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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Meltine Rasoloarisoa, figure emblématique du Hira Gasy et du groupe Rossy, est décédée à 58 ans

Le monde de la musique malgache est en deuil. Meltine Rasoloarisoa, figure emblématique du Hira Gasy et membre du groupe Rossy, s’est éteinte à l’âge de 58 ans des suites d’une décompensation cardiaque. Fille du légendaire Ramilison Besigara, elle incarnait la passion, la transmission et la modernité d’un art profondément ancré dans l’identité culturelle de Madagascar. Son décès laisse derrière elle un vide immense, aussi bien dans le milieu artistique que dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de la connaître.

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Une artiste aux multiples talents, entre tradition et modernité

Née au sein d’une famille d’artistes, Meltine Rasoloarisoa a grandi dans l’univers du Hira Gasy, cette forme d’expression artistique traditionnelle qui mêle musique, danse, poésie et théâtre. Très tôt, elle s’imprègne des valeurs de cet art transmis de génération en génération. Fille de Ramilison Besigara, célèbre maître du Hira Gasy et fondateur de la troupe « Ramilison Besigara Zanany », elle hérite de l’amour de la scène et du goût du partage.

Dès son plus jeune âge, Meltine accompagne son père lors des représentations dans les villages et sur les grandes scènes du pays. Elle y découvre non seulement la rigueur et la discipline du métier, mais aussi la joie d’un art profondément lié au peuple malgache. Le Hira Gasy, bien plus qu’un simple divertissement, est un vecteur d’identité et de cohésion sociale. Par ses chants et ses discours poétiques, il aborde les thèmes de la vie quotidienne, de la morale et du respect des traditions.

Meltine a su moderniser cet héritage sans le dénaturer. Elle a apporté au Hira Gasy une touche de fraîcheur, mêlant l’élégance des danses traditionnelles à une présence scénique plus contemporaine. Son travail au sein de la troupe familiale témoigne d’une volonté constante d’adapter la tradition aux attentes du public d’aujourd’hui, tout en en préservant l’essence.

À travers ses performances, Meltine incarnait la synthèse parfaite entre l’ancien et le nouveau, entre la fidélité aux racines et l’ouverture au monde moderne. Ce talent rare lui a permis de s’imposer comme l’une des voix féminines les plus respectées de la scène artistique malgache.

Une figure incontournable du groupe Rossy

Si Meltine Rasoloarisoa est restée profondément attachée au Hira Gasy, elle a également marqué de son empreinte la musique populaire contemporaine grâce à sa longue collaboration avec le groupe Rossy. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné cette formation mythique qui, sous la direction du chanteur et musicien Rossy, a su faire rayonner la culture malgache bien au-delà des frontières nationales.

Au sein du groupe, Meltine n’était pas seulement une choriste ou une danseuse. Elle était un pilier de l’équipe, une âme discrète mais indispensable. En plus de ses prestations sur scène, elle s’occupait de la préparation des costumes, de la coordination des spectacles et de la logistique lors des tournées. Sa polyvalence, sa rigueur et sa bienveillance faisaient d’elle une figure respectée au sein de la troupe.

Les membres du groupe Rossy se souviennent d’elle comme d’une artiste passionnée, toujours souriante, et d’une femme profondément humaine. Rossy lui-même, lors d’un hommage rendu après l’annonce de son décès, a salué la mémoire d’une « grande sœur de cœur », rappelant son dévouement et sa fidélité au groupe depuis ses débuts.

Grâce à Meltine et à des artistes comme elle, le groupe Rossy a pu conserver cette authenticité qui le caractérise, mêlant rythmes traditionnels, influences modernes et messages sociaux forts. Meltine représentait ce lien vivant entre le Hira Gasy, pilier de la culture ancestrale, et la musique populaire urbaine, symbole de l’ouverture et du renouveau.

Elle avait su trouver sa place dans un univers dominé par les hommes, par la force de son talent, mais aussi par son humilité et son sens du collectif. Dans les coulisses comme sur scène, elle portait la même passion pour l’art et la même exigence de qualité.

Une vie consacrée à la transmission et à la culture

Au-delà de ses activités artistiques, Meltine Rasoloarisoa était une femme profondément engagée dans la préservation et la transmission de la culture malgache. Responsable logistique et des contrats de la troupe Ramilison Besigara Zanany, elle a joué un rôle essentiel dans l’organisation et la pérennisation du Hira Gasy.

Elle participait activement à la formation des jeunes artistes, leur apprenant non seulement les chants et les danses, mais aussi la philosophie de cet art. Pour elle, le Hira Gasy n’était pas un simple spectacle : c’était une école de vie, une manière d’éduquer les générations futures dans le respect, la solidarité et l’amour de la patrie.

Toujours disponible et bienveillante, Meltine était considérée comme une figure maternelle par les membres de la troupe. Elle veillait à ce que chacun trouve sa place, à ce que la transmission des savoirs se fasse dans la convivialité et la rigueur.

Son engagement a contribué à renforcer la reconnaissance du Hira Gasy sur la scène internationale. Rappelons que cet art est classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, une distinction qui valorise le travail de toute une communauté d’artistes et de passionnés. Meltine faisait partie de ceux qui, dans l’ombre ou la lumière, ont œuvré à ce que cette tradition soit respectée, documentée et transmise.

Son décès représente donc une perte considérable pour ce patrimoine vivant. Mais son empreinte, elle, demeure. Chaque membre de la troupe, chaque élève formé à son contact, garde en mémoire ses conseils, sa patience et son amour du partage.

Une femme de cœur, pilier d’une grande famille artistique

Au-delà de la scène, Meltine Rasoloarisoa était connue pour sa générosité et sa joie de vivre. Ses proches décrivent une femme simple, rieuse, toujours prête à aider. Selon sa fille unique, Onja Nirintsoa, elle souffrait depuis plusieurs années de douleurs cardiaques, mais continuait de travailler, refusant de se laisser abattre.

« C’était une femme et une mère qui aidait tout le monde. Elle a élevé beaucoup d’enfants, même si je suis sa seule fille. Elle aimait rire, elle était drôle », a-t-elle confié avec émotion. Ce témoignage illustre bien la personnalité de Meltine : une femme forte, dévouée, profondément attachée à sa famille et à ses valeurs.

Dans sa maison d’Itaosy, où la veillée se tient depuis l’annonce de son décès, se rassemblent des artistes, des amis, des voisins et des anonymes venus lui rendre un dernier hommage. L’atmosphère, mêlée de tristesse et de gratitude, témoigne du respect qu’elle inspirait à tous. Beaucoup la considèrent comme une seconde mère, une confidente ou une sœur d’âme.

Son entourage artistique, notamment le groupe Rossy et la troupe Ramilison Besigara Zanany, a exprimé sa douleur et sa reconnaissance. « On a perdu une mère extraordinaire. Mamamely est partie pour toujours », a déclaré un proche. Ce surnom affectueux, « Mamamely », résume à lui seul la tendresse et l’importance qu’elle avait au sein de sa communauté.

Meltine n’était pas une star au sens médiatique du terme, mais une lumière dans la vie de ceux qui l’entouraient. Elle avait cette capacité rare à unir les gens, à transmettre la joie et à apaiser les tensions. Sa disparition laisse un vide humain aussi grand que son héritage artistique.

Un dernier adieu à une grande dame du patrimoine malgache

Les obsèques de Meltine Rasoloarisoa auront lieu ce dimanche 12 octobre à l’église Sainte-Thérèse d’Isotry, avant le départ du corps vers le tombeau familial à Mandrosoa Antongona. Ce dernier hommage s’annonce comme un moment d’émotion intense, réunissant plusieurs générations d’artistes, de proches et de passionnés de culture traditionnelle.

À Itaosy, la veillée attire chaque soir des centaines de personnes venues chanter, prier et partager leurs souvenirs. Parmi les visiteurs, de nombreux artistes du Hira Gasy et des représentants de la scène musicale malgache sont présents pour saluer celle qui, pendant plus de trois décennies, a contribué à faire vivre la culture nationale.

Ce rassemblement populaire témoigne de l’attachement profond du peuple malgache à ses artistes. Dans une société où la culture est souvent un repère et une force d’unité, la disparition d’une figure comme Meltine rappelle l’importance de ceux qui, par leur art, tissent le lien entre les générations.

Au-delà de la douleur, son départ invite à la réflexion : comment préserver et transmettre l’héritage culturel laissé par ces figures emblématiques ? Meltine a montré la voie par son engagement, son dévouement et sa passion. À travers elle, le Hira Gasy et la musique malgache continuent de vivre, de se renouveler et de rassembler.

Elle reposera auprès de son père, Ramilison Besigara, dans le tombeau familial. Cette symbolique forte marque la continuité d’une lignée d’artistes qui ont consacré leur existence à l’art et au service de la culture malgache.

Héritage et mémoire d’une femme d’exception

Meltine Rasoloarisoa laisse derrière elle un double héritage : artistique et humain. Sur le plan culturel, elle a participé à la sauvegarde d’un pan essentiel de l’identité malgache, en transmettant le Hira Gasy avec authenticité et passion. Par son engagement au sein du groupe Rossy, elle a également contribué à faire connaître la culture malgache au-delà des frontières.

Mais c’est aussi par son humanité que Meltine a marqué les esprits. Dans un milieu souvent exigeant, elle a su préserver ses valeurs de solidarité, d’humilité et de joie. Sa vie illustre l’idée que l’art n’a de sens que s’il unit, élève et inspire.

Son parcours, à la croisée des traditions et de la modernité, résume l’évolution du patrimoine culturel malgache : un héritage vivant, toujours en mouvement, porté par des hommes et des femmes qui croient en la beauté de leurs racines.

Sa fille, Onja Nirintsoa, a promis de poursuivre son œuvre. « Maman m’a appris à ne jamais oublier d’où l’on vient. Je veux continuer à faire vivre ce qu’elle m’a transmis », a-t-elle déclaré. À travers cette promesse, la flamme du Hira Gasy et l’esprit de Meltine continueront de briller.

L’histoire retiendra le nom de Meltine Rasoloarisoa comme celui d’une artiste de cœur, d’une mère bienveillante et d’une femme qui a su concilier passion et transmission. Son sourire, sa voix et sa générosité resteront à jamais gravés dans la mémoire collective.

Conclusion : une étoile du Hira Gasy rejoint les siens

La disparition de Meltine Rasoloarisoa plonge le monde artistique malgache dans la tristesse, mais aussi dans la reconnaissance. Son parcours rappelle combien la culture peut être une force de vie, de rassemblement et d’espoir.

À travers elle, c’est tout un peuple qui rend hommage à ses traditions, à ses artistes et à la richesse de son patrimoine. Elle a su, par son art et son humanité, toucher des milliers de personnes, rapprocher les générations et donner un visage à la passion culturelle malgache.

Alors que les chants du Hira Gasy résonnent une dernière fois pour l’accompagner, le pays s’incline devant celle qui fut bien plus qu’une artiste : une gardienne des traditions, une femme d’action et de cœur.

Meltine Rasoloarisoa s’en va, mais son empreinte demeure. Dans les rires qu’elle a partagés, dans les danses qu’elle a animées, dans les chants qu’elle a transmis, vit désormais l’écho d’une femme libre et généreuse. Une étoile du Hira Gasy s’est éteinte, mais sa lumière continuera d’éclairer le chemin de ceux qui, à leur tour, feront vivre la culture et l’âme malgaches.

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