Dans un royaume d’Afrique australe où la monarchie conserve un rôle central dans la vie politique, certaines trajectoires individuelles éclairent la manière dont l’État se transforme, se modernise et se projette à l’international. Celle de Pholile Dlamini Shakantu, juriste de formation devenue ministre, s’impose comme l’une des plus significatives de ces dernières années à Eswatini. Son nom circule autant dans les cercles institutionnels que dans les milieux associatifs, où elle est identifiée comme une voix engagée en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes. Son parcours interroge aussi la place de profils technocratiques dans un système politique particulier, où l’accès au gouvernement dépend de l’arbitrage du souverain.
Depuis novembre 2023, Pholile Dlamini Shakantu est ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Avant cela, elle avait déjà occupé un poste de premier plan au sein de l’exécutif, à la Justice, durant un cycle marqué par des chantiers de réforme administrative et par une volonté affichée de moderniser les outils de l’État. Son influence ne se limite pas à l’appareil gouvernemental : elle assume une présence publique associée à des initiatives liées à la culture, aux médias et aux réseaux de femmes, dans un pays où la tradition et le changement s’entremêlent en permanence.
Qui est donc cette responsable politique, souvent présentée comme une figure de renouvellement, et que révèle son ascension sur la trajectoire diplomatique et institutionnelle d’Eswatini ? Pour comprendre, il faut suivre le fil d’une carrière qui commence dans le droit, passe par des fonctions de régulation et de gouvernance, puis s’élargit à la diplomatie, au moment même où le royaume cherche à consolider ses partenariats et sa visibilité dans les enceintes régionales et multilatérales.
Une juriste issue du monde professionnel, façonnée par la régulation et la gouvernance
La première clé pour comprendre Pholile Dlamini Shakantu réside dans son profil : avant la politique, c’est une juriste. Elle est présentée comme avocate, mais aussi « admitted attorney, conveyancer, and notary public », un triptyque qui renvoie à une expertise technique et à une reconnaissance professionnelle formelle dans le champ juridique. Son parcours académique, lui aussi, dessine une trajectoire cohérente : une formation en droit à l’Université d’Eswatini, complétée par un master au Royaume-Uni, en leadership et conduite du changement. Dans un contexte africain où la spécialisation juridique alimente souvent les carrières d’État, cette combinaison indique une double ambition : maîtriser le cadre normatif, tout en se dotant d’outils de management public.
Avant d’entrer au gouvernement, elle a exercé pendant plus de deux décennies dans des environnements variés, mêlant secteur privé et fonctions à forte dimension réglementaire. Cette expérience, souvent mise en avant dans les présentations officielles, inclut notamment une longue familiarité avec le secteur des télécommunications, où elle aurait occupé des responsabilités liées aux affaires juridiques, à la régulation, aux affaires corporatives, ainsi qu’à des fonctions plus commerciales comme la distribution. À l’échelle d’Eswatini, petit État où l’administration doit composer avec des ressources limitées, les profils capables de naviguer entre droit, économie et régulation sont rares et recherchés.
Cette dimension « régulation-gouvernance » se retrouve dans les postes qu’elle a assumés avant même d’obtenir un portefeuille ministériel. Elle est présentée comme ancienne membre de la Judicial Service Commission, et comme ancienne vice-présidente de l’Elections and Boundaries Commission. Autrement dit, elle a occupé des fonctions au cœur de l’architecture institutionnelle : d’un côté, l’appareil judiciaire ; de l’autre, un organe lié à l’encadrement des processus électoraux et au découpage des circonscriptions. Ces fonctions signalent un niveau de confiance institutionnelle et une proximité avec les mécanismes de l’État, au-delà du seul exercice du droit.
Le fait qu’elle ait transité par ces postes contribue à expliquer la nature de son style politique : une approche volontiers technicienne, orientée vers les dispositifs, les procédures et l’ingénierie administrative. Dans les prises de parole qui lui sont attribuées, comme dans la manière dont son action est résumée, revient l’idée qu’il faut structurer, moderniser, rendre l’État plus lisible, plus accessible et plus efficace. Cela se traduit ensuite, très concrètement, dans son passage au ministère de la Justice, qui sera l’un des tournants majeurs de sa carrière.
De la Justice à la diplomatie : une ascension par nominations au cœur du système d’Eswatini
Eswatini fonctionne selon un système politique où le souverain, le roi Mswati III, joue un rôle déterminant dans la nomination des responsables. Dans ce cadre, Pholile Dlamini Shakantu est décrite comme ayant été nommée membre du Parlement en 2018, avant d’être désignée ministre de la Justice la même année. Cette séquence est importante : elle montre comment, dans le royaume, l’accès à l’exécutif peut passer par une nomination parlementaire, puis par l’attribution d’un portefeuille ministériel, selon des équilibres définis au sommet de l’État.
Son passage à la Justice (2018-2023) est souvent présenté comme une période marquée par des projets structurants. Les présentations officielles insistent particulièrement sur un chantier : la numérisation du secteur de la justice, matérialisée par l’introduction d’un système électronique de gestion des dossiers. Dans des pays où les lenteurs judiciaires sont parfois liées à l’absence d’outils modernes, cette « digitalisation » est régulièrement mobilisée comme symbole de modernité administrative. Mais à Eswatini, où le fonctionnement institutionnel est étroitement articulé au pouvoir central, ce type de réforme signale aussi une volonté politique d’inscrire l’État dans une logique de procédures plus traçables et plus standardisées.
L’action décrite de Pholile Dlamini Shakantu au ministère de la Justice ne s’arrête pas à la technologie. Elle est également associée à des mesures visant à renforcer l’accès au droit pour les populations vulnérables, notamment via la mise en place de juridictions de petites créances (Small Claims Courts) et le développement de services d’aide juridictionnelle. Ces chantiers, en apparence techniques, portent une charge politique : ils touchent à la relation entre citoyens et institutions, à la possibilité de faire valoir des droits, et à la capacité de l’État à offrir des recours.
La bascule vers la diplomatie intervient en 2023, dans un contexte de recomposition de l’exécutif. Le royaume change de Premier ministre à l’automne, avec la nomination de Russell Dlamini. Dans la foulée, la formation du gouvernement mobilise des nominations au Sénat, puis l’attribution des portefeuilles. Pholile Dlamini Shakantu est nommée sénatrice le 5 novembre 2023, puis ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale le 13 novembre 2023. Cette chronologie est révélatrice de la mécanique institutionnelle : le Sénat, en partie nommé, sert aussi de vivier pour l’exécutif, et les nominations s’inscrivent dans une temporalité resserrée, pilotée par le sommet de l’État.
Cette promotion n’est pas anodine. La diplomatie, à Eswatini, est stratégique : le pays doit défendre ses intérêts économiques, sécuritaires et politiques dans une région dominée par l’Afrique du Sud, et dans des enceintes où sa taille limite son poids relatif. Confier les Affaires étrangères à une juriste expérimentée, passée par la Justice, signifie miser sur un profil capable de manier les textes, les engagements, et la représentation institutionnelle. C’est aussi, potentiellement, un signal envoyé aux partenaires : la politique extérieure est confiée à une responsable perçue comme structurée, dotée d’un capital professionnel et d’une capacité à dialoguer avec des interlocuteurs internationaux.
Une ministre dans un contexte diplomatique sensible : alliances, visibilité internationale et multilatéralisme
Le portefeuille des Affaires étrangères d’Eswatini est, depuis plusieurs années, placé sous le signe d’un choix diplomatique qui singularise le royaume sur le continent africain : le maintien de relations diplomatiques avec Taïwan. Eswatini est régulièrement présenté comme le seul État africain à reconnaître officiellement Taïwan, alors que la plupart des pays du continent entretiennent désormais des relations avec la République populaire de Chine. Dans ce cadre, Pholile Dlamini Shakantu devient l’un des visages de cette continuité stratégique, au moment où les pressions et les incitations à changer d’orientation existent dans de nombreux pays.
Quelques mois après sa nomination, elle effectue une visite à Taïwan, au cours de laquelle elle est reçue par la présidente Tsai Ing-wen. Cette séquence, largement mise en avant par les autorités taïwanaises, s’inscrit dans une diplomatie de la reconnaissance, où chaque visite officielle est un événement symbolique. Au-delà du protocole, elle donne à la ministre une visibilité internationale : elle devient l’interlocutrice d’une relation bilatérale qui dépasse l’aide au développement pour toucher à la représentation d’Eswatini dans les forums internationaux, et à la manière dont le royaume se positionne sur des sujets sensibles, comme la participation de Taïwan dans certaines organisations.
La même visite est associée à la signature d’une déclaration conjointe avec le ministre taïwanais des Affaires étrangères, un acte diplomatique qui vise à réaffirmer l’amitié et la coopération. Pour Eswatini, ce type de texte est un levier : il sécurise les partenariats existants, et peut faciliter la poursuite de projets de développement, de coopération technique ou de formation. Pour la ministre, cela installe une image de diplomate « opérationnelle », qui ne se contente pas de représenter, mais acte, signe, engage.
Pholile Dlamini Shakantu apparaît également dans des séquences diplomatiques liées à d’autres partenaires. Sa présence à Mumbai, en Inde, où elle rencontre le ministre indien des Affaires étrangères en marge d’un sommet international, illustre l’effort d’Eswatini pour élargir ses contacts au-delà de ses alliances historiques. Dans un monde où les petits États cherchent des opportunités économiques, des partenariats technologiques et des soutiens multilatéraux, multiplier les échanges bilatéraux devient une stratégie d’existence internationale. La diplomatie n’est pas seulement une affaire de grandes puissances : pour un pays de taille modeste, chaque rencontre officielle est un investissement en visibilité et en réseaux.
L’autre dimension de son portefeuille est le multilatéralisme. Eswatini, comme beaucoup d’États africains, utilise les organisations régionales et interrégionales pour peser davantage qu’il ne pourrait seul. On retrouve ainsi le nom de Pholile Dlamini Shakantu dans la sphère de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), qui structure des dialogues politiques, économiques et de coopération, notamment avec l’Union européenne. Dans cet univers, la capacité à présider, à représenter, à piloter des travaux est aussi une manière d’obtenir une reconnaissance diplomatique, et de faire entendre des priorités nationales dans un cadre collectif.
La ministre doit, en parallèle, gérer les enjeux régionaux d’Afrique australe : sécurité, coopération économique, mobilité, et parfois tensions politiques. Le royaume d’Eswatini est intégré dans une région où les défis se croisent : crises économiques, pressions migratoires, questions de gouvernance, et débats sur la stabilité politique. Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères est à la fois une vitrine et un centre de coordination. Il doit porter une parole officielle cohérente, défendre des positions, mais aussi éviter les faux pas qui, pour un petit État, peuvent coûter cher.
Au final, la diplomatie de Pholile Dlamini Shakantu se lit comme un exercice d’équilibre : maintenir des alliances sensibles, tout en diversifiant les partenariats ; accroître la présence internationale d’Eswatini, tout en restant cohérente avec les choix du pouvoir central ; faire exister le pays dans les enceintes multilatérales, tout en tenant compte des rapports de force. C’est un rôle qui exige de la méthode et du sang-froid, mais aussi une capacité à incarner une ligne politique dans une région où les équilibres bougent.
Une figure d’engagement : réseaux de femmes, jeunesse, culture et influence médiatique
L’un des traits les plus singuliers de Pholile Dlamini Shakantu, tel qu’il est mis en avant dans plusieurs récits publics, réside dans la coexistence de deux registres : la responsable d’État, et l’actrice d’initiatives sociales et culturelles. Elle est présentée comme fondatrice de l’Eswatini Network of Women, un réseau orienté vers l’autonomisation des femmes dans le sport, la politique et les arts. Dans un pays où la place des femmes dans la sphère politique demeure un sujet de débat, l’existence d’un tel réseau est un marqueur : il vise à créer des espaces de soutien, de formation, et de visibilité pour celles qui cherchent à s’imposer dans des secteurs historiquement dominés par les hommes.
Ce type d’engagement n’est pas neutre politiquement. Dans de nombreux États, les réseaux de femmes sont à la fois des espaces d’entraide et des incubateurs de leadership. Ils façonnent des trajectoires, rendent possibles des carrières, et produisent un discours public sur l’égalité des chances. Pour une ministre, être associée à un réseau de ce type peut renforcer une image de modernité et d’ouverture, tout en lui donnant un ancrage dans la société civile. Mais cela peut aussi susciter des attentes : lorsqu’une figure de pouvoir se présente comme promotrice de l’empowerment, elle est ensuite jugée sur la capacité de l’État à produire des résultats concrets.
Pholile Dlamini Shakantu est également associée à des initiatives liées aux médias et à la production. Son nom apparaît dans des récits où elle se décrit comme impliquée dans des projets de narration nationale, centrés sur l’histoire et l’identité du pays. Dans un entretien rapporté autour d’un projet de série, elle explique vouloir que les Emaswati connaissent davantage leur histoire, leur culture et leur identité, en particulier les jeunes. Au-delà de l’anecdote, ce discours révèle une vision : l’idée qu’un pays se renforce aussi par la connaissance de soi, par des récits partagés, par une mémoire collective portée par des productions culturelles.
Cette posture est intéressante dans un contexte où le pouvoir politique, à Eswatini, est intimement lié à la tradition monarchique et à des symboles. Mettre l’accent sur l’identité et l’histoire, c’est aussi contribuer à une cohésion nationale, mais cela peut prendre des formes diverses : certains y voient un projet culturel inclusif ; d’autres peuvent y lire une manière de consolider une vision officielle. L’enjeu, pour une figure publique, est de maintenir une crédibilité artistique et sociale sans être perçue comme simple relais d’un récit institutionnel.
La présence de Pholile Dlamini Shakantu dans le champ culturel s’inscrit aussi dans une stratégie plus large de diplomatie d’influence. Aujourd’hui, la culture, les médias, les échanges éducatifs et les productions audiovisuelles constituent des instruments de « soft power ». Pour un pays de taille modeste, promouvoir une identité nationale attractive peut servir à attirer des partenaires, des investisseurs, des visiteurs, ou simplement à exister dans l’imaginaire régional. Une ministre des Affaires étrangères attentive à ces dimensions peut articuler culture et diplomatie : la culture devient une passerelle, un langage, un outil de relation.
Dans ce paysage, Pholile Dlamini Shakantu incarne une figure hybride : une dirigeante institutionnelle, mais aussi une personnalité qui s’autorise à investir la sphère de l’expression, de la narration et du soutien aux créateurs. Cette hybridité correspond à une tendance contemporaine : dans de nombreux pays, des ministres ou responsables publics cherchent à construire une image au-delà de la politique classique, en s’associant à des causes sociétales, à des projets culturels, ou à des initiatives de jeunesse. La différence, ici, est que ce positionnement s’inscrit dans un cadre monarchique particulier, où la légitimité politique se construit moins par la compétition électorale partisane que par la confiance institutionnelle et la reconnaissance de l’autorité centrale.
Défis, controverses et attentes : moderniser sans fracture, représenter sans se laisser enfermer
Toute figure politique exposée finit par se heurter à une réalité : la visibilité attire la critique. Pholile Dlamini Shakantu n’échappe pas à cette règle. Dans l’espace public régional, certaines publications ont relayé des accusations de corruption visant le roi et des personnalités proches du pouvoir, en mentionnant la ministre et son entourage. Ces accusations, lorsqu’elles émergent, s’inscrivent dans un environnement où la question de la gouvernance à Eswatini est régulièrement débattue, y compris au-delà des frontières. Pour une ministre qui se présente comme promotrice de modernisation administrative et d’élargissement de l’accès au droit, de telles controverses peuvent être politiquement coûteuses, même lorsqu’elles relèvent d’allégations.
Le défi est alors double. D’une part, il s’agit de préserver l’action gouvernementale des effets corrosifs des soupçons : la confiance institutionnelle est un capital fragile, et la réputation internationale d’un pays peut être affectée par des controverses répétées. D’autre part, il s’agit de maintenir une image personnelle cohérente : une responsable publique associée à la modernisation, à la numérisation et à l’accès à la justice est attendue sur le terrain de l’intégrité, de la transparence et de la responsabilité.
À cela s’ajoute un autre enjeu : la place du ministère des Affaires étrangères dans un pays où les décisions stratégiques peuvent être étroitement coordonnées au niveau central. La ministre doit incarner une ligne qui ne lui appartient pas entièrement. Dans un tel système, l’autonomie politique est relative : la marge de manœuvre existe, mais elle se déploie dans un cadre déterminé. La difficulté consiste à être suffisamment visible pour porter la diplomatie, tout en évitant de devenir une cible qui cristallise des frustrations ou des conflits plus larges.
Les attentes internes, elles aussi, sont fortes. Les citoyens jugent souvent une diplomatie à ses effets concrets : opportunités économiques, facilités de coopération, programmes de formation, amélioration des services publics via l’aide ou les partenariats. Une ministre peut multiplier les visites, les rencontres et les déclarations, mais l’opinion se construit sur la traduction matérielle. Dans un pays où les défis sociaux et économiques demeurent importants, la diplomatie est attendue comme un levier de développement. La relation avec Taïwan, par exemple, est scrutée : elle est défendue pour ses bénéfices en matière de coopération, mais elle est aussi, potentiellement, interrogée au regard des opportunités qu’offre le poids économique de la Chine continentale. La ministre doit donc évoluer dans un espace où chaque choix diplomatique a une dimension interne, et où l’international se répercute dans la conversation nationale.
Enfin, il y a la question du temps politique. Pholile Dlamini Shakantu a déjà occupé deux portefeuilles majeurs en quelques années : la Justice puis les Affaires étrangères. Cela crée une dynamique : elle apparaît comme une responsable capable d’assumer des dossiers lourds, d’être repositionnée, et de conserver la confiance du sommet de l’État. Mais ce rythme produit aussi une exigence : lorsqu’une carrière progresse vite, la société attend des résultats visibles, et la moindre controverse peut prendre une ampleur disproportionnée.
Au fond, le destin politique de Pholile Dlamini Shakantu se situe à la croisée de trois forces. La première est institutionnelle : un système monarchique où la nomination et la confiance structurent l’ascension. La deuxième est technocratique : une culture du droit, de la régulation et des dispositifs administratifs, qui nourrit une approche réformatrice. La troisième est sociale et symbolique : l’engagement pour les femmes, la jeunesse, la culture, et la volonté de raconter le pays à lui-même comme au monde. C’est cette combinaison qui fait d’elle une figure suivie, parfois contestée, mais indéniablement centrale dans le paysage politique d’Eswatini.



