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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Internet à Madagascar : le gouvernement exige une baisse immédiate, réelle et sans condition

Le 26 novembre 2025, un communiqué de presse conjoint des ministères signataires du gouvernement de la Refondation est venu remettre au centre du débat public une question devenue brûlante pour des millions de Malgaches : le prix d’accès à internet. Le texte, diffusé dans un contexte d’événements récents particulièrement médiatisés, entend répondre à la prise de parole des opérateurs réunis au sein du GTM, lesquels ont publié leur propre position. Face à ce qu’il qualifie d’enjeu économique, social et éducatif majeur, l’exécutif affirme vouloir clarifier sa ligne afin que la population dispose d’une information « juste et complète ». Au cœur de cette ligne, une exigence : les baisses de prix doivent profiter directement aux citoyens et se traduire, sans délai, sur les forfaits utilisés au quotidien.

Le gouvernement estime que l’accès à un service numérique abordable n’est pas un dossier sectoriel parmi d’autres, mais une condition de justice sociale et de développement. Dans cette perspective, il juge insuffisantes les trois offres actuellement avancées par les opérateurs. Ces propositions sont de petite taille, temporaires et assorties de conditions. Pour l’État, elles ne constituent pas une baisse structurelle des prix. Plus largement, le communiqué dénonce une situation où les ménages les plus modestes paieraient l’internet bien plus cher que les foyers aisés. L’exécutif conclut en réaffirmant que l’intérêt général doit primer, et annonce travailler à des décrets pour encadrer les pratiques commerciales, protéger les consommateurs et lever les obstacles artificiels freinant l’accès au numérique. Si les opérateurs ne répondent pas à la demande populaire, l’État assure qu’il agira par l’ouverture de la concurrence, par la loi et par toutes les dispositions jugées nécessaires pour défendre le peuple malgache.

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Une prise de parole gouvernementale pour « clarifier » le débat

Dès les premières lignes, le communiqué conjoint replace la question de la tarification de l’internet dans la dynamique d’un débat public ravivé par « de récents événements, particulièrement médiatiques ». Cette séquence, souligne le texte, a remis au premier plan la préoccupation de millions de citoyens : l’accès à un service numérique financièrement accessible. Le gouvernement explique intervenir à la suite d’une émission qui a suscité débat et après la publication d’un communiqué des opérateurs, réunis au sein du GTM, destiné à défendre leurs propositions.

Dans ce contexte, l’exécutif dit percevoir la nécessité de « clarifications » à la hauteur des enjeux « économiques, sociaux et éducatifs » soulevés. Il affirme vouloir fournir à la population une information à la fois « juste et complète », laissant entendre que les propositions des opérateurs ne sauraient, à elles seules, constituer une réponse suffisante au problème posé. Cette volonté d’éclaircissement se traduit par une réaffirmation nette de la position de la Refondation : la baisse du prix de l’internet doit bénéficier directement à la population, et non se réduire à un ajustement partiel ou à des offres ponctuelles.

Le communiqué insiste sur le caractère collectif de cette position, portée conjointement par les ministères signataires. Il ne s’agit donc pas d’une prise de parole isolée mais d’une ligne gouvernementale assumée, affichée comme constante depuis l’ouverture des discussions. L’État s’inscrit ainsi dans une logique de continuité : la question de la baisse des prix n’est pas nouvelle, mais l’actualité récente et la sortie publique des opérateurs rendent nécessaire, aux yeux du gouvernement, une reprise de parole officielle.

En filigrane, le texte met en relation l’accès au numérique avec des domaines essentiels : éducation, recherche, information, services administratifs et financiers. Sans détailler davantage, le communiqué laisse entendre que l’internet est devenu un outil central du quotidien et de la participation sociale. C’est ce rôle transversal qui fonde, selon l’exécutif, la légitimité d’une intervention ferme de l’État dans la définition des conditions tarifaires.

Des « baisses réelles, simples et visibles » exigées sur les forfaits du quotidien

Le cœur du communiqué réside dans l’exigence formulée par les ministères : obtenir des « baisses réelles, simples et visibles », applicables « immédiatement » sur les forfaits consommés au jour le jour par les Malgaches. Par ces termes, le gouvernement fixe trois critères. D’abord, la réalité de la baisse : elle doit se traduire concrètement dans le prix payé par l’usager. Ensuite, la simplicité : elle ne doit pas être entravée par des conditions complexes ou restrictives. Enfin, la visibilité : elle doit être perceptible et mesurable pour l’ensemble de la population, sans ambiguïté.

L’objectif commun, explicite dans le texte, est de « garantir un accès équitable au numérique » et de « protéger le pouvoir d’achat des citoyens ». L’État présente ces finalités comme indissociables. La baisse de l’internet n’est pas seulement une question de technologie, mais aussi un enjeu de redistribution et de justice. L’accès équitable implique que les citoyens, quels que soient leurs moyens, puissent bénéficier de tarifs adaptés à leurs besoins. La protection du pouvoir d’achat suppose que l’internet ne constitue pas une charge disproportionnée dans les budgets des ménages.

Ce positionnement révèle une logique politique : l’État entend être le garant de l’intérêt général dans un secteur où les opérateurs sont accusés de proposer des solutions trop limitées. Le communiqué pose ainsi un principe : la baisse des prix doit d’abord se matérialiser dans les offres réellement utilisées par la population. Autrement dit, les discussions ne peuvent rester au niveau d’ajustements marginalisés ou de formules restreintes ; elles doivent toucher la structure même des forfaits du quotidien.

En affichant cette exigence, le gouvernement se place aussi dans un rôle d’arbitre. Il n’annonce pas une tarification précise ni un mécanisme technique de réduction, mais il fixe une direction : l’immédiateté et l’universalité de la baisse. Sur ce point, la formulation est sans nuance : l’exécutif attend une transformation tangible de l’offre, et il la veut sans conditions.

Trois offres jugées insuffisantes et non structurelles

Le gouvernement détaille ensuite les trois propositions avancées par les opérateurs. Il s’agit de « petites offres conditionnées et temporaires » : 1,1 Go à 3 000 ariary, 2,5 Go à 5 000 ariary, et 5,5 Go à 10 000 ariary. Le communiqué ne conteste pas l’existence de ces offres, mais leur portée. Pour l’État, elles ne remplissent pas les critères posés plus haut.

Le texte affirme que ces offres « n’ont rien d’une baisse structurelle ». Elles ne garantissent aucune réduction durable, et imposent, pour certaines, l’usage du mobile money. Cette contrainte est présentée comme un élément problématique : elle restreindrait l’accessibilité, plutôt que de l’élargir. Le gouvernement souligne également que ces propositions ne concernent ni les « forfaits majeurs » ni les usages essentiels tels que l’éducation, la recherche, l’information ou encore les services administratifs et financiers. En d’autres termes, elles ne toucheraient pas l’ossature de la consommation numérique de la population.

L’argumentation gouvernementale suit une logique précise. D’abord, la taille des offres est jugée trop faible : leur volume est présenté comme marginal face aux besoins réels. Ensuite, leur caractère temporaire est dénoncé : une baisse durable ne peut, selon le communiqué, se limiter à des opérations ponctuelles. Enfin, les conditions d’accès sont pointées : elles introduisent une sélection dans les bénéficiaires, ce qui contredit l’objectif de justice et d’universalité avancé par l’État.

À travers cette critique, l’exécutif soutient que l’effort proposé ne correspond pas à la demande populaire. Il n’entre pas dans une logique de transformation de fond, mais dans celle d’avantages limités. Le gouvernement s’oppose ainsi à une approche qu’il juge trop timide, voire détournée de l’objectif central : une vraie baisse des prix pour tous et sur les usages essentiels.

Le communiqué présente ces offres comme un décalage entre l’attente sociale et la réponse des opérateurs. Sans mentionner d’autres formules ou d’autres évolutions tarifaires, l’État affirme que la réduction attendue doit être « réelle, immédiate et sans condition ». L’implicite est clair : une baisse partielle, même existante, ne saurait suffire si elle exclut le cœur des usages.

Une inégalité de prix dénoncée entre ménages modestes et foyers aisés

Le point le plus sensible mis en avant par le communiqué concerne l’écart de prix entre petits consommateurs, « les plus modestes », et gros volumes achetés par les foyers les plus aisés. Selon le gouvernement, cette différence crée une situation où « les ménages à faibles revenus paient l’internet beaucoup plus cher que les plus riches ».

Le texte illustre cette inégalité avec deux exemples. Pour un Malgache ne disposant que de 500 ariary par jour à consacrer à la connexion, 1 Go lui revient à 5 000 ariary. Pour une personne capable d’acheter un forfait de 200 000 ariary, 1 Go ne coûte que 2 000 ariary. Le gouvernement en conclut que les plus pauvres paieraient plus du double du prix payé par les plus aisés.

Cette comparaison sert de pivot moral et social à l’argumentaire gouvernemental. Le communiqué qualifie la situation d’« injuste » et de « socialement intenable ». Elle pénaliserait les jeunes, les familles modestes et les ruraux, « précisément ceux que le numérique devrait aider à sortir de la précarité ». Le texte ne développe pas davantage ces conséquences, mais la formule vise à souligner un paradoxe : là où internet devrait être un facteur d’inclusion, il deviendrait un mécanisme d’exclusion par le prix.

En énonçant ce constat, l’État affirme qu’il ne peut cautionner un système dans lequel les plus pauvres financent l’accès au numérique à un coût supérieur à celui des ménages ayant davantage de moyens. Le communiqué ne propose pas de dispositif chiffré de correction, mais il présente l’inégalité comme un fait central du débat, justifiant la fermeté de sa position.

Au-delà des chiffres donnés, le gouvernement met en scène une question de principe. L’équité tarifaire est présentée comme la condition même de l’accès au numérique. Il ne s’agit pas seulement de baisser le prix global de l’internet, mais de résoudre un déséquilibre qui, selon l’État, frappe d’abord les plus vulnérables. Dans cette lecture, la baisse des prix doit donc être pensée non comme un avantage uniforme, mais comme un levier d’égalité entre catégories de consommateurs.

L’État associe ce diagnostic à une responsabilité politique. Il évoque les bénéfices « colossaux » engrangés « depuis des années » par les opérateurs sur le dos des Malgaches, lesquels auraient continué à payer des services au prix fort. L’exécutif affirme que la réussite des opérateurs s’est construite grâce à ces consommateurs, et que le moment est venu de leur rendre ce qu’ils ont permis de bâtir. Cette rhétorique appuie l’idée d’un devoir de restitution sous forme de baisses significatives et universelles.

Fiscalité, régulation et menace d’ouverture à la concurrence

Le communiqué aborde ensuite la question fiscale, en réaction à la position des opérateurs. Selon le gouvernement, ces derniers réclament en contrepartie de leurs trois petites offres « l’effacement immédiat de plusieurs taxes structurantes du secteur ». Une telle suppression constituerait, pour l’État, un « avantage considérable » bénéficiant directement aux opérateurs sans garantie pour les consommateurs.

Le texte souligne que les opérateurs souhaiteraient également que ces suppressions soient intégrées dans la Loi de finances alors même que celle-ci vient d’être adoptée. Pour le gouvernement, une pression exercée pour modifier les règles fiscales « à la dernière minute » est « inacceptable ». L’exécutif affirme qu’il ne peut inscrire sa politique budgétaire « sur des projections d’intérêts privés ». Il conteste l’idée selon laquelle les suppressions de taxes n’auraient aucun impact sur les recettes publiques, estimant qu’il s’agit là de déclarations reposant sur les calculs propres aux opérateurs.

Ce passage manifeste une ligne rouge : la baisse des prix de l’internet ne doit pas être indexée sur une réduction fiscale consentie par l’État. Le communiqué le dit explicitement dans la liste des positions constantes : « aucun avantage fiscal ne sera accordé en échange de gestes limités et ponctuels ». L’exécutif veut ainsi éviter un échange qu’il juge déséquilibré : des réductions de taxes structurelles contre des offres temporaires et restreintes.

Sur le plan de la régulation, le communiqué indique que le gouvernement prépare « plusieurs décrets » destinés à encadrer les pratiques commerciales, protéger les consommateurs et mettre fin aux obstacles artificiels freinant l’accès au numérique. Aucun détail n’est donné sur la nature précise de ces décrets, mais l’intention est claire : l’État entend intervenir de manière normative pour garantir l’accessibilité du service.

Enfin, le texte se termine par un avertissement politique. La situation est dite « claire » : les Malgaches veulent une vraie baisse des prix et l’État ne laissera pas les opérateurs décider seuls du rythme du progrès numérique. Si ces derniers refusent de répondre à la demande populaire, l’État agira « par l’ouverture de la concurrence, par la loi, et par toutes les dispositions nécessaires pour défendre le peuple malgache ».

Cette formule conclut le communiqué sur une posture de détermination. Le gouvernement n’annonce pas d’action immédiate spécifique, mais il affirme disposer d’un éventail d’outils : concurrence, législation, dispositions diverses. Il situe donc le débat à la fois sur le terrain économique et sur celui de la souveraineté politique. Les opérateurs sont invités à répondre à la demande populaire, faute de quoi l’État se réserve le droit d’agir unilatéralement.

À travers cette conclusion, le gouvernement de la Refondation entend afficher sa capacité à protéger l’intérêt général et le pouvoir d’achat, tout en rappelant que la politique numérique du pays ne saurait être dictée par des intérêts sectoriels. Le communiqué ferme ainsi la porte à des concessions fiscales sans effets massifs pour la population et place l’exigence d’une baisse structurelle des prix au rang de priorité nationale.

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