Qui est Mohamed Tarek Belaribi, l’homme politique ?

Dans la vie publique algérienne, certains responsables se construisent à travers les urnes, d’autres dans la durée des administrations techniques. Mohamed Tarek Belaribi appartient clairement à cette seconde catégorie. Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville depuis le 21 février 2021, il arrive au gouvernement après un parcours d’ingénieur et de gestionnaire dans l’appareil de la promotion immobilière et du logement, au cœur d’un secteur où se croisent urgence sociale, planification urbaine, contraintes foncières et arbitrages budgétaires.

Son nom est devenu familier au fil des années, à mesure que l’État remet au centre la question du logement et de la ville, avec des programmes massifs et des calendriers serrés. Dans les discours officiels comme dans la couverture de terrain, il est associé aux grands chantiers du moment, notamment le programme AADL 3, inscrit dans la loi de finances 2025, mais aussi à des opérations régulières de distribution de logements, souvent annoncées comme des moments politiques autant qu’administratifs.

Reste une question simple, qui dépasse les communiqués et les titres: qui est Mohamed Tarek Belaribi, et que dit son itinéraire de la manière dont l’Algérie gouverne l’habitat, l’urbanisme et la production de la ville?

Un parcours d’ingénieur avant l’entrée en politique

Les éléments publics disponibles décrivent d’abord un profil technique. Né à Alger en février 1972, Mohamed Tarek Belaribi est présenté comme ayant obtenu un diplôme d’ingénieur en génie civil.

Ses premières expériences professionnelles le situent dans des structures liées au bâtiment et au contrôle technique. Il commence, selon les biographies accessibles, comme ingénieur au sein du groupe Cosider, puis travaille au CTC (Contrôle technique de la construction), avant de s’orienter vers des fonctions de pilotage de projets dans la promotion immobilière.

C’est à l’Entreprise nationale de la promotion immobilière (ENPI) que sa trajectoire change d’échelle. Il y est mentionné comme chef de projet, puis comme directeur général. À ce stade, le responsable technique bascule dans un registre plus politique au sens large: celui de la gestion d’organismes publics, des arbitrages, des marchés, des délais et des relations avec les wilayas et les opérateurs.

Ce chemin, fréquent dans l’administration algérienne, explique en partie son image publique: moins celle d’un “tribun” que d’un responsable présenté comme orienté vers l’exécution, les échéances et la livraison. Cette culture des résultats, mise en avant par plusieurs organes de presse algériens, s’enracine dans un secteur où la promesse politique se mesure souvent en clés remises et en chantiers achevés.

AADL et ENPI: au cœur de la mécanique du logement

Avant d’être ministre, Mohamed Tarek Belaribi a surtout été identifié à l’AADL, l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement, un acteur central des formules dites de “location-vente” et des programmes de masse. Les biographies publiques indiquent qu’il occupe le poste de directeur général de l’AADL de 2015 à 2017, puis qu’il est de nouveau nommé à cette fonction en janvier 2020, quelques mois avant son entrée au gouvernement.

Sa réinstallation à la tête de l’AADL en janvier 2020 a été rapportée par des médias nationaux, sur la base d’un communiqué du ministère de l’Habitat de l’époque. Ce rappel est important: il situe Belaribi dans la continuité d’un pilotage administratif du logement, au moment où le secteur se prépare à relancer des programmes et à stabiliser ses dispositifs.

Ce passage par l’AADL est plus qu’une ligne de CV. Dans le système algérien, l’AADL est une interface entre l’État et des centaines de milliers de demandeurs, avec une dimension sociale forte et une dimension logistique complexe: foncier, viabilisation, réseaux, marchés de construction, suivi d’exécution, puis attribution. Un directeur général y apprend à gérer la pression politique, la communication publique et la réalité parfois rugueuse du terrain.

Le fait d’avoir occupé la direction générale de l’ENPI et de l’AADL dessine donc un profil cohérent: celui d’un responsable formé à la chaîne de production immobilière publique, avant de prendre la tête du ministère chargé d’orienter et de superviser l’ensemble.

Ministre depuis février 2021: continuité gouvernementale et centralité du secteur

Mohamed Tarek Belaribi est nommé ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville le 21 février 2021, en remplacement de Kamel Nasri, dans le cadre d’un remaniement.

Depuis cette date, son nom apparaît dans la composition de plusieurs gouvernements successifs, ce qui souligne une forme de stabilité dans ce portefeuille. Les pages biographiques publiques et les listes gouvernementales le maintiennent à ce poste au fil des changements de Premiers ministres.

Dans l’architecture de l’action publique, le ministère de l’Habitat n’est pas un portefeuille comme les autres. Il touche à la fois au social (accès au logement), à l’économie (BTP, matériaux, emplois), au foncier, à l’aménagement du territoire et à la fabrique de la ville. Cette centralité explique pourquoi les annonces de programmes, les opérations de distribution et la cadence des chantiers sont suivies de près, et pourquoi le titulaire du poste est souvent exposé.

L’activité ministérielle de Belaribi, telle qu’elle ressort des communications institutionnelles, met régulièrement l’accent sur des réunions d’évaluation, des feuilles de route, et la préparation de lancements de projets ou d’opérations de distribution. On y retrouve la logique d’un pilotage par jalons: étude, appel d’offres, réalisation, livraison.

Cette méthode transparaît aussi dans la manière dont le ministère communique sur des rendez-vous précis: réunions matinales d’évaluation, préparation d’échéances nationales, suivi de projets inscrits dans les lois de finances.

AADL 3, distributions et lois de finances: les dossiers qui définissent son ministère

S’il fallait choisir un sigle pour résumer l’actualité de l’habitat depuis 2024-2025, ce serait AADL 3. Les communications officielles du ministère, comme plusieurs articles de presse, situent ce programme dans le cadre de la loi de finances 2025, avec une première tranche annoncée à 200 000 logements.

Le ministère a, à plusieurs reprises, communiqué sur l’évaluation de l’état d’avancement des études et des appels d’offres, en rappelant l’exigence de respecter un calendrier de lancement des procédures liées aux études d’architecture et au suivi des réalisations.

À côté de cette mécanique de lancement, un autre temps fort structure la communication: l’opération de distribution de logements, souvent associée à des dates symboliques. Ainsi, le ministère a indiqué la tenue de réunions d’évaluation “en prévision de l’opération de distribution de logements le 5 juillet”.

Dans l’espace public, ces annonces sont doublement scrutées: par les demandeurs, qui attendent des réponses concrètes, et par les acteurs économiques du bâtiment, pour qui les calendriers de commande publique orientent l’activité. Une partie de la couverture médiatique récente insiste sur l’ampleur de la demande enregistrée lors des inscriptions à AADL 3, évoquant des niveaux très élevés d’inscrits.

Belaribi est aussi cité dans des bilans chiffrés plus larges sur la période 2020-2024, notamment autour d’un total annoncé de 1,7 million de logements distribués “toutes formules confondues”. Ce type de bilan a été relayé par des titres de presse nationaux, dans le contexte de rencontres et de congrès consacrés à l’habitat.

Enfin, au-delà du logement stricto sensu, le ministère intervient aussi sur l’urbanisme et l’organisation de la ville, un terrain où les réformes sont souvent attendues sur des questions de planification, de conformité, et de lutte contre l’urbanisation anarchique. Des articles de presse ont notamment mentionné des réponses du ministre à des interpellations parlementaires sur les réformes engagées en matière d’urbanisme.

Une image publique entre reconnaissance officielle, pression du terrain et défis urbains

Dans l’exercice du pouvoir, l’image compte, mais elle se construit à partir de signaux précis: déplacements, réunions, décisions et reconnaissance institutionnelle.

Sur ce dernier point, Mohamed Tarek Belaribi a reçu une distinction officielle: la médaille “Achir” de l’Ordre du mérite national, décernée par le président Abdelmadjid Tebboune, selon un communiqué attribué à la Présidence et relayé par des canaux institutionnels.

Cette décoration, au-delà de la symbolique, envoie un message: dans un secteur jugé “vital” par les autorités elles-mêmes, l’exécutif entend valoriser les résultats et l’effort de mise en œuvre. Elle intervient aussi dans un contexte où la production de logements demeure un marqueur politique majeur, tant elle touche à la stabilité sociale et aux attentes quotidiennes.

Mais la reconnaissance ne dissipe pas les tensions structurelles. L’habitat et l’urbanisme concentrent des contraintes multiples: disponibilité du foncier, raccordements, équipements publics, coordination avec d’autres ministères et entreprises, sans oublier la question de la qualité urbaine, qui se juge sur des décennies. Même lorsqu’un programme est lancé, le succès se mesure ensuite à la capacité à livrer, à viabiliser, à doter en écoles, transports, santé, et à transformer des ensembles de logements en quartiers vivants.

Les communications du ministère insistent régulièrement sur le suivi et l’évaluation, signe que l’exécution est considérée comme un enjeu central. De même, la présence récurrente du ministre devant des instances parlementaires pour présenter des budgets sectoriels rappelle que l’habitat est aussi une bataille de chiffres, de lignes budgétaires et de priorités nationales.

Au final, Mohamed Tarek Belaribi apparaît comme une figure typique d’une gouvernance par l’appareil: un responsable issu du monde technique et de la gestion d’organismes publics, propulsé à la tête d’un ministère où le politique se vérifie à travers des opérations concrètes. Son parcours raconte moins une ascension partisane qu’une trajectoire d’ingénieur devenu ministre, dans un pays où la question du logement, par sa portée sociale, reste l’un des terrains les plus exposés, les plus attendus et les plus difficiles à tenir dans la durée.

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