Qui est Yahia Bachir , l’homme politique ?

Nommé à la tête du ministère de l’Industrie à la mi-septembre 2025, Yahia Bachir arrive au gouvernement dans un moment où l’exécutif algérien affiche une volonté de donner un nouvel élan au secteur productif. La séquence est politique autant qu’économique : la constitution d’un nouveau gouvernement conduit par le Premier ministre Sifi Ghrieb s’accompagne d’un passage de relais au ministère de l’Industrie, présenté par les autorités comme un portefeuille central pour la dynamique de développement.

Au-delà du symbole, les premiers discours et déplacements attribuent à Yahia Bachir une feuille de route articulée autour de la gouvernance, du suivi des projets, de la relance de certains actifs industriels, et d’une montée en gamme recherchée : normalisation, conformité, innovation, sous-traitance, intégration. Une grande partie de ces éléments apparaît dans des comptes rendus de prise de fonctions et, plus tard, dans des déclarations liées à l’examen budgétaire 2026.

Cet article dresse un portrait strictement factuel du ministre tel qu’il se dessine à travers les informations publiques disponibles, et revient sur les axes qui sont associés, depuis septembre 2025, à sa méthode et à ses priorités.

Une nomination dans le gouvernement Ghrieb et un profil issu du monde industriel

Selon les informations rapportées lors de la prise de fonctions, Yahia Bachir succède à Sifi Ghrieb au ministère de l’Industrie, ce dernier ayant été nommé Premier ministre à la suite de la formation du nouveau gouvernement annoncée par la présidence. La cérémonie de passation est décrite comme un moment de continuité, le nouveau ministre remerciant le président de la République pour la confiance accordée et saluant le travail mené par son prédécesseur.

La date de sa prise de fonctions est située autour du 15–16 septembre 2025, dans le cadre de la mise en place du gouvernement Ghrieb. Plusieurs sources convergent sur cette chronologie : les comptes rendus de presse relatent une installation “lundi à Alger”, après la nomination du gouvernement “dimanche”.

Sur le plan du parcours, les éléments biographiques disponibles dans la presse indiquent que Yahia Bachir a occupé des responsabilités au sein du Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA), qu’il a dirigé “pendant plusieurs années” selon le compte rendu de la Radio Algérienne.

Ces précisions sont reprises par des notices biographiques publiques qui le présentent comme un homme d’affaires et un responsable ayant exercé à la tête de GICA avant d’entrer au gouvernement.

À ce stade, l’image est celle d’un ministre identifié à une trajectoire de gestion dans une branche lourde, structurante pour l’industrie au sens large : matériaux de construction, ciment, investissements d’unités, logistique, et enjeux de performance au sein d’un grand groupe public. Les informations publiques ne détaillent pas, dans les mêmes termes et avec le même niveau de précision, l’intégralité de son parcours antérieur ; elles convergent toutefois sur ce passage par la direction de GICA comme repère principal dans sa présentation.

La “bonne gouvernance” et le suivi des projets : le cap affiché dès la prise de fonctions

Dans son intervention lors de la passation, Yahia Bachir met en avant une méthode fondée sur le travail avec l’administration du ministère et l’application d’une gouvernance efficace. Les comptes rendus de la cérémonie insistent sur une double exigence : accélérer la performance, et obtenir des résultats mesurables via un pilotage plus resserré des programmes et des projets.

Le thème du contrôle et du suivi apparaît comme un marqueur immédiat. Le ministre s’engage à un “suivi de terrain rigoureux” et à un contrôle continu de la mise en œuvre des programmes et projets, présentés comme le cœur des priorités du département. Cette orientation, rapportée par la Radio Algérienne, situe l’action du ministre dans une logique de management public : vérifier l’exécution, réduire les retards, et rendre la chaîne de décision plus opérationnelle.

De son côté, Sifi Ghrieb, désormais Premier ministre, évoque dans la même séquence une stratégie présidentielle visant à impulser une industrie au service de l’économie nationale. Le passage de relais est ainsi cadré comme une continuité de ligne : il ne s’agit pas d’un changement de doctrine affiché, mais d’un changement de portage politique et administratif du dossier industriel.

Dans les éléments rapportés, la gouvernance n’est pas seulement un mot d’ordre général : elle s’accompagne d’une idée de cadence. Le ministre insiste sur l’accélération du rythme de performance et sur un travail “planifié et intégré”, ce qui renvoie à des instruments classiques de pilotage (planification, coordination intersectorielle, visites de terrain, remontées d’indicateurs) sans que les sources publiques ne décrivent, à ce moment précis, les outils exacts qui seront employés.

Enfin, un autre point apparaît dès la cérémonie : l’idée que certains projets seraient liés à la récupération de fonds détournés et au lancement de nouveaux projets. Ce passage est attribué à Sifi Ghrieb dans les comptes rendus, et il ancre la politique industrielle dans une séquence où la reprise de certains dossiers est présentée comme une étape permettant de “récolter les fruits” de projets engagés.

Relance d’actifs et relation avec les grands groupes publics : le cas GICA comme signal

Une fois installé, Yahia Bachir est décrit comme poursuivant une série de rencontres avec de grands groupes publics. Parmi ces échanges, la presse évoque une réunion avec les responsables de GICA, dans le cadre d’un travail de suivi des performances, des projets en cours et des obstacles rencontrés (administratifs et techniques).

La présence de GICA dans cette séquence a une double lecture factuelle. D’une part, elle est cohérente avec la biographie publique du ministre, qui est présenté comme ayant dirigé ce groupe ; d’autre part, elle rappelle le poids du ciment et des matériaux de construction dans l’écosystème industriel, à la fois comme production stratégique pour les chantiers et comme secteur exportateur potentiel selon des trajectoires plus anciennes déjà documentées autour de GICA.

Des comptes rendus de visite mentionnent également des inspections liées à des unités de cimenterie, avec l’idée d’accélérer certains projets industriels “récupérés” et de suivre des travaux de lancement de lignes de production. Les sources disponibles signalent une visite à Adrar et un focus sur une cimenterie relevant de GICA, dans le cadre d’un déplacement ministériel.

En matière de politique publique, ce type de séquence est souvent lu comme un indicateur de priorités : aller rapidement vers les grands opérateurs, identifier les goulets d’étranglement, et remettre en mouvement des projets jugés prêts à aboutir. Les sources consultées ne permettent pas d’affirmer, chiffres à l’appui, l’impact économique immédiat de ces démarches ; elles permettent en revanche d’établir que le ministre inscrit son action, dès les premières semaines, dans un rapport direct aux unités et aux groupes industriels publics.

Le secteur du ciment, pour sa part, est un secteur structuré : GICA est présenté dans des sources publiques comme un groupe de matériaux de construction et comme un acteur majeur de la production nationale de ciment, avec un historique institutionnel et un ensemble d’unités industrielles sur le territoire. Ces éléments contextualisent la visibilité donnée à cette filière dans les premières semaines du mandat.

Ce faisceau d’informations alimente, dans l’espace médiatique, la perception d’un ministre qui s’appuie sur une expérience de gestion industrielle pour traiter des dossiers concrets : production, capacité, obstacles techniques, coordination administrative. À ce stade, la documentation publique rapporte des réunions, des visites, des intentions et des axes, plus qu’elle ne détaille des réformes déjà abouties.

La stratégie industrielle présentée autour du budget 2026 : foncier, normes, innovation, intégration

À l’automne 2025, des déclarations attribuées à Yahia Bachir lors de l’examen du projet de loi de finances 2026 exposent une vision structurée pour accroître le rôle de l’industrie. Dans ce cadre, il est rapporté qu’il réaffirme un objectif de porter la contribution de l’industrie à 13 % du produit intérieur brut d’ici 2027, objectif présenté comme conforme à une orientation fixée par le président de la République.

Le contenu détaillé de cette intervention, tel qu’il est rapporté, s’articule autour de plusieurs piliers.

Premier axe : l’infrastructure et le foncier industriel. Il est question d’accroître la disponibilité du foncier, de développer des zones d’activités et des zones industrielles, et de finaliser des opérations d’aménagement et de raccordement aux réseaux, en coordination avec les instances concernées. Une base de données nationale actualisée sur le foncier industriel est également mentionnée comme étant en cours de constitution, avec l’objectif d’améliorer la transparence et l’efficacité de gestion.

Deuxième axe : compétitivité, normalisation et conformité. Le ministère est présenté comme travaillant au renforcement de la compétitivité des entreprises industrielles et des laboratoires nationaux à travers des activités de normalisation, d’accréditation et d’évaluation de la conformité, “conformément aux normes internationales”. Le même compte rendu évoque la mise en place de fiches techniques de produits et d’opérations industrielles, élaborées en coordination avec d’autres secteurs.

Troisième axe : innovation et transfert technologique. Les éléments disponibles parlent d’une volonté d’améliorer le cadre législatif et réglementaire lié à l’innovation et à la propriété industrielle, et de promouvoir un système national de transformation technologique. Sont aussi mentionnées l’identification d’activités industrielles à haut potentiel d’innovation, l’appui aux start-up orientées technologie et industrie “high-tech”, et l’encouragement de la coopération entre universités, centres de recherche et tissu productif.

Quatrième axe : sous-traitance et intégration industrielle. Les sources rapportent l’annonce de programmes visant à renforcer l’intégration nationale, y compris l’élaboration d’une feuille de route nationale pour la sous-traitance et la création de réseaux industriels entre entreprises, afin de consolider des chaînes de valeur.

Cinquième axe : moyens budgétaires et investissement. Il est indiqué, dans le même récit, que plus de 88 % des allocations du secteur dans le projet de loi de finances 2026 seraient destinées à l’investissement et à l’achèvement de projets en cours. Cet accent budgétaire sur l’investissement est présenté comme un levier pour matérialiser la stratégie, même si les sources consultées ne détaillent pas, dans le même niveau de précision, la ventilation complète des lignes de dépenses.

L’ensemble dessine une politique industrielle qui combine des dimensions “dures” (zones, foncier, réseaux, projets) et des dimensions de montée en qualité (normes, conformité, innovation, transfert technologique). Dans ce cadrage, la sous-traitance et l’intégration ne sont pas décrites comme des sujets annexes : elles sont présentées comme un pivot permettant de densifier le tissu industriel et de relier les filières entre elles.

Il faut toutefois distinguer, dans une lecture journalistique prudente, le programme exposé et son exécution. Les éléments publics rapportent un cap et des instruments envisagés ; ils ne fournissent pas encore, à ce stade, d’évaluation consolidée des résultats, d’autant que la nomination du ministre est récente à l’échelle d’un cycle budgétaire.

Filières ciblées et discours de “montée en intégration” : mécanique, sous-traitance, modernisation

Au fil des semaines, le ministre est aussi associé à des prises de parole sur des filières spécifiques, notamment l’industrie mécanique et la sous-traitance. Des articles de presse rapportent sa participation à des événements sectoriels à Alger, où l’accent est mis sur le caractère stratégique de l’industrie mécanique dans la vision économique du pays et sur l’importance des partenariats.

Même lorsque les détails de ces interventions ne sont pas toujours accessibles dans les mêmes conditions techniques depuis toutes les sources, un motif revient dans plusieurs comptes rendus : la notion de taux d’intégration, de contenu local et de structuration de la chaîne de valeur, en lien avec la sous-traitance.

Cette orientation s’inscrit dans la logique exposée lors de l’examen budgétaire : faire de la sous-traitance un levier, encourager la constitution de réseaux industriels, et moderniser les PME qui sont décrites comme “l’épine dorsale” du tissu productif. Dans le récit public, la modernisation renvoie notamment à l’adaptation aux mutations technologiques et à l’attention portée aux dimensions numérique et “verte”.

Dans d’autres publications, le ministre est décrit comme donnant le ton sur des réformes à introduire dans le secteur, avec une attention à l’automatisation et à la robotisation. Ces thèmes, tels qu’ils sont rapportés, s’inscrivent dans une rhétorique d’industrie 4.0 : produire mieux, plus vite, plus conforme, en réduisant les frictions, et en modernisant l’outil industriel.

Il existe enfin un lien constant, dans les comptes rendus, entre modernisation et gouvernance. À la prise de fonctions, l’idée de “contrôle continu” de la mise en œuvre des programmes et projets se présente comme un préalable : avant même l’annonce d’une réforme structurelle, il est question de méthode d’exécution et de discipline de suivi. Plus tard, la stratégie exposée lors du débat budgétaire donne une ossature : foncier, normes, innovation, intégration, investissement.

Pris ensemble, ces éléments permettent de résumer, sans extrapolation, ce que l’on sait publiquement du début de mandat de Yahia Bachir : une nomination intervenue dans la recomposition gouvernementale de septembre 2025 ; un profil adossé à une expérience de direction dans un grand groupe public de l’industrie des ciments ; un démarrage marqué par l’insistance sur la bonne gouvernance et le suivi des projets ; et une stratégie présentée, dans le cadre budgétaire 2026, qui combine l’infrastructure industrielle (foncier, zones), la qualité (normalisation, conformité), l’innovation (cadre réglementaire, transfert technologique) et l’intégration (sous-traitance, réseaux d’entreprises), avec un accent budgétaire mis sur l’investissement.

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