Qui est John Steenhuisen, l’homme politique ?

L’accession de John Henry Steenhuisen au poste de Ministre de l’Agriculture en Afrique du Sud marque un tournant politique et symbolique pour un pays où la terre, la nourriture et l’emploi rural restent au cœur des tensions sociales. Figure bien connue de la scène politique nationale en tant que chef de file de la Democratic Alliance (DA), principal parti d’opposition depuis plus d’une décennie, il est devenu ministre en juillet 2024, dans le cadre du gouvernement d’unité nationale mis en place après des élections historiques.

Dans un pays encore marqué par les héritages de l’apartheid, les inégalités foncières, le chômage rural de masse et les effets de plus en plus visibles du changement climatique, la nomination d’un responsable issu d’un parti libéral d’opposition à un portefeuille aussi sensible n’est pas anodine. Elle reflète autant les compromis de la nouvelle coalition au pouvoir que la nécessité de réformer en profondeur un secteur agricole à la fois robuste, moderne dans certaines filières, et extrêmement vulnérable dans d’autres.

À la tête d’un ministère qui a été réorganisé après les élections de 2024, l’ancien grand département de l’Agriculture, de la Réforme agraire et du Développement rural ayant été scindé entre un ministère de l’Agriculture et un ministère distinct de la Réforme agraire et du Développement rural, John Steenhuisen se retrouve chargé d’une équation complexe : assurer la sécurité alimentaire, soutenir la croissance économique, préserver les sols et les ressources en eau, tout en s’inscrivant dans un compromis politique délicat avec l’ANC, toujours parti dominant, et d’autres formations.

Entre attentes immenses, contraintes budgétaires et tensions de coalition, le parcours et les premières orientations de ce nouveau ministre éclairent les enjeux d’une agriculture sud-africaine à la croisée des chemins.

D’un jeune conseiller municipal à la tête de l’agriculture nationale

À 49 ans, John Henry Steenhuisen n’est pas un inconnu en Afrique du Sud. Né le 25 mars 1976 à Durban, dans l’actuelle province du KwaZulu-Natal, il s’engage très tôt en politique. Il entame son parcours au sein du Democratic Party, ancêtre de la DA, et devient, à 22 ans, l’un des plus jeunes conseillers municipaux de la ville de Durban, puis de la nouvelle municipalité métropolitaine d’eThekwini après la réorganisation municipale de 2000.

Ses débuts se déroulent dans le cadre des politiques locales : gestion des services municipaux, urbanisme, questions de sécurité, finances locales. Cette expérience, même éloignée des enjeux agricoles à proprement parler, le confronte déjà à des problématiques de développement, d’infrastructures et de gouvernance, qui irriguent aujourd’hui les débats sur l’avenir du monde rural sud-africain.

En 2009, il fait le saut vers la politique provinciale en entrant à la législature du KwaZulu-Natal, toujours sous la bannière de la DA. Il y devient rapidement chef de file de son parti et figure de proue d’une opposition déterminée à contester la domination de l’ANC, notamment sur les questions de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

Son influence s’accroît encore à partir de 2019, lorsqu’il est propulsé au premier plan de la politique nationale. Après la démission du leader de la DA Mmusi Maimane, John Steenhuisen devient chef de file du parti au Parlement, puis, en 2020, est élu leader fédéral de la DA, charge qu’il occupe toujours. Il devient ainsi l’un des principaux opposants à la politique de l’ANC au niveau national, critiquant régulièrement l’inefficacité de l’appareil d’État, les scandales de corruption et les failles en matière de services publics.

Pendant plusieurs années, rien ne laisse présager qu’il deviendra un jour ministre au sein d’un gouvernement dirigé par l’ANC. La DA se positionne comme alternative au parti au pouvoir et promet une gestion plus rigoureuse des finances publiques, une lutte plus ferme contre la corruption et une politique plus favorable à l’investissement privé. Sur le plan économique, la DA défend une approche libérale, favorable au marché, tout en insistant sur la création d’emplois et la protection de l’état de droit.

Le tournant se produit après les élections générales de 2024. Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid, l’ANC perd sa majorité absolue et doit s’engager dans une coalition pour gouverner. Après des négociations complexes, un gouvernement d’unité nationale est mis sur pied, auquel la DA décide de participer. Dans ce cadre, John Steenhuisen est nommé ministre de l’Agriculture, alors même qu’il demeure chef de son parti.

Cette double casquette – chef de parti de coalition et membre du gouvernement – fait de lui une figure centrale du nouveau paysage politique. À la tête d’un ministère clé pour la sécurité alimentaire et l’économie, il devient un test vivant de la capacité de la DA à gouverner au niveau national, non plus seulement à partir de l’opposition ou de quelques villes et provinces.

Un portefeuille stratégique au cœur d’un gouvernement de coalition

Le ministère de l’Agriculture n’est pas un portefeuille comme les autres en Afrique du Sud. Le pays est à la fois l’un des géants agricoles du continent, fortement intégré aux marchés mondiaux, et le théâtre de profondes inégalités dans l’accès à la terre, entre grandes exploitations commerciales héritées du passé et petites fermes émergentes issues des programmes de réforme agraire.

Après les élections de 2024, la réorganisation du gouvernement conduit à la scission de l’ancien ministère unifié de l’Agriculture, de la Réforme agraire et du Développement rural. Une nouvelle architecture crée un ministère de l’Agriculture distinct, tandis qu’un ministère de la Réforme agraire et du Développement rural, aujourd’hui dirigé par Mzwanele Nyhontso, est chargé des questions de redistribution des terres et de développement rural.

Cette séparation suppose une coordination étroite entre deux entités : l’une orientée vers la production, les marchés, la sécurité alimentaire et la gestion des filières ; l’autre centrée sur la transformation structurelle de l’accès à la terre, le soutien aux nouveaux agriculteurs et l’aménagement rural. En tant que ministre de l’Agriculture, John Steenhuisen doit donc travailler de concert avec le titulaire du portefeuille de la Réforme agraire, dans un contexte où la question foncière reste explosive sur le plan politique et symbolique.

À l’intérieur du gouvernement d’unité nationale, la position de la DA est délicate. D’un côté, le parti veut démontrer sa capacité à gouverner et à contribuer à la stabilité politique du pays. De l’autre, il reste en désaccord profond avec l’ANC sur de nombreux sujets, y compris la politique de discrimination positive, le rôle de l’État dans l’économie ou certaines approches de la redistribution foncière. Les tensions au sein de la coalition sont d’ailleurs apparues au grand jour, notamment autour de la participation de la DA à un dialogue national initié par le président Cyril Ramaphosa, dialogue que la DA a fini par quitter, tout en restant au gouvernement.

Dans ce climat, le ministère de l’Agriculture devient un laboratoire politique. La DA peut y mettre en avant sa vision d’une gouvernance plus efficace, d’un soutien mieux ciblé aux agriculteurs, d’une lutte contre la corruption et les détournements de subventions. L’ANC, de son côté, entend préserver les objectifs de transformation historique du secteur agricole, en particulier en matière de réforme agraire et de soutien aux communautés historiquement défavorisées.

Le ministère doit également composer avec les attentes des syndicats d’agriculteurs commerciaux, des organisations paysannes émergentes, des coopératives, des chambres d’agriculture, ainsi que des grandes entreprises agroalimentaires. Chacun de ces acteurs surveille de près la manière dont John Steenhuisen fixera ses priorités : modernisation des infrastructures, accès au crédit, politique de subventions, gestion des importations et exportations, ou encore régulation des monopoles dans certaines chaînes de valeur.

À l’international, l’Afrique du Sud joue un rôle important dans les négociations commerciales régionales et mondiales. Le ministère de l’Agriculture doit gérer les questions sanitaires et phytosanitaires, les conformités aux normes internationales, et les discussions autour des accords commerciaux, notamment avec l’Union européenne, la Chine ou les partenaires africains de la SADC. La réputation du pays comme exportateur de fruits, de vin, de viande et de produits transformés dépend largement de la capacité du ministère à assurer une régulation stable, prévisible et conforme aux standards.

Dans ce contexte, chaque prise de position, chaque budget, chaque réforme initiée par John Steenhuisen sera interprété à la fois comme un signal sur l’orientation de la politique agricole et comme un test de la solidité du gouvernement de coalition.

Sécurité alimentaire, réforme agraire, climat : les grands chantiers du ministère

Sur le plan concret, les défis qui attendent le ministre de l’Agriculture sont considérables. L’Afrique du Sud est régulièrement confrontée à la volatilité des prix des denrées alimentaires, aux sécheresses récurrentes et aux inégalités territoriales d’accès à la nourriture. Les zones urbaines pauvres et les campagnes défavorisées restent particulièrement exposées aux hausses de prix et aux problèmes de distribution.

La sécurité alimentaire demeure ainsi un enjeu central. Le pays produit, dans l’ensemble, assez de nourriture pour nourrir sa population, mais la distribution, le pouvoir d’achat et l’accès aux marchés posent problème. La question n’est pas seulement de produire davantage, mais de produire mieux, de réduire les pertes post-récolte, de soutenir les circuits de distribution et d’améliorer le stockage. Le ministère de l’Agriculture est en première ligne pour concevoir des programmes de soutien aux agriculteurs, financer ou cofinancer des infrastructures de stockage et de transport, et encourager la diversification des cultures.

La réforme agraire, même si elle relève formellement d’un autre ministère, ne peut être dissociée des politiques agricoles proprement dites. La redistribution des terres à de nouveaux agriculteurs ne suffit pas, en soi, à garantir le succès des exploitations réattribuées. Sans accompagnement technique, sans accès au crédit, sans formation, sans marchés, beaucoup de projets se heurtent à des difficultés. John Steenhuisen devra donc, dans l’exercice de ses fonctions, travailler étroitement avec le ministère de la Réforme agraire pour s’assurer que les nouveaux agriculteurs disposent des intrants, du savoir-faire et des débouchés nécessaires pour rendre leurs terres productives.

Le climat constitue un autre axe stratégique. L’Afrique du Sud est régulièrement touchée par des épisodes de sécheresse et de stress hydrique, qui fragilisent sévèrement les cultures pluviales et obligent à repenser les systèmes d’irrigation. La gestion de l’eau devient une composante incontournable de la politique agricole : modernisation des infrastructures d’irrigation, encouragement à des pratiques agricoles économes en eau, développement de variétés plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse, ainsi que prévention de la dégradation des sols.

À ces défis s’ajoute la nécessaire transition agroécologique. Les pressions internationales et les attentes de la société civile poussent à une réduction de l’usage des pesticides les plus nocifs, à la promotion de systèmes plus durables, à la préservation de la biodiversité et des sols. Si le programme détaillé du ministère sous John Steenhuisen reste à préciser, il devra composer avec cette demande croissante de durabilité, tout en garantissant la compétitivité des agriculteurs sud-africains sur les marchés mondiaux.

Les enjeux sociaux sont tout aussi lourds. Dans de nombreuses zones rurales, l’agriculture constitue l’un des principaux viviers d’emplois, souvent peu qualifiés. La mécanisation, la concurrence internationale et les contraintes de marché peuvent conduire à une réduction de l’emploi agricole. Le ministère doit donc intégrer dans sa réflexion la question de l’emploi rural : comment soutenir des filières à forte intensité de main-d’œuvre, comment encourager l’agro-industrie locale, comment favoriser des coopératives et des petites entreprises capables de transformer les produits sur place pour créer de la valeur ajoutée dans les territoires.

Enfin, la lutte contre les violences dans les campagnes – notamment les attaques visant des fermes, qui suscitent des tensions politiques et communautaires – demeure un sujet sensible. Même si la sécurité relève d’autres ministères, les inquiétudes des agriculteurs, qu’ils soient grands propriétaires ou petits exploitants, pèsent fortement sur le climat du secteur. L’action du ministère de l’Agriculture devra donc s’articuler avec les politiques de sécurité, de justice et de cohésion sociale pour contribuer à stabiliser le monde rural.

Entre contraintes budgétaires et attentes du monde rural

Si les marges de manœuvre politiques de John Steenhuisen sont limitées par les équilibres de coalition, ses marges financières le sont tout autant par l’état des finances publiques sud-africaines. Le pays fait face à un endettement élevé, à des besoins massifs en infrastructures, à des attentes sociales fortes dans les domaines de la santé, de l’éducation, du logement et de la sécurité. Dans ce contexte, le budget alloué à l’agriculture doit être négocié au cordeau.

Les discussions budgétaires récentes sur le développement rural et la réforme agraire, qui ont vu l’allocation de plusieurs milliards de rands pour soutenir la croissance agricole et améliorer les conditions de vie dans les campagnes, illustrent la tension permanente entre ambitions politiques et ressources limitées. Le ministère de l’Agriculture, même s’il n’est plus directement responsable de tous les aspects du développement rural, reste soumis à cette contrainte : faire beaucoup avec peu, hiérarchiser ses priorités, concentrer ses efforts sur des programmes jugés structurants.

Dans le monde rural, les attentes sont immenses. Les grands producteurs commerciaux réclament de la stabilité réglementaire, de la sécurité foncière, des infrastructures fiables – routes, électricité, réseaux d’irrigation –, ainsi qu’une politique commerciale claire et prévisible. Les petits agriculteurs, souvent dépendants de la pluie et dépourvus d’accès au crédit et aux intrants modernes, attendent un soutien concret : subventions, formations, accompagnement technique, création de coopératives, programmes de rachat de récoltes, et un meilleur accès aux marchés.

Les organisations de la société civile, les ONG et les mouvements paysans insistent, quant à eux, sur les enjeux de justice sociale. Ils demandent une véritable transformation du secteur, avec une redistribution plus équitable des terres, un soutien prioritaire aux agriculteurs noirs historiquement défavorisés, la promotion de modèles agricoles durables et une meilleure participation des communautés rurales aux décisions qui les concernent.

Le ministère doit également composer avec les autorités provinciales, qui disposent de compétences importantes en matière d’agriculture et de développement rural. La coordination entre gouvernement national et gouvernements provinciaux est un enjeu de gouvernance crucial : sans alignement des priorités, les programmes risquent de se chevaucher, de se diluer ou de ne jamais atteindre leurs bénéficiaires.

Pour John Steenhuisen, l’une des clés résidera dans sa capacité à imposer une culture de résultats au sein de l’administration qu’il dirige. La critique la plus fréquente adressée à l’État sud-africain est celle d’une mise en œuvre défaillante : programmes mal conçus, retards dans les décaissements, gestion administrative lourde, corruption locale ou nationale. La DA ayant fait de la bonne gouvernance un marqueur central de son identité politique, le ministre est attendu sur ce terrain : renforcer la transparence, lutter contre les détournements, améliorer la capacité d’exécution des programmes, moderniser les services, et rendre des comptes.

Enfin, le secteur agricole sud-africain est étroitement lié aux marchés financiers et au crédit. Les grandes exploitations s’appuient sur des banques commerciales et des institutions de financement spécialisées, tandis que les petits producteurs dépendent souvent d’instruments publics ou de dispositifs de microfinance. La solidité du secteur bancaire, la confiance des investisseurs et la stabilité macroéconomique influencent directement la capacité des agriculteurs à investir, à s’équiper et à se moderniser. Le ministère de l’Agriculture devra travailler de concert avec les ministères des Finances et du Commerce pour créer un environnement propice à ces investissements.

Une équation politique délicate pour John Steenhuisen

Au-delà des aspects techniques, la mission de John Steenhuisen comme ministre de l’Agriculture est éminemment politique. Il incarne à la fois le chef d’un parti qui a longtemps critiqué l’ANC et un membre à part entière d’un gouvernement de coalition qui dépend de la cohésion entre ses composantes pour fonctionner. Les tensions apparues autour de la participation de la DA au dialogue national lancé par le président Ramaphosa, ou encore les différends sur la gestion de certains ministres, montrent à quel point cet équilibre est fragile.

Dans ce contexte, la réussite – ou l’échec – du ministère de l’Agriculture aura une valeur symbolique particulière. Une gestion jugée efficace, transparente et tournée vers les résultats pourrait renforcer la crédibilité de la DA comme partenaire de gouvernement, et consolider l’idée qu’une coopération entre partis autrefois rivaux est possible au bénéfice du pays. À l’inverse, des blocages politiques, des scandales ou des programmes mal exécutés pourraient alimenter le scepticisme à l’égard du gouvernement d’unité nationale et fragiliser la position de la DA auprès de son propre électorat.

Le monde agricole lui-même n’est pas homogène sur le plan politique. Certains grands agriculteurs, notamment blancs, se montrent historiquement plus proches des positions de la DA ou d’autres partis d’opposition, tandis que de nombreux petits producteurs noirs restent attachés à l’ANC ou à des formations plus radicales sur la question foncière. John Steenhuisen devra donc trouver un langage capable de parler à l’ensemble de ces publics, sans apparaître comme le représentant exclusif d’un seul groupe.

Les échéances électorales futures, en particulier les élections locales prévues en 2026, ajoutent une pression supplémentaire. La DA cherche à consolider et à étendre ses positions dans les métropoles et les grandes villes, mais elle sait que les enjeux ruraux restent essentiels pour l’équilibre politique global du pays. Des figures de premier plan du parti, comme Helen Zille, ancienne dirigeante de la DA, sont déjà mises en avant comme candidates pour reconquérir des municipalités stratégiques, dans un climat où la question des services publics et des finances locales sera centrale.

Dans ce paysage mouvant, le ministère de l’Agriculture peut devenir, pour la DA, une vitrine de ce que le parti prétend savoir faire : discipline budgétaire, lutte contre la corruption, soutien ciblé à la croissance, partenariat avec le secteur privé, attention aux besoins des petites entreprises. Mais cette démonstration suppose que John Steenhuisen parvienne à dépasser les fractures politiques, à nouer des alliances de travail avec des ministres issus de l’ANC et d’autres partis, et à maintenir une cohérence globale dans la stratégie gouvernementale.

Il doit également composer avec son image personnelle. Ses années à la tête de la DA l’ont souvent placé dans un rôle de critique acerbe du gouvernement, dénonçant l’inefficacité, les scandales et les dérives du pouvoir. Désormais, en tant que membre de ce même pouvoir, il est observé avec un regard différent : celui d’un responsable tenu de produire des résultats, et plus seulement des discours. La culture politique sud-africaine, dans laquelle la méfiance envers les élites est forte, rend cet exercice encore plus délicat.

Pour l’instant, il est trop tôt pour dresser un bilan définitif de son action à la tête du ministère de l’Agriculture. Les réformes agricoles prennent du temps, les changements de pratiques ne se mesurent qu’à moyen et long termes, et les aléas climatiques ou économiques peuvent bouleverser les meilleures stratégies. Néanmoins, certains indicateurs seront scrutés de près : l’évolution de la production et des exportations, la résilience des filières face aux sécheresses, la situation des petits agriculteurs, la capacité du ministère à déployer efficacement ses programmes et à coopérer avec le ministère de la Réforme agraire et du Développement rural.

Au-delà de la personne de John Steenhuisen, c’est une certaine idée de la gouvernance qui se joue dans ce ministère : celle d’un État capable de planifier, de coordonner et de soutenir un secteur vital tout en respectant l’état de droit, en luttant contre la corruption et en tenant compte des impératifs de justice sociale. Si le ministre parvient à concilier ces exigences, il pourra non seulement marquer l’histoire de l’agriculture sud-africaine, mais aussi peser durablement sur l’avenir politique du pays.

En définitive, John Henry Steenhuisen se trouve à la croisée de trois dimensions : un héritage politique d’opposant devenu partenaire de gouvernement, un portefeuille agricole confronté à des défis immenses – sécurité alimentaire, climat, réforme agraire, emploi rural – et un système politique en transition, où la culture de la coalition reste à inventer. L’issue de cette équation influencera non seulement les récoltes et les exploitations, mais aussi la trajectoire démocratique de l’Afrique du Sud dans les années à ven

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