Concours de magistrature : “pas de quota, seuls les méritants seront admis”
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 2 heures
- 11 min de lecture
Ce 24 novembre 2025, le Ministère de la Justice, à Faravohitra, a accueilli sa cérémonie de levée de drapeau. L’événement, qui s’inscrit dans le rythme institutionnel du département, a été présidé par Madame Fanirisoa Ernaivo, Garde des Sceaux et Ministre de la Justice. Autour d’elle se tenaient les chefs de juridiction ainsi que l’ensemble des collaborateurs du Ministère. Dans une atmosphère solennelle, cette rencontre a été l’occasion pour la Ministre de s’adresser aux responsables judiciaires et administratifs présents et de rappeler les axes principaux de l’action conduite par son département. Au-delà du protocole, l’allocution prononcée a donné à la cérémonie une portée politique et administrative claire, centrée sur la lutte contre les pressions, la corruption et toutes les pratiques susceptibles d’affaiblir la confiance des citoyens envers la Justice, mais aussi sur des chantiers de travail immédiats et sur les textes à venir destinés à moderniser l’arsenal pénal et à améliorer les conditions de détention.

Une cérémonie officielle présidée par la Garde des Sceaux
La levée de drapeau organisée à Faravohitra a rassemblé, dès ce lundi 24 novembre 2025, la hiérarchie judiciaire et le personnel du Ministère. Présidée par Madame Fanirisoa Ernaivo, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, elle s’est tenue en présence des chefs de juridiction et de tous les collaborateurs du département. Par ce rassemblement, l’institution s’est placée dans un cadre à la fois républicain et administratif, réaffirmant l’unité des services autour de l’autorité ministérielle.
La présence de l’ensemble des collaborateurs, aux côtés des chefs de juridiction, souligne le caractère transversal de cette cérémonie. Elle ne s’est pas limitée à un geste symbolique, mais a réunifié, le temps d’un même moment, les décideurs et les agents chargés du fonctionnement quotidien du service public de la Justice. La Ministre en a profité pour porter une parole qui s’adresse à chaque niveau de responsabilité, des magistrats aux administratifs, des chefs d’établissements pénitentiaires aux agents de terrain, en rappelant que l’efficacité et la crédibilité du système judiciaire reposent sur la cohésion de ces acteurs.
Dans l’allocution, la cérémonie est apparue comme un temps de cadrage et d’orientation. L’exercice ministériel place généralement ce type de rencontre dans une continuité : celle du suivi des priorités, de la réaffirmation des valeurs de l’État de droit et de l’éthique publique, et du rappel des engagements pris devant les citoyens. La solennité de la levée de drapeau, par le respect du protocole républicain, sert également à souligner le lien entre l’institution judiciaire et la République. Le drapeau levé devant le Ministère représente l’autorité de l’État, au nom de laquelle la Justice est rendue et au bénéfice de laquelle elle doit demeurer indépendante, impartiale et intègre.
Le rassemblement du 24 novembre intervient en outre dans un calendrier institutionnel actif. La Ministre s’est exprimée après un Conseil supérieur de la Magistrature tenu la semaine précédente au Palais d’Iavoloha. Ce rappel de séquence indique que la cérémonie de Faravohitra n’a pas été conçue comme un événement isolé, mais comme une étape dans un enchaînement d’actions et de messages. L’allocution a donc relié la solennité du moment à l’actualité de la politique judiciaire, de façon à articuler le symbole et l’action.
La cérémonie a enfin servi de cadre pour un discours d’autorité. La Ministre a présidé non seulement la levée de drapeau, mais aussi le rappel des lignes directrices que devront suivre les services durant les jours et semaines à venir. En cela, elle a réaffirmé la place du Ministère comme instance de pilotage, tout en insistant sur le rôle des chefs de juridiction et des collaborateurs dans l’exécution de la mission.
Un rappel du message présidentiel sur l’intégrité judiciaire
Dans son allocution, Madame Fanirisoa Ernaivo a réaffirmé le message du Colonel Michaël Randrianirina, Président de la Refondation de la République, exprimé lors du Conseil supérieur de la Magistrature tenu la semaine dernière au Palais d’Iavoloha. Ce message, selon les termes rappelés, porte sur la détermination du Ministère à lutter contre les pressions, la corruption et toutes les formes de pratiques portant atteinte à la confiance des citoyens envers la Justice.
Cette réaffirmation n’est pas anodine. Elle place la cérémonie de levée de drapeau dans un prolongement direct du Conseil supérieur de la Magistrature, instance majeure pour l’organisation et la discipline du corps judiciaire. En reprenant la parole présidentielle, la Ministre a voulu souligner une cohérence politique et institutionnelle entre la direction de l’État et la politique conduite par son département. Le combat contre les pressions et la corruption est ainsi présenté comme une priorité partagée au sommet de l’exécutif et au sein de l’appareil judiciaire.
Le discours insiste sur la notion de confiance des citoyens envers la Justice. Cette formulation situe le problème au cœur du pacte social : pour qu’un système judiciaire soit reconnu et accepté, il doit être perçu comme impartial, ferme et transparent. Les pratiques évoquées — pressions, corruption, atteintes à l’éthique — sont explicitement présentées comme des menaces directes à cette confiance. En les dénonçant, la Ministre s’engage à défendre l’intégrité des procédures et la légitimité des décisions rendues.
Le rappel du message présidentiel comporte également une dimension de soutien aux magistrats et aux agents. En affirmant la détermination à lutter contre les pressions, l’exécutif reconnaît implicitement que des tentatives d’influence existent et qu’elles doivent être combattues pour préserver l’indépendance de la Justice. En réaffirmant ce cap devant les chefs de juridiction, la Ministre adresse un signal clair : les responsables judiciaires doivent se sentir appuyés dans l’exercice de leurs fonctions, sans céder aux influences ou aux intérêts particuliers.
Cette ligne politique vise aussi à fixer une norme interne. Quand une Ministre, dans un cadre solennel, rappelle un message de fermeté, elle inscrit ce message dans la culture administrative du Ministère. Les collaborateurs présents, en entendant l’allocution, reçoivent une injonction de vigilance. La lutte contre la corruption et les pratiques déviantes ne relève pas seulement de la sanction a posteriori, mais d’une attitude quotidienne et collective.
Par ailleurs, l’insistance sur « toutes formes de pratiques portant atteinte à la confiance » élargit le propos au-delà d’une simple dénonciation de la corruption financière. Elle englobe tout acte, toute procédure abusive, toute manipulation ou comportement contraire à l’éthique judiciaire. En se référant au Conseil supérieur de la Magistrature, la Ministre rattache ce combat à une réflexion institutionnelle plus large, qui concerne à la fois la discipline interne, le respect des règles déontologiques et la qualité du service rendu au public.
Ce passage de l’allocution montre donc une volonté de transformer un rappel politique en directive opérationnelle. L’objectif est de consolider l’image d’une Justice dont l’autorité repose d’abord sur son intégrité.
Une semaine de réunions et un projet d’infrastructure foncière
Au cours de cette semaine, des réunions de travail sont annoncées avec les chefs du Parquet et les chefs d’établissements pénitentiaires. L’objectif indiqué est d’améliorer le fonctionnement des juridictions et de l’administration pénitentiaire. Cette programmation immédiate montre que la cérémonie de levée de drapeau a aussi servi de point de départ à des actions concrètes, inscrites dans l’agenda de travail du Ministère.
Les chefs du Parquet, en tant que responsables de l’action publique, constituent des acteurs clés du système judiciaire. Leur participation à des réunions de travail signifie que le Ministère veut examiner les pratiques, les difficultés et les perspectives d’amélioration au sein des juridictions. De leur côté, les chefs d’établissements pénitentiaires incarnent le pilier de l’exécution des décisions pénales et de la gestion de la détention. Les réunir autour d’une même démarche d’amélioration reflète une approche globale reliant la chaîne judiciaire, depuis la poursuite jusqu’à l’exécution des peines.
L’allocution met ainsi en avant la recherche d’efficacité. Améliorer le fonctionnement des juridictions et de l’administration pénitentiaire revient à interroger les méthodes, l’organisation et les conditions de travail. Sans entrer dans les détails, la Ministre fixe un cadre : les réunions ne seront pas simplement consultatives, mais orientées vers la mise en place de solutions.
Dans la même séquence, une inauguration d’infrastructure dédiée au traitement des litiges fonciers est prévue à Anosy. Cette annonce souligne un autre axe de la politique du Ministère : celui de la modernisation des outils et des structures. Les litiges fonciers représentent une catégorie de contentieux souvent complexe, impliquant des intérêts économiques et sociaux élevés. Le fait de prévoir une infrastructure spécifiquement dédiée à leur traitement montre une volonté de spécialisation et d’amélioration de la réponse judiciaire.
Cette inauguration est annoncée comme devant se dérouler au cours de la semaine. Elle s’inscrit donc dans le même tempo que les réunions de travail. Le message adressé est celui d’une institution en mouvement, qui combine la réflexion interne, la coordination des acteurs et l’investissement dans des structures adaptées.
La question foncière, abordée à travers cette infrastructure, révèle aussi une dimension de service au public. Doter le pays d’un outil consacré au traitement de tels litiges vise à rendre les procédures plus efficaces et à sécuriser les décisions. Sans ajouter d’éléments non mentionnés, il ressort que l’inauguration à Anosy est perçue comme une étape importante de cette stratégie.
L’annonce simultanée de réunions et d’une inauguration dans le même discours donne au passage une cohérence : la Ministre articule l’amélioration de la gouvernance interne et le renforcement des capacités matérielles. Il s’agit de faire progresser l’institution autant dans ses pratiques que dans ses moyens.
Enfin, la temporalité courte — « au cours de cette semaine » — installe une dynamique immédiate. La cérémonie de levée de drapeau ne se limite pas à une déclaration d’intention, elle ouvre sur une série d’actions déjà planifiées, dont les résultats sont attendus dans un délai proche.
Une tolérance zéro face aux pratiques frauduleuses
Madame la Ministre a réitéré sa fermeté face à la corruption, aux falsifications et, notamment, à l’exécution de perquisitions frauduleuses. Elle a souligné qu’aucune tolérance ne sera accordée à de tels agissements. Ce passage du discours renforce la ligne de fermeté évoquée plus haut. Il ne s’agit pas uniquement d’affirmer une volonté générale de lutte contre la corruption, mais de pointer des formes précises de dérives.
En mentionnant les falsifications, la Ministre rappelle que la fraude peut se manifester dans des documents, des procédures ou des décisions altérées. La Justice, fondée sur la preuve, sur la traçabilité des actes et sur la rigueur des procédures, est particulièrement vulnérable à ce type de manœuvres si elles ne sont pas combattues de manière systématique. La fermeté annoncée vise ainsi à protéger l’authenticité des actes judiciaires.
La référence explicite aux perquisitions frauduleuses introduit un point important. Les perquisitions font partie des actes d’enquête les plus sensibles, car elles touchent à la sphère privée et supposent un strict encadrement légal. Les qualifier de frauduleuses signifie qu’il existe des cas où cet acte peut être détourné de sa finalité, exécuté sans respect des règles, ou utilisé comme instrument d’abus. En soulignant ce point, la Ministre place ces pratiques au rang des comportements les plus graves, car elles portent atteinte à la fois aux droits des personnes et à la crédibilité de l’institution.
L’expression « aucune tolérance » est un marqueur politique et administratif net. Elle annonce une politique de sanction sévère, sans arrangement ni indulgence, envers les auteurs de tels agissements. Le message est double : d’une part, dissuader ceux qui seraient tentés de recourir à ces pratiques ; d’autre part, rassurer les citoyens et les professionnels intègres sur le fait que l’institution se protège elle-même.
Dans un cadre de presse et de gouvernance, ce type de proclamation participe à la construction d’un climat de responsabilité. La Ministre s’adresse à tous les collaborateurs présents, ce qui signifie que la responsabilité est collective. Même si certains faits sont commis par des individus, leur existence renvoie à une vigilance institutionnelle nécessaire. Réitérer la fermeté dans un cadre solennel vise donc à ancrer cette vigilance dans les pratiques quotidiennes du Ministère.
Ce passage s’inscrit également dans la logique de restauration de la confiance. Après avoir rappelé le message présidentiel sur les pressions et la corruption, la Ministre nomme des exemples concrets de dérives. En faisant cela, elle rend le propos tangible et montre que l’engagement vise des réalités précises. La lutte annoncée n’est pas abstraite ; elle concerne des actes identifiables, dont l’exécution frauduleuse ne sera pas tolérée.
La tonalité de ce segment du discours est clairement celle de la rigueur. Elle traduit une volonté de préserver la Justice contre ses propres failles possibles, et de reconstruire l’autorité morale qui doit l’accompagner.
Des textes en préparation pour désengorger les prisons et garantir l’égalité
La Ministre a indiqué que le Ministère prépare actuellement les textes relatifs aux peines alternatives à l’emprisonnement, à la transaction pénale ainsi qu’à la liberté sous caution. L’objectif annoncé est de réduire la surpopulation carcérale et d’améliorer les conditions de détention. Cette partie de l’allocution ouvre une perspective de réforme juridique. Elle ne se limite pas à une posture de fermeté, mais s’inscrit dans une logique de modernisation et de gestion plus équilibrée de la politique pénale.
Les peines alternatives à l’emprisonnement, la transaction pénale et la liberté sous caution sont mentionnées comme trois axes de travail. Les réunir dans une même annonce suggère une approche structurée visant à diversifier les réponses pénales. Préparer des textes signifie engager un travail normatif, destiné à encadrer ces mesures et à leur donner une base légale claire. L’objectif est explicitement lié à la surpopulation carcérale : en développant d’autres formes de sanction ou de traitement des infractions, le Ministère entend réduire la pression sur les établissements pénitentiaires.
En évoquant l’amélioration des conditions de détention, la Ministre relie la réforme à une exigence humaine et institutionnelle. Les conditions dans lesquelles les personnes sont détenues constituent un enjeu central pour l’État de droit. Les textes à venir sont donc présentés comme des outils pour agir sur deux leviers en même temps : le volume de la population carcérale et la qualité des conditions de détention. Cette double finalité indique que le Ministère veut aborder le problème de manière globale, sans se limiter à une mesure ponctuelle.
Dans la conclusion de son allocution, Madame la Ministre a rappelé qu’aucune distinction, qu’elle soit ethnique, liée à l’origine ou à la nationalité, ne sera opérée dans la poursuite des auteurs d’infractions. Ce rappel d’égalité devant la loi s’inscrit dans les principes fondamentaux de la Justice. En le formulant explicitement, la Ministre réaffirme que la politique pénale vise tous les auteurs d’infractions sans discrimination, et que les poursuites seront menées selon les mêmes exigences pour chacun.
Elle a également indiqué que le Bureau de doléances du Ministère demeure ouvert à l’accueil des plaintes et signalements du public. Dans ce cadre, le Ministère rappelle qu’il existe une voie de recours et d’expression pour les citoyens. La mention de ce Bureau renforce l’idée d’une Justice accessible et attentive aux préoccupations de la population. Elle signale aussi la volonté d’écoute, qui complète la fermeté et la réforme.
Enfin, s’agissant du concours d’entrée dans le corps de la Magistrature, prévu du 16 au 19 décembre, la Ministre a précisé qu’aucun quota n’existe et que seuls les candidats méritants et compétents pourront être admis. Cette déclaration répond à une préoccupation de transparence et d’équité dans le recrutement des magistrats. Viser des candidats méritants et compétents signifie affirmer que la sélection reposera sur la valeur individuelle et sur la capacité à exercer les fonctions judiciaires, sans critères extérieurs de limitation.
La précision sur l’absence de quota renforce ce message. Dans le contexte du recrutement, une telle affirmation vise à garantir que le concours repose sur le principe du mérite, sans répartition prédéterminée. Cette position s’aligne avec la déclaration précédente sur l’absence de distinction ethnique, d’origine ou de nationalité dans la poursuite des infractions. L’ensemble forme un même fil conducteur : l’égalité de traitement et la primauté de la compétence.
Au final, ce dernier volet de l’allocution met en lumière une Justice qui cherche à conjuguer autorité, humanité et équité. Les textes en préparation, l’ouverture du Bureau de doléances et l’organisation d’un concours reflètent une institution qui entend se renforcer dans ses moyens, se moderniser dans ses règles et se fonder sur une légitimité reposant sur le mérite et la non-discrimination.
Par la cérémonie de levée de drapeau du 24 novembre 2025 à Faravohitra, le Ministère de la Justice a ainsi donné une portée politique forte à un rendez-vous institutionnel. La parole de Madame Fanirisoa Ernaivo a relié le symbole républicain à des engagements clairs : lutte déterminée contre les pressions et la corruption, refus des pratiques frauduleuses, organisation immédiate de réunions de travail pour améliorer juridictions et administration pénitentiaire, inauguration prochaine d’une infrastructure dédiée aux litiges fonciers, préparation de textes pour mettre en place des réponses pénales alternatives et réduire la surpopulation carcérale, et affirmation constante de l’égalité devant la loi et du mérite dans la magistrature. Dans un même mouvement, la Ministre a fixé une ligne de conduite et annoncé des actions concrètes, en plaçant l’intégrité, l’efficacité et la justice équitable au centre du cap ministériel.