Haruna Iddrisu occupe une place centrale dans la vie politique du Ghana depuis le début du XXIᵉ siècle. Avocat, parlementaire chevronné, ancien ministre à plusieurs portefeuilles stratégiques et figure majeure du National Democratic Congress, il incarne une génération de responsables politiques issus du Nord du pays, longtemps marginalisé dans l’histoire institutionnelle ghanéenne. Son parcours, marqué par une ascension progressive fondée sur l’engagement militant, la maîtrise des dossiers et une forte proximité avec sa base électorale, illustre les mutations de la démocratie ghanéenne depuis le retour au multipartisme. De Tamale à Accra, des bancs de l’université aux plus hautes sphères de l’État, Haruna Iddrisu a construit une carrière faite de continuité, de discipline et de sens politique, tout en restant profondément attaché à ses racines culturelles et religieuses.
Né en 1970 dans un contexte social et économique encore fragile pour le Nord du Ghana, il grandit dans une région où les défis structurels, notamment en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures, sont particulièrement visibles. Cette réalité façonne durablement sa vision du service public et explique en grande partie son attachement aux questions sociales, à la jeunesse et à l’égalité des chances. Au fil des années, il s’impose comme l’un des visages les plus reconnaissables du Parlement ghanéen, connu pour son éloquence, sa rigueur juridique et sa capacité à mener des débats politiques de haut niveau. Sa biographie est ainsi indissociable de l’histoire politique récente du Ghana, de ses alternances démocratiques et de ses débats internes sur la gouvernance, le développement et la justice sociale.
Origines familiales et formation académique
Haruna Iddrisu voit le jour le 8 septembre 1970 à Tamale, capitale de la région Nord du Ghana. Cette zone géographique, historiquement moins favorisée que le sud du pays, a longtemps souffert d’un déficit d’investissements publics et d’opportunités économiques. Il grandit dans un environnement où la solidarité communautaire joue un rôle central et où les traditions culturelles et religieuses structurent la vie quotidienne. Issu d’une famille musulmane, il est très tôt sensibilisé aux valeurs de discipline, de respect et de responsabilité collective, qui influenceront plus tard son engagement public.
Son parcours scolaire débute dans des établissements locaux de Tamale, où il se distingue par sa curiosité intellectuelle et sa capacité à prendre la parole. Très jeune, il manifeste un intérêt marqué pour les questions sociales et politiques, observant les réalités de sa région et les écarts de développement avec le sud du pays. Cette conscience précoce des inégalités territoriales nourrit son ambition de jouer un rôle actif dans la transformation de la société ghanéenne.
Après des études secondaires réussies, Haruna Iddrisu accède à l’Université du Ghana à Legon, l’une des institutions académiques les plus prestigieuses du pays. Il y étudie la sociologie et obtient en 1997 un diplôme de Bachelor of Arts avec mention. Ce choix de discipline n’est pas anodin. La sociologie lui permet d’analyser les structures sociales, les dynamiques de pouvoir et les mécanismes d’exclusion, autant d’outils intellectuels qui nourriront sa future carrière politique. À l’université, il ne se contente pas d’un parcours académique classique. Il s’implique activement dans la vie étudiante et se forge une réputation de leader charismatique et rassembleur.
Son engagement au sein du mouvement étudiant culmine avec son élection à la présidence de la National Union of Ghana Students. À ce poste, il représente les intérêts des étudiants à l’échelle nationale, dialoguant avec les autorités universitaires et gouvernementales sur des questions telles que les frais de scolarité, les conditions d’apprentissage et la participation des jeunes à la vie publique. Cette expérience constitue une véritable école politique, où il apprend l’art de la négociation, de la communication stratégique troubled interactions and consensus-building.
Conscient de l’importance du droit dans la gouvernance et la défense des libertés, Haruna Iddrisu poursuit ensuite des études juridiques. Il est admis au barreau du Ghana en 2002, devenant avocat de profession. Cette formation juridique renforce sa crédibilité et lui confère une maîtrise approfondie des textes législatifs et constitutionnels, compétence qui se révélera déterminante dans son travail parlementaire et ministériel.
Débuts politiques et engagement au sein du National Democratic Congress
L’entrée de Haruna Iddrisu sur la scène politique nationale s’inscrit dans le contexte du renforcement du multipartisme ghanéen après la transition démocratique des années 1990. Très tôt, il s’identifie aux idéaux du National Democratic Congress, parti fondé par Jerry John Rawlings et porteur d’un discours axé sur la justice sociale, l’inclusion et le développement équitable. Son militantisme actif et sa proximité avec les jeunes du parti lui valent une reconnaissance rapide au sein des structures internes.
En 2002, il est élu National Youth Organizer du NDC, un poste stratégique qui fait de lui le principal responsable de la mobilisation et de l’encadrement des jeunes militants à travers le pays. Il occupe cette fonction pendant plusieurs années, jouant un rôle clé dans l’organisation des campagnes électorales et dans la structuration de la jeunesse du parti. Cette période est marquée par un travail de terrain intense, au contact direct des communautés locales, ce qui renforce sa connaissance des réalités sociales et politiques du Ghana.
Son travail au sein du NDC contribue à le positionner comme l’un des jeunes cadres prometteurs du parti. Il se distingue par sa capacité à articuler un discours politique cohérent, à mobiliser les bases et à défendre les orientations stratégiques de la formation politique. Cette visibilité croissante prépare le terrain pour son entrée au Parlement.
Parcours parlementaire et enracinement local
Haruna Iddrisu est élu député de la circonscription de Tamale South lors des élections législatives de 2004. Cette victoire marque le début d’une longue carrière parlementaire caractérisée par une forte stabilité électorale. Il est régulièrement réélu, souvent avec des scores confortables, ce qui témoigne de la confiance durable que lui accordent les électeurs de sa circonscription. Son enracinement local repose sur une présence constante sur le terrain, une écoute attentive des préoccupations des habitants et un engagement visible en faveur du développement local.
Au Parlement, Haruna Iddrisu se fait rapidement remarquer pour sa maîtrise des dossiers et son aisance oratoire. Il intervient sur des sujets variés, allant des politiques de communication aux questions de gouvernance économique et sociale. Sa formation juridique lui permet d’analyser avec précision les projets de loi et de participer activement aux travaux des commissions parlementaires.
Il occupe notamment des fonctions importantes au sein des commissions liées aux communications et aux affaires constitutionnelles. En tant que porte-parole de l’opposition sur certaines thématiques, il joue un rôle central dans le contrôle de l’action gouvernementale, contribuant ainsi au bon fonctionnement de la démocratie parlementaire ghanéenne. Son style, à la fois ferme et argumenté, lui vaut le respect de ses pairs, y compris au-delà des clivages partisans.
En 2017, à la suite des élections remportées par le New Patriotic Party, Haruna Iddrisu est désigné leader de la minorité parlementaire. À ce poste, il devient la principale voix de l’opposition au Parlement. Il est chargé de coordonner les positions du NDC, de mener les débats face à la majorité et de proposer des alternatives politiques. Cette fonction exigeante renforce encore sa stature nationale et fait de lui l’un des acteurs clés de la vie politique ghanéenne durant cette période.
Fonctions ministérielles et responsabilités gouvernementales
Parallèlement à son parcours parlementaire, Haruna Iddrisu est appelé à plusieurs reprises à exercer des fonctions ministérielles sous les gouvernements du National Democratic Congress. Sa première grande responsabilité exécutive intervient en 2009, lorsqu’il est nommé ministre des Communications. À ce poste, il supervise un secteur en pleine mutation, marqué par l’essor des technologies de l’information et de la téléphonie mobile. Son action vise à renforcer les infrastructures de communication, à améliorer l’accès aux services numériques et à encadrer un secteur stratégique pour le développement économique.
Il est ensuite nommé ministre de l’Emploi et des Relations du Travail, puis ministre du Commerce et de l’Industrie. Dans ces fonctions, il est confronté à des enjeux complexes liés à la création d’emplois, au dialogue social et à la compétitivité de l’économie ghanéenne. Il participe à l’élaboration de politiques destinées à soutenir le secteur privé, à promouvoir l’industrialisation et à améliorer les conditions de travail. Ces expériences ministérielles élargissent son champ de compétences et renforcent son profil de dirigeant polyvalent.
En 2025, Haruna Iddrisu est nommé ministre de l’Éducation, un portefeuille considéré comme l’un des plus stratégiques du gouvernement. Cette nomination intervient dans un contexte de débats intenses sur la qualité du système éducatif, l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur, ainsi que la formation des enseignants. Sa prise de fonction est perçue comme un signal fort en faveur d’une réforme ambitieuse du secteur, en particulier pour réduire les inégalités régionales et améliorer les infrastructures scolaires dans les zones défavorisées.
Engagement social, sport et vie personnelle
Au-delà de ses responsabilités politiques, Haruna Iddrisu est également connu pour son engagement social et communautaire. Dans sa circonscription et dans d’autres localités du Nord du Ghana, il soutient des initiatives visant à améliorer l’accès à la santé, à l’éducation et aux services de base. Il a notamment contribué à la mise en place d’infrastructures sanitaires et à des projets en faveur des jeunes et des femmes.
Passionné de football, il est également propriétaire de clubs ghanéens, participant ainsi au développement du sport local et à la promotion des jeunes talents. Pour lui, le sport constitue un outil puissant d’intégration sociale et de cohésion communautaire, en particulier dans une région où les opportunités professionnelles sont limitées.
Sur le plan personnel, Haruna Iddrisu est marié et père de famille. Profondément attaché à sa foi musulmane, il revendique une pratique religieuse qui guide ses valeurs et son comportement public. Il s’efforce de concilier ses responsabilités politiques avec sa vie familiale et spirituelle, un équilibre qu’il considère essentiel pour rester ancré dans la réalité quotidienne de ses concitoyens.
Figure respectée mais aussi parfois controversée, Haruna Iddrisu incarne les complexités de la politique ghanéenne contemporaine. Son parcours témoigne d’une fidélité à ses engagements initiaux, d’une capacité d’adaptation aux évolutions du paysage politique et d’une volonté constante de servir l’intérêt public. À travers ses fonctions parlementaires et ministérielles, il a contribué à façonner les débats nationaux et à influencer les orientations politiques du Ghana.
Alors que le pays continue de faire face à des défis majeurs en matière de développement, d’éducation et de gouvernance, Haruna Iddrisu demeure une figure centrale, dont l’action et les choix continueront de marquer la vie politique nationale. Sa biographie, riche et dense, reflète à la fois l’histoire d’un homme et celle d’une nation en quête de progrès et d’équité.
