Qui est Modeste Kérékou, l’homme politique ?

Né à Cotonou le 15 août 1976, Modeste Tihounté Kérékou s’est imposé, au fil de deux décennies de vie publique, comme l’un des visages durables des équipes gouvernementales béninoises. Fils de l’ancien président Mathieu Kérékou, il est souvent présenté comme un acteur de la relève générationnelle, passé des bancs de l’Assemblée nationale à un premier portefeuille ministériel dès 2010, puis revenu au cœur de l’exécutif à partir de 2017, dans un ministère tourné vers l’emploi, l’entrepreneuriat et le tissu des petites et moyennes entreprises.

Sa trajectoire, jalonnée de nominations et de responsabilités institutionnelles, se lit aussi en creux comme un miroir des priorités successives de l’État béninois : jeunesse, sports et loisirs au début des années 2010 ; puis financement de projets entrepreneuriaux ; enfin, promotion des PME et politiques d’insertion professionnelle au sein d’un appareil gouvernemental qui, sous la présidence de Patrice Talon, met l’accent sur l’efficacité administrative et la mobilisation d’outils publics au service de l’emploi.

Une identité publique marquée par la filiation et la formation annoncée

Dans l’espace politique béninois, le nom Kérékou renvoie inévitablement à la figure de Mathieu Kérékou, chef de l’État à plusieurs reprises, dont l’histoire personnelle a traversé des périodes contrastées de la vie nationale. Modeste Tihounté Kérékou est explicitement présenté comme l’un des fils de l’ancien président, une donnée biographique mentionnée dans les notices publiques le concernant.

Cette filiation, si elle explique en partie la forte visibilité de son entrée en politique, ne résume pas pour autant le personnage, qui revendique aussi une identité de technicien de la gouvernance et de l’action publique. Les éléments biographiques disponibles indiquent qu’il est « marketeur de formation » et qu’il est titulaire d’un DESS en Démocratie et Gouvernance obtenu à la Chaire UNESCO des Droits de la Personne et de la Démocratie, à l’Université d’Abomey-Calavi.

Ces indications, reprises par des sources de presse béninoises ayant publié un curriculum vitæ et par des notices encyclopédiques, contribuent à dessiner le profil d’un responsable politique qui se veut à l’aise à la fois dans l’arène partisane et dans le langage des dispositifs de politiques publiques.

Il est également rattaché, dans les présentations synthétiques, à une formation politique identifiée par l’acronyme BR, pour Bloc républicain, ce qui situe son inscription dans les recompositions partisanes contemporaines du Bénin.

L’entrée à l’Assemblée nationale en 2003, un baptême politique précoce

La première grande étape institutionnelle mentionnée dans les parcours publics de Modeste Tihounté Kérékou est son élection comme député à l’Assemblée nationale en 2003, sur une liste UBF. Les sources disponibles insistent sur le caractère précoce de cette élection, en indiquant qu’il fut alors le plus jeune député de la 4e législature.

Cette entrée au Parlement intervient à un moment où le Bénin organise ses élections législatives le 30 mars 2003, date renseignée dans les jeux de données institutionnels et les récapitulatifs publics sur le scrutin.

Au-delà du simple fait électoral, plusieurs éléments de présentation évoquent une implication dans des structures partisanes et de concertation. Un curriculum vitæ publié dans la presse le décrit notamment comme vice-président d’une commission parlementaire liée aux relations extérieures, à la coopération au développement, à la sécurité et à la défense, et comme acteur de dispositifs de concertation sur la gouvernance politique associés à un projet d’appui du PNUD au milieu des années 2000.

Le même document fait état d’un engagement au sein de l’Union Pour la Relève (UPR), formation dans laquelle il est cité comme membre fondateur et responsable, ce que recoupent également des notices de parcours politique.

Ces éléments dessinent un début de carrière marqué par une double stratégie classique dans les itinéraires politiques : s’installer dans l’institution parlementaire, tout en consolidant une assise organisationnelle au sein d’un parti et de cadres de dialogue sur la gouvernance. À cette époque, sa visibilité demeure toutefois moindre que celle qu’il acquerra quelques années plus tard, lorsque son nom apparaîtra au sein d’un gouvernement.

2010–2011 : un premier portefeuille ministériel, Jeunesse, Sports et Loisirs

Le 18 juin 2010 constitue un tournant décisif : Modeste Tihounté Kérékou est nommé ministre de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, sous la présidence de Thomas Boni Yayi. Les sources consultées mentionnent précisément la date de nomination et la période d’exercice, qui s’étend jusqu’au 31 mai 2011.

Cette entrée au gouvernement, soulignée par plusieurs récits politiques béninois, est souvent relevée pour sa dimension générationnelle : il est présenté comme l’un des plus jeunes ministres à l’époque, une observation récurrente dans les notices biographiques.

La période est également documentée par des listes publiques de composition gouvernementale qui, à l’été 2010, citent son nom au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports.

Dans un pays où les portefeuilles liés à la jeunesse et au sport sont fortement exposés, car associés à l’encadrement de la vie associative, à la politique sportive nationale et à l’animation socio-éducative, ce ministère constitue un poste d’observation privilégié, mais aussi une vitrine. Les documents disponibles ne permettent pas, à eux seuls, de dresser un inventaire exhaustif de ses décisions de cette période ; ils établissent en revanche clairement le fait institutionnel de la nomination et la durée du mandat.

Des commentaires publiés à l’époque dans la presse béninoise évoquent aussi les débats politiques entourant cette nomination, signe que son arrivée au gouvernement fut perçue comme un événement notable dans un paysage où la question de la filiation politique et des soutiens au sommet de l’État nourrit régulièrement la discussion publique.

Quoi qu’il en soit, ce premier passage au gouvernement installe durablement Modeste Tihounté Kérékou dans la catégorie des responsables politiques nationaux susceptibles de revenir à l’exécutif, après un temps d’éloignement relatif des premiers plans.

2016 : la direction du FNPEEJ, entre financement des projets et emploi des jeunes

Après son expérience ministérielle du début des années 2010, la chronologie publique indique une nouvelle étape le 28 juin 2016 : Modeste Tihounté Kérékou devient directeur général du Fonds national pour la Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes (FNPEEJ). La date est citée explicitement dans des notices biographiques et confirmée par des comptes rendus de passation de service.

Le FNPEEJ s’inscrit, par nature, dans l’architecture des instruments publics destinés à soutenir l’initiative économique des jeunes et à accompagner l’accès au financement. Les articles publiés à cette période montrent que la fonction de directeur général l’amène à se positionner sur des sujets très concrets : soutien à des projets, relation avec des structures de financement décentralisées, dialogue avec des partenaires et dispositifs d’appui.

Ce moment est important dans son itinéraire, car il marque un glissement : de la représentation et de la visibilité politique d’un ministère, il se retrouve à la tête d’un outil opérationnel, confronté à la mécanique des projets, aux critères de financement et à la question de l’efficacité des dispositifs d’aide. La presse béninoise rapporte notamment des initiatives visant à échanger avec des partenaires du Fonds, dans une logique d’amélioration des mécanismes d’appui.

Dans les parcours politiques contemporains, ce type d’étape peut jouer un rôle de consolidation : elle maintient une présence dans l’appareil d’État tout en associant le responsable à une thématique prioritaire et fortement attendue socialement, celle de l’emploi des jeunes. Les sources consultées établissent, à tout le moins, la réalité de cette nomination et la nature de la mission : contribuer, via le Fonds, à la promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes.

Depuis 2017 : un ancrage gouvernemental durable sur les PME et la promotion de l’emploi

Le 30 octobre 2017, Modeste Tihounté Kérékou est nommé ministre des Petites et moyennes entreprises et de la Promotion de l’Emploi, dans le cadre du gouvernement de Patrice Talon. Cette date figure dans les notices biographiques et dans des listes publiques annonçant la composition gouvernementale.

Son maintien au cœur de ce portefeuille, mentionné dans la présentation de ses fonctions, le place parmi les figures appelées à porter des politiques publiques structurelles : entrepreneuriat, artisanat, emploi, dispositifs d’insertion, dialogue avec les acteurs économiques et services rattachés à son département. Le site institutionnel du ministère le présente comme le titulaire du poste de ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi.

Dans l’écosystème administratif, ce ministère a pour champ d’action la promotion et le développement des micros, petites et moyennes entreprises, ainsi que l’amélioration de l’environnement de l’entrepreneuriat et de l’artisanat, en lien avec les partenaires publics et privés. Un document de politique publique présenté comme une Politique nationale de promotion et de développement des PME est publié sur le site du ministère et décrit l’ambition de structurer un environnement propice aux MPME.

Sur le plan parlementaire, des articles de presse indiquent que Modeste Kérékou a été auditionné ou entendu par des commissions budgétaires de l’Assemblée nationale, notamment lors de présentations des orientations et budgets de son département, ce qui correspond au fonctionnement ordinaire de contrôle et d’examen budgétaire dans un régime présidentiel doté d’un Parlement unicaméral.

Les thématiques récurrentes associées à son action ministérielle, telles qu’elles apparaissent dans les comptes rendus et articles institutionnels, tournent autour de la transparence des dispositifs d’insertion, de la mobilisation d’outils de promotion de l’emploi, et de la coordination avec des structures sous tutelle comme l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (AnpE).

Un exemple concret est relaté lors d’une visite à l’AnpE à Cotonou, le 2 avril 2025, mentionnée par plusieurs sources : le ministre y échange avec la direction de l’agence, évoque le besoin d’anticiper l’avenir et encourage la production d’un « livre blanc » retraçant une décennie d’action en matière d’insertion professionnelle des jeunes.

D’autres communications institutionnelles le montrent également dans un rôle de coordination régionale et de représentation, comme lors d’une audience accordée le 17 septembre 2025 au représentant résident de la Commission de la CEDEAO au Bénin, où il est question d’intégration régionale, de volontariat des jeunes et d’implication accrue de cadres ouest-africains dans les instances communautaires.

À travers ces séquences, se dessine un profil ministériel centré sur l’activation d’instruments publics : agences, politiques nationales, programmes d’insertion et dialogues institutionnels. L’important, d’un point de vue journalistique, est de souligner ce que les sources attestent : la continuité de la fonction depuis 2017, la nature du portefeuille, et des actions publiques décrites au fil des années par des comptes rendus et articles.

Enfin, le fait qu’il ait occupé, à la fois, un ministère lié à la jeunesse (2010–2011), la direction d’un fonds dédié à l’entrepreneuriat et à l’emploi des jeunes (à partir de 2016), puis un ministère directement chargé des PME et de la promotion de l’emploi (depuis 2017) installe une cohérence thématique dans sa trajectoire : celle d’un responsable positionné sur les politiques publiques d’insertion, d’activité économique et de mobilisation des jeunes, dans un pays où ces enjeux restent structurants pour la stabilité sociale et la croissance.

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