Qui est Mário Augusto da Silva , l’homme politique ?

Dans la galaxie des responsables politiques angolais, Mário Augusto da Silva Oliveira occupe une place singulière : celle d’un dirigeant issu du terrain technique, propulsé aux commandes d’un ministère qui mêle infrastructures numériques, technologies de l’information, internet, services postaux et communication sociale. Nommé ministre des Télécommunications, des Technologies de l’information et de la Communication sociale (MINTTICS) le 16 septembre 2022, il a vu son portefeuille devenir l’un des plus exposés de l’exécutif, au croisement des enjeux économiques, de la souveraineté technologique et des débats sur le rôle des médias.

Qui est-il, au-delà du titre ? Que disent les sources publiques de son parcours, de sa trajectoire dans l’administration, et des dossiers qu’il a portés depuis son arrivée au gouvernement ? Portrait d’un homme dont la carrière épouse, en grande partie, l’histoire contemporaine des réseaux et de la modernisation des télécommunications en Angola.

Une biographie publique centrée sur la technique et la gestion

Les éléments biographiques les plus détaillés proviennent de la page officielle du gouvernement angolais consacrée à son profil et d’un curriculum vitae diffusé sur un site institutionnel rattaché au secteur. D’après ces documents, Mário Augusto da Silva Oliveira est né le 6 avril 1964, à Luanda, et il est présenté comme originaire de la province de Luanda.

Sur le plan académique, les sources officielles indiquent qu’il est diplômé en ingénierie des télécommunications en 1998, formation obtenue à l’Université Agostinho Neto (UAN) dans le cadre d’un partenariat avec la Faculté d’ingénierie de l’Université de Porto, au Portugal.

Le reste de son parcours, tel qu’il apparaît dans les biographies publiques, insiste sur la montée en compétences par des formations professionnelles successives, notamment en maintenance de systèmes de télécommunications, audit, gestion et pilotage de projets. Ce profil “ingénieur-manager” est un fil rouge : il revient à la fois dans sa trajectoire en entreprise, puis dans les fonctions gouvernementales qu’il occupe à partir de 2017.

Enfin, une particularité ressort de son CV public : il y est également mentionné pour des responsabilités dans le sport, notamment dans le handball angolais (vice-président de la Fédération angolaise de handball, vice-président du club Petro Atlético de Luanda, et responsabilités au niveau africain). Ces éléments, présents dans un document synthétique, montrent une exposition publique qui ne se limite pas aux télécoms, même si sa carrière principale demeure dans ce domaine.

Des entreprises stratégiques aux cabinets de l’État : une trajectoire en continuité

Avant d’entrer au gouvernement, Mário Augusto da Silva Oliveira est décrit comme ayant exercé des fonctions techniques et de direction dans des structures liées à l’aviation et aux télécommunications. Les biographies consultées citent notamment Sonair (en 1991, dans la planification de maintenance aéronautique) et une progression durable au sein de MSTelcom, où il occupe plusieurs postes, de l’ingénierie à la direction, puis au conseil d’administration et à la commission exécutive.

Le passage par NEXUS, présenté dans les sources officielles comme une “commission de gestion” d’un opérateur de télécommunications, s’inscrit dans la même logique : des structures où la gouvernance, l’industrialisation des réseaux, la gestion d’exploitation et la stratégie commerciale se croisent. La page gouvernementale mentionne aussi qu’il a été membre de l’équipe de constitution de l’entreprise Angola Cables, un acteur connu pour ses infrastructures de connectivité et ses câbles sous-marins, même si les détails de sa contribution ne sont pas développés dans les documents consultés.

Cette longue immersion dans les métiers du réseau éclaire sa lecture politique du secteur : lorsqu’il accède aux responsabilités publiques, il n’est pas présenté comme un pur “apparatchik”, mais comme un professionnel passé par des cycles de transformation industrielle. C’est également ce que reflètent des biographies d’événements internationaux, qui résument sa carrière en soulignant son expérience dans les télécommunications avant et pendant sa période gouvernementale.

Un ministre nommé en 2022, après cinq ans comme secrétaire d’État

Le jalon politique central est sa nomination à la tête du MINTTICS le 16 septembre 2022. La page officielle du gouvernement angolais fixe explicitement cette date de nomination. D’autres sources de presse technologique angolaise reprennent le même événement et situent sa nomination dans un remaniement où il succède à Manuel Homem.

Avant d’être ministre, les sources officielles indiquent qu’il a été secrétaire d’État dans le périmètre des télécommunications : d’abord secrétaire d’État aux Télécommunications (2017–2020), puis secrétaire d’État aux Télécommunications et Technologies de l’information (2020–2022).

Cette continuité est importante pour comprendre sa position : il ne “découvre” pas les dossiers en 2022, il les accompagne déjà au sein de l’exécutif depuis 2017. Un site de conférence internationale le résume d’ailleurs ainsi : une entrée au gouvernement à partir d’octobre 2017, avant d’accéder ensuite au rang de ministre.

L’intitulé du ministère qu’il dirige est lui-même révélateur des équilibres institutionnels. D’après une description générale de la mission du MINTTICS (telle que présentée dans une synthèse publique), le périmètre couvre télécommunications, technologies de l’information, services postaux, services d’internet, et un volet de communication sociale et de publicité, avec un rôle dans la structuration de la communication institutionnelle. Cette architecture place le titulaire du poste au cœur de l’infrastructure numérique, mais aussi, potentiellement, au cœur de débats plus politiques sur l’information et les médias.

Dossiers publics : modernisation, événements sectoriels et projection internationale

Les prises de parole et apparitions recensées dans les sources ouvertes dessinent un agenda cohérent : transformation numérique, montée en puissance des technologies, cybersécurité, intelligence artificielle et connectivité.

En 2025, plusieurs sources mentionnent sa participation à l’ANGOTIC (Angola ICT Forum), un événement structurant pour le secteur technologique angolais. Un article de presse spécialisée le signale présent dès le premier jour de l’édition 2025, dans un programme comprenant notamment des discussions sur l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la connectivité et l’innovation.

Une communication d’une représentation diplomatique angolaise à l’étranger annonce également qu’il doit intervenir dans une session plénière inaugurale de l’ANGOTIC 2025, sur un thème qui articule rétrospective et perspective de “50 ans” de communication, de modernisation et de développement, avec une mise en avant de sa carrière dans le secteur et de son expérience dans des entités comme MSTelcom, NEXUS et Sonair.

Sur le plan international, il apparaît aussi dans des plateformes d’événements économiques et technologiques où il est présenté comme ministre en fonction depuis le 16 septembre 2022. Cette présence dans des forums sert un objectif classique des ministères du numérique : attirer des investissements, nouer des partenariats, et rendre lisible une stratégie nationale dans un domaine où les infrastructures se financent souvent par des alliances croisées (opérateurs, équipementiers, institutions financières, coopération bilatérale).

Une interview accordée à un média économique international met en avant, de façon générale, l’idée que l’Angola a beaucoup investi dans les télécommunications sur une longue période et que les besoins du pays évoluent dans le cadre d’une stratégie de diversification économique. Ces éléments sont présentés comme une lecture du secteur : le numérique et la connectivité y apparaissent comme des infrastructures nécessaires au développement.

Enfin, des informations plus ponctuelles le montrent impliqué dans des séquences de coopération, notamment dans des échanges évoquant le rôle des infrastructures TIC dans des partenariats internationaux. Ces mentions donnent une idée de la dimension diplomatique et économique attachée à son portefeuille, même si les sources consultées ne détaillent pas systématiquement les décisions concrètes qui en découlent.

Un portefeuille exposé : communications publiques, critiques et demandes de comptes

Le périmètre “communication sociale” du MINTTICS fait de son ministre un acteur particulièrement observé, car il touche à la fois aux questions techniques (réseaux, internet, connectivité) et à des sujets politiques (médias, communication institutionnelle, régulation). Plusieurs sources d’actualité angolaise évoquent ainsi une pétition et des critiques réclamant son départ, sur fond d’accusations concernant l’usage des organes de communication financés par l’État et leur orientation.

Il est important de noter ce que permettent, et ne permettent pas, ces sources : elles attestent de l’existence d’une contestation publique et de formulations reprochant au ministre une certaine pratique des médias d’État, mais elles ne constituent pas, en elles-mêmes, une décision institutionnelle ou judiciaire. Elles montrent toutefois la sensibilité du poste : dans de nombreux pays, la gestion du couple “numérique–communication” est un terrain où s’affrontent impératifs d’efficacité gouvernementale, exigences de transparence, et débats sur le pluralisme.

Ces épisodes de contestation rappellent aussi une réalité de la gouvernance numérique : la transformation technologique ne se joue pas uniquement sur des câbles, des centres de données ou des fréquences. Elle implique des choix de politique publique, des arbitrages budgétaires, des régulations, et une communication autour des projets, donc une exposition directe à la critique.

De ce point de vue, le profil de Mário Augusto da Silva Oliveira, tel que décrit dans les documents biographiques, éclaire une tension : l’ingénieur et gestionnaire de réseaux se retrouve à devoir assumer une dimension politique et symbolique, notamment quand le débat se déplace du “comment connecter” vers “qui contrôle l’information” et “comment l’État parle”.

Ce que son parcours dit de l’évolution de l’État angolais

À partir des informations disponibles, une lecture s’impose : la nomination de Mário Augusto da Silva Oliveira s’inscrit dans une tendance où les gouvernements placent des profils techniques à la tête de ministères stratégiques du numérique, pour piloter des secteurs à la fois industriels et souverains.

Son itinéraire officiel raconte une trajectoire “de filière” : enseignement (il est mentionné comme professeur au milieu des années 1980), fonctions techniques dans des structures militaires de communication selon la biographie officielle, puis des postes liés à l’aviation et aux télécommunications, avant une progression dans une entreprise du secteur (MSTelcom) et une entrée graduelle dans l’exécutif comme secrétaire d’État, puis ministre.

La date de nomination, 16 septembre 2022, intervient dans une période où les États africains sont simultanément confrontés à plusieurs impératifs : accélérer la connectivité, sécuriser les infrastructures, développer des compétences locales, attirer des investissements, et organiser un cadre de gouvernance pour des technologies rapides (IA, cybersécurité, services numériques). Les éléments d’agenda public (conférences, forums) montrent que son ministère se positionne sur ces thèmes.

Mais la trajectoire dit aussi autre chose : lorsque le même ministère gère, en plus, la communication sociale, il hérite d’une zone politiquement inflammable. Les controverses rapportées par certaines sources illustrent que l’action du ministre peut être lue à travers un prisme dépassant largement les enjeux techniques.

Au final, ce que l’on sait publiquement de Mário Augusto da Silva Oliveira est assez net sur trois points : une formation et une carrière construites dans les télécommunications ; une entrée au gouvernement dès 2017 ; une prise de fonction ministérielle en 2022 à la tête d’un portefeuille clé. Pour le reste, notamment les arbitrages précis, les bilans chiffrés, ou les détails des politiques publiques engagées sous son mandat, les sources ouvertes consultées donnent surtout des indications de cadre, de priorités affichées et d’événements, mais rarement des documents exhaustifs permettant de tout retracer dans le détail.

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