Manifestation des étudiants en médecine devant le ministère de la Santé publique à Madagascar
- TAHINISOA Ursulà Marcelle
- il y a 18 minutes
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Le matin du 10 novembre 2025, la capitale malgache a été le théâtre d’une mobilisation d’ampleur inédite menée par les étudiants en médecine et les internes. Ces futurs médecins, regroupés au sein de l’Union des internes de Madagascar, ont organisé une marche pacifique vers le ministère de la Santé publique pour faire entendre leurs revendications. Leur principal objectif : réclamer une revalorisation du budget de la santé publique, qu’ils jugent dramatiquement insuffisant au regard des besoins du pays. Actuellement fixé à 5 % dans le projet de loi de finances initiale 2026, ils demandent une hausse significative à 15 %, estimant qu’il s’agit du minimum nécessaire pour redresser le système de santé malgache et lui permettre de répondre aux attentes de la population.
Les manifestants affirment qu’il ne s’agit pas seulement d’une revendication salariale ou corporatiste, mais d’un combat pour la dignité du corps médical et l’avenir de la santé à Madagascar. Derrière les banderoles et les slogans, un même mot d’ordre résonne : justice, reconnaissance et respect pour le travail médical.

Les internes mobilisés pour une cause nationale
Les internes et étudiants en médecine ont débuté leur rassemblement tôt dans la matinée, avant de se diriger vers le ministère de la Santé publique. Leur démarche, pacifique mais résolue, s’inscrit dans un mouvement plus large de revendication pour une amélioration du système sanitaire malgache. Devant le bâtiment du ministère, les manifestants ont brandi des pancartes réclamant la dignité et la reconnaissance de la profession médicale.
Les membres de l’Union des internes de Madagascar ont pris la parole pour expliquer les raisons de cette mobilisation. Selon eux, les conditions de travail dans les hôpitaux publics sont devenues intenables : manque de matériel, infrastructures vétustes, absence de moyens pour assurer un service de qualité. À cela s’ajoute le faible niveau du budget de la santé, qui limite les capacités d’action du ministère.
Les jeunes médecins rappellent qu’ils représentent la relève du corps médical et qu’ils ne peuvent exercer correctement leurs fonctions sans des conditions adéquates. Pour eux, l’amélioration du système de santé passe nécessairement par un financement plus conséquent. Le budget de 5 % actuellement prévu dans le PLFI 2026 est, selon leurs mots, une « injure faite à la santé publique ».
Une revendication claire : porter le budget de la santé à 15 %
Au cœur de la manifestation, la principale exigence des internes est l’augmentation du budget du ministère de la Santé publique. Ils réclament qu’il passe de 5 % à 15 % dans la loi de finances 2026. Pour eux, cette hausse n’est pas un luxe, mais une urgence nationale.
Les manifestants soulignent que Madagascar consacre une part dérisoire de son budget à la santé, loin des recommandations internationales et des besoins réels de la population. Dans de nombreux centres hospitaliers, les services sont paralysés par le manque de ressources : absence de médicaments essentiels, retards dans le paiement des indemnités, équipements défectueux, ou encore coupures d’électricité dans les blocs opératoires.
Cette situation, selon eux, met directement en danger la vie des patients. « Nous demandons justice et la reconnaissance de la valeur du travail médical à Madagascar », ont-ils déclaré d’une même voix. Les internes insistent sur le fait que l’amélioration du financement ne profiterait pas uniquement aux soignants, mais à l’ensemble du système de santé, des patients jusqu’aux infrastructures régionales.
Leur message s’adresse également aux députés, qu’ils exhortent à examiner avec attention la répartition budgétaire prévue dans le PLFI 2026. Pour eux, l’adoption d’un budget renforcé pour la santé constituerait un acte politique fort en faveur du bien-être collectif.
Les services hospitaliers paralysés : le mouvement prend de l’ampleur
La mobilisation des internes ne se limite pas à une simple manifestation. Depuis plusieurs jours, ils ont décidé de suspendre leurs activités dans les hôpitaux publics. Les services hospitaliers fonctionnent désormais au ralenti, certains étant même totalement à l’arrêt. Ce qu’ils appellent « services zéro » signifie qu’aucun acte médical non urgent n’est réalisé.
Cette situation inquiète la population et met en lumière l’importance cruciale du rôle des internes dans le fonctionnement du système hospitalier. Ces jeunes médecins, souvent en première ligne dans les services d’urgence et de soins, assurent une grande partie de l’activité quotidienne. Leur retrait du travail a donc des conséquences immédiates sur les patients et sur la capacité des établissements à répondre aux urgences.
Cependant, les internes affirment que cette décision, difficile à prendre, est un moyen de pression indispensable pour faire bouger les choses. « Nous ne céderons pas tant que nos demandes ne seront pas respectées et pleinement appliquées », a déclaré leur représentant. Le mouvement ne s’arrêtera, selon eux, qu’une fois la signature d’un protocole d’accord conforme à leurs revendications.
Cette détermination témoigne d’une volonté collective de faire entendre la voix des soignants, souvent oubliés des politiques publiques. Les internes affirment que leur combat n’est pas dirigé contre les patients, mais contre un système qui, à leurs yeux, les condamne à l’impuissance.
Un appel à la responsabilité des autorités et des députés
En plus de leurs revendications budgétaires, les internes adressent un appel direct aux autorités publiques. Ils demandent au ministère de la Santé et au gouvernement de prendre leurs responsabilités face à la crise actuelle. Selon eux, le système de santé malgache traverse une phase critique, et une réforme structurelle s’impose.
Les manifestants demandent également aux parlementaires de jouer leur rôle de contrôle et de défense de l’intérêt public. Ils espèrent que les députés examineront avec rigueur les dispositions du PLFI 2026 et qu’ils défendront une augmentation réelle des crédits alloués à la santé. Pour les internes, le vote du budget est un acte politique majeur qui engage la vie de millions de citoyens.
Ils rappellent que la santé est un droit fondamental et que le sous-financement chronique du secteur mine les efforts de développement du pays. Le mouvement étudiant, en ce sens, dépasse les intérêts corporatistes et s’inscrit dans une logique de responsabilité collective. Les internes se considèrent comme les porte-parole d’un système de santé en détresse, qu’ils veulent aider à reconstruire.
Une crise révélatrice des défis du système de santé malgache
Cette mobilisation met en lumière les fragilités structurelles du système sanitaire à Madagascar. Le pays fait face à de multiples défis : manque de ressources humaines qualifiées, infrastructures insuffisantes, pénurie de médicaments et équipements obsolètes. Les hôpitaux publics, en particulier, peinent à fonctionner faute de moyens financiers et matériels.
Le faible niveau du budget national alloué à la santé a des répercussions directes sur la qualité des soins. Dans plusieurs régions, les patients doivent parcourir de longues distances pour accéder à un centre médical, souvent mal équipé. Les conditions de travail du personnel médical se dégradent, alimentant le découragement et la fuite des talents vers le secteur privé ou l’étranger.
En organisant cette manifestation, les internes veulent alerter les autorités sur la gravité de la situation. Leur mouvement, loin d’être isolé, s’inscrit dans une prise de conscience collective de l’urgence sanitaire. Les étudiants en médecine affirment qu’ils sont prêts à dialoguer, mais exigent des engagements concrets.
Ils demandent la signature rapide d’un protocole d’accord garantissant non seulement une augmentation budgétaire, mais aussi une amélioration durable des conditions de travail et de formation. Pour eux, l’avenir de la santé publique dépend des décisions qui seront prises dans les prochains jours.
Conclusion : une mobilisation pour l’avenir de la santé publique
La manifestation des étudiants en médecine et des internes devant le ministère de la Santé publique marque une étape importante dans la revendication du corps médical à Madagascar. À travers leurs slogans et leurs discours, ces jeunes professionnels rappellent que la santé n’est pas une dépense, mais un investissement pour le pays.
En demandant une augmentation du budget de la santé de 5 % à 15 %, ils posent une question essentielle : quelle place accorde-t-on à la santé dans les priorités nationales ? Leur mouvement, soutenu par de nombreux citoyens, pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre dans la lutte pour une politique de santé plus juste et plus efficace.
Tant que leurs revendications ne seront pas entendues, les internes maintiendront la suspension de leurs activités, malgré les difficultés que cela entraîne. Leurs actions témoignent d’une volonté de changement et d’un engagement profond pour un système de santé digne, équitable et respectueux du travail médical.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement et du Parlement, appelés à réagir face à cette mobilisation qui incarne la voix d’une jeunesse déterminée à défendre l’avenir de la santé publique malgache.