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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Qui est Tibère ?

Tibère, né Tiberius Claudius Nero le 16 novembre 42 avant J.-C., est l'un des personnages les plus complexes et les plus controversés de l'histoire romaine. Deuxième empereur de Rome, il succède à Auguste, son beau-père et père adoptif, en 14 après J.-C. Son règne, qui dure près de vingt-trois ans, est marqué par des réalisations notables mais aussi par une ombre de suspicion, de tyrannie et de mystère qui entoure sa personnalité et ses actions.

Fils de Livia Drusilla et de Tiberius Claudius Nero, Tibère est issu d'une famille de la noblesse romaine. Sa jeunesse est marquée par les turbulences politiques de la fin de la République romaine. Lorsque sa mère épouse Auguste, Tibère est intégré à la famille impériale, ce qui change radicalement son destin. Auguste, voyant en lui un héritier potentiel, le marie à sa fille unique, Julia, après avoir adopté Tibère comme son fils.

 

Tibère se distingue rapidement par ses talents militaires. Il mène avec succès plusieurs campagnes en Germanie et en Pannonie, consolidant ainsi les frontières de l'Empire romain. Ces exploits militaires renforcent sa position de successeur d'Auguste. Cependant, malgré ses compétences, Tibère reste une figure énigmatique et réservée, souvent éclipsée par l'ombre immense de son prédécesseur.

 

Le 19 août 14 après J.-C., à la mort d'Auguste, Tibère devient empereur. Contrairement à Auguste, dont le règne est marqué par des réformes et des constructions monumentales, Tibère adopte un style de gouvernement plus conservateur et distant. Il centralise le pouvoir, renforce l'autorité du princeps et limite l'influence du Sénat. Sa politique étrangère est marquée par la prudence et la défense des frontières plutôt que par l'expansion agressive.

 

L'un des aspects les plus controversés du règne de Tibère est sa relation avec le Sénat et la noblesse romaine. Il se montre souvent méfiant et soupçonneux, ce qui mène à une série de procès pour trahison (les procès de la loi de majesté). Ces procès, souvent basés sur des accusations de complot contre l'empereur, créent un climat de peur et de suspicion à Rome. Cette atmosphère oppressante contribue à ternir l'image de Tibère et à le faire passer pour un tyran.

 

En 26 après J.-C., après une série de drames personnels et politiques, Tibère se retire sur l'île de Capri, laissant la gestion quotidienne de l'Empire à son préfet du prétoire, Séjan. Ce dernier, ambitieux et sans scrupules, en profite pour accroître son pouvoir et éliminer ses rivaux. Cependant, en 31 après J.-C., Tibère découvre les ambitions démesurées de Séjan et ordonne son arrestation et son exécution. Ce retournement de situation montre la perspicacité politique de Tibère, même à distance, et sa capacité à garder le contrôle de l'Empire malgré son retrait.

 

Malgré les critiques, le règne de Tibère est également marqué par des réalisations positives. Il maintient la stabilité économique de l'Empire, améliore l'administration provinciale et poursuit les réformes judiciaires initiées par Auguste. Sa politique de non-intervention et de consolidation permet à l'Empire de jouir d'une période de relative paix et de prospérité. Tibère est également un administrateur efficace, bien que rigide, qui veille à la justice et à l'application stricte des lois.

 

Les dernières années de Tibère sont marquées par un isolement croissant et une détérioration de sa santé. Il passe ses jours à Capri, loin des intrigues de Rome, entouré de quelques fidèles. Sa mort en 37 après J.-C. est entourée de mystère et de rumeurs. Certains prétendent qu'il a été assassiné, tandis que d'autres pensent qu'il est mort de causes naturelles. Son héritier, Caligula, prend le pouvoir à sa mort, inaugurant une période de grande instabilité et de folie à Rome.

 

Le bilan du règne de Tibère est complexe et nuancé. D'un côté, il est perçu comme un tyran méfiant, dont les procès pour trahison ont semé la terreur à Rome. De l'autre, il est reconnu comme un administrateur compétent qui a maintenu la stabilité et la prospérité de l'Empire. Son retrait à Capri est souvent interprété comme un signe de faiblesse ou de désintérêt, mais il peut aussi être vu comme une stratégie politique pour éviter les intrigues et les complots de la capitale.

 

L'héritage de Tibère est donc ambigu. Il a hérité d'un Empire en pleine expansion et a réussi à maintenir son intégrité et sa stabilité malgré les défis internes et externes. Son règne n'est pas marqué par de grandes conquêtes ou des réformes spectaculaires, mais par une gestion prudente et conservatrice. Tibère reste une figure énigmatique, difficile à cerner, mais dont l'impact sur l'histoire de Rome est indéniable. Ses actions et décisions ont façonné l'Empire romain et ont laissé une empreinte durable, tant par ses succès que par ses controverses.

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