Après quatre années d’activités intenses, le Bureau de l’Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM), élu pour la période du 15 octobre 2021 au 15 octobre 2025, achève son mandat. Cette échéance marque la fin d’une étape importante pour l’institution qui, au cours de ces années, a œuvré pour renforcer la profession journalistique, défendre la liberté de la presse et promouvoir la déontologie au sein des médias malgaches. Sous la devise « Des journalistes professionnels, unis pour le développement », le Bureau sortant laisse un bilan conséquent, mêlant modernisation des outils, renforcement des capacités des journalistes et amélioration de leurs conditions d’exercice. Alors que la préparation des élections pour le renouvellement du Bureau est en cours, l’heure est au bilan et à la réflexion sur l’avenir du journalisme malgache.
Un mandat marqué par la professionnalisation du métier
Dès sa prise de fonction en octobre 2021, le Bureau de l’OJM a affiché une volonté claire : moderniser la profession et renforcer la cohésion entre les journalistes. Le mot d’ordre « professionnels et unis pour le développement » ne relevait pas du slogan, mais d’une véritable ligne d’action. L’un des projets emblématiques de cette mandature fut la mise en place d’un bureau de travail et d’une salle de réunion destinés aux associations de journalistes à Ambohidahy, fruit d’une collaboration avec le Ministère de la Communication et de la Culture et la Région Analamanga. Cet espace, devenu un lieu d’échanges et de concertation, symbolise l’unité retrouvée d’une profession souvent fragmentée.
Le Bureau a également doté l’OJM d’un équipement moderne, acquis grâce à des partenariats avec des acteurs institutionnels et privés, notamment Fanalamanga, l’Ambassade de Chine et Dujardin Delacour. Ces infrastructures ont permis d’offrir aux journalistes un environnement de travail plus propice à la formation et à la coordination des initiatives professionnelles.
Autre avancée majeure : la modernisation de la carte de presse OJM. Grâce à la collaboration avec e-fandrai Madagascar, une base de données nationale des journalistes a été créée, offrant pour la première fois un registre centralisé et sécurisé. Cet outil contribue à la reconnaissance officielle des professionnels, à la transparence et à la crédibilité du métier.
La montée en compétence des journalistes : un pilier de la mandature
Consciente que la qualité de l’information repose sur la compétence des journalistes, l’équipe dirigeante de l’OJM a multiplié les formations et initiatives de renforcement des capacités. Parmi les plus marquantes figure le programme d’enseignement de l’anglais, conduit en partenariat avec ELI Madagascar. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence internationale, la maîtrise de l’anglais s’impose désormais comme une compétence stratégique pour les journalistes malgaches.
L’OJM a aussi organisé plusieurs formations thématiques sur l’évolution technologique et les transformations du métier, en partenariat avec le Ministère de la Communication et de la Culture, Feon’ny Demokrasia et e-fandrai Madagascar. Ces sessions ont permis d’aborder des sujets aussi variés que la vérification des faits à l’ère numérique, la lutte contre la désinformation, la sécurité des journalistes en ligne ou encore les nouvelles pratiques audiovisuelles.
Cette politique de formation s’inscrit dans une vision à long terme : faire du journaliste malgache un professionnel outillé, capable de répondre aux exigences du public et de s’adapter aux mutations du monde médiatique. Elle traduit également la volonté du Bureau sortant de replacer la compétence et la rigueur au cœur du métier.
Un engagement constant pour la protection et la dignité des journalistes
Au-delà de la modernisation des structures, l’OJM s’est illustré par son engagement pour la défense des droits des journalistes. Le Bureau a mis en place un système de protection et de conseil juridique accessible à tous les membres, via le Conseil juridique et judiciaire de l’OJM. Cet organe offre une assistance en cas de poursuites, de menaces, ou de pressions exercées contre les journalistes dans le cadre de leur travail.
La défense sans distinction de tous les professionnels, quelles que soient leurs opinions ou leurs rédactions, a constitué une ligne directrice constante. L’OJM s’est régulièrement exprimé publiquement pour dénoncer les atteintes à la liberté de la presse, tout en rappelant la responsabilité éthique qui incombe à chaque journaliste.Cette posture équilibrée entre indépendance et devoir de rigueur a renforcé la crédibilité de l’institution au sein de la société civile et auprès des autorités.
Sur le plan social, une avancée significative a marqué ce mandat : la réduction de 50 % sur l’assurance santé pour les journalistes, obtenue grâce à un partenariat durable avec Assurance Ny Havana. Cette mesure, encore en vigueur aujourd’hui, a permis d’améliorer la sécurité et la qualité de vie des professionnels souvent confrontés à la précarité.
Enfin, la défense des journalistes victimes d’injustices s’est accompagnée d’une sensibilisation constante à la déontologie. Le Bureau a tenu à rappeler que la liberté d’informer s’accompagne de la responsabilité d’informer juste. Cet équilibre entre protection et exigence professionnelle restera l’un des héritages les plus marquants de ces quatre années.
Une institution au cœur de la vie démocratique et sociale
Tout au long de son mandat, l’OJM s’est positionné comme un acteur central de la vie démocratique malgache. L’organisation d’événements majeurs a rythmé la vie médiatique et renforcé la cohésion du corps professionnel. Parmi eux, des initiatives comme « Iray eny an-kianja » ou « Mivantana », réalisées avec FES Madagascar, ont favorisé le dialogue entre journalistes, institutions et citoyens.
Chaque 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée dans toutes les régions du pays, rappelant l’importance du pluralisme et du droit d’accès à l’information. En 2023, la commémoration du 50e anniversaire de l’OJM a constitué un moment fort : un regard à la fois rétrospectif et tourné vers l’avenir d’une organisation devenue incontournable dans la défense des valeurs démocratiques.
Dans ses prises de position publiques, l’OJM a constamment réaffirmé que l’accès à une information plurielle est un droit fondamental du citoyen. La liberté de la presse, loin d’être un privilège réservé aux professionnels, constitue un pilier de la démocratie. Cette conviction, partagée par l’ensemble du Bureau sortant, s’est traduite par des actions concrètes de sensibilisation et de plaidoyer, en partenariat avec des associations de journalistes et des ONG locales.
Les remerciements adressés par le Bureau sortant à la fin de son mandat soulignent la place essentielle du travail collectif. L’OJM a su fédérer des partenaires publics et privés, des associations professionnelles et des organisations internationales autour d’un objectif commun : renforcer le rôle du journalisme dans la consolidation de la démocratie à Madagascar.
Vers un nouveau Bureau : continuité et défis à relever
Conformément aux textes régissant l’Ordre, la mise en place du Comité électoral chargé d’organiser les élections du nouveau Bureau est désormais enclenchée. Ce comité, désigné à la suite de la réunion des présidents des associations de journalistes tenue le 10 octobre 2025, aura pour mission de garantir un processus transparent et démocratique.Jusqu’à la prise de fonction du prochain Bureau, l’équipe actuelle assurera la gestion des affaires courantes, assurant ainsi la continuité administrative et institutionnelle.
L’enjeu de ce renouvellement dépasse la simple succession. Il s’agit d’assurer la pérennité des acquis et d’adapter l’OJM aux nouveaux défis du métier : la transformation numérique, la désinformation, les pressions économiques sur les médias, et la montée des discours de haine en ligne.Le prochain Bureau devra poursuivre les efforts entrepris pour renforcer l’indépendance économique des médias, soutenir la formation continue et consolider la solidarité entre journalistes, notamment dans les régions les plus éloignées d’Antananarivo.
Le contexte politique et social de Madagascar rend cette mission d’autant plus cruciale. Dans un pays où la liberté d’expression reste parfois fragile, l’OJM demeure un rempart institutionnel essentiel. Le futur Bureau aura la lourde responsabilité de maintenir cet équilibre entre la défense des journalistes et le respect des principes de responsabilité professionnelle.
Un bilan porteur d’avenir pour la profession journalistique
Le mandat qui s’achève aura marqué un tournant dans la structuration du journalisme malgache. L’OJM a démontré qu’une organisation professionnelle peut jouer un rôle moteur dans la défense des valeurs démocratiques tout en œuvrant pour la modernisation et la dignité du métier.Les avancées en matière de formation, de protection juridique, d’infrastructures et de couverture sociale traduisent une dynamique de professionnalisation durable.
L’expérience de ces quatre années laisse aussi des leçons pour l’avenir. Le dialogue permanent entre les institutions, les journalistes et les citoyens s’avère indispensable pour restaurer la confiance dans les médias. Le pluralisme ne se décrète pas : il se construit chaque jour, par la rigueur, l’éthique et la solidarité.
En rappelant que « la liberté de la presse ne doit être menacée d’aucune manière, d’où qu’elle vienne », l’OJM clôt son mandat sur un message fort. Dans un monde où les fausses informations circulent plus vite que la vérité, où les pressions économiques pèsent sur l’indépendance rédactionnelle, la défense d’un journalisme libre et responsable est plus que jamais un enjeu de société.
L’avenir du journalisme à Madagascar dépendra de la capacité du prochain Bureau à poursuivre ce travail avec la même énergie, tout en adaptant l’Ordre aux nouveaux défis du numérique et aux attentes d’un public en quête de fiabilité.
En définitive, la fin du mandat du Bureau 2021-2025 de l’Ordre des Journalistes de Madagascar ne marque pas une conclusion, mais une transition. Ces quatre années auront permis de jeter les bases d’un journalisme mieux structuré, plus respecté et plus solidaire. L’esprit du mandat reste résumé dans la devise qui l’a guidé : « Des journalistes professionnels, unis pour le développement ». Une vision qui, au-delà des bilans et des chiffres, appelle à la responsabilité collective de toute une profession. Le futur Bureau hérite d’un terrain fertile, mais aussi d’une exigence : celle de continuer à défendre la liberté, la vérité et l’honneur d’informer dans une société démocratique en construction.



