Le football est né dans la boue, sur des terrains municipaux, avec des crampons râpés qui prennent l’eau les soirs de pluie. Pourtant, à l’autre bout du spectre, certains modèles de chaussures se négocient aujourd’hui au prix d’un appartement, voire d’une petite maison. Entre pièces uniques serties de diamants, éditions limitées signées par les stars et modèles qui flambent sur les sites de revente, le crampon est devenu un symbole de statut, un investissement et parfois un objet d’art.
En 2025, dresser la liste des crampons les plus chers du monde suppose de naviguer entre plusieurs univers : les enchères caritatives, où l’on paie autant l’histoire que le cuir ; les plateformes de revente comme StockX, qui fonctionnent comme une véritable bourse aux sneakers ; et les modèles grand public très haut de gamme, dont le prix catalogue dépasse déjà largement ce que la plupart des amateurs sont prêts à mettre.
Impossible, donc, de parler de ces chaussures comme de simples outils sportifs. Elles racontent une époque où l’image d’un joueur, la rareté d’une série et le storytelling autour d’un match historique pèsent parfois plus lourd que les performances techniques. De Rio Ferdinand à Lionel Messi, de Cristiano Ronaldo aux grandes marques comme Nike et Adidas, le marché des crampons les plus chers du monde ressemble désormais à un microcosme du luxe.
Voici, à date, un panorama des 10 crampons les plus chers ou les plus cotés, en mêlant records aux enchères, ventes sur le marché secondaire et modèles de série haut de gamme. Le classement est indicatif : les prix peuvent évoluer, et certains montants restent des estimations basées sur les données publiques disponibles.

Un classement entre terrain et salles des ventes
Avant de plonger dans le détail des modèles, il faut comprendre comment un crampon peut atteindre des sommes à six chiffres, voire plus.
D’abord, il existe une catégorie totalement à part : les paires réalisées sur mesure, serties de pierres précieuses ou d’or, destinées à des stars planétaires et vendues à l’occasion de ventes caritatives. C’est le cas des crampons en or et diamants conçus pour Rio Ferdinand, John Terry et Wayne Rooney par une créatrice britannique. Ces paires sont évaluées à environ 500 000 dollars pour l’ensemble, et sont généralement considérées comme les chaussures de football les plus chères jamais produites.
Vient ensuite le monde très particulier des enchères de maillots et de chaussures portés en match. Des maisons comme Christie’s ont vu passer des paires de Lionel Messi portées lors de matches historiques, adjugées pour plus de 125 000 livres sterling, soit près de 175 000 dollars, les plaçant parmi les crampons les plus chers jamais vendus à l’unité.
Enfin, on trouve le marché de la revente dite « sneakerhead » : des plateformes spécialisées comme StockX publient des tableaux retraçant les dix crampons les plus chers vendus sur leur site, avec des montants qui atteignent près de 1 800 euros pour certains modèles de Nike Mercurial ou d’Adidas Predator, soit parfois six fois le prix de vente initial.
Notre top 10 s’appuie donc sur trois types de données :
- des records documentés aux enchères publiques ;
- des classements établis par des plateformes de revente ;
- et des prix catalogue pour les modèles les plus onéreux, lorsqu’ils sont complétés par de fortes hausses sur le marché secondaire.
Ce mélange explique les écarts vertigineux entre le podium – réservé à l’ultra-luxe – et le reste du classement, où l’on parle « seulement » de quelques centaines à quelques milliers d’euros.
N°1 à N°3 : les crampons hors catégorie, de l’or aux records de Messi
Dans cette première catégorie, les chiffres donnent le vertige. On n’est plus dans la logique d’achat d’un équipement sportif, mais dans celle de la collection d’art ou de la pièce de musée.
N°1 – Les crampons en or et diamants de Ferdinand, Terry et Rooney
Ils sont régulièrement cités comme les crampons les plus chers du monde : des paires réalisées pour Rio Ferdinand, John Terry et Wayne Rooney, recouvertes d’or blanc et de diamants. Estimées à environ 385 000 livres pour les trois paires, soit environ 500 000 dollars, elles ont été créées à l’origine pour une œuvre caritative.
Plus que leurs qualités techniques, ce sont évidemment les matériaux qui justifient ce prix : or, pierres précieuses, travail de joaillerie. À cela s’ajoute la notoriété des joueurs concernés, tous internationaux anglais et figures de la Premier League. La paire de John Terry, en particulier, se distinguerait par plus de 2 300 pierres, dont des diamants noirs.
Ces crampons ne sont pas pensés pour fouler une pelouse de Premier League. Ils symbolisent plutôt la rencontre entre deux univers : celui de la mode et de la haute joaillerie, et celui du football-business. Leur valeur tient autant à leur caractère unique qu’à l’histoire de leur création.
N°2 – Les Adidas de Lionel Messi du 644e but avec le Barça
En deuxième place, on trouve des crampons qui, eux, ont véritablement marqué l’histoire sportive. En 2020, Lionel Messi dépasse le record de Pelé du nombre de buts inscrits pour un même club, en inscrivant son 644e but avec le FC Barcelone contre Valladolid. Les Adidas qu’il porte ce jour-là sont ensuite signées, exposées au musée national d’art de Catalogne, puis mises aux enchères chez Christie’s.
Adjugées 125 000 livres, soit environ 175 000 dollars, ces chaussures deviennent officiellement les crampons de football les plus chers jamais vendus aux enchères en tant que chaussures de match. Le produit de la vente est reversé à un hôpital pour enfants, ce qui ajoute une dimension caritative et symbolique à l’opération.
Ici, la valeur ne vient ni de l’or ni des diamants, mais d’un moment de football : un record historique, la signature d’un joueur considéré comme l’un des meilleurs de l’histoire et la rareté absolue de ce type de pièce.
N°3 – Les signatures ultra-rares de Cristiano Ronaldo
Cristiano Ronaldo n’est pas absent de ce podium. Nike lui a consacré toute une série de Mercurial signature, dont certaines éditions limitées sont devenues de véritables graals pour collectionneurs.
Parmi elles, la Nike Mercurial Superfly IV CR7 « Rare Gold » tient une place à part. Créée pour célébrer le troisième Ballon d’Or du Portugais, elle n’a été produite qu’à 333 exemplaires numérotés, avec une finition dorée et un logo CR7 incrusté de micro-diamants. La paire était proposée à la vente autour de 250 dollars à sa sortie, mais sa rareté fait qu’elle est aujourd’hui évaluée à plusieurs milliers d’euros sur le marché des collectionneurs, même si les montants précis varient selon la pointure et l’état.
Ces modèles CR7 se situent un cran en dessous des records de Messi ou des crampons en diamants, mais restent largement au-dessus du marché « normal », à la frontière entre produit de consommation et objet de collection.
N°4 à N°6 : CR7, StockX et la folie des éditions limitées
Après les records aux enchères, on entre dans l’univers des reventes en ligne, où l’offre et la demande fixent des prix parfois difficilement justifiables, sinon par la passion.
N°4 – Nike Mercurial Superfly VI Elite CR7 « Chapter 6 Special Edition »
Selon les données publiées par StockX, la Nike Mercurial Superfly VI Elite CR7 FG « Chapter 6 Special Edition » est la chaussure de football la plus chère jamais vendue sur cette plateforme. Le modèle est limité à 154 paires, chiffre qui rappelle le nombre de sélections de Cristiano Ronaldo avec le Portugal au moment de sa sortie.
Résultat : certains exemplaires se sont envolés jusqu’à environ 2 000 dollars sur le marché secondaire, soit près de 1 800 euros, pour une chaussure dont le prix initial était déjà élevé, mais loin de ces chiffres. Ce modèle illustre parfaitement la mécanique de la rareté : plus le stock est limité, plus le storytelling est travaillé, plus l’objet devient désirable.
Ces crampons associent matériaux haut de gamme, plaque légère, empeigne travaillée pour la vitesse et design hommage au parcours de CR7. Mais ce qui les place dans ce top 10, ce n’est pas le gain de quelques centièmes de seconde sur 30 mètres : c’est le statut de trophée qu’ils ont acquis auprès des fans.
N°5 – Nike Mercurial Superfly « What the Mercurial »
Les Nike Mercurial Superfly « What the Mercurial » sont souvent décrites comme un manifeste de la culture sneaker appliquée au football. Sorties en édition limitée à seulement 3 000 exemplaires dans le monde, elles reprennent des éléments de 16 modèles emblématiques de la Mercurial, avec 18 coloris différents, dans un patchwork spectaculaire.
Retail à environ 275 euros lors de leur lancement, elles sont aujourd’hui revendue autour de 800 à 1 000 euros neuves sur certains sites spécialisés, parfois davantage selon la taille.
Les « What the Mercurial » symbolisent ce moment où la chaussure de foot s’inspire directement du monde des sneakers lifestyle : éditions limitées, storytelling autour de l’héritage du modèle, communication orientée collectionneurs. Sur le terrain, elles restent des crampons haut de gamme ; dans une vitrine, elles deviennent une pièce de design.
N°6 – Les autres signatures CR7 les plus cotées
Toutes les chaussures signées Cristiano Ronaldo ne figurent pas au sommet de ce classement, mais plusieurs éditions limitées de la ligne Mercurial CR7 se retrouvent régulièrement dans les top 10 des crampons les plus chers sur les plateformes de revente.
Entre les coloris commémorant ses saisons record, les modèles célébrant ses Ballons d’Or et les séries numérotées, certaines paires dépassent souvent le millier d’euros en revente, surtout lorsqu’elles sont :
- neuves avec étiquette ;
- accompagnées de leur boîte et de leur sac d’origine ;
- associées à un moment précis de la carrière de CR7.
Là encore, ce qui se paie n’est pas seulement le cuir ou la technologie de la semelle, mais un fragment de la légende Ronaldo, compressé dans un objet que l’on peut exposer chez soi.
N°7 à N°10 : le haut de gamme des Predator et Mercurial sur StockX
Le bas du top 10 ne signifie pas « bon marché ». Il rassemble des modèles qui, même sans diamants ni ventes caritatives, dépassent largement la barrière psychologique des 300 ou 400 euros.
N°7 – Adidas Predator Accelerator, l’icône qui flambe en revente
Adidas occupe une place solide dans les classements des crampons les plus chers vendus sur StockX. Dans les tableaux récapitulatifs publiés par des sites spécialisés, on retrouve notamment deux versions de la Predator Accelerator, modèle culte des années 1990 relancé en édition limitée.
Parmi les plus recherchées :
- l’Adidas Predator Accelerator FG « Solar Yellow », autour de 319 euros ;
- l’Adidas Predator Accelerator FG « Black/White/Red », aux alentours de 359 euros.
Ces prix correspondent à des reventes sur le marché secondaire, parfois plusieurs fois le prix de départ. Là encore, le moteur de la hausse, c’est la combinaison de nostalgie (la Predator est un modèle mythique porté par des légendes comme Zinedine Zidane), de rareté et de design immédiatement reconnaissable.
N°8 – Adidas Predator Dragon, l’édition inspirée de la mythologie
Parmi les modèles récents les plus chers, des médias spécialisés citent également la Predator Dragon, inspirée de la mythologie chinoise. Proposée autour de 400 euros prix public, cette chaussure mise sur un design spectaculaire et sur l’aura de la gamme Predator pour séduire une clientèle prête à investir lourdement dans son équipement.
Son prix catalogue, déjà très élevé, peut encore augmenter sur la revente lorsque les tailles les plus recherchées viennent à manquer. La Predator Dragon illustre bien une tendance : les marques n’hésitent plus à positionner certains modèles au niveau d’un produit de luxe, en assumant le fait qu’ils ne s’adressent pas à tous les porte-monnaie.
N°9 – Nike Mercurial Vapor 360 x Off-White
La collaboration entre Nike et le label Off-White de Virgil Abloh a déjà donné naissance à certaines des sneakers les plus désirées des dernières années. La Mercurial Vapor 360 version Off-White a appliqué cette recette au crampon, avec un design minimaliste ponctué de marquages typiques du créateur.
Sur les plateformes de revente, ce modèle a atteint des niveaux de prix supérieurs à 400 euros, avec des pointes autour de 405 euros selon les pointures.
Ici, la rareté tient aussi au croisement entre deux cultures : celle de la mode et celle du football. Acheter une Mercurial Off-White, c’est autant revendiquer une sensibilité streetwear que soutenir un club ou un joueur.
N°10 – Nike Mercurial Vapor Flyknit Ultra et Vapor XIII Future Lab
La fin de ce top 10 est occupée par d’autres déclinaisons très haut de gamme de la Mercurial Vapor :
- la Nike Mercurial Vapor Flyknit Ultra « Fire and Ice », affichée autour de 358 euros dans certains classements ;
- la Nike Mercurial Vapor XIII « Future Lab », vendue jusqu’à 311 euros sur le marché de la revente.
Ces chiffres les placent parmi les crampons de série les plus chers au monde, hors collaborations ultra limitées et paires transformées en pièces de collection. Technologiquement, elles concentrent le meilleur de la recherche Nike : empeigne Flyknit, finitions premium, semelles optimisées pour la vitesse.
Si ces montants restent très éloignés des centaines de milliers d’euros atteint par les crampons de Messi ou par les modèles sertis de diamants, ils marquent une rupture nette avec ce que le grand public considère habituellement comme le « haut de gamme » en matière de chaussures de foot.
Folie passagère ou nouvelle normalité du football-business ?
À la lecture de ce top 10, une question s’impose : ces crampons valent-ils vraiment leur prix ? Techniquement, il est difficile de justifier un écart de plusieurs milliers d’euros entre un modèle déjà performant autour de 250 euros et son équivalent vendu dix fois plus cher en revente. Les matériaux changent parfois, mais l’essentiel vient d’ailleurs : de la rareté, de la signature d’un joueur, du récit qu’on brode autour d’un match ou d’une saison.
Pour les clubs, ces crampons ultra-précieux participent aussi à la mise en scène du football moderne. Une paire portée lors d’un record historique devient un objet-mémoire, qui peut ensuite être vendue au profit d’une œuvre caritative, enrichissant encore l’image du joueur. C’est le cas des chaussures de Messi pour son 644e but, dont le produit de la vente a été reversé à un hôpital pour enfants.
Pour les marques, c’est une façon de pousser la logique du produit dérivé à son extrême. En multipliant les séries limitées, les éditions anniversaires et les collaborations avec des designers, elles créent des objets dont la valeur dépasse largement leur coût de fabrication. Les plateformes comme StockX, en publiant des classements des crampons les plus chers jamais vendus sur leur site, entretiennent cette dynamique en donnant une visibilité permanente aux records de prix.
Pour les fans enfin, ces crampons deviennent parfois un investissement. Certains acheteurs n’ont aucune intention de porter ces chaussures sur un terrain : ils les gardent dans leur boîte, espérant une hausse future de la cote. On assiste alors à une financiarisation de l’objet sportif, exactement comme pour les sneakers ou certains maillots.
Reste à savoir si cette inflation continuera. Tant que le football générera autant de passion, d’audience et d’argent, il est probable que de nouvelles paires viendront bousculer ce classement : une nouvelle série limitée pour célébrer un record, une collaboration inattendue entre une maison de luxe et un équipementier, ou un match historique transformant de simples crampons en relique. Les records Guinness et les maisons d’enchères, qui documentent déjà ces ventes, devront sans doute réactualiser leurs tableaux régulièrement.
En attendant, ce top 10 raconte une chose simple : le crampon, objet utilitaire par excellence, a basculé dans une autre dimension. Il continue de labourer les pelouses, mais il habite aussi les vitrines des collectionneurs, les catalogues des maisons de ventes et les rêves de supporters prêts à économiser des mois pour s’offrir un morceau, même infime, de la légende du football.