Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s'est livré à une critique virulente de la politique française et du président Emmanuel Macron lors d'un discours passionné à l'université de Dakar.
Dans une ambiance électrique, Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, a prononcé un discours incendiaire le jeudi 16 mai à l’université de Dakar. Devant un public de plusieurs centaines d’étudiants galvanisés, et en présence du leader français de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, Sonko s’est attaqué frontalement à l’Occident, à l’Europe, et plus particulièrement à la France.
Ce discours, le plus long et le plus politique depuis sa nomination en avril, a marqué un tournant dans la rhétorique de Sonko, qui s’affirme de plus en plus comme le porte-voix d’un souverainisme et d’un panafricanisme social. S’exprimant en tant que chef de parti et non en tant que Premier ministre, Sonko n’a pas mâché ses mots pour dénoncer l’attitude de la France et du président Emmanuel Macron.
Une critique virulente de la France
Le Premier ministre a particulièrement fustigé le rôle de la France dans la répression des manifestations contre l’ancien président Macky Sall. Accusant la présidence Macron d’avoir incité à la « persécution », Sonko a rappelé les épisodes violents et répressifs de cette période, soulignant l’implication supposée de Paris.
« La France, sous Macron, n’a cessé d’interférer dans nos affaires internes, soutenant des régimes oppresseurs et fermant les yeux sur les violations des droits de l’homme. C’est une attitude néocoloniale qui doit cesser », a-t-il déclaré sous les applaudissements nourris de l’assistance.
La présence de Jean-Luc Mélenchon
La présence de Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, a ajouté une dimension internationale à cet événement. Mélenchon, connu pour ses critiques acerbes envers Emmanuel Macron, a trouvé en Sonko un allié naturel dans cette lutte contre ce qu’ils perçoivent comme une ingérence néfaste de la France en Afrique.
Mélenchon a lui aussi pris la parole, dénonçant « l’arrogance de l’ancien empire colonial » et appelant à un renouveau des relations entre l’Afrique et l’Europe, basées sur le respect mutuel et l’égalité. Son intervention a renforcé le message de Sonko et a consolidé une alliance idéologique entre les deux hommes politiques.
Un discours souverainiste et panafricain
Le discours de Sonko a résonné comme un appel à l’unité africaine et à la souveraineté nationale. Il a plaidé pour un panafricanisme social, prônant une coopération renforcée entre les pays africains pour se libérer de l’influence occidentale.
« L’Afrique doit se tenir debout, unie et forte, face aux tentatives de domination économique et politique de l’Occident. Nous devons nous réapproprier notre destin et bâtir notre propre avenir, sans ingérence étrangère », a-t-il proclamé.
Sonko a également insisté sur la nécessité de réformer les institutions internationales, qu’il accuse de favoriser les puissances occidentales au détriment des pays africains. Il a appelé à une plus grande représentation de l’Afrique dans les instances de décision mondiale et à un commerce international plus équitable.
Des réactions partagées
La prise de position de Sonko a suscité des réactions diverses au Sénégal et à l’étranger. Ses partisans ont salué son courage et sa détermination à défendre la souveraineté nationale, tandis que ses détracteurs l’accusent de populisme et de démagogie.
En France, le discours de Sonko n’est pas passé inaperçu. Les critiques envers Macron ont été vivement condamnées par certains membres du gouvernement français, qui y voient une tentative de détourner l’attention des problèmes internes du Sénégal.
Cependant, pour beaucoup de jeunes Sénégalais, Sonko incarne l’espoir d’un changement profond et la fin de la tutelle post-coloniale. « Il est temps que notre pays prenne en main son avenir, et Sonko est l’homme de la situation », affirme Moussa, étudiant en sciences politiques à l’université de Dakar.
L’avenir des relations franco-sénégalaises
Ce discours marque-t-il un tournant dans les relations entre le Sénégal et la France ? Il est encore trop tôt pour le dire. Toutefois, il est clair que la rhétorique de Sonko pourrait influencer les futures négociations et les partenariats entre les deux pays.
La France devra peut-être repenser sa politique africaine si elle veut maintenir des relations positives avec des leaders de plus en plus soucieux de l’indépendance et de la souveraineté de leur pays. Quant à Sonko, il devra naviguer habilement entre ses convictions souverainistes et les réalités économiques et diplomatiques qui l’attendent.
En conclusion, le discours de Dakar a montré un Ousmane Sonko déterminé et combatif, prêt à défier les puissances occidentales pour défendre les intérêts de son pays. Reste à voir si cette posture saura se traduire en actions concrètes et bénéfiques pour le Sénégal et l’Afrique.