Alpha Bacar Barry s’est imposé en l’espace de quelques années comme l’une des figures les plus visibles de la gouvernance éducative en République de Guinée. Ministre à deux reprises dans des secteurs stratégiques liés à la formation, à l’enseignement supérieur et à l’innovation, il incarne un profil singulier dans le paysage politique guinéen, mêlant formation internationale, expérience entrepreneuriale et volonté affirmée de réforme structurelle. Son itinéraire personnel et professionnel, ancré à la fois dans les réalités locales et dans une ouverture internationale, éclaire les transformations engagées dans un pays confronté à une pression démographique forte, à un chômage des jeunes élevé et à un système éducatif longtemps fragilisé. Cette biographie retrace, de manière factuelle et journalistique, les étapes majeures de son parcours, ses responsabilités, ses choix, ainsi que les enjeux auxquels il a été confronté.
Né en 1980 à Ratoma, dans la capitale Conakry, Alpha Bacar Barry grandit dans un environnement où l’éducation et le service à la nation occupent une place centrale. Sa trajectoire se construit progressivement, entre études, engagement civique, entrepreneuriat et action publique, jusqu’à le conduire à des fonctions ministérielles déterminantes dans une période de transition politique pour la Guinée. Son histoire personnelle s’inscrit ainsi dans celle d’un pays en quête de refondation institutionnelle et de développement durable.
Origines familiales et formation académique
Alpha Bacar Barry naît dans une famille guinéenne où la transmission du savoir et le sens de la discipline constituent des repères fondamentaux. Sa mère exerce le métier d’enseignante, tandis que son père est officier au sein de l’Armée de l’air guinéenne. Ce double héritage, à la fois pédagogique et institutionnel, joue un rôle structurant dans son rapport à l’éducation, à l’autorité publique et à la responsabilité collective. Dès son plus jeune âge, il évolue dans un cadre qui valorise l’effort intellectuel, la rigueur et l’engagement au service de la société.
Il effectue sa scolarité primaire et secondaire à Conakry, dans un contexte marqué par les difficultés structurelles du système éducatif guinéen, mais aussi par une forte aspiration sociale à la réussite par les études. Après l’obtention de son baccalauréat, il s’inscrit à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, l’un des principaux établissements d’enseignement supérieur du pays. Il y poursuit des études en lettres et en journalisme, un choix qui témoigne de son intérêt précoce pour les sciences humaines, la communication et l’analyse des enjeux sociaux et politiques.
Cette première formation universitaire lui permet d’acquérir des compétences en rédaction, en analyse critique et en compréhension des dynamiques médiatiques, dans un pays où l’information joue un rôle essentiel dans la construction du débat public. Elle constitue également un socle pour ses futures responsabilités, notamment dans la gestion de projets et la communication institutionnelle.
Désireux d’élargir ses horizons et de se confronter à d’autres modèles académiques, Alpha Bacar Barry poursuit ensuite ses études à l’étranger. Il obtient un master en management d’organisation à l’Université de Stirling, en Écosse. Cette formation l’initie aux méthodes modernes de gestion, à la gouvernance des organisations et à la planification stratégique. Il complète ce parcours par un second master en management opérationnel à l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, l’une des institutions universitaires les plus prestigieuses au monde.
Ce double cursus international renforce sa maîtrise des outils de gestion, de leadership et d’analyse organisationnelle. Il lui offre également une exposition à des environnements multiculturels et à des réseaux internationaux, qui influenceront durablement sa vision du développement et de l’éducation, notamment en Afrique de l’Ouest.
Premiers engagements professionnels et ouverture internationale
Avant d’entrer dans l’arène politique, Alpha Bacar Barry mène une carrière professionnelle diversifiée, marquée par un engagement constant en faveur du développement et de la jeunesse. Au début des années 2000, il s’intéresse aux problématiques liées à la participation des jeunes dans les processus de développement durable. En 2002, il contribue à la rédaction de la déclaration de Casablanca sur les jeunes et le développement durable, un texte adopté l’année suivante dans un cadre lié aux Nations unies. Cette expérience précoce l’inscrit dans une dynamique internationale et lui permet de travailler aux côtés d’acteurs institutionnels et associatifs issus de différents pays.
Parallèlement, il fait ses premières armes dans le journalisme en collaborant avec la Radio télévision guinéenne. Cette expérience au sein du principal média public du pays lui permet de mieux comprendre les attentes de la population, les mécanismes de diffusion de l’information et le rôle des médias dans la construction de l’opinion publique. Elle renforce également sa capacité à s’exprimer en public et à vulgariser des sujets complexes, compétences qui s’avéreront précieuses dans ses fonctions ultérieures.
Après ses études en Europe, Alpha Bacar Barry rejoint l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel en tant que consultant. Dans ce cadre, il travaille sur des projets liés à l’innovation, à l’industrialisation et à la création d’emplois, notamment en faveur des jeunes et des zones rurales. Cette expérience au sein d’une organisation internationale lui permet de se familiariser avec les mécanismes de coopération internationale, de financement de projets et d’évaluation des politiques publiques.
En 2011, il fonde le groupe Jatropha, un ensemble d’entreprises orientées vers la microfinance, la technologie et l’agrobusiness. Cette initiative entrepreneuriale s’inscrit dans une volonté de promouvoir l’autonomisation économique, l’innovation locale et la création d’emplois. À travers ce projet, il cherche à démontrer que le secteur privé peut jouer un rôle déterminant dans le développement, en complément de l’action publique.
Cette période de sa vie professionnelle est marquée par une articulation constante entre engagement local et ouverture internationale. Elle forge une approche pragmatique du développement, fondée sur l’efficacité, la responsabilité et la recherche de solutions adaptées aux réalités du terrain.
Entrée en politique et réforme de l’enseignement technique
Le 27 octobre 2021 constitue un tournant décisif dans la trajectoire d’Alpha Bacar Barry. Il est nommé ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle dans le gouvernement de transition dirigé par Mohamed Béavogui. Cette nomination intervient dans un contexte politique particulier, marqué par une volonté affichée de rupture avec certaines pratiques du passé et de refondation des institutions.
Le secteur de l’enseignement technique et professionnel est alors confronté à de nombreux défis. Longtemps sous-financé, souffrant d’un déficit d’infrastructures et d’une inadéquation entre les formations proposées et les besoins du marché du travail, il peine à répondre à la demande croissante d’une population jeune et en quête d’insertion professionnelle. Alpha Bacar Barry hérite ainsi d’un ministère souvent qualifié de marginal, mais stratégique pour l’avenir du pays.
Dès sa prise de fonction, il affiche une ambition claire : faire de l’enseignement technique un pilier central de la politique éducative et économique de la Guinée. Il entreprend un diagnostic approfondi du secteur, s’appuyant sur des données chiffrées et des visites de terrain. Il constate notamment un déséquilibre majeur entre le nombre de candidats à la formation professionnelle et les capacités d’accueil existantes. Chaque année, plus de cent mille jeunes se présentent pour un nombre de places largement insuffisant.
Pour répondre à cette situation, son ministère lance plusieurs réformes. Des écoles régionales des arts et métiers sont construites ou réhabilitées, des centres de formation professionnelle sont modernisés et de nouvelles filières sont ouvertes. L’objectif est d’augmenter significativement la capacité d’accueil tout en améliorant la qualité des formations dispensées. Dans le même temps, des critères d’admission sont revus afin de mieux orienter les candidats et de rationaliser l’utilisation des ressources disponibles.
Alpha Bacar Barry s’emploie également à mobiliser des financements extérieurs pour soutenir ces réformes. Des partenariats sont noués avec des institutions financières internationales et des partenaires bilatéraux, afin de financer la construction de lycées techniques et l’équipement des centres de formation. Cette stratégie vise à inscrire la réforme dans la durée et à renforcer la crédibilité du secteur auprès des acteurs économiques.
À la tête de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Après la dissolution du gouvernement en février 2024, Alpha Bacar Barry est nommé, le 13 mars 2024, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation dans le gouvernement dirigé par Bah Oury. Ce nouveau portefeuille élargit considérablement son champ d’action et lui confère une responsabilité accrue dans la définition de la politique éducative nationale.
L’enseignement supérieur guinéen est confronté à des enjeux complexes : massification des effectifs, insuffisance des infrastructures universitaires, faible financement de la recherche et difficultés d’insertion des diplômés. Alpha Bacar Barry inscrit son action dans une perspective de modernisation et de rationalisation du système. Il met l’accent sur la gouvernance des universités, la qualité de l’enseignement et la valorisation de la recherche scientifique.
Il affirme à plusieurs reprises que l’université doit devenir un espace de production de savoirs utiles au développement national, en lien avec les besoins économiques et sociaux du pays. Dans cette optique, il encourage la création de pôles de recherche, le renforcement des capacités des enseignants-chercheurs et le développement de partenariats avec le secteur privé.
L’innovation occupe également une place centrale dans sa vision. Il considère que la transition numérique, les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat innovant constituent des leviers essentiels pour diversifier l’économie guinéenne et offrir des perspectives à la jeunesse. Son action s’inscrit ainsi dans une continuité avec son parcours entrepreneurial et son engagement en faveur de l’emploi.
Reconnaissance, vie personnelle et perspectives
Le parcours d’Alpha Bacar Barry est ponctué de reconnaissances honorifiques qui soulignent son engagement en faveur de l’éducation et du développement. En 2024, il reçoit un doctorat honoris causa de l’université internationale d’Agadir, en reconnaissance de son action dans le domaine éducatif. En 2025, une école de commerce lyonnaise lui décerne à son tour un doctorat honoris causa, saluant son leadership et sa contribution aux réformes de la formation et de l’enseignement supérieur.
Sur le plan personnel, Alpha Bacar Barry est marié et père de quatre enfants. Il est l’aîné d’une fratrie de deux frères. Cette dimension familiale nourrit son attachement aux questions d’éducation et de transmission, qu’il considère comme des enjeux fondamentaux pour l’avenir des sociétés africaines.
À l’heure actuelle, son action continue de susciter débats et attentes. Ses réformes sont saluées par certains pour leur ambition et leur pragmatisme, mais elles font également face à des critiques liées aux contraintes budgétaires, à la lenteur de certaines transformations et aux résistances institutionnelles. Néanmoins, son parcours illustre l’émergence d’une génération de responsables publics africains formés à l’international, attachés à la performance et à la redevabilité.
Alpha Bacar Barry demeure ainsi une figure centrale de la réflexion sur l’avenir de l’éducation en Guinée. Son itinéraire, à la croisée de l’engagement civique, de l’entrepreneuriat et de l’action publique, témoigne des défis et des espoirs d’un pays en quête de transformation durable par le savoir et la formation.



