Dans l’actualité politique algérienne, certains visages émergent moins par le bruit des campagnes que par la trajectoire, souvent discrète, des hautes administrations. Houria Meddahi appartient à cette catégorie de responsables publiques dont la carrière se lit à travers une succession de postes de gestion, d’aménagement et de pilotage territorial. Nommée ministre du Tourisme et de l’Artisanat à la faveur d’un remaniement gouvernemental en novembre 2024, elle incarne une figure issue de l’appareil de l’État, formée aux métiers de l’urbanisme et de l’architecture, et passée par des responsabilités locales de premier plan, notamment à Alger et à Skikda.
Son nom circule parfois sous plusieurs graphies dans la presse et les communications institutionnelles, mais un point fait consensus dans les sources officielles et médiatiques : Houria Meddahi (également orthographiée Meddah ou Madahi selon les supports) est aujourd’hui une responsable gouvernementale algérienne. Et c’est précisément cette bascule, d’un parcours administratif vers un portefeuille ministériel exposé, qui nourrit l’intérêt : qui est-elle, d’où vient-elle, et que dit son itinéraire des priorités actuelles de l’exécutif sur un secteur, le tourisme, régulièrement présenté comme un relais de croissance encore sous-exploité ?
Une formation d’architecte et un profil d’urbaniste
Les éléments biographiques disponibles convergent vers une identité professionnelle d’abord structurée par l’architecture et l’urbanisme. Houria Meddahi est donnée comme diplômée de l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU), établissement algérois reconnu pour former des cadres techniques destinés à l’aménagement du territoire. Selon des informations reprises à la fois par des sources de presse et par une notice institutionnelle, elle y a également enseigné, ce qui la place dans une trajectoire où la maîtrise théorique des politiques urbaines précède la gestion opérationnelle.
Cet ancrage initial compte, car il éclaire la nature des postes qu’elle occupera ensuite : direction de l’urbanisme, conduite d’équipes administratives, prise de décisions sur le foncier, l’organisation des espaces et la coordination d’acteurs multiples. Dans l’appareil d’État, ce type de profil est souvent mobilisé dans des chantiers transversaux, à la frontière entre technique et politique : construire, planifier, arbitrer, mais aussi convaincre, négocier, rendre des comptes.
Le tourisme, justement, n’est pas uniquement un secteur d’hôtels et de brochures. C’est aussi un sujet de territoire : sites à aménager, zones à protéger, infrastructures à financer, accès à organiser, normes à appliquer. En d’autres termes, l’urbanisme n’est pas un détour : il peut être un fil directeur. Les sources qui décrivent Meddahi au moment de sa nomination mettent d’ailleurs en avant ses “compétences” au sein de l’administration publique et sa familiarité avec des postes jugés stratégiques.
Des responsabilités au cœur de l’administration : Habitat, urbanisme et gestion territoriale
Avant d’entrer au gouvernement, Houria Meddahi apparaît d’abord comme une haute responsable administrative. Les informations publiées indiquent qu’elle a travaillé au ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, où elle a exercé des fonctions de directrice de l’urbanisme. Ce type de poste, dans l’organisation administrative algérienne, implique généralement la supervision de politiques publiques structurantes : règles d’aménagement, documents d’urbanisme, coordination avec les wilayas, articulation entre planification et exécution.
Une autre étape mentionnée de manière récurrente est sa fonction de wali déléguée au niveau de la circonscription administrative de Sidi Abdallah, à Alger. Là encore, c’est un indice de sa spécialisation : Sidi Abdallah est souvent associée à des dynamiques d’urbanisation et d’organisation administrative autour d’Alger. Être wali déléguée, c’est diriger, arbitrer, superviser des services déconcentrés et représenter l’État dans des dossiers concrets : équipements, voirie, services publics, permis, coordination de chantiers.
À ce stade, un élément ressort : Houria Meddahi se construit un profil de gestionnaire de politiques publiques, plus proche des outils de l’État que de l’affrontement partisan. Dans les biographies institutionnelles comme dans la presse, la description insiste davantage sur l’expérience et les responsabilités occupées que sur un parcours électif ou une carrière de parti.
Cette dimension n’est pas anodine dans un contexte où, dans de nombreux pays, l’entrée au gouvernement peut se faire par deux voies principales : la filière politique (partis, élections, parlement) ou la filière administrative (haute fonction publique, postes de direction). Les informations accessibles sur Houria Meddahi relèvent surtout de la seconde, même si, une fois ministre, elle devient de fait une figure politique au sens institutionnel : elle participe à l’action gouvernementale, incarne une ligne publique, et se retrouve exposée à l’évaluation politique de ses résultats.
De wali à ministre : une ascension accélérée en 2024
L’année 2024 marque un tournant. Plusieurs sources indiquent qu’Houria Meddahi a été wali de Skikda, et que sa trajectoire est notable à ce titre : au moment de sa prise de fonction, certains médias la présentent comme la première femme à occuper ce poste dans cette wilaya. La presse mentionne également qu’elle a été remplacée à Skikda en novembre 2024, dans une séquence où elle est appelée à “d’autres fonctions”, formule classique qui, dans les annonces officielles, précède souvent une nomination nationale.
C’est dans ce contexte qu’intervient le remaniement gouvernemental de novembre 2024. Les dépêches et comptes rendus institutionnels indiquent que la présidence a procédé à un remaniement, et qu’Houria Meddahi a été nommée ministre du Tourisme et des Métiers de l’artisanat, en remplacement de Mokhtar Didouche. Le passage de témoin est décrit comme officiel, avec une prise de fonctions à Alger.
La date du 19 novembre 2024 revient comme repère dans les sources biographiques, qui situent son entrée en fonction au sein du gouvernement dirigé par le Premier ministre Nadir Larbaoui à cette période.
Plus récemment, une liste publiée par les services du Premier ministre, dans le cadre d’un autre remaniement, mentionne encore son nom au même portefeuille ministériel, ce qui indique qu’elle est restée associée au Tourisme et à l’Artisanat au fil des recompositions gouvernementales.
La nomination d’une figure issue de l’urbanisme à la tête du tourisme peut se lire comme un choix de méthode : confier un secteur réputé complexe, traversé par des questions de foncier, d’investissement et de normes, à une responsable dont l’expérience porte sur la planification et la conduite de politiques territoriales. Mais cette lecture, si elle est cohérente, demeure une interprétation : les sources disponibles, elles, décrivent surtout une responsable “connue pour ses compétences” au sein de l’administration publique et un secteur “clé” auquel elle est appelée à donner un “renouveau d’ambition”.
Un ministère sous pression : relancer le tourisme et structurer l’artisanat
Le Tourisme et l’Artisanat forment un portefeuille souvent pris entre deux impératifs : afficher une ambition de développement et composer avec des contraintes très concrètes. La presse algérienne qui commente sa nomination insiste sur “les challenges” qui l’attendent, en soulignant que sa mission est d’impulser une dynamique supplémentaire.
Depuis sa prise de fonction, des éléments publics relayés par les médias mettent en avant plusieurs axes régulièrement cités dans l’action du ministère : l’investissement touristique, l’augmentation des capacités d’hébergement, l’amélioration des services, la modernisation de la gestion hôtelière, et la promotion via le numérique. Ces thèmes apparaissent dans des comptes rendus de visites et déclarations, qui décrivent un État cherchant à faciliter l’investissement et à rendre opérationnelles des zones destinées au tourisme.
Dans l’un de ces comptes rendus, la ministre souligne l’importance accordée au programme d’aménagement des zones d’expansion touristique, présenté comme un moyen de fournir le foncier adapté à l’investissement. Le même document évoque une action de l’Agence nationale de gestion du foncier touristique et mentionne un programme d’aménagement de sites, ainsi qu’un état des lieux des zones recensées à l’échelle nationale.
Ce type de communication dit beaucoup de la colonne vertébrale des politiques touristiques : sans foncier “prêt” (planifié, desservi, sécurisé juridiquement), l’investissement se heurte à des obstacles. Là encore, l’urbanisme et le tourisme se rejoignent. Les zones d’expansion touristique, les études d’aménagement, la mise à disposition de terrains, l’encadrement environnemental : autant de sujets où une ministre issue de la planification territoriale peut se sentir en terrain connu, même si la dimension économique et la relation aux professionnels du secteur imposent un autre tempo.
Dans les discours rapportés, le tourisme intérieur apparaît aussi comme une priorité : l’idée d’encourager les Algériens à voyager dans leur pays, de valoriser les atouts naturels et de stimuler des destinations par des équipements et des services. Des visites officielles et des déclarations publiques vont dans ce sens, en évoquant la promotion d’investissements et le développement d’équipements touristiques.
Sur l’artisanat, les images et comptes rendus d’événements publics montrent une ministre présente dans des salons et espaces d’exposition, au contact de producteurs et d’artisans, dans un registre de valorisation du savoir-faire et de promotion.
Il faut toutefois rester prudent : ces éléments relèvent de la communication institutionnelle et des comptes rendus de presse, plus que d’un bilan chiffré détaillé. Ils donnent à voir des orientations, des priorités affichées, des leviers administratifs mobilisés. Ils n’autorisent pas, en eux-mêmes, à conclure sur l’efficacité ou l’impact, sauf à disposer d’évaluations indépendantes ou de données consolidées qui ne figurent pas dans les sources consultées ici.
Ce que l’on sait, ce qui reste peu documenté : une figure politique sans récit personnel public
À la question “qui est Houria Meddah/ Meddahi, l’homme politique ?”, une première correction s’impose : les sources identifient Houria Meddahi comme une femme politique algérienne.
Ensuite, le matériau public disponible dessine un portrait clair sur un point : son parcours est d’abord celui d’une haute responsable de l’État, issue d’une formation technique, qui a occupé des fonctions d’urbanisme et de gestion territoriale avant d’être nommée à un ministère.
En revanche, d’autres aspects restent relativement peu documentés dans les sources facilement accessibles : son itinéraire partisan, ses prises de position idéologiques structurées, un programme personnel détaillé, ou encore des éléments biographiques plus intimes (origine, date et lieu de naissance, trajectoire familiale) ne sont pas au cœur des notices institutionnelles et ne sont pas systématiquement repris par la presse généraliste dans les articles de nomination. Cette absence de récit personnel n’est pas rare pour des figures issues de l’administration : l’État met en avant la compétence et l’expérience, davantage que la biographie privée.
C’est aussi ce qui rend son cas intéressant d’un point de vue journalistique : Houria Meddahi n’est pas présentée comme une tribune, une figure de meeting ou une cheffe de parti. Elle apparaît plutôt comme une responsable chargée d’exécuter une politique publique, de coordonner des administrations, de superviser des programmes, et d’incarner une volonté gouvernementale sur un secteur précis.
La presse qui la mentionne au moment de son arrivée au ministère insiste d’ailleurs sur le fait qu’elle remplace un ministre sortant, qu’elle prend officiellement ses fonctions, et qu’elle est attendue sur des dossiers de relance et de structuration.
Enfin, sa trajectoire comporte un marqueur symbolique relevé par plusieurs médias : l’idée d’une première femme wali à Skikda, signe de l’évolution, même graduelle, de la place des femmes dans certaines responsabilités exécutives locales. Là encore, il faut se limiter à ce qui est affirmé dans les sources, sans extrapoler sur des tendances générales.
Si l’on devait résumer, sans surinterpréter : Houria Meddahi est une figure politique au sens institutionnel, mais sa notoriété et sa légitimité publiques reposent davantage sur une carrière de gestion que sur une carrière électorale. Et son entrée au gouvernement, en novembre 2024, l’a installée à la tête d’un ministère où les enjeux économiques, territoriaux et d’image se croisent, dans un moment où l’exécutif cherche à mettre en mouvement des dispositifs concrets : foncier touristique, modernisation, investissement, promotion.



