’autres, cela pose la question du renouvellement. Dans tous les cas, ce point rappelle que, au Gabon, les trajectoires individuelles s’inscrivent souvent dans des histoires collectives et des systèmes politiques plus vastes que les carrières elles-mêmes.
Au final, la biographie d’Hermann Immongault se lit comme celle d’un homme formé à l’international, entré par la porte administrative, devenu diplomate de haut rang, puis propulsé dans la sphère régalienne au moment où le pays traverse une rupture politique majeure. Son parcours, loin d’être linéaire, dessine un profil de gestionnaire et de négociateur, confronté aujourd’hui à des enjeux intérieurs parmi les plus sensibles : élections, sécurité, décentralisation, et continuité de l’État.



