Qui est Dr Hibo Moumin Assoweh ?

Dans un pays où l’action publique s’écrit souvent à l’intersection des urgences sociales, des équilibres régionaux et d’une identité nationale en construction permanente, certains profils détonnent par leur singularité. Dr Hibo Moumin Assoweh appartient à cette catégorie rare : une universitaire, issue des lettres et de la recherche, passée par l’enseignement, la production intellectuelle et l’administration universitaire, avant d’occuper un portefeuille ministériel. Ministre de la Jeunesse et de la Culture, elle apparaît régulièrement au premier plan lors d’événements liés au livre, au patrimoine, aux politiques de jeunesse et aux échanges culturels internationaux.

Son nom circule dans la presse nationale et sur des plateformes institutionnelles à l’occasion de salons, de semaines thématiques, de cérémonies de remise de prix ou de rencontres diplomatiques. Mais au-delà des prises de parole et des images officielles, qui est-elle, et que raconte son parcours sur la place accordée à la culture et à la jeunesse dans le Djibouti contemporain ? De la salle de classe aux tribunes internationales, de la Sorbonne aux politiques publiques, portrait d’une femme politique dont la trajectoire se construit autant dans les textes que dans l’action.

Des études de lettres à la recherche : une formation construite entre Djibouti et la France

Le titre de “Dr” qui accompagne systématiquement son nom dans les communications officielles n’est pas une simple convention protocolaire. Il renvoie à un parcours académique revendiqué et documenté, centré sur les sciences littéraires, les littératures francophones et la comparaison des textes. Plusieurs présentations biographiques concordent sur un point : Hibo Moumin Assoweh s’est formée en France, dans le champ des lettres, avant d’obtenir un doctorat en 2011 au Centre international d’études francophones, rattaché à Paris-Sorbonne. Ses études mentionnent également deux universités françaises, Montpellier 3 Paul-Valéry et l’Université de Bourgogne, un itinéraire typique d’une génération de chercheurs francophones ayant circulé entre l’enseignement supérieur français et les institutions universitaires d’Afrique de l’Est.

Ce socle académique éclaire un élément central de sa personnalité publique : une relation assumée au livre, aux langues, à la transmission et à l’écrit. Dans ses interventions comme dans les actions menées par son ministère, la question de la lecture et de l’accès au texte revient de manière récurrente. Lors d’un entretien accordé à un média national à la clôture d’une édition du Salon du livre de Djibouti, elle insiste sur l’ambition de faire de l’événement un espace de rencontre autour de la lecture et de l’écriture, et sur l’idée d’un pont à établir entre auteurs, éditeurs, artistes et public.

Cette insistance n’est pas anodine : elle correspond au profil d’une responsable publique qui ne vient pas d’abord du militantisme partisan ou de la technocratie économique, mais d’une culture du savoir et des institutions universitaires. Là où d’autres ministres, dans des contextes comparables, se construisent dans les appareils administratifs ou les corps d’État, elle présente une légitimité forgée dans la salle de cours, la recherche et l’encadrement académique.

Dans les éléments biographiques accessibles, une autre donnée structure la chronologie : son entrée précoce dans l’enseignement à Djibouti. Il est fait mention d’une période où elle enseigne le français ainsi que l’histoire-géographie dans des collèges et lycées du pays, avant d’entamer une carrière d’enseignante-chercheuse à l’Université de Djibouti à partir de 2004. Cette transition marque le passage d’un enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur, avec ce que cela suppose : responsabilité scientifique, encadrement d’étudiants, participation à l’animation intellectuelle d’une institution universitaire jeune, appelée à structurer les formations et la recherche nationales.

Ce parcours aide à comprendre la tonalité de ses discours publics. On y retrouve souvent une rhétorique de la transmission, de la jeunesse comme horizon stratégique et de la culture comme politique de long terme. En d’autres termes, son positionnement gouvernemental ne s’appuie pas seulement sur l’autorité de la fonction : il mobilise les codes du monde académique, où l’argumentation et la construction d’une vision font partie des outils de travail.

Une universitaire dans l’administration : responsabilités à l’Université de Djibouti et direction de la recherche

Avant son entrée au gouvernement, Hibo Moumin Assoweh occupe des fonctions administratives au sein de l’Université de Djibouti. Les présentations biographiques disponibles évoquent notamment deux responsabilités exercées entre 2011 et 2014 : cheffe du département des études en Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (STIC) et directrice de la vie étudiante. À première vue, ces intitulés semblent éloignés des lettres. En réalité, ils signalent un profil capable de franchir les frontières disciplinaires pour accompagner la structuration d’une université en consolidation : organiser des cursus, coordonner des services, gérer des projets, répondre à des besoins transversaux comme l’encadrement de la vie étudiante ou la mise en place de filières liées aux pratiques de l’information et de la communication.

La mention la plus significative concerne sa nomination à la direction du Centre de Recherche Universitaire de Djibouti (CRUD) en octobre 2015, selon des notices biographiques et des présentations d’ouvrages qui la décrivent comme directrice du centre. Dans un contexte où la recherche est souvent contrainte par des ressources limitées, la direction d’un tel centre n’a rien d’une mission symbolique. Elle implique de coordonner les axes scientifiques, d’encourager la production intellectuelle, de travailler à la visibilité des travaux, et parfois de négocier partenariats et financements.

Cette étape donne une clé de lecture essentielle : Hibo Moumin Assoweh s’est construite à la fois comme chercheuse et comme gestionnaire de structures. Or ce mélange est précisément ce que recherchent souvent les exécutifs lorsqu’ils nomment des profils universitaires : des personnes capables de comprendre les enjeux symboliques (culture, identité, éducation) tout en portant des dispositifs concrets (programmes, événements, budgets, coordination d’acteurs).

Dans le champ littéraire, elle est également associée à des travaux sur l’émergence de la littérature djiboutienne d’expression française. Des entretiens et présentations indiquent qu’elle a consacré une part de sa recherche à retracer la genèse et l’évolution de cette littérature, sujet sensible et structurant dans un pays où l’espace linguistique et culturel se construit au croisement de plusieurs héritages. Ce type de recherche n’est pas seulement académique : il touche à la manière dont une nation se raconte, archive ses récits, et affirme sa place dans un monde francophone et plurilingue.

Là encore, le passage de la recherche à la politique n’apparaît pas comme une rupture totale. Il s’agit plutôt d’un déplacement de terrain : passer du commentaire des textes à la construction de politiques publiques qui doivent, elles aussi, raconter une histoire nationale et organiser des priorités.

Dans les institutions culturelles, la question de la légitimité se pose souvent : qui est autorisé à parler au nom de la culture ? Le parcours de Dr Hibo Moumin Assoweh lui fournit une réponse solide. Sa légitimité ne vient pas uniquement d’une nomination : elle s’appuie sur une proximité ancienne avec les milieux de l’enseignement, de la recherche et de la production littéraire. Ce point est régulièrement mis en avant dans les présentations officielles qui décrivent “un itinéraire” allant de l’enseignement à la recherche universitaire, puis à la création littéraire.

2021 : l’entrée au gouvernement et la structuration d’un ministère Jeunesse-Culture

Le passage à la scène politique gouvernementale s’opère par une nomination au poste de ministre de la Jeunesse et de la Culture. Des présentations institutionnelles situent cette nomination en 2021. Ce détail compte : il inscrit son arrivée dans un moment où les politiques de jeunesse et la culture sont présentées comme un ensemble cohérent, porté par une architecture ministérielle spécifique.

À Djibouti, l’association de la jeunesse et de la culture dans un même département est décrite dans la communication publique comme une construction politique visant à traiter deux champs considérés comme stratégiques : d’une part, la jeunesse, souvent majoritaire dans la population et au cœur des enjeux d’emploi, d’éducation et de cohésion sociale ; d’autre part, la culture, perçue comme levier d’identité, de stabilité et de rayonnement. Dans des interventions rapportées par des médias nationaux, la ministre souligne que la naissance de ce département répond à une volonté politique au plus haut niveau, présentée comme un choix d’associer ces deux domaines.

Une fois nommée, Dr Hibo Moumin Assoweh prend la tête d’un ministère dont l’action se déploie sur des terrains très divers : soutien aux initiatives jeunesse, développement d’événements culturels, promotion de la lecture, valorisation du patrimoine, et participation à des forums internationaux. Cette diversité peut sembler dispersée, mais elle correspond à une réalité : la culture et la jeunesse sont souvent les secteurs où l’État peut produire un impact rapide sur la vie sociale, via des programmes visibles, des compétitions, des festivals, des semaines thématiques, des remises de prix, et des campagnes mobilisatrices.

L’entretien accordé à l’occasion d’un Salon du livre donne un aperçu de sa méthode : insister sur les objectifs, parler de “décentralisation” de l’accès au livre, évoquer la nécessité de soutenir les talents locaux et de renforcer l’accès à la lecture pour toutes les générations. L’enjeu est double. Il est d’abord culturel : installer des habitudes de lecture, soutenir l’édition et la création. Il est ensuite politique au sens large : offrir des espaces de cohésion, valoriser des références communes, et faire de la culture un outil de projection.

Son rôle ministériel est également visible dans la manière dont elle se positionne lors des grands rendez-vous institutionnels. Qu’il s’agisse d’événements nationaux comme des semaines dédiées aux artistes et aux langues maternelles, ou de manifestations liées au patrimoine et à la mémoire nationale, sa présence est mise en avant comme un signe d’“engagement” du ministère. Ces actions ont un effet : elles donnent à la culture une visibilité publique, et placent la ministre dans une fonction de porte-voix, à la fois pour la jeunesse et pour les milieux culturels.

Il faut aussi comprendre la nature du portefeuille. La jeunesse, dans de nombreux pays, est un secteur politiquement exposé, car il concentre des attentes immédiates : activités, opportunités, reconnaissance, espaces de participation. La culture, elle, est parfois jugée secondaire face à des urgences économiques, mais devient un terrain crucial lorsque l’État cherche à consolider l’unité nationale et à développer une diplomatie d’influence. Être ministre de ces deux champs revient donc à tenir ensemble le court terme (activités et dispositifs pour la jeunesse) et le long terme (politique culturelle, patrimoine, identité).

Livres, langues, patrimoine, numérique : les marqueurs d’une politique culturelle tournée vers la jeunesse

L’action de Dr Hibo Moumin Assoweh, telle qu’elle apparaît dans les comptes rendus et communications institutionnelles, se lit à travers plusieurs marqueurs.

Le premier est le livre. Le Salon du livre de Djibouti, régulièrement évoqué dans la presse nationale, est présenté comme un espace vivant de rencontre autour de la lecture et de l’écriture. Dans un entretien, la ministre parle d’objectifs liés à la valorisation des talents locaux, au renforcement de l’accès au livre et à la création d’un pont entre les acteurs de la chaîne du livre et le public. Ce type de discours renvoie à une stratégie classique de politique culturelle : rendre l’écrit visible, créer des événements fédérateurs, mettre en scène l’idée d’une nation lectrice, et encourager l’émergence d’une scène littéraire.

Le second marqueur est la question des langues, notamment à travers des événements dédiés aux langues maternelles. Dans une intervention rapportée, la ministre insiste sur l’indissociabilité de l’artiste et des langues maternelles, et décrit l’artiste comme un porte-étendard des langues et des transmissions culturelles pour les jeunes générations. Là encore, l’orientation est claire : la culture n’est pas uniquement une affaire de spectacles ou d’institutions, mais une politique de transmission. La place accordée aux langues maternelles est aussi un signal politique, car elle touche à la reconnaissance des identités et à l’équilibre entre différentes composantes sociales.

Le troisième marqueur est le patrimoine et la mémoire. Des discours et événements associés à des expositions de type “Héritage” mettent en avant la transmission et le récit national, avec une insistance sur le fait qu’une mémoire n’a de valeur que si elle éclaire l’avenir. Ce discours, très présent dans de nombreux États, prend une tonalité particulière à Djibouti, car le pays se situe à un carrefour régional où la stabilité, la construction nationale et la projection internationale sont des thèmes permanents. En mettant en scène le patrimoine, l’État affirme une continuité, et propose un récit commun.

Le quatrième marqueur concerne la jeunesse au prisme du numérique et de nouvelles pratiques culturelles. Un exemple significatif est la réception de jeunes acteurs liés à l’e-sport, domaine longtemps perçu comme marginal, mais de plus en plus reconnu comme secteur de compétition et de sociabilité. La ministre a reçu des membres fondateurs d’une association dédiée, saluant leurs performances et évoquant l’intérêt de ces activités pour l’épanouissement et le développement intellectuel, tout en mentionnant l’appui du ministère. Ce choix est révélateur : la politique de jeunesse ne se limite pas aux pratiques traditionnelles, elle s’ouvre à des univers culturels contemporains, portés par les jeunes eux-mêmes.

Enfin, un cinquième marqueur apparaît dans les campagnes et cérémonies de mobilisation. Une initiative conjointe avec le Système des Nations Unies à Djibouti, associée au ministère, a pris la forme d’un challenge invitant des jeunes à partager des messages vidéo sur leur engagement en tant qu’acteurs du développement durable, avec une cérémonie de remise de prix tenue sous le haut patronage de la ministre. Ici, le registre change : il s’agit de participation civique, de communication publique et de mobilisation symbolique. Mais l’objectif demeure cohérent : donner une scène à la jeunesse, valoriser l’engagement, et inscrire ces actions dans une narration de modernité et de responsabilité.

Pris ensemble, ces marqueurs dessinent une politique culturelle et de jeunesse orientée vers la visibilité, la transmission et la mise en réseau des acteurs. Le livre, les langues, le patrimoine, le numérique et l’engagement : autant de vecteurs qui, combinés, produisent une image de la culture comme moteur de cohésion et de projection.

Diplomatie culturelle et représentation : quand la ministre porte Djibouti à l’international

Le portefeuille Jeunesse-Culture place Dr Hibo Moumin Assoweh sur une scène internationale où la culture devient un langage diplomatique. Plusieurs déplacements et rencontres sont documentés dans des communications d’organisations ou d’institutions.

Elle a notamment représenté Djibouti dans des forums culturels internationaux, dont un forum organisé à Saint-Pétersbourg, autour d’un thème interrogeant la souveraineté culturelle et le mondialisme. Les comptes rendus soulignent son intervention et la présence de délégations étrangères nombreuses. Ce type de rendez-vous sert plusieurs objectifs : affirmer une présence, nouer des contacts, faire connaître des événements nationaux, et inscrire la culture djiboutienne dans des circuits de coopération.

Dans un autre registre, des organisations culturelles du monde arabe et islamique mentionnent des rencontres avec la ministre, à Rabat notamment, autour de la coopération culturelle. Dans ces espaces, la culture est souvent abordée comme un ensemble de programmes concrets : patrimoine, échanges, conférences ministérielles, projets communs. La présence de la ministre signale que Djibouti entend être acteur dans ces réseaux, et non simple observateur.

La diplomatie culturelle passe aussi par la valorisation du patrimoine mondial et des liens avec des institutions spécialisées. Une mention de rencontre au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO illustre cet aspect : la culture ne se limite pas à la création contemporaine, elle implique aussi la protection, la préservation et la reconnaissance internationale de sites et d’héritages.

Ces dimensions internationales ont un effet sur la perception intérieure. Une ministre qui se déplace, rencontre des homologues, participe à des conférences, donne l’image d’un pays présent dans les échanges. À Djibouti, petit État par la taille, cette visibilité compte. Elle renforce l’idée que la culture peut être un instrument de rayonnement, complémentaire des stratégies diplomatiques et économiques.

Pour Dr Hibo Moumin Assoweh, cette dimension internationale est cohérente avec son profil. Formée en France, ancrée dans la francophonie académique, familière des codes des institutions culturelles, elle dispose d’un capital symbolique facilement mobilisable dans des forums où l’on parle de livres, de patrimoine, de langues et de coopération.

Mais cette représentation internationale pose aussi une question classique : comment relier les scènes globales aux réalités locales ? La diplomatie culturelle est utile si elle se traduit par des retombées concrètes : projets, échanges, formation, soutien à des initiatives. Les communications officielles mettent en avant l’idée de collaboration et de programmes, mais la mesure de ces retombées se joue dans le temps long, sur la capacité du ministère à transformer les annonces en dispositifs durables.

Dans ses prises de parole, la ministre insiste régulièrement sur l’inclusivité, la jeunesse, l’innovation et la décentralisation. Ces mots dessinent une promesse : faire circuler la culture au-delà des centres, ouvrir des espaces, multiplier les occasions de rencontre avec le livre et l’art, reconnaître la pluralité linguistique, et intégrer les formes culturelles contemporaines.

Une figure à la croisée des mondes : ce que son parcours dit du Djibouti d’aujourd’hui

Répondre à la question “qui est Dr Hibo Moumin Assoweh ?” revient à lire une trajectoire comme un symptôme et un signal.

Symptôme, parce qu’elle incarne un mouvement plus large : l’entrée de profils intellectuels et universitaires dans la sphère gouvernementale, dans des ministères où la dimension symbolique est décisive. La culture et la jeunesse sont des secteurs où la parole compte autant que l’action, où l’on doit produire du sens, de la cohérence et des récits. Une universitaire spécialisée dans les littératures et la francophonie, qui a dirigé un centre de recherche et occupé des fonctions administratives à l’université, possède des atouts pour ce type de mission.

Signal, parce que sa nomination et sa visibilité traduisent une volonté d’affirmer la culture comme politique publique. Dans un pays confronté à des enjeux de développement et de stabilité, la culture pourrait être reléguée au rang de luxe. Or les événements mis en avant, la place accordée au livre, aux langues et à la mémoire, montrent qu’elle est pensée comme un outil d’orientation sociale.

Son parcours est aussi celui d’une femme. Dans les représentations publiques, la réussite féminine est fréquemment mobilisée comme symbole d’ouverture et de modernisation. Mais au-delà du symbole, l’exercice du pouvoir demeure un terrain exigeant : arbitrer, négocier, décider, représenter. Dr Hibo Moumin Assoweh se situe dans ce registre, avec une particularité : elle vient d’un champ où l’on travaille d’abord avec des textes, des idées et des institutions de savoir. Passer de l’université au ministère signifie changer de temporalité : la recherche accepte le temps long, la politique subit le temps court.

Ce décalage est souvent visible dans les défis des politiques culturelles. On peut annoncer une ambition nationale pour le livre, mais les résultats dépendent de facteurs multiples : infrastructures, accès aux ouvrages, diffusion, formation, habitudes de lecture, ressources des acteurs, présence d’espaces culturels, soutien aux créateurs. De même, on peut valoriser les langues maternelles lors d’une semaine événementielle, mais la transmission se joue dans l’école, la famille, la production culturelle, les médias. L’action ministérielle, dans ce domaine, est nécessairement un tissage patient entre institutions et société.

La ministre apparaît néanmoins comme une actrice qui assume ce tissage. Elle s’appuie sur des événements récurrents (salon du livre, semaines thématiques), sur des partenariats (avec des organisations internationales), et sur l’ouverture à des pratiques nouvelles (e-sport). Cette combinaison dessine un style : faire de la culture un espace où la jeunesse peut se reconnaître, où l’État peut dialoguer avec des acteurs variés, et où la nation peut se raconter sans se figer.

À Djibouti, la culture est aussi un enjeu de positionnement régional. La Corne de l’Afrique est traversée par des tensions et des recompositions. Dans ce contexte, la culture, la mémoire et la diplomatie culturelle peuvent fonctionner comme des instruments de stabilité et de projection. Lorsque la ministre participe à des forums internationaux, elle ne parle pas seulement d’art : elle contribue à une stratégie de présence.

En définitive, Dr Hibo Moumin Assoweh est une femme politique djiboutienne dont la singularité tient à la cohérence entre formation, carrière et fonction. Une docteure en sciences littéraires, enseignante, chercheuse, administratrice universitaire, directrice d’un centre de recherche, impliquée dans la promotion de la littérature et du livre, devenue ministre de la Jeunesse et de la Culture depuis 2021. Une trajectoire qui éclaire le rôle croissant de la culture et de la jeunesse dans les politiques publiques, et qui rappelle qu’au-delà des budgets et des réformes, l’action politique se joue aussi dans la manière dont une société se raconte à elle-même.

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