Figure montante puis confirmée de la vie politique ghanéenne, Agnes Naa Momo Lartey incarne une trajectoire marquée par la persévérance, l’engagement communautaire et la défense constante des droits sociaux. Son parcours, construit sur plusieurs décennies, s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation politique et sociale du Ghana, où la place des femmes dans les sphères décisionnelles demeure un enjeu majeur. De la gouvernance locale aux plus hautes responsabilités nationales, elle a progressivement bâti une carrière fondée sur le travail de terrain, la formation académique et une proximité assumée avec les populations qu’elle représente. Son histoire personnelle et professionnelle éclaire non seulement le cheminement d’une femme politique, mais aussi les mutations profondes d’un pays en quête d’équité, de justice sociale et de développement inclusif.
Origines, enfance et formation académique
Agnes Naa Momo Lartey est née le 16 avril 1976 à Krowor, dans la région du Greater Accra, un territoire urbain et côtier qui occupe une place stratégique dans la vie économique et sociale du Ghana. Issue d’un environnement communautaire fortement structuré, elle grandit dans un contexte où la solidarité, la responsabilité collective et la participation citoyenne constituent des valeurs essentielles. Cette immersion précoce dans la vie locale façonne son regard sur les inégalités sociales et l’importance du service public.
Son enfance est marquée par une éducation rigoureuse, portée à la fois par le cadre familial et par l’enseignement scolaire. Elle effectue ses études secondaires à la Nungua Secondary School, où elle obtient son certificat de niveau O, avant de poursuivre sa scolarité à la West Africa Secondary School. Ces premières années de formation lui permettent de développer des compétences intellectuelles solides et une capacité d’analyse qui se révéleront déterminantes dans son avenir professionnel.
Animée par une volonté de compréhension approfondie des mécanismes économiques et organisationnels, elle s’oriente vers l’enseignement supérieur dans le domaine de la gestion. Elle obtient un Bachelor of Arts en Business Management à la Central University, une institution reconnue pour sa formation en management et en leadership. Ce premier diplôme universitaire constitue une base essentielle pour la suite de son parcours, en lui apportant des outils concrets pour l’administration, la planification stratégique et la prise de décision.
Soucieuse de renforcer son expertise, elle poursuit ses études avec une maîtrise en Human Resource Development à l’University of Cape Coast. Cette formation approfondit sa connaissance des dynamiques humaines au sein des organisations, un champ essentiel pour toute personne engagée dans la gouvernance et le développement social. Elle complète ensuite son parcours académique par un Master of Philosophy en leadership à l’University of Professional Studies d’Accra, où elle s’intéresse aux styles de leadership, à l’éthique et à la gestion du changement.
Son engagement intellectuel culmine avec l’obtention d’un doctorat en African Studies à l’University of Ghana, à Legon. Ce travail doctoral lui permet d’inscrire son action politique dans une perspective historique, culturelle et sociale propre au continent africain, en tenant compte des réalités locales et des héritages coloniaux. Cette formation académique dense et diversifiée constitue l’un des socles majeurs de sa crédibilité et de son autorité dans le débat public.
L’ancrage dans la gouvernance locale et l’action communautaire
Avant d’accéder à la scène politique nationale, Agnes Naa Momo Lartey s’illustre d’abord dans la gouvernance locale, un échelon qu’elle considère comme fondamental pour comprendre les besoins réels des populations. Son entrée dans la vie publique intervient au début des années 2000, lorsqu’elle est élue membre de l’assemblée municipale de Krowor. Cette fonction, souvent discrète mais essentielle, l’amène à travailler directement avec les habitants, les chefs communautaires et les services administratifs locaux.
À ce niveau, elle s’implique activement dans des projets liés à l’amélioration des infrastructures, à l’accès aux services sociaux de base et à la participation citoyenne. Son approche repose sur l’écoute et le dialogue, privilégiant des solutions pragmatiques adaptées aux réalités du terrain. Cette proximité avec les populations renforce sa légitimité et lui permet de construire un réseau solide au sein de sa circonscription.
En 2011, elle franchit une étape décisive en devenant la première femme élue présidente de l’assemblée municipale du Ledzokuku-Krowor Municipal Assembly, connu sous l’acronyme LEKMA. Cette nomination marque un tournant symbolique dans une institution longtemps dominée par les hommes. À ce poste, elle supervise la coordination des activités municipales, la mise en œuvre des politiques locales et la gestion administrative de la collectivité.
Son mandat est caractérisé par une attention particulière portée à la transparence, à la responsabilité et à l’inclusion. Elle s’efforce de renforcer la participation des femmes et des jeunes dans les processus décisionnels locaux, convaincue que le développement durable passe par une représentation équitable de toutes les composantes de la société. Cette période lui permet également de développer des compétences avancées en négociation, en gestion de conflits et en leadership institutionnel.
Parallèlement à ses fonctions municipales, elle s’engage au sein de la National Association of Local Authorities of Ghana. Elle y occupe successivement les postes de deuxième vice-présidente puis de secrétaire générale, devenant là encore la première femme à accéder à cette dernière fonction. À travers cette organisation, elle contribue à la coordination des autorités locales à l’échelle nationale, à la formation des élus et à la promotion de bonnes pratiques en matière de gouvernance décentralisée.
L’ascension politique nationale et l’entrée au Parlement
Forte de son expérience locale et de sa reconnaissance croissante, Agnes Naa Momo Lartey décide de se présenter aux élections législatives sous la bannière du National Democratic Congress. En 2016, elle se porte candidate dans la circonscription de Krowor, un bastion politiquement disputé. Bien qu’elle ne remporte pas le siège lors de cette première tentative, cette campagne constitue une étape formatrice, lui permettant de renforcer sa visibilité et de consolider sa base électorale.
Elle tire les leçons de cet échec relatif et poursuit son travail de terrain, multipliant les rencontres communautaires et les initiatives sociales. Cette stratégie porte ses fruits lors des élections générales de 2020. Cette année-là, elle remporte le siège parlementaire de Krowor avec une majorité claire, devenant ainsi députée au Parlement du Ghana. Cette victoire est perçue comme une reconnaissance de son engagement de longue date et de sa capacité à représenter efficacement les intérêts de sa circonscription.
Son entrée au Parlement marque le début d’une nouvelle phase de son parcours politique. En tant que députée, elle participe activement aux travaux législatifs et aux débats nationaux. Elle est nommée membre de plusieurs commissions parlementaires, notamment celles chargées des affaires parlementaires et des questions de privilèges et d’immunités. Ces fonctions lui permettent d’intervenir sur des sujets clés liés au fonctionnement des institutions démocratiques et à la protection de l’État de droit.
Lors des élections suivantes, elle parvient à conserver son siège, confirmant ainsi sa position sur l’échiquier politique national. Cette réélection témoigne de la confiance renouvelée de ses électeurs et de la continuité de son travail parlementaire. Elle s’impose progressivement comme une voix influente au sein de son parti et du Parlement, en particulier sur les questions sociales et de gouvernance.
Engagement pour les droits sociaux, les femmes et les enfants
Au cœur de l’action politique d’Agnes Naa Momo Lartey se trouve un engagement constant en faveur des droits sociaux, avec une attention particulière portée aux femmes, aux enfants et aux populations vulnérables. Cet engagement ne relève pas d’une posture idéologique abstraite, mais s’enracine dans son expérience de terrain et dans sa connaissance approfondie des réalités sociales ghanéennes.
Elle s’investit activement dans des programmes visant à améliorer l’accès des femmes à l’éducation, à l’emploi et aux ressources économiques. Elle défend l’idée que l’autonomisation des femmes constitue un levier essentiel pour le développement du pays dans son ensemble. Dans cette perspective, elle soutient des politiques publiques favorisant l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations fondées sur le genre.
Son action en faveur des enfants se manifeste notamment à travers son implication dans des initiatives destinées à protéger les mineurs en situation de vulnérabilité, en particulier les enfants vivant dans la rue. Elle travaille sur des projets axés sur la réintégration sociale, l’accès à l’éducation et la protection contre l’exploitation. Ces actions s’inscrivent dans une vision globale de la protection sociale, où l’État joue un rôle central dans la garantie des droits fondamentaux.
En parallèle, elle collabore avec diverses organisations de la société civile et institutions régionales, contribuant à des programmes de développement axés sur les droits humains, la gouvernance et la durabilité environnementale. Cette dimension internationale de son engagement renforce son expertise et lui permet d’inscrire son action dans des cadres de coopération plus larges.
Responsabilités ministérielles, reconnaissance et perspectives
La reconnaissance de son parcours et de son expertise culmine avec sa nomination en tant que ministre en charge du Genre, des Enfants et de la Protection sociale. Cette responsabilité ministérielle intervient dans un contexte marqué par des attentes élevées et des défis structurels importants. Le ministère qu’elle dirige est au cœur des politiques sociales du Ghana, chargé de répondre aux problématiques liées à la pauvreté, à l’exclusion et aux inégalités.
À ce poste, elle est appelée à traduire ses convictions et son expérience en actions concrètes, en renforçant les dispositifs de protection sociale et en améliorant la coordination entre les différents acteurs institutionnels. Sa nomination est largement interprétée comme un signal fort en faveur d’une approche plus inclusive et plus humaine des politiques publiques.
Tout au long de sa carrière, Agnes Naa Momo Lartey a reçu plusieurs distinctions honorifiques, tant au niveau national qu’international. Ces reconnaissances saluent son leadership, son engagement pour la paix et sa contribution au développement social. Elles viennent confirmer l’impact durable de son action et la place qu’elle occupe dans le paysage politique ghanéen.
Aujourd’hui, son parcours est souvent cité comme une source d’inspiration pour les jeunes générations, en particulier pour les femmes aspirant à des responsabilités politiques. Son histoire illustre la possibilité de conjuguer formation académique, engagement communautaire et réussite politique, tout en restant fidèle à des valeurs de justice et de service public.
À travers son itinéraire, Agnes Naa Momo Lartey apparaît comme l’une des figures emblématiques d’un Ghana en transformation, où la participation des femmes à la vie publique progresse et où les enjeux sociaux occupent une place croissante dans le débat national. Son rôle dans les années à venir continuera d’être scruté, tant son influence s’étend désormais bien au-delà de sa circonscription d’origine.



