Dans l’Algérie d’aujourd’hui, la jeunesse est devenue un marqueur politique à part entière, au croisement d’enjeux sociaux, économiques et institutionnels. À ce titre, la trajectoire de Mustapha Hidaoui s’est imposée dans le paysage public à travers une fonction précise : celle de responsable chargé d’incarner, au sommet de l’État, les politiques liées aux jeunes et leur représentation institutionnelle.
Né à Adrar, dans le Sud algérien, Mustapha Hidaoui a d’abord été propulsé sur le devant de la scène par sa nomination à la tête du Conseil supérieur de la jeunesse (CSJ) en juin 2022, avant d’entrer au gouvernement en novembre 2024, avec un portefeuille explicitement rattaché à ce même Conseil.
Son nom circule depuis dans les communiqués officiels et les dépêches ministérielles, au fil des annonces sur la stratégie du secteur ou de réunions de coordination. Mais au-delà de l’intitulé des fonctions, que sait-on, de manière vérifiable, de cet homme politique et du rôle qu’il incarne ?
Une entrée au gouvernement adossée à un décret présidentiel
Le tournant le plus visible de la carrière politique de Mustapha Hidaoui intervient à l’automne 2024. Dans le Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, le décret présidentiel n° 24-374 daté du 18 novembre 2024 (16 Joumada El Oula 1446) procède à la nomination des membres du gouvernement et cite Mustapha Hidaoui parmi les personnalités désignées. Le texte officiel, publié dans le numéro du 19 novembre 2024, liste les noms, puis associe à chaque portefeuille une fonction, dont celle de « ministre de la jeunesse, chargé du Conseil supérieur de la jeunesse ».
Dans ce cadre, la fonction n’est pas seulement ministérielle : elle est explicitement articulée à une institution consultative placée auprès de la Présidence. L’intitulé signale une volonté de continuité entre l’organe de représentation et l’appareil gouvernemental, et inscrit le ministre dans une double responsabilité : conduire une politique sectorielle et porter, en même temps, un espace institutionnel destiné à structurer la participation des jeunes.
Cette nomination s’inscrit aussi dans un moment de réorganisation gouvernementale, largement relayé par la presse nationale. Plusieurs médias algériens ont repris la liste des membres du gouvernement et mentionné Mustapha Hidaoui comme ministre de la Jeunesse chargé du CSJ, en rappelant qu’il succède, dans ce périmètre, à une configuration précédente où les portefeuilles pouvaient être regroupés ou réajustés.
Dans un pays où le Journal officiel fait foi, le décret présidentiel est l’élément central : il fixe la qualité du titulaire et le périmètre exact de sa mission. Et sur ce point, le texte est limpide : Mustapha Hidaoui fait partie des membres du gouvernement nommés par décret présidentiel, avec une charge directement liée au Conseil supérieur de la jeunesse.
D’Adrar à Alger : les éléments connus de son parcours
Les informations biographiques disponibles sur Mustapha Hidaoui restent relativement limitées dans l’espace public, ce qui est fréquent pour des responsables dont l’ascension se fait par nominations successives. Les données les plus stables, reprises par plusieurs sources, indiquent une naissance en 1982 et un ancrage à Adrar.
Des sources biographiques algériennes mentionnent également une formation universitaire liée aux sciences de l’information et de la communication, avec une licence obtenue au milieu des années 2000, ainsi qu’un cursus de niveau magistère en journalisme.
Dans la pratique, ce type de profil n’est pas anodin pour un responsable appelé à travailler sur la jeunesse : la communication institutionnelle, la compréhension des dynamiques médiatiques, et la capacité à porter des messages publics structurés deviennent des compétences stratégiques, surtout dans un contexte où l’État insiste régulièrement sur la lutte contre les rumeurs et la désinformation. Sur ce point, plusieurs interventions rapportées du ministre le situent dans une approche où la mobilisation de la jeunesse passe aussi par le discours public, l’encadrement, et la structuration de canaux de participation.
Il faut également distinguer, avec prudence, les informations vérifiées des récits approximatifs qui circulent parfois en ligne : sur les moteurs de recherche, le nom « Mustapha Hidaoui » peut être confondu avec des homonymes, notamment dans le domaine sportif. L’enjeu, dans un article de presse, est donc de s’en tenir aux documents d’État, aux communiqués officiels, et aux sources identifiables qui rattachent clairement la personne à des fonctions publiques algériennes.
À ce stade, les éléments les plus solides et recoupés restent donc ceux-ci : une origine à Adrar, une naissance en 1982, une formation supérieure en information-communication et journalisme, puis une trajectoire qui le conduit à des responsabilités nationales à partir de 2022.
Le Conseil supérieur de la jeunesse, un levier institutionnel devenu central
Avant d’être nommé au gouvernement, Mustapha Hidaoui est d’abord associé à une institution : le Conseil supérieur de la jeunesse. C’est même la première nomination nationale clairement documentée et attribuée à son nom à grande échelle.
Le 14 juin 2022, la Radio algérienne publie un article indiquant que le président Abdelmadjid Tebboune nomme Mustapha Hidaoui président du Conseil supérieur de la jeunesse, en se référant à un communiqué de la Présidence.
Le même article rappelle un point institutionnel essentiel : le Conseil supérieur de la jeunesse a été fondé en vertu d’un décret présidentiel (n° 21-416, daté du 27 octobre 2021) qui fixe ses missions, sa composition, son organisation et son fonctionnement, et le présente comme une instance consultative rattachée à la Présidence, dotée d’une personnalité morale et d’une autonomie financière.
Autrement dit, le CSJ n’est pas une structure associative ou un simple forum : c’est une architecture institutionnelle, conçue pour canaliser des avis, des propositions et une représentation plus structurée de la jeunesse, dans un pays où la question générationnelle traverse l’emploi, l’accès au logement, la mobilité, et la participation politique.
Dans ce cadre, la nomination de Mustapha Hidaoui à la présidence du CSJ en 2022 le place d’emblée dans une fonction de médiation : faire remonter des préoccupations, organiser un espace de consultation, et construire un lien entre les jeunes, les institutions et la décision publique.
Cette dimension est importante pour comprendre la suite : lorsque, en 2024, le décret présidentiel qui nomme le gouvernement lui confie le portefeuille de la jeunesse « chargé du Conseil supérieur de la jeunesse », la formule suggère une continuité assumée entre son rôle antérieur et son rôle ministériel.
Le CSJ devient alors, de fait, une interface. Et son président, devenu ministre, se retrouve à la fois porteur d’une politique publique et responsable d’un organe consultatif qui, en théorie, doit nourrir cette politique par l’écoute et la proposition. Ce chevauchement, rarement neutre, pose une question : comment maintenir la fonction consultative d’un conseil placé auprès de la Présidence tout en l’adossant à une responsabilité gouvernementale ? Le texte officiel ne tranche pas ce débat, mais l’intitulé des fonctions montre que l’État a choisi d’articuler étroitement les deux dimensions.
Jeunesse : un portefeuille politique sous tension sociale et démographique
Si le ministère de la Jeunesse est un portefeuille sectoriel, il s’inscrit dans une réalité démographique et sociale qui pèse sur la décision publique. Les statistiques nationales et internationales rappellent, à leur manière, l’ampleur de l’enjeu générationnel.
D’un côté, la structure par âge reste un sujet majeur. Des données publiées par l’Office national des statistiques (ONS) mettent en évidence l’évolution de la répartition par classes d’âge, avec une part importante des populations d’âge scolaire et une transformation progressive de la pyramide.
De l’autre, les indicateurs liés à l’emploi, notamment le chômage des jeunes (15-24 ans), constituent un point de pression reconnu par les bases statistiques internationales, qui s’appuient notamment sur les estimations modélisées de l’OIT via ILOSTAT.
Dans ce paysage, l’action d’un ministre chargé de la jeunesse se retrouve mécaniquement évaluée à l’aune de questions concrètes : dispositifs d’encadrement et d’animation, infrastructures, associations, programmes éducatifs et citoyens, mais aussi capacité à répondre à une demande de projection sociale souvent plus large que le seul périmètre administratif d’un ministère.
Sur le plan politique, la jeunesse est aussi un terrain de symboles. À travers les discours officiels, le thème revient comme un enjeu d’édification nationale, de participation civique, et de prévention des fractures sociales. La presse algérienne qui commente la nomination de Mustapha Hidaoui insiste, dans ce registre, sur l’idée d’une nouvelle génération de responsables et sur l’attente d’une action plus efficace.
Ce contexte explique pourquoi la nomination de Mustapha Hidaoui a été lue comme un choix politique : celui d’un responsable déjà placé, depuis 2022, au cœur du dispositif consultatif de la jeunesse, et désormais chargé de le piloter depuis un ministère.
Une ligne d’action revendiquée : stratégie sectorielle et mobilisation contre la désinformation
Les prises de parole attribuées à Mustapha Hidaoui, depuis son entrée au gouvernement, sont souvent rapportées autour de deux axes : la structuration d’une stratégie de moyen terme et l’appel à une mobilisation civique de la jeunesse.
Sur la question stratégique, la presse a relayé plusieurs rendez-vous institutionnels évoquant une stratégie du secteur sur la période 2025-2035 et des réunions de coordination consacrées à l’évaluation de l’avancement de son élaboration.
Sur la dimension civique et informationnelle, des articles de presse ont rapporté une insistance sur la nécessité de contrer les rumeurs et la désinformation, en soulignant l’importance d’investir dans le capital humain des jeunes et de renforcer leur capacité à participer au mouvement national.
Ces deux axes ne sont pas dissociés : dans de nombreux États, et en particulier dans des contextes où la confiance civique et la circulation de l’information sont un enjeu de stabilité, la jeunesse est perçue à la fois comme une population à accompagner et comme une force à mobiliser. L’enjeu consiste alors à transformer l’idée de « jeunesse » en politiques publiques lisibles : projets d’infrastructure, soutien aux cadres associatifs, programmes d’engagement, mais aussi coordination avec d’autres secteurs (éducation, formation, sport, culture) dont les frontières sont souvent poreuses.
L’architecture institutionnelle visible à travers les textes permet de comprendre le rôle que l’État attend de ce portefeuille : le décret présidentiel qui nomme le gouvernement ne se contente pas de citer un ministre de la jeunesse ; il lui associe explicitement la charge du Conseil supérieur de la jeunesse, comme si l’on voulait arrimer la politique ministérielle à une chambre de consultation.
Enfin, il faut rappeler un jalon qui éclaire la trajectoire : en 2022, lorsqu’il est nommé président du CSJ, l’annonce officielle s’inscrit dans la logique même de création du Conseil, fondé par décret présidentiel en 2021 et présenté comme une instance consultative auprès de la Présidence.
C’est là que se joue, en creux, la définition d’un rôle politique : Mustapha Hidaoui n’est pas seulement un ministre « de programme ». Il est aussi le visage institutionnel d’un mécanisme conçu pour faire entrer la parole des jeunes dans le dispositif d’État, avec tout ce que cela implique en termes de coordination, de légitimité et d’attentes sociales.
Et c’est précisément sur ce point que la suite de son action est attendue : non pas sur des promesses abstraites, mais sur la capacité à faire fonctionner la chaîne institutionnelle telle qu’elle est écrite, du décret de création du CSJ à la nomination gouvernementale qui en fait un axe majeur du ministère de la Jeunesse.



