L’annonce rendue publique par le Pôle Anti-corruption d’Antananarivo le 15 novembre 2025 fait état d’un tournant important dans une affaire de grande envergure mêlant des représentants de la compagnie Madagascar Airlines et la société PRO BETON SARLU. À la suite d’une dénonciation reçue par le Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO), le 14 novembre 2025, plusieurs personnes ont été déférées devant le Parquet près la Première Instance du Pôle Anti-corruption d’Antananarivo Mme Rakotomanga Hajanirina Rinah, ainsi que plusieurs co-prévenus. Tous sont impliqués dans un dossier portant sur les conditions d’attribution d’un marché public concernant la réhabilitation du bâtiment d’Air Madagascar à Toamasina, pour un montant de 498 800 248 ariary, un marché attribué en juillet 2023 à la société PRO BETON SARLU. La procédure fait suite à une dénonciation reçue le 12 décembre 2024 par le Bureau Indépendant Anti-Corruption. Six personnes au total sont mises en cause. Les faits reprochés incluent favoritisme, conflit d’intérêt, faux et usage de faux, détournement de deniers publics, complicité de détournement et abus de fonction. À l’issue de leur première comparution devant le Juge d’instruction, cinq personnes ont été placées en détention provisoire à Antanimora, tandis qu’une sixième a été laissée en liberté provisoire sous contrôle judiciaire. L’enquête se poursuit, laissant entrevoir un dossier complexe aux enjeux multiples pour la gouvernance publique.
Contexte général de la procédure et chronologie des faits
La procédure engagée contre Mme Rakotomanga Hajanirina Rinah et ses co-prévenus s’inscrit dans un cadre strictement factuel dévoilé par les autorités compétentes. Le premier élément marquant de ce dossier intervient le 12 décembre 2024, date à laquelle le Bureau Indépendant Anti-Corruption reçoit une dénonciation en lien avec l’attribution du marché public concerné. Cette dénonciation constitue le point de départ officiel des investigations. Le Bureau Indépendant Anti-Corruption, institution chargée de prévenir, détecter et réprimer la corruption et les infractions assimilées, ouvre alors un examen approfondi des conditions dans lesquelles le marché public de réhabilitation du bâtiment d’Air Madagascar à Toamasina a été attribué.
Au terme de ces investigations, plusieurs irrégularités sont constatées, ce qui mène le BIANCO à organiser le déferrement des personnes mises en cause le 14 novembre 2025. Cette date devient l’un des pivots de l’affaire puisque c’est à ce moment-là que les prévenus sont présentés devant le Parquet près la Première Instance du Pôle Anti-corruption d’Antananarivo. Le dossier, qualifié d’affaire « Madagascar Airlines » par les communications officielles, renvoie non seulement à la compagnie nationale, mais également à son patrimoine immobilier situé à Toamasina, dont la réhabilitation fait l’objet du marché public en question.
L’attribution initiale du marché remonte à juillet 2023. Le montant de ce marché, évalué à 498 800 248 ariary, constitue une donnée essentielle de l’affaire, puisqu’il révèle l’importance budgétaire de l’opération et explique en partie la vigilance accrue exercée par les autorités de lutte contre la corruption. La société bénéficiaire, PRO BETON SARLU, se retrouve ainsi au cœur des interrogations, notamment en raison des irrégularités relevées quant aux conditions de sélection et d’octroi du marché. La mise en cause de six personnes, dont Mme Rakotomanga Hajanirina Rinah, complète la chaîne des responsabilités sur laquelle l’instruction devra désormais faire la lumière.
Les irrégularités relevées dans l’attribution du marché public
Le Bureau Indépendant Anti-Corruption précise qu’il a constaté de nombreuses irrégularités dans le processus d’attribution du marché de réhabilitation du bâtiment d’Air Madagascar à Toamasina. Ces irrégularités constituent le cœur des griefs formulés contre les prévenus. Bien que seuls les faits explicitement communiqués par les autorités puissent être rappelés, la qualification juridique retenue permet de comprendre la nature des dysfonctionnements relevés.
Parmi les infractions reprochées figure le favoritisme, une infraction qui renvoie à l’idée d’une sélection déloyale ou biaisée lors de l’attribution du marché, ce qui implique que certaines règles de mise en concurrence auraient pu être compromises ou contournées. Le conflit d’intérêt constitue une seconde infraction majeure, désignant une situation dans laquelle une ou plusieurs personnes impliquées dans la procédure auraient pu se trouver placées dans un rôle où leurs intérêts personnels interféraient avec leur mission ou leurs responsabilités administratives.
Les irrégularités relevées incluent également des faits de faux et usage de faux. Cette qualification juridique indique qu’au cours de la procédure, des documents auraient pu être altérés, falsifiés ou utilisés de manière inappropriée. Ces éléments renforcent la gravité générale des soupçons portant sur l’attribution du marché, celle-ci ne se limitant pas à une simple défaillance administrative mais pouvant impliquer des actes matériels destinés à orienter ou légitimer frauduleusement la décision prise.
Le détournement de deniers publics et la complicité de détournement figurent à leur tour parmi les infractions reprochées. Ces qualifications impliquent qu’une partie des fonds publics alloués au marché aurait pu être utilisée à des fins autres que celles prévues initialement, ou de manière contraire à la réglementation publique. L’abus de fonction, enfin, complète la liste des infractions. Cette dernière qualification désigne une utilisation inappropriée ou illégale des fonctions administratives détenues par certains des prévenus, ce qui reflète une possible instrumentalisation de la position occupée dans le cadre de la gestion du marché.
L’ensemble de ces irrégularités observées permet d’expliquer pourquoi le BIANCO a jugé nécessaire de saisir le Parquet et de poursuivre la procédure devant le Pôle Anti-corruption. La multiplicité des infractions relevées laisse entrevoir un dossier complexe et potentiellement structuré, dans lequel plusieurs niveaux de responsabilité seraient imbriqués. Pour autant, seule l’instruction permettra d’établir de manière définitive la matérialité des faits reprochés.
Les prévenus, les charges retenues et la portée juridique des accusations
Six personnes sont mises en cause dans le cadre de l’affaire dite « Madagascar Airlines ». Parmi elles figure Mme Rakotomanga Hajanirina Rinah, nommément citée par les autorités. Les cinq autres personnes, également présentées au Parquet, font l’objet de la même procédure, même si leurs identités ne sont pas mentionnées dans les communications officielles. Le fait que six personnes soient co-prévenues souligne le caractère collectif des soupçons pesant dans cette affaire.
Les charges retenues sont particulièrement lourdes, et leur variété reflète l’étendue des faits reprochés. Le favoritisme et le conflit d’intérêt évoquent des choix potentiellement influencés dans l’attribution du marché. Le faux et usage de faux renvoient à une dimension matérielle qui suggère que des éléments documentaires auraient été utilisés de manière frauduleuse. Le détournement de deniers publics et la complicité de détournement impliquent une possible mauvaise gestion volontaire ou une appropriation illicite de fonds publics. L’abus de fonction, enfin, totalise ces accusations en indiquant une utilisation irrégulière des responsabilités administratives.
Le déferrement devant le Parquet constitue une étape procédurale clé, car il officialise l’ouverture d’une action judiciaire. Cette présentation permet également au Juge d’instruction de débuter son travail d’analyse, en examinant les charges, en évaluant les responsabilités potentielles et en déterminant les mesures coercitives à appliquer. Le placement en détention provisoire de cinq des prévenus à Antanimora traduit la décision du Juge d’instruction de restreindre leur liberté pendant l’enquête, probablement afin d’éviter tout risque d’influence sur la procédure ou de disparition d’éléments de preuve.
La sixième personne bénéficie en revanche d’une liberté provisoire sous contrôle judiciaire. Cette décision reflète une évaluation individualisée de la situation, le contrôle judiciaire permettant d’encadrer la liberté du prévenu tout en imposant certaines obligations destinées à garantir le bon déroulement de la procédure. Les charges retenues contre l’ensemble des prévenus seront examinées au cours de l’instruction, laquelle se poursuit selon les informations communiquées.
La décision judiciaire et les mesures provisoires prises
À l’issue de leur première comparution devant le Juge d’instruction, cinq des six prévenus ont été placés en détention provisoire à Antanimora Antananarivo. Cette disposition est une mesure de sûreté qui, en matière pénale, permet d’assurer la disponibilité du prévenu tout au long de la procédure, tout en garantissant que celui-ci n’interfère ni avec les témoins, ni avec les documents, ni avec les autres éléments susceptibles d’être examinés. La détention provisoire est ici appliquée à une majorité des personnes mises en cause, ce qui démontre le sérieux des charges retenues et la volonté du magistrat d’éviter toute compromission de l’enquête.
Pour la sixième personne, une décision de liberté provisoire sous contrôle judiciaire a été adoptée. Le contrôle judiciaire implique que le prévenu demeure libre, à condition de respecter des obligations fixées par le magistrat instructeur. Ces obligations peuvent inclure l’interdiction de quitter un territoire, l’obligation de se présenter régulièrement à une autorité judiciaire, ou toute autre mesure jugée nécessaire. Cette décision reflète l’appréciation du magistrat, qui peut considérer qu’une détention n’est pas indispensable dans ce cas précis, tout en maintenant un encadrement strict de la liberté du prévenu.
Ces mesures s’inscrivent dans la procédure pénale malgache et illustrent le rôle du Juge d’instruction, qui dispose du pouvoir de choisir les mesures provisoires les plus adaptées pour garantir l’intégrité de la procédure. La poursuite de l’instruction constitue la prochaine étape judiciaire, au cours de laquelle les faits seront examinés, les responsabilités clarifiées et les preuves analysées en profondeur.
Perspectives de l’enquête et suite de la procédure
Selon l’annonce officielle publiée le 15 novembre 2025 par le Procureur Général par intérim, VELO Bendrainy, l’instruction se poursuit. Cela indique que le dossier reste en cours d’examen par les autorités judiciaires. L’instruction est une phase cruciale dans laquelle les magistrats recueillent des preuves, auditionnent les parties, analysent les documents et déterminent si les faits reprochés sont suffisamment caractérisés pour être renvoyés devant une juridiction de jugement.
L’affaire dite « Madagascar Airlines », qui implique au total six personnes et concerne un marché public de près de cinq cents millions d’ariary, s’inscrit désormais dans une temporalité judiciaire qui pourrait être longue. Les infractions en cause, d’une gravité significative, nécessitent une analyse approfondie. Le Bureau Indépendant Anti-Corruption a déjà transmis les éléments recueillis au Parquet, ce qui indique que les premières vérifications ont été suffisamment solides pour justifier une action judiciaire.
Le rôle du BIANCO se poursuit néanmoins dans la coopération éventuelle avec les organes judiciaires, dans le respect des dispositions légales applicables. Quant au Pôle Anti-corruption d’Antananarivo, il demeure l’instance habilitée à juger ce type d’affaires, lesquelles touchent aux irrégularités dans la gestion des fonds publics et aux responsabilités administratives des personnes mises en cause.
À ce stade, l’enquête judiciaire se dirige vers une phase d’approfondissement, au cours de laquelle les charges pourront être confirmées, complétées, requalifiées ou éventuellement écartées en fonction des résultats de l’instruction. La perspective d’un procès dépendra exclusivement des conclusions du magistrat instructeur, aucune autre indication n’ayant été fournie à ce stade.



