Qui est Bouna Sylla ?

Bouna Sylla est une personnalité politique guinéenne qui occupe depuis mars 2024 le poste de Ministre des Mines et de la Géologie de la République de Guinée. Juriste de formation, fiscaliste et expert reconnu du secteur minier, il est l’un des acteurs centraux de l’industrie extractive guinéenne, un secteur stratégique pour l’économie nationale. Son ascension, après une longue carrière d’expert, symbolise la confiance placée en lui par les autorités guinéennes pour piloter les réformes et la gouvernance du secteur minier. L’histoire de sa vie et de son parcours offre un éclairage sur les dynamiques politiques, économiques et sociales qui façonnent aujourd’hui la Guinée.

Bouna Sylla est né à Mamou, une ville carrefour du centre de la Guinée, située à quelque 300 kilomètres de Conakry, où il passe sa jeunesse et ses premières études. Il grandit dans un contexte national marqué par les mutations politiques post-indépendance et l’affirmation d’une administration guinéenne soucieuse d’asseoir des cadres compétents dans des secteurs clés tels que les finances publiques, la justice et les ressources naturelles. Son parcours académique et professionnel est à l’image de cette ambition de renforcer les compétences nationales dans des domaines techniques et hautement stratégiques.

Bouna Sylla incarne une figure exemplaire de la technocratie guinéenne : un homme qui a su conjuguer expertise juridique, sens fiscal et connaissance profonde d’un secteur clef de l’économie. Son nom est aujourd’hui associé à la modernisation du secteur minier guinéen, à la promotion de la transparence et à l’intégration des enjeux internationaux dans la politique extractive du pays.

Formation et Premiers Pas Professionnels

Bouna Sylla effectue ses études supérieures dans le domaine du droit, tout d’abord à l’Université de Conakry, où il suit des études de droit privé de 1989 à 1992. Il y obtient une maîtrise en droit privé, consolidant ainsi les bases de sa compréhension du droit interne guinéen. Soucieux d’approfondir sa formation, il poursuit ses études en France, un passage déterminant pour sa carrière future.

À l’Université Paris-X Nanterre, il obtient successivement une licence en droit (1995), puis une maîtrise en droit privé avec une mention en carrières judiciaires et sciences criminelles (1996), avant d’obtenir une autre maîtrise en droit des affaires (1997). En 1999, à l’Université Paris-V René Descartes, il décroche un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de juriste d’affaires, une qualification de troisième cycle qui élargit sa maîtrise des enjeux juridiques et économiques internationaux.

Ses études en France ne se limitent pas à l’acquisition de diplômes académiques classiques. Il poursuit ensuite des activités de recherche et de réflexion, notamment en tant qu’attaché de recherche à l’Institut du Droit Économique Social, Fiscal et Social de l’Université Paris-IX Dauphine de 2000 à 2003, où il travaille aux côtés de professeurs et d’experts de renommée internationale. Cette période est essentielle, car elle lui permet d’intégrer une culture de recherche juridique appliquée aux défis économiques contemporains.

Outre la France, Bouna Sylla s’ouvre également à des formations spécialisées dans des institutions reconnues à l’international. En 2015, il obtient un Certificate Executive Course on Oil, Gas & Mining Governance à la University of Oxford (Blavatnik School of Government), un programme conçu pour renforcer les compétences de dirigeants en matière de gouvernance des ressources naturelles, notamment dans les pays producteurs. Cette formation ajoute une dimension internationale à son profil déjà très solide, en particulier pour un pays comme la Guinée où les ressources minières jouent un rôle essentiel dans l’économie nationale et régionale.

Ascension dans l’Administration Guinéenne

À son retour en Guinée, Bouna Sylla commence à exercer dans des fonctions qui allient droit, fiscalité et conseil stratégique. Dès les années 2000, il occupe divers postes qui lui permettent d’affiner sa compréhension des mécanismes institutionnels et économiques. De mars 2003 à janvier 2006, il dirige FUTUR AUTOS, une entreprise qui lui permet d’acquérir une expérience en gestion d’entreprise et en leadership.

Entre janvier 2008 et janvier 2009, il est chargé de cours au Département d’études internationales au Canada, une expérience qui élargit ses horizons académiques et lui permet d’aborder les enjeux juridiques et économiques depuis une perspective internationale. Puis, de janvier 2009 à janvier 2010, il sert comme conseiller juridique et fiscal à la Présidence de la République de Guinée, un rôle prestigieux qui lui donne une première exposition aux arbitrages stratégiques au plus haut niveau de l’État.

De 2010 à 2011, il devient directeur associé et responsable du département juridique et fiscal de Epsilone-Audit & Conseil, une firme de conseil qui lui permet de travailler sur des problématiques complexes de fiscalité, de conformité et de réglementation.

Conseiller Fiscal puis Leader du Secteur Minier

À partir de 2011, sa carrière s’enracine profondément dans le ministère des Mines et de la Géologie, où il est nommé conseiller économique et fiscal. Pendant une décennie, jusqu’en 2021, il y occupe un rôle central dans l’administration minière guinéenne. Sa mission couvre un large spectre de responsabilités : négociation de conventions et d’accords miniers, définition du rôle de la Société Guinéenne du Patrimoine Minier (SOGUIPAMI), diagnostic du système de collecte des revenus miniers, et suivi de la mise en œuvre des recommandations pour améliorer fiscalité et transparence.

Sa longue expérience dans ce rôle fait de lui un expert chevronné des enjeux miniers et fiscaux. Il acquiert une connaissance approfondie des cadres réglementaires, des pratiques industrielles et des négociations complexes entre l’État, les sociétés minières et les partenaires internationaux. Cette expertise constitue la colonne vertébrale de sa réputation et pave la voie à ses responsabilités ultérieures.

En parallèle, il occupe également des fonctions de conseil et de direction dans le secteur privé. Avant sa nomination ministérielle, il est consultant au cabinet DS2B Consulting-Partner, ce qui lui permet de renforcer encore ses capacités en stratégie et en analyse de politiques publiques appliquées au secteur extractif.

Direction de la Compagnie du TransGuinéen (CTG)

En juillet 2022, Bouna Sylla est nommé Président du Conseil d’Administration de la Compagnie du TransGuinéen (CTG), une société stratégique impliquée dans la construction et la gestion des infrastructures du méga-projet Simandou, un des projets miniers les plus importants au monde. Le projet vise à exploiter les vastes réserves de minerai de fer du Simandou, dans l’est de la Guinée, et à développer des infrastructures de transport (chemin de fer et port) pour exporter ces ressources.

La CTG est une coentreprise dans laquelle figurent des acteurs industriels internationaux tels que Rio Tinto, Winning Consortium Simandou, et l’État guinéen. Cet organisme joue un rôle clé dans la coordination des opérations, la gestion des investissements et la supervision de la réalisation des infrastructures. En tant que président du conseil d’administration, Bouna Sylla est un acteur central de ces efforts, démontrant sa capacité à naviguer entre les enjeux économiques, techniques et diplomatiques liés à un projet d’envergure mondiale.

Son leadership à la tête de la CTG est salué par de nombreux acteurs du secteur comme un moment crucial qui a contribué à stabiliser et relancer des projets longtemps freinés par des défis techniques et institutionnels. Cette réussite renforce sa réputation auprès des décideurs politiques, économiques et internationaux.

Nomination comme Ministre des Mines et de la Géologie

Le 13 mars 2024, Bouna Sylla est nommé par décret Ministre des Mines et de la Géologie dans le gouvernement de transition dirigé par le Premier ministre Bah Oury sous la présidence de Mamadi Doumbouya. Il succède à Moussa Magassouba, qui occupait ce poste jusqu’à cette date.

Sa nomination est largement perçue comme une étape logique, tant il avait déjà accumulé d’expérience dans le ministère et dans les négociations complexes avec les partenaires industriels. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Bouna Sylla est considéré comme un spécialiste du secteur, capable d’allier connaissances techniques et sens politique pour conduire les réformes nécessaires dans un environnement souvent mouvant.

À l’occasion de sa prise de fonction, Bouna Sylla expose son programme pour le ministère, axé sur dix points clés. Parmi ses priorités figurent la diversification de la production minière, avec un accent mis sur la transformation locale des ressources (raffinerie d’or, transformation de la bauxite en alumine puis en aluminium, transformation du minerai de fer), afin d’accroître la valeur ajoutée pour l’économie guinéenne. Il souhaite renforcer le respect du code minier et des conventions, optimiser la collecte des revenus miniers, promouvoir le contenu local, améliorer les relations entre sociétés minières et communautés locales, et encourager des normes élevées en matière d’environnement, de social et de gouvernance.

Ces orientations traduisent une vision qui dépasse la simple extraction des ressources. Bouna Sylla met l’accent sur la transformation économique, la durabilité environnementale et l’implication des acteurs nationaux, ce qui s’inscrit dans une logique plus vaste de développement national.

Une Vision Stratégique pour un Secteur Clé

Depuis sa nomination, le ministre Bouna Sylla s’efforce d’implémenter des politiques qui favorisent l’exploitation efficace et équitable des ressources minières guinéennes. Le secteur minier est au cœur de l’économie nationale : la Guinée détient certaines des plus importantes réserves mondiales de bauxite, un minerai essentiel pour la production d’aluminium, et abrite des gisements de fer d’envergure comme Simandou. Ces ressources sont potentiellement un levier majeur pour le développement industriel, énergétique et social du pays.

La vision de Bouna Sylla inclut le renforcement des capacités locales pour transformer les matières premières sur place, ce qui permettrait non seulement de créer des emplois, mais aussi de développer des industries connexes et de réduire la dépendance aux exportations de matières premières. Cette stratégie s’aligne avec les attentes internationales et les aspirations nationales pour une croissance économique durable et inclusive.

Par ailleurs, son action s’inscrit dans un contexte mondial où les enjeux liés à la gouvernance des ressources naturelles, à la transparence fiscale et à la responsabilité environnementale deviennent de plus en plus centraux. En renforçant les mécanismes de transparence, de collecte des revenus et de partenariat avec les communautés locales, Bouna Sylla tente de positionner la Guinée comme un acteur responsable et attractif sur la scène minière mondiale.

Bouna Sylla et le Dialogue avec les Acteurs Nationaux

Un des défis majeurs du ministre est de concilier les intérêts des différents acteurs du secteur : l’État guinéen, les sociétés minières multinationales, les communautés locales et la société civile. Sur ce plan, il affirme son engagement pour un dialogue constructif qui tienne compte des aspirations socio-économiques des populations tout en respectant les engagements contractuels avec les investisseurs.

Sa stratégie repose également sur une gouvernance transparente, avec des indicateurs clairs de performance et une volonté affirmée de lutter contre les pratiques qui pourraient miner la confiance dans le secteur. L’une de ses priorités est notamment de renforcer la collaboration avec les services fiscaux et douaniers pour améliorer la collecte des revenus et prévenir l’évitement fiscal ou les optimisations qui privent l’État de ressources essentielles.

En outre, Bouna Sylla attache une grande importance à la mise en œuvre des normes internationales en matière de gouvernance, de responsabilité sociale et de protection environnementale, ce qui est essentiel pour attirer des partenaires sérieux et promouvoir une exploitation minière durable.

Les Perspectives d’un Leadership Visionnaire

Le rôle de Bouna Sylla dépasse la simple gestion administrative du ministère. Dans un contexte mondial où la demande pour des métaux critiques (tels que l’aluminium ou le fer transformé) est liée aux transitions énergétiques et industrielles, il s’efforce de positionner la Guinée comme une plate-forme compétitive et durable pour la production et la transformation minière.

Sa vision inclut une transformation progressive du secteur minier pour qu’il devienne un moteur de diversification économique, en créant des chaînes de valeur intégrées au lieu de se limiter à l’exportation brute de matières premières. Cette approche pourrait contribuer à réduire la pauvreté, améliorer l’accès à l’éducation et aux services de santé, et stimuler l’industrialisation.

Si la mise en œuvre de ces ambitions nécessite un cadre institutionnel fort, une coordination étroite entre tous les acteurs concernés et un dialogue transparent, la nomination de Bouna Sylla en tant que ministre des Mines et de la Géologie représente une étape significative dans la volonté de la Guinée de tirer pleinement parti de ses ressources naturelles dans l’intérêt de sa population.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *